LA FABRICATION ET LES TESTS

Largement plus populaires à l'étranger que dans leur propre pays, les productions du fabricant français Rehdéko confirment bien l'adage selon lequel nul n'est prophète en son pays...

Lorsqu'on parle de Rehdéko à un audiophile français, la plupart du temps un sourire de commiséra­tion illumine son beau visage buriné par les soucis dus à sa passion. Pourtant, à l'étranger, on ne compte plus les mélomanes professionnels, et même certains de nos confrères anglais ou américains, qui ont installé des enceintes Rehdéko dans leur propre système. L'aventure Rehdéko dure depuis plus de trente ans. Au départ, une famille de musiciens (messieurs Rehde pères et fils (trois générations), d'où le nom des enceintes) se penche sur la reproduction sonore, sans jamais se départir de sa pas­sion et de solutions aussi originales que hors des modes. Pour qualifier la philo­sophie de Rehdéko, nous avons envie d'utiliser deux qualificatifs : le naturel (notamment au niveau des composants employés) et l'instrument de musique. Toutes les études de conception se basent en effet sur l'écoute et la compa­raison directe et mesurée avec des ins­truments de musique acoustiques. Ainsi Rehdéko ne fournit pas la courbe de réponse de ses enceintes telle que mesurée habituellement. Par contre, les harmoniques réels des instruments sont enregistrés, et les enceintes doivent ensuite parfaitement «coller» à ces har­moniques : aucun ne doit disparaître ou apparaître par rapport à l'original et, plus dur, les niveaux de tous les harmoniques des enceintes Rehdéko : des heures et des heures de travail, de comparaison, de modifications pour atteindre la quasi-perfection dans ce domaine. Il s'agit d'une enceinte deux-voies utilisant «la» caisse Rehdéko. Comme pour un instrument de musique, elle est constituée de panneaux réalisés en hêtre massif soigneusement choisi parmi les coupes franc-comtoises (ne souriez pas : le hêtre français jouit d'une telle réputation qu'il est acheté en masse)

Les panneaux sont assemblés selon le principe du rainurage-collage sous pres­se, d'où une rigidité maximale. Le haut-parleur de grave est un modèle de 26 cm de diamètre, que d'aucuns n'hésiteraient pas à qualifier de 30 cm compte tenu de son très large châssis antirésonnant réalisé en zamac injecté. La membrane ressemble à une classique membrane en fibres de cellulose, mais ses multiples traitements sont plus com­plexes que cela. Rehdéko insiste d'ailleurs sur le fait que tous les traitements effectués le sont sur des matériaux naturels et non synthé­tiques. La seule exception concerne la soucoupe diffusante du tweeter, réalisée en «plastique» pour des raisons de régu­larité de surface et de finesse. Ce tweeter a pour particularité de ne pas ressembler à un tweeter ! Il s'agit d'un haut-parleur elliptique, soigneusement traité et muni en son centre de la soucou­pe diffuseuse déjà citée. Rehdéko préci­se qu'il est capable de respecter les har­moniques extrêmes jusqu'à 40 kHz, tandis qu'il présente (c'est l'intérêt de l'emploi d'un transducteur elliptique) une directivité remarquablement réduite : le test le plus impressionnant consiste à aller écouter dans la pièce à côté ! Les bornes de liaison sont constituées de deux fiches bananes femelles montées sur une grande plaque en laiton. La RK 125 possède pour tout filtre un seul conden­sateur de fabrication spéciale, sur le tweeter ; l'orifice rectangulaire à l'avant de l'enceinte est plus une lumière desti­née à permettre au boomer de fonction­ner de la manière la plus linéaire possible (toujours le respect des harmoniques...) qu'un véritable évent trahissant un fonc­tionnement en bass-reflex.Mis à profit par le constructeur pour réa­liser d'immenses progrès techniques, mais aussi, en ce qui nous concerne, pour affiner nos connaissances en matiè­re de choix de câbles et d'électroniques. Ces enceintes sont en effet capables de prouesses hors du commun à condition que les éléments placés en amont - sour­ce y compris - soient au-delà de tout reproche. Car le propre de ces enceintes est de tout mettre en pleine lumière ! Naturellement dynamiques et hyper vivantes, elles vont vous faire découvrir des détails sonores que vous ne soup­çonniez même pas... A contrario, les dis­torsions, colorations et artefacts divers sont impitoyablement soulignés au crayon rouge. Toujours très à l'aise sur des enregistrements relativement simples (trios ou quatuors, voix... ), elles montre­ront surtout leur mauvaise humeur sur de grands ensembles symphoniques enregistrés de manière curieuse.