Le temps des seigneuries

Le premier propriétaire attesté de Sablonnières, à une époque où l'on ne parlait pas encore de fief ni de seigneurie, n'est autre que le roi des Francs Clovis I (466-511). On sait, en effet, qu’il en fit don à Remigius (v. 437-533), évêque de Reims plus connu sous le nom de saint Rémi, qui la légua à son tour à l’église de Soissons : « Delegoque, ex dato praefati principis, Salvonarias supra Moram... ecclesiae suessonicae », autrement dit « je lègue à l'église de Soissons Sablonnières-sur-Morin que m'a donné le roi » (1). La Chronique de Champagne (2) et la Société française d'archéologie (3) ont établi la correspondance entre les Salvonarias supra Moram en question et notre commune.

Saint Rémi et Clovis (enluminure de Jehanne de Montbaston dans la Legenda Aurea de Jacques de Voragine, XIVe siècle).

En ce temps-là, les évêques possédaient des fortunes considérables et de nombreuses terres dont ils retiraient des revenus importants. Pour cela, ils affermaient leurs possessions à des guerriers qui leur étaient fidèles, à charge pour eux de les protéger, de les faire entretenir et mettre en valeur. C'est certainement ainsi que naquit la seigneurie de Sablonnières sous les successeurs de Rémi. Les hommes et les familles qui possédèrent alors la terre de Sablonnières aux époques mérovingienne et carolingienne sont malheureusement tombés dans l'oubli.

La féodalité a survécu à l'empire Carolingien et s'est étendue à l'ensemble de la société. A une époque où la puissance se confondait avec la possession foncière, l'affaiblissement du pouvoir central et l'insécurité qui régnait sous toutes ses formes (invasions, guerres, famines) ont favorisé le développement d'un système politico-social fondé à la fois sur un morcellement des terres et de l'autorité, et sur un réseau hiérarchisé de liens personnels entre l'aristocratie militaire et les paysans. De puissants propriétaires (suzerains), qui s'étaient partagé le territoire au gré des conquêtes, en concédaient des portions (les fiefs) à leurs compagnons d'armes en remerciement de leurs services. Ces vassaux pouvaient à leur tour concéder des arrière-fiefs à d'autres seigneurs dont ils devenaient les suzerains. Le vassal et son suzerain étaient liés par des obligations réciproques, à commencer par une entraide militaire. Dans les campagnes, chaque seigneur possédait des serfs, paysans attachés à la terre et voués au service de leur maître. (4)

Vers l'an Mil, Sablonnières se trouvait dans un vaste domaine qui, à partir de la réunion des comtés de Meaux et de Troyes, allait devenir le comté de Champagne et de Brie. De cette époque obscure, nous ne savons rien sur l'existence même d'un village ou d'un château. En ce qui concerne la possession des lieux, on peut seulement inférer, d'une part du lien vassalique mentionné dans des actes postérieurs (infra) entre le seigneur de Sablonnières et celui de La Ferté-Gaucher et, d'autre part, du mariage vers 1050 de Gaucher Ier, seigneur de La Ferté-Gaucher, avec Elisabeth, fille du comte Eudes, qui apporta en dot Montmirail et ses dépendances devant revenir au premier fils à naître, que Sablonnières fut dès cette époque de la mouvance de Montmirail.

A partir du XIIe siècle et surtout au XIIIe, bien que de larges zones d'ombre subsistent en raison du manque de sources écrites renseignant sur la succession des fiefs, sur leur juxtaposition éventuelle et sur la coexistence possible de plusieurs maîtres sur la même terre (co-seigneurie), plusieurs seigneurs locaux peuvent être signalés :

Vers 1172, la forteresse de Sablonnières était tenue par un nommé Rericus de Corteno, homme lige « propter dominium Feritatis », selon le livre des Feoda Campanie qui recense les vassaux du comte de Champagne à cette époque. (5)

Vers 1190, le chevalier Robert de Sablonnières détenait à Sablonnières des biens fonciers qu'il légua aux Templiers parmi ses possessions au-dessous de la banlieue de La Ferté-Gaucher. En exécution de cette libéralité, sa veuve Marguerite céda à l'ordre, en 1194, ce que Robert lui avait donné à titre de douaire dans ce secteur. La libéralité fut consacrée par une charte de la comtesse Marie de France : « Ego Maria, Trecensium comitissa, notum facio presentibus et futuris quod Margarita, uxor defuncti Roberti de Sablonieres, quicquid, ex parte ejusdem Roberti, infra Banleucam Firmitatis Galcheri habebat de dotalio fratribus Templi quitum omnino clamavit et concessit in perpetuum pacifice possidendum. Et hoc idem Clarenbaudus, maritus ipsius Margarete, laudavit et concessit. Propter hoc autem, de beneficio domus Templi, ipsa Margarita et dictus Clarambaudus xxxvi libras pruvinensis monete perceperunt, testibus Ansoldo de Plasseto, Milone de Sancto Quintino. Quod ut ratum teneatur et notum permaneat, litteris annotatum sigilli mei testimonio confirmavi. Actum anno Verbi incarnati M° C° nonagesimo quarto. Datum per manum Galteri cancellarii. Nota Theodorici » (6), c'est-à dire : Moi Marie, comtesse de Troyes, fais savoir à tous présents et à venir que Marguerite, épouse du défunt Robert de Sablonnières, a concédé à perpétuité tout ce qu'elle tenait dudit Robert à titre de douaire au-dessous de la banlieue de la Ferté-Gaucher, pour être possédé paisiblement par les frères du Temple. Et ce aussi, Clarambaud, mari de ladite Marguerite, a approuvé et accordé. Cependant à cause de ceci, ladite Marguerite et ledit Clarambaud ont perçu 36 livres provinoises de la maison du Temple. Témoins Anseau du Plessis, Milon de Saint-Quentin. Qu'afin que ceci soit tenu pour valable et demeure connu, j'ai confirmé par le témoignage de mon sceau. Fait l'an du Verbe 1194. Donné de la main de Gautier, chancelier. Signé Thierry.

Toutefois, Luce de Signy, sœur de Robert, entendit faire valoir ses droits successoraux et contesta la donation en justice. Un arrangement fut trouvé : Luce se désista de ses prétentions en contrepartie d'une somme de 25 livres que les Templiers lui payèrent (7). Le don fut alors entériné au mois d'avril 1195 par une charte de la comtesse, mandatée par son fils le comte Henri II de Champagne, qui se trouvait alors outremer, pour en faire jouir paisiblement les Templiers : « Ego Maria, Trecensium comitissa, notum facio presentibus et futuris quod defunctus Robertus de Sablonneriis, miles, Deo et fratribus milicie Templi in perpetuam contulit elemosinam quicquid infra Be[n]leucam Firmitatis Galcheri possidebat, super quo michi mandavit a transmarinis partibus karissimus filius meus, comes Henricus, ut dictos fratres hanc facerem elemosinam pacifice possidere. Contigit autem postea ut quedam soror prefati Roberti, Luca nomine, uxor scilicet Gilleberti de Cigniaco, militis, dictos fratres super eadem elemosina in causam traheret et molestaret, et maritus scilicet ejusdem Luce, dictus videlicet Gillebertus. Tandem vero idem Gillebertus et uxor sua, dicta scilicet Luca, cum predictis fratribus, ita super hoc composuerunt quod prefatam elemosinam eis in perpetuum possidendam pacifice laudaverunt et concesserunt. Et hoc idem filii et filie ipsius Gilleberti et prefate Luce laudaverunt, et propter hoc de beneficio domus Templi viginti quinque libras dictus Gillebertus et uxor sua Luca perceperunt. Ego autem, ad ipsius Gilleberti et uxoris sue Luce petitionem, rem istam ita ordinatam feci litteris annotari et, ut rata teneretur et nota permaneret, eam feci sigilli mei testimonio roborari. Actum anno Verbi incarnati Mº Cº nonagesimo Vº, mense aprili. Testibus Machareo de Cathalauno, Auberto de Latiniaco, Ansoldo de Plasseto, Bertelero de Joyaco, militibus. Datum per manum Galterii cancellarii. Nota Theoderici » (8), autrement dit : Moi, Marie, comtesse de Troyes, fais savoir à tous présents et à venir que feu Robert de Sablonnières, chevalier, a donné en aumône à perpétuité tout ce qu'il possédait au-dessous de la banlieue de la Ferté-Gaucher, à Dieu et aux frères de la chevalerie du Temple, sur étant outremer, mon très cher fils le comte Henri, m'a mandée pour que lesdits frères possèdent paisiblement cette aumône. Cependant il est ensuite advenu qu'une certaine sœur dudit Robert, du nom de Luce, femme de Gilbert de Signy, chevalier, a traîné en justice lesdits frères au sujet de cette aumône. Mais finalement, Gilbert et sa femme, ladite Luce, ont convenu avec lesdits frères de leur accorder à perpétuité la possession paisible de ladite aumône. Et ce, ont aussi accepté le fils et la fille dudit Gilbert et de ladite Luce, et pour ce, ledit Gilbert et sa femme Luce ont perçu 25 livres de la maison du Temple. Cependant, à la demande dudit Gilbert et sa femme Luce, j'ai fait enregistrer cette chose ainsi ordonnée et, afin que ceci soit tenu pour valable et reste connu, je l'ai confirmée par le témoignage de mon sceau. Fait l'an du Verbe incarné 1195, au mois d'avril. Témoins Machard de Cathalauno, Aubert de Lagny, Anseau du Plessis, Bertelero de Jouy, chevaliers. Donné de la main de Gautier, Chancelier. Signé Thierry).

L'affaire ne fut pas pour autant réglée, puisque Mathieu de Montmirail puis son frère Jehan d'Oisy, qui estimaient que leurs droits de suzerains avaient été bafoués, s'opposèrent à la donation. Après arbitrage, un compromis fut trouvé, aux termes duquel les deux frères renoncèrent à leur contestation moyennant une compensation de 660 livres : le litige fut définitivement éteint en 1228 (9). Au nombre des possessions que les châtelains de La Ferté-Gaucher reprochaient aux Templiers d'avoir acquis à leur insu et au mépris des redevances qui leur étaient dues, étaient expressément mentionnées des terres et des essarts apud Sablonieres, c'est-à-dire près de Sablonnières ». (10)

D'autres vassaux du comte de Champagne portaient le nom de Sablonnières mais il est hasardeux de vouloir les rattacher à notre seigneurie (11) dont on ne peut affirmer, du reste, qu'elle a donné son nom à une famille seigneuriale. L'un de ces hommes, Pierre de Sablonnières, est mentionné vers 1222 comme tenant en fief le château de Sablonnières et une hostise, c'est-à-dire une chaumière louée à des paysans (12). C'est aussi un nommé Pierre de Sablonnières qui légua vers 1250 à l'Hôtel-Dieu de Provins la valeur de 6 setiers de froment à prendre sur le terrage de Sablonnières. (13)

Aux XIIe et XIIIe siècles, est également présente à Sablonnières une puissante famille de la cour de Champagne : les Britaud. Une charte de 1160 nous apprend en effet que l'église de Molesme, en Bourgogne, avait des possessions à Sablonnières qu'elle avait donné à bail perpétuel à Pierre Britaud moyennant un cens de 100 sols payables à Troyes au prieur de Saint-Quentin : « Ego henricus trecensium comes palatinus, tam presentibus quam futuris, notum fieri volo quod... inter Guillentus molismensis abbem et petrum bristaudum... quod petrus britaldus perpetuo libere et quiete habebit quicquid prefata ecclesia apud sablonerias habebat et possidebat et ipse eidem ecclesie dominica medie quadragesime 100 solidos annuatim persolvet trecis... » (14). Vers 1250, d’après le rôle des fiefs du comté de Champagne sous Thibaud IV, c'est un nommé Jean Briteaux qui possédait à Sablonnières une « maison » (ce terme pouvant désigner une maison forte ou une exploitation agricole) qu’il tenait du chevalier Jean Britauz (15). Entre 1256 et 1270,Henri Britaud (Henricus Bristaudus ou Bristaldus) (16), se déclara homme lige du comte de Champagne dont il tenait en fief la terre d'Hondevilliers et des biens à Sablonnières (17). En 1281, alors qu'il servait une rente annuelle à l’abbaye de Jouy-le-Châtel, Henri Britaud était toujours qualifié de seigneur de Sablonnières. (18)

Blason des Britaud :

« de gueules au sautoir d'or »

Généalogie de la famille de Britaud :

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Après la dissolution de l'ordre du Temple en 1306 et son expropriation, les biens que possédaient les Templiers à Sablonnières revinrent au seigneur de La Ferté-Gaucher à savoir le comte Arnould III de Guînes dit Le Vieil (19), à qui cette seigneurie avait été apportée en dot par son épouse Alix, dame de Coucy et de Sablonnières, baronne de Montmirail (20), fille d'Enguerrand III de Coucy (21) et de Marie de Montmirail (1192-1273), dame d'Oisy, sœur de Jean et de Mathieu de Montmirail morts sans postérité, respectivement en 1240 et en 1262. Veuve en 1283, Alix procéda au partage de ses biens entre ses deux fils en 1311 : les possessions de Sablonnières furent attribuées à Jehan III de Guînes dit « de Coucy » (+1334), vicomte de Meaux, seigneur châtelain de La Ferté-Ancoul (La Ferté-sous-Jouarre) et de La Ferté-Gaucher, qui les réunit entre ses mains au reste des terres de Sablonnières dont il devint le suzerain direct.

Blason des Guînes :

« vairé d'or et d'azur »

Jehan de Guînes laissa son héritage à sa fille unique Jehanne de Guînes dite « de Coucy », vicomtesse de Meaux, qui l'apporta en dot à Gaucher VI de Châtillon (1314-1377) par contrat du mois de septembre 1323. Le couple n'eut qu'un fils, Gaucher, décédé jeune en 1347. A la mort de Jehanne de Guînes (avant 1350), la terre de Sablonnières fut tenue en partage par son époux et son parent l'évêque Raoul de Coucy. A l'issue d'un long procès et après arrangement, Sablonnières et La Ferté-Gaucher revinrent à la famille de Coucy (Gaucher de Châtillon conservant la vicomté de Meaux et seigneurie de La Ferté-sous-Jouarre).

Blason des Coucy :

« fascé de vair et de gueules »

Généalogie sommaire des Montmirail-Coucy-Guînes :

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En 1390, la seigneurie de La Ferté-Gaucher appartenait toujours aux descendants d’Enguerrand de Guînes dit Enguerrand V de Coucy, frère de Jehan III. Ils la tenaient alors en fief de la duchesse de Bar, châtelaine de Coulommiers. D'après un document de l'année suivante, un chevalier nommé de Roye, déclarait tenir en fief de la même châtelaine de Coulommiers « la ville, terroir et appartenances de Sablonnières, consistant en la motte et forteresse, les fossés d'alentour, la chenevière ». (22)

On remarquera qu'à cette époque, le château comme le village et les terres relevaient de la châtellenie de Coulommiers. Lorsque celle de La Ferté-Gaucher fut créée à la fin du XIVe siècle, le château et ses dépendances ont continué de dépendre des châtelains de Coulommiers, tandis que le village et les terres ont été rattachés à la nouvelle châtellenie.

Au tout début du XVe siècle, le château était détenu par Michau de Boisseaux, de qui les droits de haute, moyenne et basse justice liés à la seigneurie du Jariel étaient pour partie tenus en fief « a cause de son hostel de la mote des sablonnieres ». (23)

D'après Bazin, un compte de la châtellenie de Coulommiers des années 1424 et 1425 mentionne le « fief et terre de Sablonnières qui jadis fut à Huguelin de Bousseaulx, saisi féodalement pour devoirs non faits » (24), tandis qu'un compte de 1442 et 1443 précise qu'un nommé Pierre de l’Espine, titulaire du « fief, chastel et motte de Sablonnières avec les fossés d'autour d'icelle », l'avait loué vers 1434 puis finalement donné à son cousin Gérard de Vieux-Maisons (Vielsmaisons) (25) auquel le receveur de la châtellenie donna quittance pour paiement du droit de rachat et des frais de saisie. (26)

Blason des Vielsmaisons :

« losangé d'argent et d'azur, au chef de gueules »

Généalogie des Vielsmaisons :

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(1) Texte apocryphe rapporté par Flodoard, Histoire de l'église de Reims, tome I, Reims, 1854.

(2) Tome 3, Paris et Reims, 1838.

(3) Congrès archéologique de France, XXVIIIe session, Paris, Derache et Caen, Hardel, 1862. Dans le même sens, Revue des Sociétés Savantes des Départements, 2e série, tome 1, Paris, Imprimerie et Librairie Administratives de Paul Dupont, 1859, p. 463 ; PECHEUR (Abbé), Annales du Diocèse de Soissons, tome I, Soissons, Morel, 1863, p. 116 ; FLODOARD, par LEJEUNE, Histoire de l'Eglise de Reims, tome 1, Reims, Regnier, 1854, p. 129 ; GIRY (le Père) par GUERIN (Paul), Vie des Saints, tome X, Paris, Palmé, 1864, p. 219 : « Après la mort de saint Remi (533), son neveu, Loup, évêque de Soissons, s'occupa avec le prêtre Agricole d'exécuter les dernières volontés du saint archevêque et de mettre l'église de Soissons en possession de la rente de dix sous d'or ainsi que de la terre de Sablonnières-sur-Morin (Seine-et-Marne), près de Coulommiers ».

(4) Le servage était encore au XIIIe siècle la condition normale des gens des campagnes. Selon l'article 36 de la coutume de Champagne, cette condition était même présumée pour les non nobles. Les affranchissements de serfs se multiplièrent au siècle suivant et le servage disparut progressivement sous l'influence chrétienne.

(5) « Rericus de Corteno, ligius propter dominium Feritatis. Fortitudo de Sablonières » (LONGNON (Auguste), Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie 1172-1361, tome 1, Paris, Impr. Nat., 1901, p. 48, n° 1225). Il s'agit peut-être de Roric de La Courtine qui participa à la troisième croisade et qui devint sénéchal (deuxième dignitaire après le maître) de l'ordre du Temple en 1191, près d'Acre (BURGTORF (Jochen), The Central Convent of Hospitallers and Templars : History, Organization, and Personnel (1099/1120-1310), Leyde, Brill, 2008, p. 79), à moins que son nom soit à rapprocher de Courtenot (Cortenost) dans l'Aube.

(6) Cartulaire des Templiers de Provins (1127-1301), charte n° LXXXVII, in Bulletin d'histoire et d'archéologie du diocèse de Meaux, vol. 4, Grevin, Lagny, 1908, p. 279.

(7) Inventaire des titres de la commanderie de La Ferté Gaucher dressé en 1749, iii, v° - Arch. départ. de Seine-et-Marne, H. 725.

(8) CARRIERE (Victor), Histoire et cartulaire des templiers de Provins, Paris, Champion, 1919, charte n° LXXIII. Cette charte est citée dans plusieurs ouvrages : Catalogue des actes d'Henri le Libéral, in D'ARBOIS DE JUBAINVILLE Henri, Histoire des ducs et des comtes de Champagne, tome III, Paris, Durand, 1861, pp. 401-402 ; Inventaire des titres de la commanderie de La Ferté-Gaucher, f° 1, v° - Arch. départ. de Seine-et-Marne, H. 725 : « Chartre de Marie Comtesse de Troyes portant que feu Robert de Sablonnieres Chevalier ayant fait don aux freres de la Chevalerie du Temple de tout ce qu'il avoit et possedoit au dessous de la Banlieüe de la ferté Gaucher dont lad. Dame avoit receu mandement du Comte de Troyes son fils, etant dans les parties d'outremer, de les faire jouir paisiblement, il seroit arrivé qu'une sœur dud. Robert de Sablonnières appellée Luce femme de Guillebert de Cigny, auroit troublé et mis en cause lesd. Templiers pour raison dud. Don. Et pour terminer leur différend les parties seroient convenües de ce qui suit. C'est a scavoir que led. Guillebert et lad. Luce sa femme consentent et accordent que lesd. Templiers jouissent paisiblement a toujours dud. Don au moyen d'une somme de 25 livres que lesd. Templiers leur auroient payee comptant. Et pour plus grande rattification dud. Accord led. Guillebert et sa femme auroient prié lad. Dame Comtesse de Troyes de donner ses lettres scellees de son scel. Lad. Chartre dattee de l'an du verbe incarné au mois d'avril 1195. Et ont esté scellees sur double queue ».

(9) Cet accord est constaté par des lettres données par Jean de Montmirail en mars 1217 et par Mathieu en 1228 : « Lettres de Mathieu de Montmirel Seigneur de la Ferté Gaucher et de Jean de Montmirel Seigneur d'Oisy, contenant accord fait entre eux d'une part et les freres de la Chrie du Temple d'autre au sujet du différend qui étoit entre eux pour raison des acquisitions que lesd. Templiers avoient faittes dans l'étendue de la terre et seigneurie de lad. Ferté Gaucher sur les quelles led. Mathieu et Jean de Montmirel prétendoient différents droits seigneuriaux et notamment sur les maisons qu'ils avoient a Costran ; … sur les terres de Sablonnières qui devoient terrage et coutume aud. Seigneur de la Ferté sur les essarts faits au dit Sablonière... par lequel accord led. Mathieu et Jean de Montmirel se désistent de toutes les prétentions qu'ils avoient formees contre lesd. Templiers, ainsi qu'elles sont cy-devant déclarées et consentent qu'ils jouissent paisiblement a toujours desd. Choses … led. accord fait en outre moyennant la somme de 660 livres payee comptant par lesd. Templiers ainsy qu'il est porté auxd. Lettres données à Montmirel à l'égard dud. Jean de Montmirel au mois de mars 1217 et à l'égard dud. Mathieu de Montmirel en l'an 1228 et scellées d'un grand scel de cire verte représentant un cavalier armé sur lacs de soie rouge. Auxquelles Lettres est jointe une copie collationnée d'icelles par frère François de Torcy Chancelier et Conservateur des archives du grand Prieuré de france et scellée du scel a l'aigle du Grand Prieuré » (Inventaire de la Commanderie de La Ferté-Gaucher, f° 2 et 3, Arch. départ. de Seine-et-Marne, H. 725).

(10) D'après un état de la commanderie de La Ferté-Gaucher de 1474, il en dépendait, près de Sablonnières, un droit de terrage et un droit de coutume sur les essarts qui y étaient faits : MANNIER (Eugène), Ordre de Malte. Les commanderies du Grand-Prieuré de France, Paris, Aubry et Dumoulin, 1872, p. 218-219.

(11) Le Livre des vassaux du comté de Champagne et de Brie (1172-1222) publié par LONGNON (Paris, Franck, 1869) mentionne trois hommes-liges de ce nom : Pierres de Sablonieres (p. 80, n° 1134), Estienne de Sablonnières (p. 81, n° 1151) et Gilles de Sablonnières, également vassal du comte d'Angoulême : « liges ampres li cuens de Amgoloisme et sa meson jurable et il meisme le jura » (p. 104 de l'Introduction ; p. 80, n° 1139) que l'on retrouve en version latine dans l'édition des Feoda Campanie donnée par le même auteur : « Gilo de Sabloneriis , ligius propter comitissam Angolimensem, et domus ejus jurabilis. Ipse juravit » (Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie 1172-1361, tome 1 Les Fiefs, Paris, Impr. Nat. 1901, 5e partie 1210 à 1214 environ, p. 124, n° 3383). Bien qu'il les rattache, en note de bas de page, à notre commune, ces seigneurs sont mentionnés au titre de la châtellenie de Château-Thierry dont la seigneurie qui nous intéresse ne faisait pas partie. De même, aucun lien ne peut être établi avec Robert de Sablonnières, prévôt de Crécy, cité dans un cartulaire conservé aux Archives nationales, pour avoir, avec sa femme Luce, fait donation en 1229 d'une partie du Moulin Vieux de Couilly à l'Abbaye de Pont-aux-Dames (Cartulaire du Pont-aux-Dames, Arch. nat., cart. L. cité par A. Bazin, in Etudes sur la rivière et la vallée du Grand-Morin, Coulommiers, Brodard, 1907, p. 99).

(12) « De Columbariis : Petrus de Sablonieres, homo ligius propter dominum Firmitatis Galcheri. Feodum est fortericia de Sablonieres et una hostisia » (LONGNON Auguste, Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie 1172-1361, tome 1 Les Fiefs, Paris, Impr. Nat. 1901, 6e partie 1222-1243, p. 141, n° 3765).

(13) Il est cité à ce titre dans l'obituaire de l'Hôtel-Dieu, rédigé vers 1270 : « [21 jan.] XI kal. Ob. ... Item Petrus de Sabulonariis, qui dedit nobis sextarium frumenti annui redditus in terragio Sabulonariarum... » et par MOLINIER (Auguste) ss. dir. LONGNON (Auguste), Obituaires de la province de Sens, tome 1, Diocèses de Sens et de Paris, 2e partie, Paris, Impr. Nationale, 1902, p. 925 ; MICHELIN (Jules) et LEOUZON LE DUC (Claude), Etat des bienfaiteurs de l'Hotel-Dieu de Provins et de leurs libéralités, Provins, Vernant, 1887.

(14) Deuxième cartulaire ou Grand cartulaire de l'abbaye de Molesme, Arch. départ. de la Côte-d’Or, 7 H 7 (Cart. 143), fol. 84 v°. Il s'agit peut-être de l'homme lige mentionné au n° 1598, au titre de la Châtellenie de Provins, par LONGNON, Les Fiefs, p. 53).

(15) « Dominus Johannes Britauz, miles, sicut dixit officialis Trecensis, tenet domum suam de Changenays, et villam cum pertinentiis, et nemora, et integre quicquid habet ibidem… Johannes Briteaux de eo tenet domum suam de Sablonnieres » (LONGNON, Rôle des fiefs du comté de Champagne sous le règne de Thibaud le Chansonnier (1249-1252), Paris, Menu, 1877, p. 198, n° 896).

(16) LECOMTE (Maurice), Une famille de seigneurs briards aux XIIè et XIIIè siècles : les Britaud, seigneurs de Nangis-en-Brie, in Bulletin de la Société d'Archéologie, Sciences, Lettres et Arts du département de Seine-et-Marne, années 1905-1906, Melun, Michelin, 1907. Il s'agit soit d'Henri Britaud vicomte de Provins et châtelain de Nangis, connu pour avoir avec sa mère Héloïse favorisé l'implantation des Templiers en Brie (notamment par une donation qu'ils leur firent en 1193), soit de son neveu Henri Britaud, seigneur de Houdrevilliers (Hondevilliers).

(17) La liste des hommages faits à Thibaud V de Champagne le mentionne en ces termes : « messires Henris Britaut, chevaliers, liges de Hondrivillers et de tout ce qu’il a, si com l’on dit, à Sablonieres » (LONGNON, Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie 1172-1361, tome 1 Les Fiefs, Paris, Impr. Nat. 1901, Hommages faits à Thibaud V – Bailliage de Provins - Feuda de Columbariis in Bria, p. 232, n° 5712).

(18) Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins, tome 7, n ° 11, nov. 1903, p. 94.

(19) Arnould III de Guines naquit vers 1225 en Angleterre. Il était chevalier, comte de Namur, châtelain de Bourbourg, seigneur d’Ardres, de Tourcoing et d’Alost. Son mariage avec Alix de Coucy fut célébré également en Angleterre.

(20) Née à Boves (Somme), vers 1225.

(21) Surnommé « le Grand » ou « le Bâtisseur », Enguerrand III de Coucy était né en 1182 au château de Coucy. Après avoir pris part avec courage à la bataille de Bouvines et à la croisade des Albigeois, il était devenu l’un des personnages les plus puissants de France. Resté dans les mémoires pour avoir accordé des chartes de franchise à plusieurs communes et pour avoir fait construire de nombreux châteaux, il est aussi connu pour avoir dirigé un complot dans le but d’enlever le jeune Louis IX et de s’emparer de la couronne. La cabale échoua et Enguerrand conserva toutefois toute sa puissance. Comte de Roucy, seigneur de Coucy, de Condé, de La Fère, de Marle, de Crépy et de Vervins, il mourut accidentellement en 1242, embroché sur sa propre épée lors d’une chute de cheval.

(22) Bazin citait in-extenso une déclaration du 24 juillet 1391 par laquelle Guy de Roye, dit Tristan, seigneur de Luzancy, de Lizy et de Sablonnières, reconnaissait tenir en fief de la châtelaine de Coulommiers « la ville, terroir et appartenances de Sablonnières, consistant en la motte et forteresse, les fossés d'alentour, la chenevière... ». Ce personnage n'a pas été retrouvé dans les sources généalogiques concernant la famille de Roye, dont les membres étaient du reste seigneurs de Buzancy et non Luzancy (la seigneurie de Lizy n'apparaît pas non plus). Il ne peut pas s'agir de Guy de Roye, dit Tristan ou Guy-Tristan, vicomte de Buzancy mort en Espagne en 1386, soit avant la déclaration en question. Pourrait en revanche correspondre, d'un point de vue chronologique, Gui de Roye dit Tristan, chevalier, dont le dénombrement du 12 février 1392 est mentionné dans les Comptes-rendus et Mémoires aux séances du Comité archéologique de Noyon (1874, p. 131).

(23) Lettres de la prévôté de Paris du 29 février 1411, relatant la vente de la terre et seigneurie du Jariel en Brie du 21 octobre 1401 (Arch. nat., S 3776 A dossier 1, n° 2).

(24) Op. cit., p. 24. La châtellenie de Coulommiers avait donc confisqué le fief dudit Huguelin, faute pour lui d'avoir rendu hommage à son suzerain. De la sorte, les revenus du fief étaient perçus par la châtelaine.

(25) Ce personnage cité par Bazin vivait en 1460 avec son épouse Eustache de Vaux (+1503) qui lui donna quatre enfants.

(26) Lorsqu'un fief sortait des mains d'un seigneur autrement que par vente (notamment par don ou succession), il revenait au suzerain qui l'avait concédé. Le nouveau seigneur (donataire, héritier) devait alors payer au suzerain le droit de rachat ou relief et les frais de saisie féodale. Au cas particulier, Gérard de Viez-Maisons dut acquitter la somme de 8 livres pour obtenir le fief de Sablonnières.

Ces informations rares et lacunaires ne permettent pas d'établir une suite continue des seigneurs locaux, ni de connaître avec précision la consistance de la seigneurie, voire de plusieurs fiefs. Les troubles qu'a connu la région à compter de la fin du XIIe siècle en sont probablement une cause majeure.

La situation se clarifie plus tard. Du XVe siècle au moins et jusqu'en 1789, le territoire de la paroisse (identique à celui de l'actuelle commune) comprenait deux seigneuries distinctes : celle de Sablonnières et celle du Jariel. La première, développée autour du château féodal, s'étendait au sud du Petit-Morin et à l'est du ru d'Avaleau. A partir du XVIe siècle, le fief de Montchevrel situé au nord-est (au Mont-Chevret) en dépendait et allait être finalement lui être réuni entre les mêmes mains, comme celui de Montflageol qui avait son emprise sur le territoire de la paroisse de Villeneuve-sur-Bellot. L'autre seigneurie, moins vaste que la première, était située au nord-ouest, entre le Petit-Morin et le ru d'Avaleau.

Division du territoire de Sablonnières en seigneuries et arrière-fiefs, avant 1789 (D. L.)

Ces deux seigneuries, qui ont coexisté jusqu'en 1789, avaient des propriétaires distincts et chacune était administrée par ses officiers et selon des modalités qui lui étaient propres. A l'une comme à l'autre était attachés des droits seigneuriaux et un patrimoine foncier confié à des censitaires qui habitaient les maisons ou exploitaient les terres et les industries moyennant redevance. Il convient donc de les présenter successivement.

LA SEIGNEURIE DE SABLONNIÈRES DE 1461 A 1789

Plus importante par l'étendue de son domaine et par le prestige de ses possesseurs, la seigneurie de Sablonnières est aussi celle qui a laissé le plus de traces historiques. Afin d'en donner une description suffisamment précise, nous nous pencherons successivement sur ses détenteurs, sur sa consistance et sur son administration.

Les seigneurs de Sablonnières

Parmi les quelques seigneurs identifiés du XIIe au XIVe siècle, nous avons déjà indiqué que certains tenaient le château en fief : ce fut le cas avec certitude de Rericus de Corteno vers 1172, de Pierre de Sablonnières vers 1222, du chevalier de Roye en 1391, de Pierre de l'Espine et de Gérard de Vieux-Maisons vers 1450. Ces derniers furent sans doute les prédécesseurs des familles qui, parfaitement identifiées de la fin de la Guerre de Cent ans à la Révolution, ont tenu en fief la seigneurie de Sablonnières proprement dit

La famille de Brie

Au cours de la deuxième moitié du XVe siècle, la seigneurie de Sablonnières devint la propriété de la famille de Brie. Le nouveau seigneur des lieux, Loys de Brie, la possédait déjà lorsqu'il fit l'acquisition, le 4 mars 1473 de plusieurs seigneuries dont celle de Boissy-le-Châtel (1). Ce personnage était entré dans la maison du duc Charles Ier de Bourbon dont il avait été écuyer d'écurie avant de se voir confier, le 24 juillet 1440, la capitainerie et châtellenie de Billy en Nivernais (2), puis d'être nommé à vie dans cet office le 29 juillet 1449 « en considération de ses services et du mariage que a esté traité entre luy et Jeanne de Bonvillier (lire Boulainvilliers), dame de Madame la duchesse de Bourbon » (3). Bien que confirmé le 9 février 1457 par Jean II, nouveau duc de Bourbon, il fut transféré à Moulins le 24 août 1466, remplacé en 1482 et rétabli le 27 novembre 1488 comme châtelain de cette place qu'il conserva jusqu'à sa mort survenue en 1490 (4). Il fut également gouverneur de Savonne pour le roi et son chambellan. (5)

Dalle funéraire de Louis de Brie et Jeanne de Boulainvilliers (église Saint Sulpice de Boissy-le-Châtel - Photo D. L. 2012).

On peut y lire la double épitaphe : « Cy : gist : noble : seigneur : messire : loys : de : brie : en : son : vivât : chlr : s : de : sablonieres : boissy : et : Coudun : châbellâ : du : roy : nre : sire : qui : trespassa : le : xii : octobre : CD: IIIIc : IIIIxx : et : X : Cy : gist : noble : dame : iehane : de : boulainviler : en : son : vivât : feme : dud : chlr : dame desd : lieux : q : tspass : le : xxii : mars : CD : IIIIc : IIIIxx : et : XV : » (Ci-gît noble seigneur messire Louis de Brie, en son vivant chevalier, seigneur de Sablonnières, Boissy et Coudun, chambellan du roi notre sire, qui trépassa le 12 octobre 1490. Ci-gît noble dame Jeanne de Boulainvilliers, en son vivant femme dudit chevalier, dame desdits lieux, qui trépassa le 22 mars 1495). L'écu des de Brie est représenté à gauche, l'écartelé de Brie-Boulainvilliers figure à droite.

Le seigneur de Sablonnières y est représenté revêtu d'une armure et d'un tabard, portant épée et solerets avec éperons.

Détails (Photos D. L. 2012).

Ses fils, qui avaient le titre d'écuyer, lui succédèrent : Charles reçut Boissy et Jehan de Brie eut Sablonnières. Ce dernier acquit en 1504 la seigneurie de Verdelot (6) qui allait demeurer dans le domaine familial jusqu'en 1696. On sait peu de choses sur lui, si ce n'est qu'il prit part à la rédaction des coutumes de Meaux en 1509 (7) et fut grand-maître des eaux-et-forêts de Beauvoisis. Lui aussi fut inhumé à Boissy-le-Châtel où l'on voit encore sa dalle funéraire :

Dalle funéraire de Jehan de Brie (église Saint Sulpice de Boissy-le-Châtel) sur laquelle on déchiffre partiellement l'épitaphe : « (cy gist) noble seigneur jehan de brye en son vivant ... lequel trespassa le uii iour du moys de septembre ... (priez) dieu pour (luy) ». De chaque côté, l'écu des de Brie, également figuré sur la poitrine du défunt (Photo D. L. - 2012).

Sa première épouse, Marie de Buz, était dame de Villiers-sur-Marne (aujourd'hui Villiers-Saint-Denis, dans l'Aisne) où elle mourut le 4 janvier 1501.

Dalle funéraire de Marie de Bus (église de Villiers-Saint-Denis) :

« Cy gist damoiselle Marye de bus en son vivat feme de Jehan de brye escuier seigneur de sabloniere en brye dame de ce lieu de villiers sur marne laqlle trespassa le IIIIe ior de ianvier l'an mil vC et ung : priez dieu pour son ame »

En haut et en bas à gauche de l'effigie, les armes des De Bus : « d'azur à deux épées d'argent garnies d'or passées en sautoir » ; en haut et en bas à droite, l'écartelé des armes de Brie (hache) et de Bus (épée).

(Photo D. L. 2012).

Jehan de Brie épousa en secondes noces Antoinette de Courtenay, dame de Courquetaine, qui ne lui donna point d'enfant. C'est donc sa fille unique Jehanne de Brie, issue du premier lit, qui hérita de tous ses biens.

Blason de la famille de Brie :

« d'azur à deux haches emmanchées et adossées d'argent »

Les mêmes en clé de voûte dans l'église de Sablonnières (Photo D. L. 2011).

Généalogie de la famille de Brie :

Cliquer ici.

(1) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 712.

(2) DE CASTELNUOVO (Guido) et MATTEONI (Olivier), De part et d'autre des Alpes : les châtelains des princes à la fin du moyen-âge ; actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, Publications de la Sorbonne, 2006, pp. 267 et 274.

(3) MATTEONI (Olivier), Servir le Prince : les officiers des ducs de Bourbon à la fin du moyen-âge, Publications de la Sorbonne, 1998.

(4) BNF, ms. Fr. 22299, p. 9, 15, 19, 36, 37, 69, 70, 71, 154. Des actes de l'époque, rapportés dans le Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais (Moulins, 1913), mentionnent « Louis de Brie, seigneur de Sablonnières, ancien écuyer d'écurie transféré à Moulins » et « Louis de Brie, Seigneur de Sablonnières, aimé et féal chambellan du duc, naguère châtelain de Billy, capitaine à vie ».

(5) Ce titre apparaît dans son épitaphe.Voir aussi Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 712.

(6) Les archives du département conservent un « Echange et permutation faite par Jean de Brie, écuyer, seigneur de Sablonnières, de la terre de Varennes, avec maître Guillaume de Badouillis, greffier en la Chambre des Comptes, pour et à rencontre du fief, terre et seigneurie de Verdelot » (AD, E. 20).

(7) Comme les principaux représentants de la noblesse locale, Jean de Brie fut convoqué au Palais épiscopal de Meaux, en octobre 1509, pour participer aux corrections des coutumes nouvellement rédigées, en vertu de lettres-patentes données à Blois par le roi Louis XII en septembre de la même année. Il s'y rendit en personne, et non par procureur, comme l'indique le procès-verbal de publication de ces coutumes indique : « A nos amez & feaulx, les Bailly, Lieutenant general, Advocat & procureur du Bailliage de meaulx. Il avoit faict convoquer plusieurs gens d’eglise, nobles, praticiens, avocats & autres du tiers estat en grand nombre, & lors fismes lire à Nicolas chapuset Greffier dudict Bailliage, les lettres patentes de nostre commission, ensemble les lettres missives du Roy nostredit seigneur, envoyées audict Lieutenant & autres officiers dudict Bailliage cy dessus transcrites. Et ce faict ordonnasmes audict Greffier appeler les Prelats, Colleges, Chapitres & autres gens d’eglise, les Nobles & autres personnes du tiers estat, qui avoient esté adiournez pour assister a la publication dessusdicte. En ensuivant laquelle ordonnance furent appelez & comparurent [...] Iean de Brie Seigneur de Fublonnières [lire Sablonnières] » (cf. Coustumes generales gardees et observées au baillage de Meaulx, Troyes, Oudot, (1509 ?) f° 51, v° ; également BOBE (Jean), Commentaires sur les coutumes generales du bailliage de Meaux, Paris, Journel, 1683, p. 470 ; CHAMPY (Jacques), Coustumes du Bailliage de Meaux et anciens Ressorts d’iceluy, Paris, Journel, 1682, p. 444).

La famille de Ravenel

Le 10 avril 1514, Jehanne de Brie, dame de Boissy, Sablonnières-en-Brie et Villiers-sur-Marne, épousa Antoine de Ravenel, descendant d'une famille féodale du Beauvaisis qui possédait la seigneurie de Porquéricourt et celle de Rantigny (Oise) depuis 1463. Nous ne connaissons localement aucun événement marquant de cette époque, si ce n'est l'invasion de toute la Champagne et de la Brie par l'armée de Charles Quint qui marcha sur Paris en 1544. Antoine de Ravenel mourut le 11 février 1548 et Jehanne le 15 mai 1553 (1). Le couple laissait cinq enfants dont deux garçons qui se partagèrent les terres familiales en 1555 : l'aîné, prénommé Olivier mais surnommé Claude obtint Rantigny, Fouilleuse, Boissy et Verdelot ; le cadet, Philippe, reçut Sablonnières et Villiers.

Philippe de Ravenel, avait épousé en premières noces, le 6 juin 1554, Catherine de Conflans, issue d'une famille champenoise aux origines illustres, descendante de Charlemagne et des rois mérovingiens. Devenu veuf en 1563, il se remaria plusieurs années après avec Rose de Mertrus. Comme auparavant, la famille vivait non pas à Sablonnières, mais à Villiers (2). Aussi a-t-il laissé peu de traces sur place. On sait qu'il fit hommage de la seigneurie de Sablonnières en 1573. Nous avons aussi découvert qu'il avait entrepris, peu après son accession à cette seigneurie, d'en faire confectionner ou rénover le terrier*. A cette fin, il obtint des lettres royaux l'y autorisant, un substitut du tabellion de Meaux fut commis par le bailliage* pour recevoir les déclarations des censitaires* et les publications nécessaire furent effectuées par un sergent cheval du châtelet de Paris. Toutefois, les guerres, les séditions et la peste qui désolèrent la Brie à cette époque interrompirent les opérations pendant plus d'un an, de sorte que les lettres de terrier devinrent caduques. Ainsi, pour continuer la confection du terrier, Ravenel dut solliciter de nouvelles lettres royaux qui lui furent délivrées par la chancellerie le 31 mai 1564, puis demander une commission au bailliage de Meaux qui répondit favorablement le 7 juillet de la même année.

A Monsieur le bailli de Meaux ou son lieutenant,

Supplie humblement Philippe de Ravenel, écuyer, seigneur de Sablonnières et Montflageol assis en votre bailliage ; comme pour le regard des fiefs terres et prés desdits Sablonnières et Monflageol, leurs appartenances et appendances, pour la confection du papier terrier en vertu des lettres royaux par ledit suppliant obtenues et de vos lettres de commission, aurait été commis Pierre Le Roy, substitut du tabellion dudit Meaux en la branche d'Orly ; que suivant les proclamations faites par François Bardin, huissier sergent à cheval au châtelet de Paris, avait encommencé à procéder au fait dudit papier terrier qui aurait été discontinué par le moyen des guerres, cruelles séditions, peste et mortalité survenues au pays de Brie ; pour raison de quoi il aurait obtenu et pris lettres royaux en la chambre du palais du dernier jour de mai dernier passé ci-attachées afin de procéder à la continuation desdites proclamations et confection dudit papier terrier ainsi qu'il est plus au long contenu ès dites lettres royaux. Ce considéré, il vous plaise décerner vos lettres de commission en attache sur lesdites lettres royaux pour suivant icelles procéder à l'exécution des premières lettres en forme de terrier pour lesdits (…) et seigneuries de Sablonnières et Monflageol, lesdites appartenances et appendances, par icedit Pierre Le Roy, praticien demeurant audit Orly, avec ledit Bardin, sergent, en continuant ce qui a ja este fait et encommencé et nonobstant que lesdites lettres fussent surannées, le tout ainsi qu'il est mandé par lesdites dernières lettres dudit dernier mai dernier passé ci-attachées et vous faisons bien la présente requête. Sur les lettres royaux ... soit fait comme il est requis. Fait le 7è de juillet 1564 (coll. & photos D. L. 2017).

Ordinairement dénommé le « chevalier de Rentigny » Philippe de Ravenel fut un ardent ligueur. Ayant pris le parti des Catholiques lors les guerres de religion, il s'illustra par ses faits d'armes, en particulier en 1562 à la bataille de Dreux, aux côtés de François de Lorraine duc de Guise. Le souvenir qu'il a laissé de sa personne est celui d'un homme belliqueux, dans la droite ligne des anciens chevaliers. En 1585, alors qu'un différend l'opposait à son beau-frère Claude de Mertrus, seigneur de Saint-Ouen (aujourd'hui Saint-Ouen-Domprot dans le département de la Marne), les deux hommes étaient décidés à en découdre dans un grand tournoi et chacun avait appelé ses amis et voisins à venir à cheval et en armes. Le défi aurait été lancé et les hostilités déclenchées si Joachim de Dinteville, lieutenant-général du roi en Champagne et Brie, ne leur eut défendu tout combat et enjoint de renvoyer chez eux leurs partisans (3). Durant la seconde Ligue, on le vit mettre la ville de Meaux - dont il avait été élu gouverneur le 22 septembre 1590 - en état de se défendre contre un éventuel siège par les armées royales, placer des garnisons dans les principales places de la région et prendre la tête de plusieurs expéditions contre les royalistes : le 16 octobre 1591, il s'empara de La Chapelle-sur-Crécy où il arrêta la démolition du château ordonnée par le roi. Le 6 novembre, ses hommes prirent celui de Thieux. Ce fut ensuite le tour de celui de Claye qu'il fit raser et, en avril 1592, de celui de Monthyon aux croisées duquel il fit pendre ceux qui l'avaient défendu (4). Capitaine impitoyable avec ses ennemis, il se fit détester par ses exactions dont les plus connues sont le pillage de Rebais, perpétré le 10 octobre 1590 en représailles contre l'abbé qui tardait à le rembourser d'une dette considérable (5), et la mise à sac de Jouarre dans la nuit du 17 au 18 août 1591 pour en punir les habitants - dont plusieurs furent blessés ou tués - d'avoir refusé d'obéir à son ordre d'envoyer à Meaux le produit de la taille. A la fin du mois de mai de l'année suivante, alors que les troupes du duc de Parme, pourtant alliées des Ligueurs, dévastaient Boissy-le-Châtel, Rentigny partit défendre ses possessions et n'hésita pas à charger les assaillants. Après les avoir mis en fuite dans un premier temps, il perdit finalement la bataille et fut capturé. On le conduisit à Rebais, où le duc lui rendit la liberté (7). Les Meldois quant à eux, s'ils restaient fidèles à la maison de Lorraine, entendaient assurer eux-mêmes la défense de leur ville et refusaient catégoriquement toute présence de troupes françaises ou étrangères ailleurs que dans le Marché. Aussi, lorsque pour une raison demeurée inconnue, Rantigny fit entrer dans la ville des fantassins wallons au matin du 13 septembre 1592, les habitants prirent les armes, s'emparèrent des soldats, dressèrent des barricades, arrêtèrent leur gouverneur et le constituèrent prisonnier. Informé de ces événements, le duc de Mayenne, chef de la Ligue, nomma un nouveau gouverneur. Libéré le 24 septembre, Rentigny quitta la ville le 4 octobre pour aller rejoindre le duc à Soissons, non sans promettre de « tailler des jarretières » aux Meldois qu'il trouverait sur son chemin (6). Il mourut le 11 novembre dans des circonstances obscures, laissant pour lui succéder ses deux fils Robert et Jacques.

La seigneurie de Sablonnières revint à Robert de Ravenel qui demeurait à Villiers, puis, ce dernier étant mort sans descendance en 1609, passa à son frère Jacques de Ravenel. Chevalier de l'ordre du Roi, seigneur de Sablonnières, Montflageol, Monchevrel, le Jariel en partie, la Villeneuve (Villeneuve-sur-Bellot), Verdelot et autres lieux, baron de Vindé (Vindey dans le département de la Marne), gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, lieutenant de cent hommes d'armes de la compagnie de gendarmes du comte de Vaudemont et gouverneur du duc de Lorraine, ce personnage jouissait d'une certaine importance puisque le roi l'avait exempté de ban et d'arrière-ban. Il avait épousé Claude de Gennes, dont la famille était originaire de Bretagne.

Ecu écartelé du couple DE RAVENEL-DE GENNES (clé de voûte dans l'église de Villiers Saint-Denis)

où l'on peut voir à senestre le croissant et l'étoile des Ravenel, accostés à dextre de l'hermine et de la fasce de la famille de Gennes (Photo D. L. 2012).

Jacques de Ravenel mourut le 6 juillet 1636, mais son fils Edmond ne prit pas immédiatement sa suite. Ce dernier, qui était pourtant connu sous le titre de marquis de Sablonnières (8), était tombé en disgrâce pour ses prises de position contre Richelieu. Ses opinions l'avaient conduit, avec plusieurs autres gentilshommes champenois groupés sous la bannière de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, à comploter contre le Cardinal. On a retrouvé dans l'imposante correspondance de ce dernier, une note de 1632 l'informant que Ravenel levait des troupes à cheval en Brie. Ces agissements valurent au marquis d'être poursuivi pour crime de lèse-majesté et d'être condamné à mort par contumace, le 24 mars 1633, par le présidial de Troyes. Le jugement, prononcé par Laffemas, magistrat à la solde de Richelieu surnommé le « Maître-étrangleur », reprochait aux condamnés d'avoir levé des gens de guerre sans commission du roi, porté les armes contre lui, provoqué des révoltes dans le royaume et troublé la tranquillité publique. Les plus coupables, dont Ravenel faisait partie, furent condamnés à être « tirés à quatre chevaux et écartés vifs au marché au blé de cette ville de Troyes » outre la démolition de leurs châteaux, la coupe de leurs bois, la confiscation de leurs autres biens et la déchéance de la noblesse pour eux et leur postérité (9). Toutefois, comme l'ensemble des coaccusés, Edmond de Ravenel n'avait pas pu être arrêté - probablement s’était-il réfugié sur les terres du duc Lorraine, lui aussi opposé à la politique de Richelieu - et ne fut exécuté qu'en effigie : d'après le Mercure François, le jugement fut appliqué le 24 mars par représentation en huit tableaux « et pour le razement des maisons et chasteaux inseré en ce mesme iugement, ledit sieur de Laffemas fit degrader plusieurs bois, mettre à bas et razer le Hautcoué, Cirey, et Corselles, les maisons de Luistre, et plusieurs autres appartenant aux plus coupables de ces Rebelles ». (10)

Ravenel échappa non seulement à une mort atroce mais certainement aussi à la destruction et à la confiscation de certains de ses biens. Il ne revint vraisemblablement en France qu’après la mort du Cardinal et, comme les autres accusés, obtint le pardon du roi et put conserver ses titres et ses possessions. En 1651, il fut l'un des gentilshommes signataires de l'acte d'union de la noblesse dont l'assemblée, tenue illégalement du 6 février au 25 mars, élabora un projet de réforme du gouvernement fondée sur une monarchie tempérée où la noblesse aurait un rôle de premier plan et conclut à la nécessité de convoquer rapidement les Etats Généraux. Si ces derniers ne furent jamais tenus, il y avait été élu député de la noblesse du bailliage de Sézanne. (11)

Il devint ensuite, au mois d'août, maréchal de camp des armées du roi (12). Au mois de juillet de l'année suivante, il assura la garde personnelle du cardinal de Retz (qui avait prit le parti de la Fronde contre l'autoritarisme de Mazarin) dont les célèbres Mémoires relatent que le marquis de Sablonnières avait mis à sa disposition cent soldats pour assurer sa protection.

Edmond de Ravenel devint ainsi seigneur de Sablonnières, Montflageol, Verdelot, Vendières, L'Epine-au-Bois, Boland, Villiers-sur-Marne, Domptin, la Maison des Champs, Le Chasnay et Vindey où il résidait ordinairement (13). Comme son père, il était aussi gouverneur du duc de Lorraine. Vers 1655, il fit hommage et fournit aveu et dénombrement à ses suzerains François et Victor de Clermont, châtelains de La Ferté-Gaucher, pour les seigneuries de Sablonnières et de Montflageol.

Signature d'Edmond de Ravenel, vers 1650 (coll. & photo D. L.).

Son épouse Anne Catherine de Savigny, qu'il avait épousée en 1633, lui avait donné six enfants dont François-Joseph, qui fut comte de Verdelot et de Vindey, Jean-Baptiste « demeurant ordinairement à La Sablonnière en Brie » avant 1665 et l'aîné Jean-Baptiste Gaston qui devint à son tour marquis de Sablonnières (14). Ce dernier rendit hommage en 1674 au châtelain de La Ferté-Gaucher pour la seigneurie de Sablonnières et semble y avoir véritablement résidé puisque ses trois enfants y naquirent entre 1660 et 1672. Tous décédèrent jeunes (une fille fut inhumée dans l'église en 1674) et le marquis, mort sans postérité, laissa la seigneurie ainsi que sa charge de colonel au régiment de Valois à son neveu Gaston de Ravenel. Celui-ci porta à son tour le titre de marquis de Sablonnières et fut aussi gouverneur du duc de Lorraine.

Signature de Gaston de Ravenel, en 1674 (Arch. communales - Photo D.L.).

Si les titres et les emplois furent ainsi conservés, il en fut autrement de la fortune familiale, considérablement obérée par les dettes contractées par Edmond de Ravenel. Croulant sous la pression des créanciers, ses successeurs furent contraints de se séparer de la quasi totalité de leurs possessions : en 1672, la seigneurie de Verdelot fut vendue pour 6 000 livres par l'épouse de François-Joseph de Ravenel ; plusieurs autres propriétés furent adjugées par décret en 1685 et, en 1689, les seigneuries de Vindey et de Sablonnières furent mises à la criée. (15)

(1) D'après Jean TREMBLOT DE LA CROIX, Jehanne de Brie fut inhumée dans l'église de Rantigny où un fragment de dalle funéraire porte la date de son décès (Le prieuré et la seigneurie de Rantigny (Oise), Paris, Picard, 1928 et réimpr. Chaulnes, Office d'éd. et de diffusion du livre d'histoire, 1994).

(2) L’église de Villiers-Saint-Denis avait été aussi le lieu de sépulture de Claude de Ravenel, fils de Philippe de Ravenel, mort en 1556 et dont la dalle funéraire encore visible porte l'inscription : « CY GIST CLAUDE FILZ DE NOBLE HÔME PHILIPPE DE RAVENEL ESCUIER SGR DE SABLONERS E BRIE VILLIERS SUR MARNE ET DE DAME CATHERINE DE CÔFLANS SA FÊME LEQUEL TRESPASSA LE 8 JOR DE MARS 1556 ». Trois autres dalles ayant probablement recouvert les tombes de trois filles de Philippe de Ravenel (l’une portait la date de 1574, un autre les armes des Ravenel) se trouvaient à l'extérieur de l'église à la fin du XIXe siècle (LEGUILLETTE (Charles), Pierres tombales de l'église de Villiers-sur-Marne, in Annales de la Société Historique et Archéologique de Château-Thierry, Année 1885, p. 117-118). Sur la présence des Ravenel à Villiers, cf. Annales de la Société Historique et Archéologique de Château-Thierry, année 1883, Impr. de la Société Anonyme L’Echo Républicain de l’Aisne, 1884 ; BOCQUET (André), Le château de Villiers Saint-Denis, Paris, La Renaissance Sanitaire (1977).

(3) Revue de Champagne et de Brie, Paris, Menu, janv. 1880, p. 349.

(4) Cf. DU PLESSIS (Dom Toussaints), Histoire de l'Eglise de Meaux, tome 1, Paris, Gandouin et Giffart, 1731, p. 400 et s.

(5) Vers 1586, Philippe de Lenoncourt, ancien abbé de Rebais, avait emprunté à Rantigny une importante somme pour se rendre en grande pompe à Rome recevoir le chapeau de cardinal. Ne parvenant pas à obtenir remboursement de son neveu, à son tour abbé de Rebais, Rantigny employé la force : L'abbaye comme la ville furent livrées au pillage et l'abbé fut gardé prisonnier dans le château. Deux ans plus tard, le maréchal de Biron à la tête de 6 000 hommes libéra les lieux et l'abbé.

(6) Almanach historique du diocèse de Meaux, Meaux, Charle, 1774.

(7) DU PLESSIS, Op.cit., p. 412-413 ; Kronijk van het Historish Genootschap gevestigt te Utrecht, Utrecht, Kemink, 1863.

(8) Ce titre s'est perpétué et a été porté jusqu'à la fin de l'Ancien régime, quoique la seigneurie de Sablonnières n'ait jamais été érigée en marquisat. Il s'agissait donc simplement d'un titre de courtoisie.

(9) Ce jugement est reproduit en annexe.

(10) Tome 19, Paris, Richer, 1636. L'historien Gabriel Daniel confirmait que l'intendant de Champagne fit couper les bois et raser les maisons des plus coupables ; il précisait aussi que leurs biens furent confisqués (Histoire de France depuis l'établissement de la monarchie française dans les Gaules, Paris, 1755).

(11) MICHAUD (Joseph-François) et POUJOULAT, Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France depuis le XIIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe, tome 1, Lyon et Paris, Guyot, 1853, p. 251.

(12) Le général Louis-Auguste-Victor-Vincent SUSANE mentionne « Edmond-Gaston de Ravenel, marquis de la Sablonnière » comme Maître de camp-lieutenant de ce régiment donné en 1650 au jeune duc de Valois et qui assura la défense de Portolongone en Italie avant de s'établir en Picardie en 1651 jusqu'à son licenciement en 1654 (Histoire de l'Infanterie française, Paris, Librairie militaire de J. Dumaine, 3e partie, 1876, n° 904). D'après le même auteur, « Edmond-Gaston de Ravenel, marquis de La Sablonnière » leva le 13 février 1648 un corps de cavalerie qui se porta au secours de Mouzon (Flandres) en 1650 et fut donné l'année suivante à Jean de Barthon, baron de Montbas-Bret (Histoire de la cavalerie française, tome 3, Paris, Hetzel, 1874, p. 178, n° 149).

(13) CAUMARTIN (Louis-Urbain LE FEVRE DE), Procès-verbal de la recherche de la noblesse de Champagne, Chaalons, Seneuze, 1673, réimpr. Paris, Dumoulin, 1832, p. 110, n° 26 : « Edmond de Ravenel, Marquis de Sablonnière, Seign. de Verdelot et de Vindé, y demeurant ». Les aveux et dénombrements fournis pour Sablonnières et Montflageol précisent eux aussi « demeurant audict Vindé, bailliage de Sezanne ».

(14) Il était aussi seigneur de Sailly (aujourd'hui Sailly-Achâtel dans le département de la Moselle) ainsi que l'attestent plusieurs documents de l'époque - un acte dressé par le notaire de Viviers le 27 juillet 1669 et conservé par les archives départementales de la Moselle sous la cote 3E 8377 mentionne « Messire Gaston de RAVENEL, chevalier, marquis de La Sablonnière et Sailly », tandis que le premier volume de l'inventaire des Collections manuscrites sur l'histoire des provinces de France publié en 1905 par Philippe LAUER (p. 266) mentionne un arrêt du Parlement de Metz rendu en 1664 dans le différend entre Jean Nouroy, dit Marieulle, et « Gaston-Jean-Baptiste de Ravenel, seigneur de Sailly » - et les historiens et généalogistes du XVIIIe siècle : CHASOT DE NANTIGNY (Louis), Tablettes historiques, généalogiques et chronologiques, VIIè partie, Paris, Le Gras, 1756, p. 187 ; DE LA CHESNAYE DES BOIS (François-Alexandre Aubert), Dictionnaire de la Noblesse, tome XI, Paris, Boudet, 1776, v° RAVENEL, p. 701 ; EXPILLY (Jean-Joseph), Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, tome 4, Paris, Desaint, 1766, v° MANDRE, p. 513. Le 11 août 1665, son frère cadet Jean-Baptiste lui donna tous ses biens meubles et immeubles (Arch. nat., Insinuations Y/207).

(15) D'après une requête présentée au Parlement par Françoise Ménardeau citée sous la cote B.N. PO 2439 (76) in BOURQUIN (Laurent), Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p. 204.

Blason des Ravenel de Sablonnières :

« de gueules à six croissants d'or posés 2, 2 et 2, surmontés chacun d'une étoile du même, accompagnés d'une septième étoile d'or en pointe, avec au-dessus une hache d'arme haute d'argent tournée à dextre » (à l'origine, le blason des Revenel ne comprenait pas de hache ; celle-ci aurait été rajoutée par la branche de Sablonnières en souvenir de leur alliance avec la famille de Brie selon Ch. Léguillette, Annales de la Société archéologique de Château-Thierry, 1883). D'après une légende familiale, chaque étoile symbolise une expédition contre les Turcs et chaque croissant représente la prise d'une galère musulmane (Etudes balkaniques, Ed. de l'Académie bulgare des sciences, vol. 17, 1981, p. 119).

Ecu écartelé du couple DE RAVENEL-DE BRIE où l'on voit les croissants étoilés des RAVENEL à senestre et la hache des BRIE à dextre (clé de voûte dans l'église de Sablonnières - Photo D. L. 2011).

Suite des Ravenel, seigneurs puis marquis de Sablonnières :

** Antoine (v. 1485-1548), seigneur de Rantigny, époux de Jehanne DE BRIE, héritière de la seigneurie de Sablonnières

*** Philippe (+1592 fils du précédent), écuyer, seigneur de Villiers et de Sablonnières, époux de Catherine DE CONFLANS

**** Robert (+1609 fils du précédent), seigneur de Sablonnières, époux de Philiberte DE CHASTILLON, fille de Claude DE CHASTILLON et de Renée DE BOISROGUER

**** Jacques (+1636 frère du précédent), chev., sgr. de Verdelot, Villiers et Sablonnières, bon de Vindey, ép. de Claude DE GENNES, fille de Edmond DE GENNES et de Marguerite DE ST QUENTIN

***** Edmond (fils du précédent), marquis de Sablonnières, époux de Anne DE SAVIGNY

****** Jean-Baptiste Gaston (fils du précédent), marquis de Sablonnières, seigneur de Sailly, colonel au régiment de Valois, époux de Suzanne BARBIN, comtesse de Broies (sans postérité)

******* Gaston (neveu du précédent), marquis de Sablonnières, colonel au régiment de Valois.

Généalogie des Ravenel :

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Théophile de Catelan

En 1689, la seigneurie fut acquise par Théophile de Catelan, capitaine des chasses de Louis XIV (1). Fils de l'impopulaire François Catelan, un valet originaire de Gap que l'affairisme avait porté au rang d'intendant des finances et de secrétaire du roi (2), il avait épousé, après contrat de mariage du 13 mai 1673 (3), Geneviève de Coigneux, une veuve aux mœurs légères qui ne lui avait point donné d'enfant et qui était décédée en 1688.

Héritier d'une famille riche, il avait su s'attirer les faveurs royales. D'abord nommé procureur du roi en la capitainerie du Bois de Boulogne le 27 mars 1678 (4), il était devenu lieutenant des chasses de la Varenne du Louvre le 26 décembre de la même année (5), puis capitaine d'une partie de cette même Varenne. Il vendit ensuite sa charge pour acheter celle de capitaine des chasses, gouverneur et gruyer des châteaux de Madrid, Bois de Boulogne, Pont de Saint-Cloud, Plaine Saint-Denis et dépendances, au prix de 150 000 livres moyennant toutefois un brevet de retenue de 100 000 livres (6). Il en reçut commission en 1697 et ses provisions le 17 janvier 1698 (7). Il conserva cette nouvelle charge pendant quelques années (8). A ce titre, il habita le château de la Muette de 1685 à 1702 et a laissé son nom au Pré-Catelan. Un arrêt du Conseil du 24 octobre 1702 lui alloua la somme de 300 livres pour le rembourser des ouvrages nécessaires à l'entretien des routes du bois.

Le 27 mars 1703, Louis XIV étant venu chasser à Marly, le complimenta pour l'abondance du gibier (9). En octobre 1705, afin de contenter le roi qui souhaitait gratifier un autre personnage en vue, Catelan revendit la capitainerie du Bois de Boulogne détachée pour l'occasion de celle de la Varenne du Louvre (déclaration du 20 octobre), en conservant toutefois le droit d'y chasser, ainsi que la capitainerie de la Plaine Saint-Denis et le droit de loger au château de Madrid (10). Son brevet de retenue de 100 000 livres fut confirmé nonobstant le partage en deux de la capitainerie (11) et il reçut un dédommagement de 50 000 livres de la part de son successeur. Le 25 juillet 1706, le roi lui donna le bailliage et capitainerie des chasses des Tuileries qui s'appela désormais Varenne des Tuileries (12). Le 12 septembre suivant, il reçut des provisions de capitaine-concierge du palais, château et jardin des Tuileries (13), devenant ainsi gouverneur du château royal des Tuileries. Il démissionna le 3 février 1717 (14) puis céda la capitainerie de la Plaine Saint-Denis et dépendances en 1719. (15)

Bien que connu comme Sieur de Sablonnières (16) ou comme Marquis de Sablonnières, Seigneur de Montflageol, le Jariel en partie et autres lieux (17) et désigné par le nom de Catelan de Sablonnières ou par le titre de chevalier, seigneur de La Sablonnière (18), il résida principalement à Paris. Il séjourna toutefois à Sablonnières et y fut le témoin de plusieurs baptêmes et mariages comme en atteste sa signature au bas des actes, ce qui dénote une certaine proximité avec les villageois. C'est d'ailleurs à lui que la communauté des habitants de La Noue et des Hacots doivent encore aujourd'hui la jouissance commune d'un terrain d'environ 5 hectares connu sous le nom de Pâture des Hacots, qu'il concéda à leurs prédécesseurs, le 26 mars 1696, pour leur permettre de faire paître leurs bovins moyennant une redevance annuelle de 20 sols par tête de bétail et d'une paire de poulets gras par ménage.

Le marquis s'éteignit à Paris le 21 juillet 1721, à l'âge de 78 ans. Son corps, transporté à Sablonnières, fut inhumé le 24 à l'intérieur de l'église, dans la chapelle de la Vierge, « où on l'a conduit avec les cérémonies ordinaires suivant son intention ». Non remarié, il ne laissait aucun descendant.

Acte de sépulture de Théophile de Catelan : « L'an mil sept cent vingt un le vingt quatre du mois de juillet est decede en la paroisse de St Rocq de paris rue en cul de sac St Vincent Messire Theophile de Catelan chevalier seigneur de Sablonnieres en Brie Montchevret Montflageol jariel ancien capitaine des chasses des varennes du Louvre et des thuilleries gouverneur du chateau royal des thuileries veuf de Dame genevieve de cogneu age de soisante dix huit ans apres avoir eté confessé et receu tous les sacremens son corps a eté inhumé dans cette paroisse dans la chapelle de la vierge avec les ceremonies ordinaires suivant son intention fait par moy curé soussigné » (Arch. communales - Photo D. L. 2014).

(1) On peut dater son acquisition non seulement par celle de la mise en vente de la seigneurie, mais aussi en observant que Catelan fit partie des gentilshommes du bailliage de Meaux prétendant être déchargés du service à l’arrière-ban de 1689 (LHUILLIER, L’arrière-ban du bailliage de Meaux, in Revue historique, nobiliaire et biographique, tome 6, 1871, p. 494).

(2) Edouard Fournier (Enigmes des rues de Paris, Paris, Dentu, 1860, p. 139) écrivait que François Catelan (le père de Théophile) avait acquis des terres sur la lisière du bois de Boulogne et ajoutait : « Ses terres touchaient à la plaine des Sablons, il en prit le titre de Sieur de Sablonnière, et il se fit faire tout exprès de belles armoiries sur champ de sable ». Ce prétendu titre ne présente aucun lien avec la seigneurie de Sablonnières, qui fut acquise par son fils.

(3) Arch. nat., Y 238, f° 456.

(4) Arch. nat., O/1/22, f° 59.

(5) Arch. nat., O/1/22, f° 247. Le bailli ou capitaine de la Varenne du Louvre connaissait de tous procès en matière de braconnage et autres contraventions constatées par les gardes-chasse. Par délégation du Grand Veneur, il jugeait aussi les manquements à la réglementation de la chasse au cerf, à la biche et au chevreuil et pouvait délivrer des autorisations administratives de chasse, d’ouverture et d’exploitation de carrières, de pose de clôture ou de construction de bâtiments dans l'étendue de son ressort. Il siégeait dans une des chambres du château du Vieux-Louvre. Soucieux de préserver ses prérogatives juridictionnelles, Catelan se plaignit de l'habitude qu'avait pris le Grand Conseil (formation judiciaire du Conseil du Roi) de recevoir les appels interjetés contre ses sentences, alors qu'une déclaration du 9 mai 1656 réservait la connaissance de ces appels au Conseil Privé. Par édit du mois de mai 1689, Louis XIV réaffirma la compétence judiciaire du capitaine des chasses en matière civile et criminelle et fit expressément défenses à toutes juridictions de recevoir les appels formés contre ses sentences, sous réserve des appels prévus par la déclaration de 1656 : « Et sur ce qui nous a été représenté par le Sieur Catelan de Sablonnières, bailli et Capitaine de ladite Varenne du Louvre...»

(6) Par ce brevet, propre aux charges non héréditaires, le roi consentait à restituer à son titulaire la somme en question lorsqu'il revendrait sa charge.

(7) Arch. nat., O/1/41, f° 122 v° ; O/1/42 , f° 9 et 10.

(8) L'Etat de la France de l'époque (Paris, Loyson, 1702) énumérait ses titres : « M. de Catelan, Sr de Sablonnières, Capitaine des Chasses, Capitaine et Gouverneur des Châteaux et Maisons Roïales de Madrid, la Meute [la Muette] Parc de Boulogne, Forêt de Rouvray, Pont de Saint Cloud, Plaine de Saint Denis et dépendances, et Gruyer desdits lieux ».

(9) Journal du marquis de Dageneau, tome 9, Paris, Firmin Didot, 1857.

(10) Arch. nat., O/1/60, f° 110-111.

(11) Arch. nat., O/1/49 , f° 144 v°.

(12) Autre capitainerie royale des chasses, ayant son siège à Paris.

(13) Arch. nat., O/1/50 , f° 100. Le 19, il obtint un brevet d'assurance de 1 200 livres sur cette charge (Arch. nat., O/1/50, f° 104 v°).

(14) Arch. nat., O/1/61, f° 17 v°.

(15) Ces charges successives ont été récapitulées par Arthur de Boislisle (Mémoires de Saint Simon, tome 13, Paris, Hachette, 1897, pp. 130 et 602).

(16) V. not. les Historiettes de Tallemant des Réaux et les Mémoires du marquis de Dageneau.

(17) Acte de concession de la pâture des Hacots, 1er sept. 1776, Arch. départ. de Seine-et-Marne, 3-Q-S.

(18) Cette appellation apparaît dans une quittance de 1688 citée dans les Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome 20, 1892.

Signature de Théophile de Catelan (Arch. communales - Photo D.L. 2014).

Blason des Catelan :

« d'or à trois porcs-épics passants d'azur » (1)

Généalogie des Catelan de Sablonnières :

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La famille de Maupeou

La seigneurie revint par héritage à un neveu : René de Maupeou (1663-1734) fils d'Antoinette de Catelan (v. 1644-1720), l'une des sœurs de Théophile, et de Louis de Maupeou (1631-1669). Issu par la branche paternelle d'une famille de robe anoblie en 1587 et provenant d'un notaire au Châtelet de Paris duquel descendait également par sa mère le surintendant des finances Fouquet, le nouveau seigneur de Sablonnières avait comme son père choisi la carrière militaire. Entré au régiment des Gardes françaises comme enseigne le 22 avril 1679, il fut promu sous-lieutenant le 18 juin 1682 et se trouva à ce titre au siège de Luxembourg en 1684. Sous aide-major le 24 février 1689, il prit part à l'attaque de Valcourt et obtint le 4 janvier 1690 le grade de capitaine par brevet, sans passer par celui de lieutenant, grâce à un passe-droit consenti par Louis XIV en reconnaissance des services rendus par sa famille. Il commanda sa compagnie à la bataille de Fleurus, au siège de Mons en 1691, à celui de Namur, au combat de Steenkerque où il fut blessé à une cuisse (3 août 1692), au siège de Huy, à la bataille de Neerwinden (29 juillet 1693) et au siège de Charleroi (1693). Il se trouva ensuite au bombardement de Bruxelles en août 1695 et au camp de Compiègne en 1698. Sa valeur reconnue lui valut d'être fait chevalier de l'ordre royal de Saint-Louis en 1703 et nommé Inspecteur général de l'Infanterie le 1er décembre de la même année. Il devint ensuite brigadier d'infanterie par brevet du 10 février 1704, resta un temps à l'armée de Flandres avant de rejoindre celle du Rhin le 4 avril 1705 comme major-général, puis celle de Moselle en 1706, à nouveau celle de Flandres en 1707 et de revenir à l'armée du Rhin la même année. En 1708, il se trouva au combat d'Oudenarde. Le 20 mars 1709, il obtint un brevet de maréchal de camp et resta à l'armée du Rhin : en 1713, il fut aux sièges de Landau et de Fribourg.

Après s'être démis de sa compagnie aux Gardes en mars 1716, il devint lieutenant-général des armées du roi en vertu de lettres-patentes du 8 mars 1718, puis directeur général de l'Infanterie par commission du 4 juillet 1719 et se démit alors de l'inspection. Lorsqu'au mois de février 1723, il se démit de sa direction, celle-ci fut réduite en inspection en faveur de son fils. Ainsi prit fin une carrière militaire de 44 années.

A cette époque, René de Maupeou habitait à Paris, rue des Postes puis rue Sainte-Anne. Il se rendait occasionnellement en son château de Sablonnières pour s'occuper de ses affaires foncières locales, comme le montrent plusieurs actes notariés auxquels il fut partie (2). C'est en ce lieu que décéda en 1724 son épouse Marie Jamin, fille d'un trésorier général du sceau qu'il avait épousée en 1691. Désormais retiré des affaires militaires et veuf, René de Maupeou s'y retira et fit l'acquisition de la seigneurie voisine de Bellot. Le 26 décembre 1732, il rendit hommage au châtelain de Coulommiers pour celle de Sablonnières. Il y mourut à son tour deux ans plus tard et fut enterré à l'intérieur de l'église, ainsi que le rapporte son acte de sépulture : « L'an de grâce mil sept cent trente quatre le premier décembre est mort après avoir reçu le sacrement et l'extrême onction Messire René de Maupeou Lieutenant général des armées du Roy directeur général d'infanterie seigneur de la paroisse de Sablonniere, du mont flageol, du mon chevret et en partie du jariel agé de soixante dix ans vivant homme de defunte Dame Margueritte jamin. Son corps a eté le lendemain enterré dans la chapelle de la verge de l'église du dit Sablonniere en presence de toute sa maison, officiers et domestiques et de plusieurs curés du voisinage qui ont signé le present acte, par moy curé soussigné ». La tombe fut couverte d'une dalle funéraire en marbre noir, aujourd'hui visible dans le chœur de l'église où elle a été déplacée. Malgré le burinage des inscriptions par des profanateurs sous la Révolution, on peut encore y lire, en latin : « HIC JACET RENATUS DE MAUPEOU » (ci-gît René de Maupeou) et, plus bas, la date de sa mort : « DIE PRIMO DECEMBRIS ANNO SALUTIS 1734 » ainsi que son âge de 71 ans.

Acte de sépulture de Marie Marguerite Jamin, marquise de Maupeou : « L'an de grace mil sept cent vingt quatre, le dix huitieme jour de juillet est morte après avoir receu l'extremonction Madame Marie Marguerite Jamin agée de cinquant ans vivante femme de Messire René de Maupeou Lieutenant general des armées de Sa majesté et seigneur de Sablonniere et autres lieux : son corps a ete le lendemain entere dans la chapelle de la Ste vierge de la paroisse avec les ceremonies accoutumees...» (Arch. communales - Photo D. L. 2014).

Acte de sépulture du marquis René de Maupeou, à Sablonnières le 1er décembre 1734 (Arch. communales - Photo D. L. 2014).

Sablonnières échut à René Théophile I de Maupeou, fils de René, qui était lui aussi chevalier de Saint-Louis (3) et brigadier au régiment de Bigorre Infanterie. Cet officier avait entamé sa carrière militaire en 1714 chez les mousquetaires à l'âge de seize ans, était devenu lieutenant au Régiment de Toulouse l'année suivante, puis capitaine dans ce même régiment le 22 octobre 1716 et capitaine en second lors du doublement des compagnies le 6 avril 1718 (4). L'année suivante, il avait acheté le Régiment d'Infanterie de Bigorre dont il était devenu colonel par commission du 6 mars. Le 10 février 1723, il avait reçut des lettres de commission d'Inspecteur général de l'Infanterie, à la suite de son père et avait comme lui servi à l'armée du Rhin, notamment à l'attaque des lignes d'Ettlingen et à la prise de Philipsbourg où il resta après avoir été fait brigadier (1er août 1734). En 1735, il servait encore à l'armée du Rhin. Maréchal de camp par brevet du 1er janvier 1740, il se démit du régiment de Bigorre le 21 février de la même année et passa à l'armée du Bas-Rhin. Le 3 septembre 1741, il marcha à la tête de la quatrième division de l'armée du roi qui quitta Givet pour la Westphalie. Il eut ensuite le commandement de la troisième division qui quitta Dusseldorf le 13 août 1742 pour secourir les troupes françaises en Bohème. Après plusieurs escarmouches sur la frontière, il passa l'hiver en Bavière. Il revint en France avec la première division en juillet 1743 et termina la campagne en Haute-Alsace. Il se trouva à l'attaque de Rhinvillers et commanda à Strasbourg durant l'hiver. Passé à nouveau à l'armée du Rhin (lettres du 1er avril 1744), il demeura à Strasbourg. De retour à l'armée du Rhin, il fut promu lieutenant général des armées du Roi par lettres-patentes du 1er mai 1745. Il resta alors à Strasbourg, où il mourut le 14 mai 1746 âgé de 49 ans, et y fut inhumé le lendemain dans la chapelle Saint-Antoine de l'église Saint-Etienne. (5)

Acte de sépulture de René-Théophile I de Maupeou : « Anno domini millesimo septingentesimo quadragesimo sexto, die vero decimâ quarta mensis maii, obiit aetatis sua anno circiter quinquagesimo, susceptis primo ecclesia sacramentis, nobilissimus ac illustrissimus dominus Renatus Theophilus Marchio De Maupeou parisinus, in regiis exercitibus legatus generalis, gallice lieutenant general, legionum pedestrium inspector, cujus corpus die sequenti in ecclesia parochiali Sancti Stephani ame praesentatum postea delatum et sepultum fuit in sacello Sancti Antonii, praessentubus praenobilibus viris dominis dominis francisco maria Gayot Regi à consiliis, bellorum commissatio provinciali, rei judiciariae atque avariae, gallice intendance in altaria provincia ordinatore ac subdelegato generali, et joanne baptista francisco Barbier Regi pariter à consiliis, denariorum regiorum in praefata provincia quaestore, qui unamecum subsignarunt ».

(L'an du seigneur mil sept cent quarante six, le quatorze du mois de mai, âgé d'environ cinquante ans, muni des sacrements de l'église, très noble et très illustre seigneur René Théophile marquis de Maupeou parisien, ... lieutenant général, inspecteur de l'infanterie ... dont le corps fut présenté dans l'église Saint-Etienne et fut inhumé le jour suivant dans la chapelle Saint-Antoine, ...)

La seigneurie passa à son fils René-Théophile II de Maupeou, né le 17 juin 1730 en Bretagne, au château de Diarnelez qui appartenait à ses parents (6). Durant sa minorité, le jeune marquis fut placé sous la tutelle honoraire de son oncle René Charles de Maupeou, premier président du parlement de Paris, et sous la tutelle onéraire d'un bourgeois de Paris nommé Fasse, qui géra provisoirement les affaires de la seigneurie.

Acte de baptême de René-Théophile II de Maupeou : « L'an mil sept cens trente le dix neufieme juin a été baptisé solemnellement par le soussigné recteur René Théophile né le dix sept du present mois à dix heures du soir, fils naturel et legitime de haut et puissant seigneur Messire René Théophile de Maupeou Chevallier Seigneur et Marquis de Sablonnieres, Montflageol, Monchevrel et autres lieux, Mestre de Camp du Regiment de bigorre et Inspecteur general d'Infanterie, et de dame Janne Renée Blanchard de Banneville son epouse dame de Maupeou du diarnelez, pouleviguin, rosmellec, Koullay, Lanneau, Kiandraon, Kdudon, et autres lieux, demeurante actuelement en son chateau du diarnelez paroisse du faouet diocese de Cornouailles parrain et marraine ont etés Jan S... demeurant au diarnelez, et Catherine morvan demeurante au Kgu... en la paroisse de gourin et a la ditte marraine declaree ne scavoir signer. » On observera que René-Théophile I est qualifié par anticipation de seigneur de Sablonnières, etc. du vivant de son père qui portait ces titres.

Comme son père, il embrassa la carrière militaire. D'abord capitaine au régiment Dauphin-Cavalerie le 25 février 1747, il devint à son tour colonel au régiment de Bigorre au mois de mai 1748. Il était encore colonel en 1755 lors de son mariage avec Marie Julie de Caqueray célébré au château de Parisis-Fontaine (aujourd'hui commune de Berthecourt, dans le département de l'Oise) :

Acte de mariage de René-Théophile de Maupeou et de Marie-Julie de Caqueray, célébré dans la chapelle du Château de Parisis-Fontaine :

« Lan 1755 le treizième jour de juillet huittieme dimanche apres la pentecote par permission de Monseigneur l'Eveque comte de Beauvais en datte du 7 des presents mois et an donne a St Ouenpres paris signe Steph. Ren. Episcopus C. Bellouacensis, tant pour le jour de dimanche que pour linterval des fiançailles au mariage que pour la celebration dans la chapelle de Parisifontaine dans letendue de cette paroisse apres la publication dun ban en cette Eglise et celle de la sainte chapelle de paris au prône des messes paroissialles des dittes deux paroisses, le dimanche sixieme jour des presents mois et an, en annonçant que cestoitc pour premiere, seconde et derniere publication attendu que les parties esperoient obtenir dispenses des deux autres, du futur mariage entre Messire René Theophile de Maupeou Marquis de Sabloniere colonel du regiment de Bigore, fils majeur agé de vingt cinq ans de deffunt Messire René Theophille de Maupeou chevalier Marquis de Sabloniere, lieutenant gnal des ermées du Roy inspecteur gnal de son infanterie, et de deffunte dame Jeanne Renée Blanchart de Bonneville son épouse, de la paroisse de la Ste chapelle a Paris d'une part, et damoiselle Marie Julie de Caqueray fille mineure agee de 23 ans de Messire Jacques de Caqueray chevalier Seigneur Patron de Maucomble, seigneur de Parisifontaine, Longueil, Berthecourt en partie et aures lieux, et de noble Dame Marie Julie ferrares son epouse de cette paroisse d'autre part, les dittes publications faittes sans opposition ny revelation d'empeschements civils ou canoniques, vu le certificat de publication d'un ban en la Ste chapelle de Paris de Monsieur le curé de la ditte paroisse le jour susdit deument legalizé signé Pourte... de Vichy Chameron ... Vu aussi les dispenses des autres bans, de Monseigneur l'Evêque de Beauvais datté du conq des presents mois et an signé Le Clerc Vic. gen. contresigné Regnard d'une part, et d'autre part celles de Monsieur le Tresorier de la Ste chapelle de paris signé de Vichy chameron Je soussigné Prestre curé de Berthecourt apres les fiançailles celebrées ce jourd hui en laditte chapelle de parisifontaine ay receu leur consentement mutuel et leur ay donné la bénediction nuptiale en presence ... de Messire René de Maupeou premier president au parlement... ».

Annonce du mariage de René-Théophile II de Maupeou et de Marie-Julie de Caqueray : à gauche, dans le Mercure de France d'avril 1756 ; à droite, dans la Gazette de France.

Il ne monta pas davantage en grade puisqu'il quitta l'armée en 1764 à la mort de sa femme, pour se retirer à Sablonnières avec ses enfants. Il fut admis aux honneurs de la cour sous le nom de « Marquis de Maupeou » en 1772 et se remaria l'année suivante à Sablonnières avec Marie Stanislas de la Vergne de Tressan. Cette seconde épouse lui donna deux filles : Renée morte à l'âge d'un an en 1777 et Amicie Elisabeth née à Paris en 1779. Le marquis se consacra alors à son domaine, notamment en faisant rénover le terrier de Sablonnières et Montflageol, précieux atlas composé de plusieurs planches qui, établi à des fins fiscales, préfigure le plan cadastral de la commune. On sait aussi qu'il s'était entouré d'une petite société d'intellectuels et de personnages importants qui fréquentaient le château. Probablement trop occupé par ses affaires et ses relations, Maupeou en oublia ses devoirs féodaux et reçut, le 20 avril 1780, la visite de Maître François Banse, huissier à cheval de la résidence de Coulommiers : Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac, en sa qualité de seigneur châtelain de Coulommiers, faisait saisir féodalement « le château, motte, fossés et jardins de Sablonnières avec ses circonstances et dépendances » sur messire René-Théophile de Maupeou, seigneur de Sablonnières, faute d'avoir fait sa foi et hommage et fourni son aveu et dénombrement, quoique dûment averti que le marquis de Montesquiou était subrogé aux droits et à la poursuite de l'exécution des lettres à terrier de la châtellenie-pairie de Coulommiers, obtenues par monseigneur Louis-Joseph-Charles-Amable d'Albert, duc de Luynes et de Chevreuse. (7)

René-Théophile de Maupeou fut le dernier seigneur de Sablonnières, qualifié à la veille de la Révolution de 1789, comme l'avait été avant lui son père, de « haut et puissant seigneur » (8). Emigré en 1791 avec son épouse et leur fille Amicie, il mourut le 20 février de l'année suivante en exil, à Tournai.

Signature de René-Théophile II de Maupeou (Arch. communales - Photo D. L. 2014).

Ses dernières volontés, rédigées au château de Sablonnières le 8 mars 1788 et complétées par un codicille daté du 20 novembre 1791, étaient celles d'un homme hanté par le souvenir de sa première épouse et par la disparition en mer d'un de ses fils dont il espérait vainement le retour. Elles exprimaient aussi la gratitude d'un bon père de famille envers ceux et celles qui l'avaient soutenu dans les moments difficiles et envers les domestiques, garde-chasse et cocher qui l'avaient fidèlement servi. (9)

Son fils aîné Auguste-René, resté en France à la Révolution, fut arrêté, incarcéré à Chantilly, puis libéré. La veuve et la fille du marquis, rentrèrent en France fin 1792 et furent incarcérées à Melun puis libérées mais assignées à résidence dans cette même ville où elle résidèrent rue de la Commune, proche la Salpétrière. De là, la citoyenne Maupeou continua de gérer ses affaires par l'intermédiaire de son fondé de pouvoirs, Jean Joseph Debourges, ancien notaire de Villeneuve-sur-Bellot. La correspondance qu'ils entretinrent pendant cette période concernait principalement les difficultés relatives au règlement de la succession (10), l'entretien des bois, du château de Bellot (au Fourcheret) et des biens de Sablonnières : Le 13 fructidor de l'an III de la République (30 août 1795), l'homme de confiance annonçait que les travaux entrepris à la ferme du Domaine et au moulin de Sablonnières, confiés à un jeune maçon de Villeneuve, étaient en voie d'achèvement. Le 25 fructidor (15 septembre) de la même année, il informait la veuve Maupeou qu'il venait de se faire remettre à Rozay-en-Brie, par le bibliothécaire et le garde-magasin du district, les glaces, les parquets de glaces, les tableaux d'histoire naturelle, la pharmacie, dix matelas, huit traversins, deux couvertures, vingt-cinq paires de draps, quatre douzaines de tabliers de cuisine, sept nappes et douze essuie-mains, que des voitures iraient chercher la semaine suivante pour les acheminer sous escorte à Sablonnières. Il lui écrivait aussi que sa musique, également restituée, lui serait amenée à Melun (11). Le 12 thermidor de l'an V (30 juillet 1797), les livres lui appartenant en propre lui furent rendus. (12)

Finalement, la mère et la fille purent quitter Melun en 1797. Au mois d'août, Marie de Maupeou se trouvait au château de Vandoeuvre (commune du Fay, dans la Sarthe) chez sa fille récemment mariée (13). Le 10 octobre, Auguste-René était à Sablonnières. Dans une lettre qu'il écrivit à Debourges, il évoquait la récupération de la bibliothèque du défunt marquis. (14)

La veuve Maupeou se retira à Villeneuve-sur-Bellot où résidait sa mère, puis au château de Montrichard (Loir-et-Cher) et à Paris, avant de finir ses jours au château de la Davière (commune de Courcemont, dans la Sarthe) en 1825. La descendance du marquis de Maupeou s'est éteinte à la fin du XIXe siècle en la personne de François Eugène René de Maupeou, né le 3 décembre 1824 au château de Parisis-Fontaine et mort le 28 mai 1892 au même lieu, dernier membre de la famille à avoir porté le titre de marquis de Sablonnières.

(1) Cette description a été donnée successivement par Marc de Vulson (Science héroïque traitant de la noblesse et de l'origine des armes, Paris, Mabre-Chamoisy, 1669), Charles Grandmaison (Dictionnaire héraldique, Petit-Montrouge, Migne, 1852), Jean-Baptiste de Courcelles (l'Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, Paris, chez l'auteur et Arthus Bertrand, 1822-1824) et plus récemment par Jacques de Maupeou (Histoire des Maupeou, Fontenay-le-Comte, Lussaud, 1959). Etrangement, d'Hozier (Armorial général, vol. XXIII, p. 853) attribue à Théophile de Catelan, seigneur de Sablonnières, un écu d'argent à trois sangliers de sable.

(2) Cf. les minutes du notaire Lamy, Arch. départ. de Seine-et-Marne, 221 E 231.

(3) Il fut nommé en 1715 : D’HOZIER (Jean-François-Louis), Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Recueil de tous les membres, Paris, 1817, vol. II, p. 53.

(4) La position de son père, qui était alors inspecteur général de l'infanterie, ne fut peut-être pas étrangère à cette nomination. C'est du moins ce que pensait un certain Le Tellier, ancien capitaine au régiment de Toulouse. Celui-ci ayant rencontré René de Maupeou à Paris le 2 janvier 1721, devant les écuries du duc d'Orléans, tira l'épée contre lui et le blessa. Aussitôt arrêté, et interrogé l'agresseur justifia son geste : il reprochait à Maupeou de l'avoir fait casser trois ans auparavant pour donner sa compagnie à son fils. Cet accès de colère, fondé ou non, lui valut d'être embastillé (Gazette d'Utrecht, 13 janvier 1721 ; DE LESCURE, Journal et mémoires de Mathieu Marais, tome 2, Paris, Firmin Didot, 1864, p. 58).

(5) Sur sa carrière militaire : PINARD, Chronologie historique-militaire, tome 5, Paris, Hérissant, 1762, p. 326.

(6) René-Théophile de Maupeou et son épouse Renée-Blanche de Banneville possédaient plusieurs seigneuries en Bretagne : En 1728, d'après leurs aveux à Hercule-Mériadec de Rohan, prince de Guéméné, ils détenaient une partie de celle du Cosquer (qui provenait de Renée Huby, dame du Diarnelez, grand-mère de Renée-Blanche de Banneville morte en 1726), mais également celle de Villeneuve (Lanvénéguen) en 1733 et celle du Diarnelez (Le Faouët). Le partage fut établi le 13 avril 1749 chez Maître Henri Boulard, notaire à Paris.

(7) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 749. La saisie féodale consistait, pour le suzerain, à mettre symboliquement la main sur un fief dépendant de lui, afin de contraindre son vassal à lui porter foi et hommage, à lui fournir aveu et dénombrement, ou à lui payer les droits qui lui étaient dus. Par l'effet de la saisie, le vassal était privé des revenus de son fief. Cette procédure supposait une ordonnance du juge et l'intervention d'un huissier.

(8) Acte de mariage de son fils Auguste-René (Sens, Sainte-Colombe, 9 octobre 1788).

(9) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 742. Une transcription intégrale est donnée en annexe.

(10) La veuve Maupeou se vit contester son douaire par l'une de ses parentes, Madame de Maupeou-Beauvais qui prétendait que cet avantage devait se régler non pas selon la coutume de Meaux mais suivant celle de Paris, moins favorable. Un avocat fut consulté à ce sujet et conclut à l'application de la coutume de Meaux. Debourges rassura la veuve en lui certifiant que la loi était la même pour tous et qu'elle ne pouvait pas être moins bien traitée que les autres femmes de Sablonnières (Arch. départ. de Seine-et-Marne, J 940).

(11) Arch. départ. de Seine-et-Marne, J 940.

(12) BAZIN, Op. cit., p. 46.

(13) et (14) Arch. départ. de Seine-et-Marne, J 940.

Blason des Maupeou de Sablonnières :

« d'azur au porc-épic d'or »

(René de Maupeou ayant modifié les armes traditionnelles « d'argent au porc-épic passant de sable » pour distinguer la branche de Sablonnières).

Armoiries de René-Théophile de Maupeou, vers 1770, visibles en tête de l'Athlas des differentes planches et cartons composant les cartes generales des terres et seigneuries de Sablonnieres

(Arch. communales - Photo D. L. 2011).

Suite des Maupeou, marquis de Sablonnières :

* Louis (1631-1669), maréchal de camp, gouverneur de Salins puis d'Ath, époux d'Antoinette DE CATELAN (v. 1644), sœur et héritière du marquis de Sablonnières

** René (1663-1734), lieutenant général des armées du roi, marquis de Sablonnières (époux de Marie Marguerite JAMIN).

*** René-Théophile I (1697-1746), marquis de Maupeou, sgr de Sablonnières, lieutenant général des armées du roi (époux de Jeanne BLANCHARD DE BANNEVILLE).

**** René-Théophile II (1730-1792), sgr. de Sablonnières, colonel au régiment de Bigorre (époux de Marie-Julie de CAQUERAY, puis de Marie-Stanislas DE LA VERGNE DE TRESSAN).

***** Auguste-René I (1761-v. 1808), victe de Maupeou, sgr. de Paris-Fontaine, marquis de Sablonnières, chev. de St. Jean de Jérusalem, lieut. de vaisseau (époux de Adélaïde BIENCOURT, puis de Antoinette DE TRYE).

****** Auguste-René II (1797-1875), victe de Maupeou, sgr. de Paris-Fontaine, marquis de Sablonnières, TPG du Jura (ép. de Marie DE CROUTELLE DE LIGNEMARRE, puis de Marie DANZEL DE BOISMONT).

******* François Eugène René (1824-1892), marquis de Sablonnières (époux d'Adèle DE FERRIERE).

Généalogie des Maupeou :

Cliquer ici.

D'autres propriétaires de fiefs situés sur le territoire de la paroisse ont porté le titre de seigneurs « de Sablonnières en partie », notamment pour le fief de Montchevrel (voir plus bas). Bazin mentionnait aussi un nommé Jacques Michel Pinseau : « En 1746, le 21 avril, Jacques-Michel Pinseau, conseiller du Roi, est pourvu d'un office de de contrôleur ordinaire des guerres ; il est qualifié seigneur de Planoy et Sablonnières » (1). Nous avons bien identifié, à Planoy, un nommé Jacques Michel Pinseau « receveur des tailles de l'élection de Paris » dans l'acte de mariage d'une de ses domestiques en date du 6 octobre 1744. On trouve aussi plusieurs actes le concernant chez divers notaires parisiens, notamment la vente de sa seigneurie de Planoy-près-Rozoy-en-Brie le 7 janvier 1751 et la cession de son office de receveur des tailles deux jours plus tard (2). On sait aussi que ce personnage, titré d'écuyer dans plusieurs actes, mourut en 1761 ou en 1762 (3). Toutefois, rien en l'état de nos recherches ne permet de le rattacher à notre commune. (4)

(1) Op. cit., p. 47.

(2) Actes chez Maître Charles Marchand (Arch. nat., MC/ET/C/603) et Maître Philippe Brochant (MC/ET/XCVIII/513).

(3) L'inventaire de ses biens après décès fut dressé le 16 février 1762 par Maître Pierre Claude Richer, notaire à Paris (MC/RE/XLIII/5).

(4) Pinseau tenait probablement la seigneurie de Planoy de son épouse Marguetite Elisabeth Chevallier veuve Nugues, dont la fille Catherine Nugues était mariée à Charles François de Venault de la Lande, seigneur de Planoy. Les Venault de la Lande étaient aussi seigneurs de La Bonnière, d'où une possible confusion avec Sablonnières.

Consistance de la seigneurie de Sablonnières

Le château

* Nature et évolution

Le château de Sablonnières n'existe malheureusement plus et les documents le concernant sont extrêmement peu nombreux. Il ne s'en trouve d'ailleurs aucune représentation qui pourrait nous donner un aperçu visuel de ce que fut la demeure des seigneurs locaux.

Son origine reste obscure, car on ne sait par qui ni quand exactement il fut établi. La seule certitude, que l'on acquiert grâce à quelques sources écrites médiévales, c'est qu'un ouvrage fortifié existait à la fin du troisième quart du XIIe siècle (1) et qu'il était accompagné au début du siècle suivant d'une hostise, c'est-à-dire une chaumière donnée en location à un paysan. (2)

Pour le reste, ces textes nous renseignent seulement sur la nature juridique du fief qu'il constituait : il s'agissait d'un fief lige dont le détenteur était lié envers son suzerain par une obligation exclusive qui l’engageait à servir ce dernier envers et contre tous, excepté contre son père (3) ; de plus, la « domus de Sabloneriis » (maison forte de Sablonnières) dont il est question dans une liste des Castella jurabilia et reddibilia établie vers 1201 (4) était un fief jurable et rendable, c’est-à-dire détenu en vertu d’un serment de fidélité au suzerain, à la disposition duquel il devait être mis en cas de guerre.

Ainsi, alors que Sablonnières dépendait encore du comté de Champagne (donc avant 1361), il s'agissait d'une maison forte que le comte pouvait, en temps de guerre, mettre à la disposition de ses chevaliers sous les ordres desquels se trouvaient alors placés les villageois.

A la fin du XIVe siècle, il était question de la motte de Sablonnières, forteresse protégée par des fossés et des murs : un acte de 1391, rapporté par Alexandre Bazin, décrivait et délimitait la seigneurie de Sablonnières tenue en fief des châtelains de Coulommiers, de la manière suivante : « la motte et forteresse, les fossés d'alentour, la chenevière depuis les Sauvonniers scis au jardin aux porcs, jusqu'à la rivière du Morin, scis entre les fossés de ladite motte et les murs qui vont selon la voye qui va de la ville au pont de la rivière du Morin, jusqu'au coing des murs, vers le Jarriel en venant en ligne droite au coing des fossés de ladite motte, vers le Jarriel, la rivière depuis le pont de Morin en allant au coing des murs de ladite chenevière ». La motte et ses dépendances formaient une seigneurie qui ne comprenait pas le village ni les terres plus éloignées, constitutifs d'un autre fief dépendant de la châtellenie de La Ferté-Gaucher.

Le château était donc peut-être à l'origine une motte castrale - c'est-à-dire un ouvrage de défense édifié sur une butte de terre généralement artificielle et entourée de fossés - à moins que l'appellation motte ait été employée abusivement. Toujours est-il qu'on en ignore la taille, la consistance et l'apparence exactes. On a d'ailleurs des difficultés à imaginer une forteresse en cet endroit ; pourtant celle-ci est connue pour avoir été l’une des rares places de la région restées aux mains des Français pendant l'occupation anglo-navarraise de 1356 à 1364. (5)

Au début du XVe siècle, il était question de l'« hostel de la motte des Sablonnières », dénomination qui indique l'existence d'un manoir seigneurial tout en mentionnant la motte qui, peut-être, n'existait plus à cette époque (6). Probablement, l'ancien « chastel et motte de Sablonnières » était complètement ruiné à l'issue de la guerre de Cent Ans et réduit à ce manoir. Même s'il fut reconstruit par Jean de Brie, il était devenu insuffisant pour assurer la défense de la seigneurie puisque, au siècle suivant, sous les Ravenel, les Sablonniérois subissant les épreuves des guerres de religion et les exactions commises par des troupes congédiées transformées en bandes de pillards furent autorisés par le roi à dresser des fortifications pour protéger le bourg. Ils construisirent alors des murs d'enceinte qui partaient du ru d'Avaleau (vers le carrefour du Pont Bleu), longeaient d'ouest en est l’ancien chemin d’Orly à Villeneuve-sur-Bellot, puis la rue descendant vers la route des Brodards, pour rejoindre le Petit-Morin (7). Cette muraille était certainement comparable par sa hauteur et son épaisseur aux remparts de Rebais dont on peut encore voir les vestiges et de facture similaire à celle du mur d'un ancien enclos qui se dresse toujours à l'entrée du bourg un peu après le carrefour du Pont Bleu. Elle était percée de plusieurs portes. L'une d'elles, dénommée Porte Nitot, se trouvait vers le croisement de la rue du Montcel et du chemin d'Orly à Villeneuve : elle se trouve mentionnée dans un acte de 1770 décrivant la propriété qui existe toujours au n° 1 de la rue du Montcel (8). On peut supposer que la rivière et les murs du château complétaient le dispositif au sud.

Mur d'un ancien enclos à Sablonnières (Photo D. L. 2010).

Pour en revenir au château, celui-ci ne ressemblait certainement plus au XVIIe siècle à l'ouvrage défensif qu'il avait été au Moyen-âge. Les fortifications avaient disparu car, comme souvent à cette époque, la fonction défensive s'était complètement effacée au profit d'une destination résidentielle. L'unification du royaume et l'apaisement de la région ne justifiant plus de présence armée, le domaine de Sablonnières, tout en conservant son caractère féodal, est devenu une résidence secondaire de propriétaires nobles habitant la plupart du temps à Paris, en raison de leurs charges (René-Théophile de Maupeou résidait ordinairement dans son hôtel de la rue Vieille du Temple). Les remaniements dont le château a fait l'objet ont précisément consisté à le rendre habitable et plus agréable à vivre, si bien que lorsque Théophile de Catelan le transforma à la fin des années 1690, il avait perdu toute vocation militaire. Selon un état des lieux dressé à la Révolution en vue de la vente des biens seigneuriaux, qui constitue le seul descriptif historique du château, celui-ci comprenait « un corps de bâtiment isolé, de trois étages, aux deux angles duquel, sur le jardin, sont deux tourelles et deux autres petites tourelles détachées sur le devant, le tout couvert en ardoises, entourés de larges fossés revêtus en pierres plein d'eau vive de la rivière du Petit Morin bien empoissonnés » (9). D'après ses représentations sur le plan terrier (1776) et sur le plan d'intendance (1786) qui le figurent de dessus, le bâtiment de forme rectangulaire présentait une façade d'environ 17 mètres pour 10 mètres de côté. Les tourelles d'angle, du côté du jardin, sont visibles sur les deux plans. Selon le document précité, les deux autres tourelles étaient détachées, ce qui peut signifier qu'elles étaient séparées du château. Cette hypothèse paraît confortée par le plan de 1786 qui, contrairement à celui de 1776, figure deux petites constructions de part et d'autre de la petite cour attenante au bâtiment, face à la grande cour d'entrée. Il pourrait bien s'agir des deux autres tourelles qui auraient peut-être été construites entre 1776 et 1786.

Le château se situait au sud-ouest du bourg, entre la place de l'église et le Petit-Morin, au cœur d'une vaste propriété comprenant divers bâtiments et dépendances dont le document en question donne une idée assez précise : « Au devant dudit château est une grande cour carrée ayant son entrée en face d'icelui par une porte donnant sur la place devant l'église. Au-dessus de cette porte est un pavillon couvert en ardoise dans lequel est un appartement de maître très commode. Sur la droite est un bâtiment couvert en tuile composé d'une grange, une menuiserie et bûcher par bas ; au-dessus plusieurs chambres de domestiques donnant dans un corridor. Sur la gauche est un autre bâtiment couvert en tuile composé par bas d'un fournil, laiterie, vacherie et autres lieux sur lesquels est une grande chambre à blé et au-dessus un grenier à avoine. Sur la droite en retour est un autre bâtiment composé par bas d'une cuisine voûtée dans laquelle coule une fontaine de très bonne eau de source, conduite par des tuyaux qui se décharge dans les fossés, un garde-manger à côté aussi voûté, un cellier ou foulerie ensuite avec grenier sur le tout couvert en tuile. Dans l'angle est une porte de communication à une petite cour qui a une issue au-dehors devant le presbytère et dans laquelle il y a un pavillon couvert en ardoise servant d'écurie par bas et plusieurs chambres au-dessus servant de logement au garde. A la gauche de ladite grande cour en retour sur les fossés est un autre bâtiment composé de quatre remises et finats au-dessus pour resserrer les foins ; aux deux bouts duquel bâtiment sont deux colombiers de pied bien peuplés de pigeons. Derrière ledit bâtiment est une grande basse-cour au fond de laquelle est une grande écurie à deux rangs pour chevaux couverte en tuile au bout de laquelle est un petit bâtiment où loge le jardinier. Derrière la cuisine est un grand jardin potager enclos de murs, bien planté d'arbres fruitiers en espaliers et buissons de toutes sortes de bonnes espèces et dont le terrain produit de très bons légumes », étant ajouté plus loin qu'une glacière se trouvait de l'autre côté du château.

Le pavillon d'entrée et les bâtiments situés de part et d'autre ont vraisemblablement été construits à l'emplacement de l'ancienne enceinte de la motte féodale, dont subsistent d'ailleurs les salles basses de deux anciennes tours aux extrémités de ces dépendances. D'autres actes complètent le tableau : on apprend, à la lecture d'un mémoire évoquant un bail de 1750, qu'il existait un « colombier en forme de tour, non couvert, dans les fossés du château » (10) ; une délibération de 1807 rappelle la présence d'une vacherie mais mentionne aussi l'audience, c'est-à-dire une salle dans laquelle se rendait la justice seigneuriale (11). Quand au pavillon d'entrée, l'annonce de sa vente par adjudication, qui eut lieu le 2 août 1914, donne d'intéressantes précisions sur la contenance du bâtiment qui n'avait certainement guère changé depuis la fin du XVIIIe siècle : il comprenait, au rez-de-chaussée, un vestibule voûté, deux salles également voûtées, une pièce pouvant servir de cuisine, un cellier et une remise sur le côté ; au premier étage, se trouvaient une grande salle éclairée par quatre fenêtres, une autre pièce et des WC ; le deuxième étage comportait quatre pièces et un grenier perdu se situait au-dessus.

A gauche, plan du château : bâtiments (en rouge), jardins (en vert) et pièces d'eau (en bleu) ; à droite, vue aérienne actuelle du site (Google Earth).

Habité en permanence à la fin du XVIIIe siècle par le marquis de Maupeou et fréquenté par ses proches, ce château de taille modeste offrait certainement un certain confort dans le style du temps, nécessaire à cette fréquentation. Extérieurement, la bâtisse rectangulaire munie de ses tourelles devait présenter une apparence massive mais non dénuée de charme, semblable à celle du château du Fourcheret (en moins grand), sans aucune fioriture architecturale. Le seul luxe - éphémère - résidait dans l'aménagement et dans l'ornementation des jardins à la française, selon les canons de l'époque. Ces jardins étaient particulièrement remarquables si l'on en croit les descriptions qui en ont été données.

Le vicomte Jacques de Maupeou écrivait : « Devant le château (1), une terrasse de vastes proportions (2) est plantée de marronniers et de charmilles enfermant un bassin orné d'un jet d'eau (3). Au pied de la terrasse, un canal fourni par une déviation du Petit Morin ferme les jardins (4). A l'une de ses extrémités, une cascade à deux degrés fait pendant à une belle nappe d'eau qu'à l'autre bout de la terrasse l'on peut faire jouer à plus de huit pieds de haut » (12). Bazin détaillait davantage : « Les jardins à la française étaient parfaitement entretenus, il s'y trouvait une belle et longue terrasse (2) plantée d'une allée de marronniers et des charmilles très hautes ; une demi-lune (5) ménagée dans cette terrasse en face le château contenait un bassin avec jet d'eau (6), qui jouait continuellement. Ce bassin était alimenté par un réservoir situé à mi-côte de la montagne, qui recevait les eaux provenant des sources du Vautron. De chaque côté du parterre, il existait des plantations de marronniers et des charmilles formant des allées et des salles dont les pleins étaient en bosquets et carrés de gazon (7), au milieu desquels se trouvaient deux bassins avec jet d'eau (8), également alimentés par le réservoir dont nous venons de parler plus haut. La rivière formait un canal (4), dont les bords étaient revêtus de pierres et sur lequel, ainsi que sur les fossés était établi un pont de bois (9). Elle fermait ainsi le jardin du côté du château. En tête dudit canal, à l'extrémité de la grande terrasse, avait été établie une jetée cascade, formée par trois arches du pont de la chaussée (10) qui existait au-dehors. Cette cascade représentait une toilette avec deux nappes, une de chaque côté, qui jouaient continuellement. A l'autre extrémité de la terrasse il existait aussi une belle nappe d'eau de 34 pieds de large et de plus de 8 pieds de hauteur, que l'on faisait jouer en baissant une vanne située tout à côté (11). » (13)

Ces deux auteurs ont emprunté à la même source, qui n'est autre que la suite du descriptif conservé aux Archives départementales de Seine-et-Marne :

« Au derrière du château est un grand jardin dont le milieu est en parterre avec carrés de gazon, une belle et longue terrasse qui traverse au bout plantée dans toute sa longueur en allées de marronniers et charmilles de hauteur ; sur laquelle et en face du château est une demi-lune et fer-à-cheval au-dessus plantée de charmille et dans laquelle est un bassin et jet d'eau au milieu qui joue continuellement au moyen d'un réservoir à mi-côté de la montagne entretenu par plusieurs sources d'eau vive. Les deux côtés du parterre sont plantés en quinconce de marronniers et charmilles hauteur d'apuye formant des allées et salles dont les pleins sont en bosquets et carrés de gazon au milieu desquels sont deux bassins avec jets d'eau entretenus par le même réservoir et conduite de tuyaux. La rivière du Petit-Morin forme un canal revêtu en pierres qui ferme le jardin du côté du château où il y a un pont de bois de même que sur les fossés et par les deux bouts. L'autre coté est fermé de murs. En tête dudit canal au bout de la grande terrasse est une jolie cascade formée par trois arches du pont de la chaussée qui est au-dehors représentant une toilette avec deux nappes, une de chaque côté qui jouent continuellement et sans frais. A l'autre extrémité deladite terrasse, un peu plus loin est une très belle nappe d'eau de 54 pieds de large et de plus de 8 pieds de haut que l'on fait jouer si longtemps que l'on veut en baissant une vanne à côté. »

Les espaces plantés et les différents ornements ont été détruits depuis bien longtemps. Les deux bassins qui se trouvent sur le terrain dépendant de l'ancienne conciergerie en sont peut-être les seuls vestiges. Quoi qu'il en soit, en raison du morcellement de la propriété et de la construction de murs séparatifs, il est très difficile de se faire sur place une idée de ce qui a pu exister.

De plus, comme pour le château, il semble n'exister aucune représentation des jardins hormis celles que l'on peut voir sur le plan terrier et sur le plan d'intendance.

Le château et les jardins d'après une planche du Terrier de Sablonnières. Pour une vue plus grande, cliquer ici

Plan topographique de la paroisse de Sablonnières, dit « plan d'intendance », dressé en 1786 (fragment).

Ces deux plans présentent quelques différences. Sur le second, moins détaillé, la bâtisse occupe une emprise au sol plus grande et les jardins, représentés plus grossièrement, paraissent plus étendus. Toutefois, le plan terrier semble plus fidèle à la réalité. On le constate tout particulièrement au niveau des parterres dont les allées formant un quadrillage - (7) sur le plan ci-dessus - apparaissent aujourd'hui encore sur une vue par satellite :

(Google Earth).

Après la Révolution, le château faillit être vendu comme bien national mais fut finalement mis sous séquestre.

Le marquis étant mort en 1792, il fut procédé à l'adjudication des meubles et effets dépendant de la communauté conjugale. Le procès verbal de vente, dressé au château le 17 mai 1793 par un huissier-priseur parisien à la réquisition du fondé de pouvoir de la veuve Maupeou, montre que le couple seigneurial possédait quelques biens de valeur mais sans vivre dans un luxe outrageux (de nombreux objets vendus étaient décrits comme vieux, en mauvais état voire cassés). Toujours est-il que la vente attira tant de Sablonniérois et d'acheteurs venant des communes voisines, que le délégué du district de Rozay qui supervisait les opérations dut les interrompre et requérir la présence de trois gendarmes de Coulommiers ainsi que la brigade de La Ferté-Gaucher pour maintenir l'ordre en cas de besoin. Finalement, la vente se déroula sans débordement et le tout fut adjugé pour 21 011 livres. (14)

Affiches, annonces et avis divers, ou Journal général de France, n° 133 du 13 mai 1793.

La succession de René-Théophile II de Maupeou fut définitivement réglée par un partage et le château revint au fils aîné du marquis, Auguste-René de Maupeou-Sablonnières en raison du prédécès de sa sœur Elisabeth, partie en émigration, et de la cession que lui avait consentie son autre sœur Adélaïde-Renée (15). Auguste-René s'était établi à Beauvais mais revint à Sablonnières où naquit en 1796 son fils Auguste René II.

D’après Louis Fontaine, Auguste René de Maupeou aurait vendu le château et la terre de Sablonnières en 1801 à M. De Brun, pour se retirer définitivement dans la résidence familiale de Parisis-Fontaine (16). En réalité, la cession est postérieure et lorsqu'elle intervint, le château avait déjà disparu.

C'est en effet par acte du 5 germinal an XII (26 mars 1804), qu'Auguste-René de Maupeou vendit le domaine de Sablonnières à Ferdinand Guillaume De Baran (17) - et non De Brun - et son épouse Geneviève Jeanne Le Roux. L’acte passé devant Maître Jean-Front Herbelin, notaire à Paris, portait notamment sur l’emplacement du « ci-devant château » - ce qui signifie que ce dernier n’existait plus - mais aussi sur ses dépendances, à savoir les fossés, les cours et basses cours, une grange, une étable, une écurie, une laiterie, une soue à porcs, le logement du fermier d’une ferme dite « la Basse-cour », une chambre dite « l’audience » (probablement le lieu où siégeait le prévôt), les jardins des Queues, les nappes de Tressan, de Tranchard et de Volmar (pièces d’eau du jardin), les parterres et terrasses, un terrain dit le pré Moutier, le bois des Carrières, la demi-lune, le cours d’eau et ses îles, un pont en pierre et en bois (18). Ce même acte indique qu'Auguste-René de Maupeou avait préalablement vendu les matériaux de démolition et que des murs restaient à abattre.

On sait que le château avait été détruit par un incendie mais on ignore la date. On peut toutefois inférer de la naissance d'un fils Maupeou à Sablonnières en 1797 qu'il se produisit ultérieurement et des mentions de la vente qu'il eut lieu avant 1804.

Les matériaux furent réutilisés pour la construction d'une maison de campagne (19) qui devait sans doute être imposante puisqu'elle était à son tour qualifiée de château : d'une part, dans son testament en date du 20 juin 1830, Ferdinand Guillaume De Baran s'intitulait « propriétaire en mon château de Sablonnières » et léguait à son neveu De Baran « les terres dite de Sablonnières et toutes ses dépendances, composée d’un château, de bâtiment de maître séparé, bâtiment de ferme, potager, parc, terre labourable... » ; d'autre part, l'acte de vente de cette bâtisse, du 18 juin 1838, précisait qu'Auguste-René de Maupeou avait été propriétaire « de l'emplacement du ci-devant château de Sablonnières où est maintenant celui qui existe ». D'ailleurs, vers 1830, le « domaine de Sablonnières » avait son régisseur, Louis François Antoine Rémy, qui fut partie à plusieurs actes notariés. (20)

Comme pour son prédécesseur, on ne connaît aucune représentation du nouveau château de Sablonnières qui, au demeurant, ne figure pas sur le plan cadastral de 1817 (probablement donc fut-il édifié postérieurement), ni sur le suivant. On sait seulement qu'il passa entre plusieurs mains (21) avant d'être définitivement rasé en 1845. La propriété fut alors morcelée et vendue à plusieurs particuliers.

* Les vestiges

Progressivement, toutes traces du château et de ses jardins ont disparu. Seuls quelques vestiges témoignent de la présence passée de la propriété des Maupeou.

La conciergerie : Situé au n° 7 de la place de l'Eglise, l'ancien pavillon d'entrée est parfaitement reconnaissable à ses tourelles et à sa couverture en ardoise. Il a depuis longtemps été transformé en habitation, même s'il servit provisoirement d'école de filles à partir de 1873 et si des propriétaires tentèrent il y a une vingtaine d'années d'y tenir un restaurant. Depuis la Révolution, ce bâtiment est passé entre différentes mains. En 1872, il appartenait à un nommé Albert Ponsot, imprimeur à Coulommiers. La commune, qui en était locataire depuis 1873, le lui acheta en 1876. Après avoir été mis une première fois aux enchères en 1914, il fut adjugé le 25 mars 1920 pour 3 000 francs à Maurice Couteau (1889-1975), un des conseillers municipaux. Celui-ci le légua trois jours avant son décès à la veuve Ameline, une couturière du village qui le vendit l'année suivante au dessinateur d'art Renaud Archambault de Beaune et son épouse. Ces derniers durent s'en séparer et la propriété fut acquise en mars 1995 par un marchand de biens qui la revendit trois mois après à un couple parisien, les époux Moreau. A cette époque, elle comprenait : un rez-de-chaussée composé d'une entrée dont le sol était cimenté et le plafond voûté en berceau, à droite une petite pièce avec bar, un débarras puis l'escalier d'accès à l'étage, et à gauche une « grande pièce époque 13e siècle, plafond style gothique, sol tomettes, murs pierres apparentes et cheminée d'époque » donnant sur un office avec sol cimenté et murs en pierres apparentes puis une cuisine avec sol carrelé et poutres apparentes ; un premier étage comprenant un palier avec sol carrelé genre mosaïque, un WC, une salle de bains au sol également carrelé genre mosaïque (avec baignoire et lavabo), un dégagement dont le sol était en partie carrelé et en partie parqueté, avec du côté gauche une lingerie au sol carrelé et dotée d'un évier puis une chambre parquetée avec cheminée de marbre et, au fond, une chambre avec moquette, lavabo et placard mural, et du côté droit une chambre parqueté avec cheminée en marbre et lavabo, puis une autre chambre aussi parquetée avec cheminée de marbre et salle de bains attenante (baignoire, lavabo, ballon d'eau chaude), enfin, escalier en bois permettant d'accéder au niveau supérieur ; un deuxième étage constitué d'un palier parqueté, d'une chambre carrelé, d'une grande pièce avec sol en tomettes et poutres apparentes, une chambre avec sol en tomettes et au fond une dernière chambre parquetée ; au dessus, un grenier aménageable. Cette habitation disposant de l'eau courante et de l'électricité était dépourvue de chauffage. A l'arrière, se trouvait un jardin clos de murs de chaque côté, traversé par un petit canal surmonté d'un pont et donnant sur la rivière avec berge et quai. (22)

L'ancienne conciergerie : du temps du château, ce bâtiment était percé d'un porche permettant aux attelages d'accéder à la cour intérieure.

Lors de sa revente en 2001, il s'agissait d'une « maison en partie du XIIIe siècle à usage d'habitation élevée sur terre-plain » comprenant : au rez-de-chaussée, entrée, séjour-salon avec cheminée foyer ouvert, cuisine aménagée et équipée, buanderie, atelier, chaufferie, une pièce pour cabinet de toilette ; au premier étage, trois chambres avec cheminée, salle de bains, une pièce pour salle de bains, bureau, wc ; au second étage, une grande pièce et deux petites pièces ; jardin derrière traversé par l'ancien canal du château. L'aspect extérieur du bâtiment n'avait pas changé.

Façades avant et arrière (Photos D. L. 2008 et 2015).

A l'intérieur, le vestibule voûté en berceau, qui correspond probablement à l'ancien passage des attelages, existe toujours. Mais le bâtiment reste surtout remarquable, hormis sa couverture en ardoises qui tranche avec celles des maisons voisines (elle a subi de sérieux dégâts lors d'une tempête en 1990 et a dû être réparée), par les croisées d'ogives présentes au rez-de-chaussée de l'aile gauche.

Vestibule et salle voûtée au rez-de-chaussée (Photos D. L. 2017).

Les piliers du parc : Le parc du château était doté (à l'époque seigneuriale ou postérieurement), du côté des Avônes, d'un portail d'entrée comportant deux piliers en pierres de taille surmontés chacun d'un chapeau de gendarme. L'un d'eux s'est malheureusement effondré en 2009.

Piliers de l'ancien portail, en 2008 et après effondrement en 2009 (Photos D. L).

« Là aussi des fastes historiques, s'il y en eut, ont été ensevelis sous les décombres » (Histoire des environs de Paris, à propos du château de Sablonnières).

Autres dépendances : Les anciennes dépendances alignées sur la place de part et d'autre de la conciergerie ont elles aussi été transformées depuis longtemps en habitations. Il en est de même pour le pavillon du garde, manifestement agrandi au n° 6 de la rue Maurice Mesle et, de l'autre côté, pour les anciennes écuries situées perpendiculairement avec entrée au n° 2 de la route des Brodards. Les restes d'un autre pigeonnier, dont l'étage a été transformé vers 2016 en habitation, se dressent toujours à proximité.

A gauche : ancien pigeonnier. A droite : partie des anciennes écuries (Photos D. L. 2014).

La glacière : Il existe à proximité du Haras des Ambres, en contrebas du chemin de la Forge et sous une épaisse couche de terre, deux salles voûtées semi-enterrées dont on ignorait l'origine. Certains affirment qu'il s'y trouvait autrefois l'entrée d'une galerie souterraine, aujourd'hui effondrée, qui se dirigeait vers le village. Sachant que la zone se situait aux abords immédiats du château, il est apparu intéressant de rechercher la présence de ces caves dans le descriptif du domaine seigneurial. Or, le descriptif de la consistance de la seigneurie telle qu'elle existait à la Révolution, ne mentionne aucune cave. En revanche, il y est indiqué : « Au dessus de la d. terrasse est un petit jardin fruitier et potager, a côté duquel est le clos appelé de la carrière ou jardin des figuiers au dessus duquel est une glaciere ». Par chance, nous disposons des précieuses planches du Terrier de 1776, sur l'une desquelles est effectivement représenté le terrain dénommé La Carrière. De là, un simple assemblage des planches permet de le localiser par rapport au château : il est avéré que le clos en question n'est autre que le terrain au-dessus duquel se trouvent les mystérieuses caves, qui sont donc les restes de la glacière du château, où l'on conservait jadis les aliments au frais grâce à la glace naturelle récupérée sur les étangs et tassée à l'intérieur.

(1) LONGNON (Auguste), Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie 1172-1361, tome 1, Paris, Impr. Nat. 1901, p. 48, n° 1225 : « Rericus de Corteno, ligius propter dominium Feritatis. Fortitudo de Sablonières ».

(2) LONGNON (Auguste), Op. cit., p. 141, n° 3765 : « De Columbariis : Petrus de Sablonieres, homo ligius propter dominum Firmitatis Galcheri. Feodum est fortericia de Sablonieres et una hostisia ».

(3) LONGNON (Auguste), Op. cit., p. 48, n° 1225 et p. 141, n° 3765 ; p. 232, n° 5712 à propos d'Henri Britaut : « chevaliers, liges de Hondrivillers et de tout ce qu’il a, si com l’on dit, à Sablonieres ».

(4) LONGNON (Auguste), Op. cit., p. 103, n° 2726.

(5) Siméon LUCE (Histoire de Bertrand Du Guesclin et de son époque, Paris, Hachette et Cie, 1876, p. 501) signale au nombre des places restées aux Français durant l’occupation anglo-navarraise de 1356 à 1364, la « motte de Sablonnières ». L'auteur se réfère au registre n° 326 de la série JJ des Archives nationales.

(6) Arch. nat., S 3776 A dossier 1, n° 2.

(7) Notice historique sur Sablonnières-en-Brie, p. 6. Une déclaration à terrier de 1774, que citait Bazin, mentionnait « la rue qui conduit de Villeneuve à Orly, où était autrefois la fermeture de l'enceinte du bourg de Sablonnières » (Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 1575).

(8) « Trois bouges de logis appelé la maison du trésor attenant de la porte Nitot, servant de cuisine chambre basse, cave dessous, chambre haute et grenier dessus, grange attenant avec deux autres petites bouges de logis à côté de la rue, servant d'étable et de bergerie et deux autres bouges de l'autre coté de la cour servant de boutique le tout de fond en comble couvert de tuile et chaume, cour devant, jardin derrière contenant trois perches ou environ, y compris une laiterie en appentis sur ladite grange, tenant le total d'un coté a la rue qui conduit de Villeneuve a Orly... » (Déclaration à terrier, n° 170 du 8 mars 1770, pour le n° 16 de la planche A du plan terrier – Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740). Cette porte empruntait son nom à la famille Nitot dont était issue l'épouse et mère des propriétaires de la « maison du trésor ».

(9) Consistance des terres et seigneuries de Sablonnières et Bellot avec les fiefs en dépendant y enclavés ou contigus (Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740). Cette description a été reprise par Bazin (op. cit., p. 42) et par le vicomte Jacques de Maupeou (Histoire des Maupeou, Fontenay-le-Comte, Lussaud, 1959).

(10) Arch. départ. de Seine-et-Marne, AZ 12573.

(11) Le compte rendu d'une réunion du conseil municipal du mois d'avril 1807 et un procès-verbal de visite des lieux du 19 du même mois, faisant suite à une demande d'alignement de M. Debaran, propriétaire des restes de l'ancien château, mentionnent le projet d'un mur proche de la place de l'église, « en ligne droite de l'audience au mur de la vacherie ».

(12) Op.cit. ; FONTAINE (Louis), En Brie champenoise, p. 179.

(13) Op. cit., p. 43.

(14) Au sujet de la présence des forces de l'ordre, Bazin mentionne une lettre que le délégué Vacheron adressa aux administrateurs du district (p. 17). Pour le détail des biens meubles, cliquer ici.

(15) Aux termes d'un partage après inventaire dressé le 23 mai 1792 à Paris, Auguste-René de Maupeou reçut les vestiges du château et ses dépendances, ainsi qu'une part de la ferme du Domaine. Sa sœur Adélaïde-Renée reçut quant à elle la ferme de Fontaine-Parée et l'autre partie de celle du Domaine, selon le procès-verbal de tirage des lots dressé par l'administration municipale de Rebais le 19 frimaire de l'an V de la République (9 décembre 1796), homologué par arrêté de l'administration du département le 1er thermidor de l'an VI (19 juillet 1798). Par acte du 11 nivôse de la même année (31 décembre 1797) passé devant Maître Gilles, notaire à Rebais, Adélaïde de Maupeou céda à son frère l'ensemble de ses droits héréditaires. L'arrêté du 1er thermidor lui attribua aussi la propriété du pré du Moutier, de la pièce des Noyers, d'un pressoir à vin et à cidre et d'une cave, dont le sort n'avait pas été tranché lors du partage.

(16) Op. cit., p. 182.

(17) Issu d'une famille bourgeoise de merciers parisiens (voir ici la généalogie), Ferdiand-Guillaume de Baran mourut sans descendance à Sablonnières le 4 décembre 1830. Sa sœur Rosalie avait épousé Joannès Migeot, un marchand de fer établi dans la capitale (Migeot Frères). Leurs enfants furent les premiers à porter le nom de Migeot-de Baran, en particulier Pierre-Vincent (1793-1855) qui fut employé aux finances à Paris.

(18) Cet acte est conservé aux minutier des notaires parisiens (Arch. nat., Etude LXXXII, répertoire n° 15, liasse n° 273 - base ETAREP, RE/LXXXII/15). Nous en donnons en annexe la transcription aimablement communiquée par Monsieur Placide Migeot-de-Baran, descendant direct de Pierre-Vincent Migeot-de Baran. La vente fut consentie pour le prix de 66 000 francs et à charge, pour l'acquéreur, de souffrir l'usufruit de Stanislas-Marie de la Vergne-Tressan, veuve Maupeou. Cet usufruit greva le bien jusqu'au décès de cette dernière, en 1827.

(19) TOUCHARD-LAFOSSE (Georges), Histoire des environs de Paris, tome 4, Paris, Philippe, 1837, p. 211.

(20) Arch. départ. de Seine-et-Marne, 221 E 131 (Me Gallot).

(21) D'après Bazin, la propriété passa successivement à Jubin et Gillet (op. cit., p. 46). Effectivement, la nièce de Ferdinand Guillaume De Baran, Alexandrine Migeot-de Baran, avait épousé en 1808 le nommé Charles Jubin, fils d'un premier lit de Geneviève Leroux, femme de Ferdinand Guillaume. Ce dernier, par testament olographe rédigé à Sablonnières le 20 juin 1830 (déposé chez Maître Gallot notaire à Villeneuve-sur-Bellot et enregistré à Rebais les 18 décembre suivant - cf. annexe), institua pour son légataire universel son neveu Pierre-Vincent Migeot-de Baran qui recueillit ainsi le domaine de Sablonnières. Ce legs explique la présence, dans l'église Saint Martin, d'une stèle portant l'inscription : « A LA MEMOIRE DE FERDINAND GUILLAUME DEBARAN, DECEDE LE 4 Xbre 1830. SES NEVEU ET PETITS NEVEUX RECONNAISSANS » (photo sous la généalogie). Il avait toutefois été consenti à charge, pour Pierre-Vincent Migeot-de Baran, de constituer une rente foncière perpétuelle de 8 000 francs en faveur de Charles Jubin. De la sorte, en 1838, le nouveau propriétaire se trouva devoir à M. Jubin la coquette somme de 202 246 francs au titre de la rente. Pour se libérer, il céda la propriété à Charles Jubin le 18 juin (acte chez Maître Grulé, à Paris). Dans son testament, Fernand Guillaume de Baran avait aussi légué aux pauvres de la commune une somme 50 francs par an, aussi longtemps que sa propriété de Sablonnières appartiendrait à ses héritiers ; cette somme devait être payée pour moitié le jour anniversaire du décès de son épouse et pour autre moitié le jour anniversaire de sa propre mort. Son neveu et légataire, Pierre-Vincent Migeot de Baran, consentit à l’envoi en possession de ce legs, que le bureau de bienfaisance de la commune accepta le 31 mars 1834. Le legs fut autorisé par une ordonnance du 22 juillet 1834 (Bull. O. 2e section, n° 6310 et citée par J. B. DUVERGIER dans sa Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'Etat, Paris, Guyot, 1835, tome 34, p. 477) et les titres de la rente furent déposés chez Maître Noël, huissier à Rebais. Pierre-Vincent Migeot de Baran quitta Sablonnières en janvier 1838 pour s’établir à Grenelle mais servit la rente jusqu’en 1840. Un litige s’éleva alors entre le nouveau propriétaire, qui estimait détenir la propriété en qualité d’acheteur et ne plus devoir la rente, et le bureau de bienfaisance prétendant qu’il devait continuer de la payer et acquitter les arrérages en tant que parent et héritier du donateur (Délibération du 16 février 1847).

(22) Moins détaillée, la description donnée en 1976 est aussi erronée en ce qu'elle mentionne un sous-sol mais aucunement un deuxième étage.

Les autres biens et droits seigneuriaux

Outre le château et ses dépendances immédiates, la seigneurie de Sablonnières englobait divers biens fonciers. Elle comprenait d'une part une multitude de parcelles de terre, de pré ou de bois qui constituaient des censives, c'est-à-dire des fonds dont le seigneur avait concédé à titre héréditaire et perpétuel la propriété utile (qui comprenait notamment le droit d'exploiter en propre, celui de louer et celui de vendre) à des particuliers (censitaires) moyennant paiement d'une redevance annuelle (le cens). D'autres biens ruraux appartenaient en propre au seigneur qui les donnait le plus souvent en location.

L'aveu et dénombrement fourni par Edmond de Revenel aux châtelains de La Ferté-Gaucher vers 1655 mentionnait :

- La Basse-Cour (maison, grange, étable et autres bâtiments sur 2 arpents), située entre le Pré du Moutier, la rue qui conduit au pont, les fossés du château, la rivière du Petit-Morin, le cimetière et la cour de l'église et qui, avec le Pré du Moutier (6 arpents 1 quartier y compris une chènevière, entre le chemin de Sablonnières à Orly et le ru d'Avaleau), le Pré du Gordet (7 arpents compris entre le chemin de la Chenée à Bellot, la rivière et la rue du pont), le Pré des Rigolles (19 arpents 1 quartier frontaliers avec la seigneurie de Bellot), une maison avec grange et étable située entre la rue conduisant à la Garenne et celle du moulin, une garenne de 2 arpents et 97 arpents et demi de terres et de prés sis en différents lieux (notamment le Champ de la Masure, le Chaufour, le Glainé, la Ronce, les Terres Blanches, le Champ Colin, l'Epinette...), pouvait rapporter par an 4 boisseaux de blé et 2 d'avoine par arpent soit 528 boisseaux ¾ de blé et un peu plus de 264 d'avoine ;

- la ferme de Montchevrel, comprenant une maison « manable » - un acte du 22 mars 1642 fut reçu par le notaire Troche « en l'hostel de Pierre Chappelain à Montchevrel » (1) et Louis Fontaine parle « du manoir et de la ferme de Montchevrel » (2) - avec grange, étable, cour, jardin, cave, masure, colombier et chambre haute au-dessus du portail, le tout enclos de murailles et situé le long du chemin conduisant à la Lièvrerie et à la Noue et procurant, avec 45 arpents de terre, 30 arpents et demi de pré ainsi que le clos et pâture de Montchevrel (10 arpents et demi) où se trouvait une petite fosse à poisson nommée la « Fosse de Montchevrel », un revenu annuel de 228,76 boisseaux de blé et 114,38 d'avoine ;

- une tuilerie, qu'Edmond de Ravenel avait fait construire à l'emplacement d'un ancien bois et pouvant rapporter 30 livres par an ;

- le moulin de Sablonnières, dont le meunier en rendait par an 360 livres ;

- la Maison de la Cave, comprenant trois bouges couverts de tuiles, sous lesquels y avait une cave et renfermant un pressoir à vin et à cidre, avec cour, jardin et accin contenant le tout un demi-arpent ou environ, valant 15 livres de revenu annuel ;

- une maison couverte de chaume à Fontaine-Parée, couverte de chaume avec cour, jardin et accin, ainsi que diverses terres, prés, vignes, haies et buissons aux envions, le tout contenant 29 arpents et 1 quartier de terre valant par an 2 boisseaux de blé et 1 d'avoine l'arpent, soit 58 boisseaux et demi de blé 29 boisseaux un quart d'avoine ;

- la forcière* de Montchevrel (4 arpents) et 2 arpents et demi de pré sis entre Hondevilliers, le chemin d'Hondevilliers à Montchevrel et le Bois Hébert, rapportant annuellement 15 livres ;

- 217 arpents de bois, dont plus de 40 se trouvaient mis en pâture, valant par an 60 sols l'arpent de bois taillis et 10 sols l'arpent de pâture, soit au total 551 livres ;

- un pré où il y avait anciennement un petit étang appelé Crèvecœur, depuis rempli, pouvant rapporter par an 60 sols ;

- l'île des Brodards et 28 perches de pré situés à proximité, rapportant annuellement 1,68 livres ;

- une partie du Petit-Morin depuis entre la frontière des seigneuries de Bellot et de Sablonnières, jusque devant le château de Sablonnières à l'emplacement d'une grange faisant la séparation de la rivière entre les seigneuries de Sablonnières et du Jariel, qui rapportait 60 sols par an. (3)

Dans les années 1770, il s'agissait à la fois de bois (bois du Chevret pour 180 arpents, haies du Four à Chaux pour 10 arpents, bois de la Tuilerie pour 80 arpents, bois Braillé pour un arpent, bois des Simonets pour un quartier et demi) et d'étangs (celui du Flageol et celui de Crèvecœur, loué à un particulier), de vergers (pommiers de la Normandie), de la pâture des Hacots dont l'usage avait été concédé par Théophile de Catelan aux habitants du hameau du même nom, de menus bâtiments (une petite maison avec jardin à Sablonnières et une grange dans la cour des Parrots, louées), un pressoir à vin et à cidre, un moulin (dit de Sablonnières), une tuilerie et, surtout, les fermes du Domaine, de la Basse-Cour (attenante), de Fontaine-Parée et du Chevret. La contenance de certaines de ces exploitations est connue grâce à des actes qui en donnent le descriptif.

- La ferme du Domaine se composait de bâtiments, de 51 arpents de terre labourables et de 6 arpents de pré ; elle était affermée moyennant 300 boisseaux de blé et 300 d'avoine par an (revenu évalué à 450 livres) ;

- La ferme de Fontaine-Parée, qui comprenait des bâtiments, 90 arpents de terres labourables, 6 arpents de pré et 9 arpents de bois taillis, avait été acquise par Théophile de Catelan le 13 mars 1720 au prix de 5 200 livres et était affermée pour 100 boisseaux de blé, 200 boisseaux d'avoine, un quarteron de paille et 259 livres 10 sols en argent (revenu évalué à 464 livres 10 sols).

Aveu et dénombrement de Sablonnières, v. 1655 (coll. & photo D. L.).

(1) Arch. départ. de Seine-et-Marne, 221 E 217.

(2) En Brie champenoise, p. 227.

(3) Comme indiqué plus bas, la séparation de la rivière entre les deux seigneuries était au XIVe siècle au niveau du colombier du château.

Les arrière-fiefs mouvant de la seigneurie de Sablonnières

Au milieu du XVIIe siècle, plusieurs fiefs mouvaient de la seigneurie de Sablonnières. Témoin l'aveu et dénombrement d'Edmond de Ravenel qui mentionnait :

- un fief sis à Busserolles, tenu par la famille de Culant, aussi seigneurs de Saint-Cyr, de Saint-Ouen et de la Brosse-Courgivost, dont la consistance était méconnue faute pour son possesseur d'en avoir fourni aveu et dénombrement au marquis de Sablonnières ; (1)

- dans la paroisse de Chartronges, un fief assis aux Trois Maisons autrefois occupé par les seigneurs de ce lieu et un fief nommé La Hautière, des revenus desquels le marquis de Sablonnières affirmait n'avoir aucune connaissance ;

- plusieurs fiefs dans la paroisse de Montdauphin, également tombés ans l'oubli.

(1) Déjà au siècle précédent, Philippe de Ravenel donnait quittances à Louis de Culant pour droits de quint et de requint (Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 786). Le sieur de Culant rendait hommage au marquis de Sablonnières pour la terre de Busserolles (Arch. départ. de Seine-et-Marne, E. 816).

Les fiefs adjoints à la seigneurie de Sablonnières

Les seigneurs de Sablonnières étaient titulaires d'une partie de la seigneurie du Jariel qui leur avait été concédée moyennant redevance par les Célestins, seigneurs du Jariel (voir plus bas), à une date inconnue.

Ils détenaient aussi la seigneurie de Montflageol, ou du Flajot, située sur le territoire de Villeneuve-sur-Bellot. L'existence de ce fief, qui dépendait à l'origine des comtes de Champagne, était fort ancienne puisqu'au moins deux sources du XIIIe siècle citent des personnages portant son nom. La plus ancienne est le Rôle des fiefs du comté de Champagne sous le règne de Thibaud le Chansonnier (1249-1252) (2), dans lequel est mentionné Robin de Montflaguel, localité expressément identifiée par l'auteur au hameau de l'actuelle commune de Villeneuve-sur-Bellot (3). La deuxième est un obituaire de l'Hôtel-Dieu de Provins (vers 1270) auquel a été ajouté, en 1332, le seigneur Girardus de Monte Flaioti « jadis maître de cette maison qui servit les pauvres pendant trente ans » et qui légua à cet établissement avec ses deux sœurs une rente de 40 sols (1). Plus de deux siècles plus tard, François de Brie, membre de la famille seigneuriale de Boissy-le-Châtel et de Sablonnières (peut-être un troisième fils de Louis de Brie) mort en 1520, était titré « écuyer, seigneur de Montflajot ».

Dalle funéraire de François de Brie (église Saint Sulpice de Boissy-le-Châtel) :

« Cy gist (illisible) francois de brie en son vivant escuier seigneur de monflaiol qui trespassa le … iour du moys (de mai) lan mil cinq cens et vingt priez dieu pour luy ».

Ce personnage, dont les traits sont malheureusement effacés, portait une armure sous sa tunique (Photo D. L. 2012).

C'est probablement la famille de Brie qui réunit le fief de Montflageol à la seigneurie de Sablonnières. On sait qu'il mouvait de la châtellenie de La Ferté-Gaucher puisqu'aveu et dénombrement lui en furent rendus par le seigneur de Sablonnières le 19 janvier 1658. (4)

En ce temps-là, ce fief comprenait deux bouges de logis couverts de chaume avec cour et fosse, situés au carrefour du hameau des Fans et à l'intérieur desquels se trouvait un pressoir à vin et à cidre rapportant annuellement 100 sols ; l'étang de Montflageol contenant 14 arpents ou environ, chaussée comprise, d'une valeur de 28 livres par an. Le cens, payable par moitié à la Saint-Rémy d'octobre et autre moitié à la Saint-Etienne lendemain de Noël, rapportait 69 livres 19 sols. Le sur-cens et rente représentait 10 setiers 6 boisseaux et un quart de picotin de blé froment, chargés le jour de Saint-Etienne dans les greniers du château de Sablonnières. Sur les logis, jardins et accins, le seigneur percevait 4 setiers et 11 boisseaux d'avoine livrés dans les mêmes conditions. On lui devait encore chaque année 12 chapons et la cinquième partie d'un chapon ainsi que 22 poules et demie. Il prenait en outre 8 livres par an sur le moulin d'Avaleau. Les droits de lots et ventes, saisine et dessaisine dus par les acquéreurs des héritages rapportaient 40 livres l'an. Le droit de relief était tarifé à 12 deniers par héritier et pouvait rapporter 10 sols par an. Une amende de 7 sols 6 deniers était due à défaut de le payer sous huitaine, portée à 60 sols faute de le payer dans l'année. Le seigneur avait enfin des droits de confiscation et d'aubaine. Le droit de haute, moyenne et basse justice était exercé par les officiers du seigneur de Sablonnières mais les plaids se tenaient sur place, dans une cour appelée la « Cour de Monflajol ».

Aveu et dénombrement de Montflageol, vers 1655 (coll. & photo D. L.).

(1) Publié par Auguste Longnon d'après les minutes conservées au Trésor des chartes, Paris, Menu, 1877, 335.

(2) Obituaire de l'Hôtel-Dieu de Provins, in MOLINIER (Auguste) ss. dir. LONGNON (Auguste), Obituaires de la province de Sens, tome I, Diocèses de Sens et de Paris, 2è partie, Paris, Impr. Nationale, 1902, p. 928 et 93.

(3) Ce personnage est cité comme tenant du roi diverses terres dans la Marne : « Robins de Montflaguel debet tenere de rege terras altaris apud Marignis supra Orbascum, C arpenta terre, XVIII arpenta prati, IX solides census. Negavit esse de feodo régis. Injunximus preposito Castri Theodorici ut saisiat. Prepositus recepit censum istius anni », autrement dit « Robin de Montflageol doit tenir du roi les terres ... pres de Margny sur Orbais, 100 arpents de terre, 18 arpents de pré, 9 sous de cens. Il nia qu'ils fussent [tenus] en fiefs du roi. Avons enjoint au prévôt de Chateau-Thierry de les saisir. Le prévôt reçut le cens cette année.»)

(4) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740.

Le fief de Montchevrel

Le fief de « Monchevreil » existait déjà à la fin du XIVe siècle (1). L'identité de ses détenteurs est toutefois inconnue jusqu'au XVIIIe. A cette époque où il n'avait pas encore été rattaché à la seigneurie de Sablonnières, ils étaient qualifiés de seigneurs « de Sablonnières en partie », puisque leur terre se trouvait comprise dans la paroisse. Ce fut le cas de Michel Clergeon, gentilhomme servant de Mademoiselle de Montpensier, « seigneur de Chouchereuil et de Sablonnières en partie » (2). Membre de la petite noblesse, ce personnage avait épousé la sœur d'un commissaire ordinaire des guerres et d'un marchand parisien et résidait à Paris, rue d'Orléans. Par le mariage de leur fille Marie-Louise en 1655, ce fief passa à une famille de la noblesse d'armes originaire de l'Aisne, plus titrée que fortunée : les Lempereur de Morfontaine. Dénombrement en fut en conséquence rendu le 19 janvier 1658 au seigneur de La Ferté-Gaucher dont il mouvait (3). Vers 1730, il appartenait aux deux frères Michel et François Lempereur de Morfontaine, « seigneurs de Montchevrel et Sablonnières en partie ». Le premier, qui portait le titre d'écuyer, était militaire comme son père et son grand-père (4). Il servit jusqu'en 1735 dans la compagnie des chevau-légers de la garde ordinaire du roi où il avait été reçu le 30 juillet 1723 après avoir justifié sa noblesse, confirmée par sentence de l'Election de Meaux du 10 octobre 1739 et par ordonnance de l'Intendant de Paris du 1er février 1740. Etabli à La Ferté-au-Col (La Ferté-sous-Jouarre), il jouissait dans la région d'une certaine influence. Le second, qui avait embrassé l'état ecclésiastique, était curé de Saint Pierre-Aigle lorsqu'il maria sa sœur Marie Marguerite à Crécy en 1718, puis eut en charge la paroisse de Bassevelle de 1724 à sa mort, survenue en 1737 (5). En sa mémoire, Michel fit apposer dans l'église de cette paroisse une plaque de marbre noir toujours visible.

Signatures de François Lempereur de Morfontaine (1718). Signature de Michel Lempereur de Morfontaine (1755).

Plaque commémorative dans l'église Sainte-Croix de Bassevelle (Photo D. L. 2011).

Les frères Lempereur, co-seigneurs de Montchevrel, conservèrent ce fief jusqu'à son rachat par le marquis de Maupeou qui parvint ainsi à le réunir entre ses mains à la seigneurie de Sablonnières. En partie boisé, il s'étendait alors sur 279 arpents au nord-est de la paroisse et comprenait essentiellement la ferme du Chevret ou Chevrel. A la fin du XVIIIe siècle, la ferme comprenait des bâtiments (6), un jardin, une chenevière, 90 arpents de terres labourables, 4 arpents de pré, 2 arpents de pâture et 9 arpents de bois taillis, haies et buissons (7) ; elle rapportait 230 boisseaux de blé et 296 livres en argent. A la même époque, le fief de Busserolles et d' « autres beaux droits et domaines » en dépendaient.

(1) Il est ainsi dénommé dans le dénombrement de la seigneurie du Jariel rendu le 3 décembre 1397 (Arch. nat., S 3776 A dossier 1, n° 5). Des lettres du 21 octobre 1401 mentionnent, dans l'énumération des biens composant cette même seigneurie, des bois « tenant au seigneur de Montchevrel » (dossier 1, n° 2).

(2) Cf. DE LA CHENAYE-DESBOIS, Dictionnaire de la noblesse, tome VI, Paris, Boudet, 1773 et tome 7, Paris, Schlesinger, 1865.

(3) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740.

(4) Michel Lempereur (1656-1715), écuyer et seigneur de Morfontaine avait, depuis sa première campagne en 1672, pris part à diverses batailles. Servant dans la compagnie des gardes du corps du roi commandée par le duc de Quintin, il obtint, en raison de sa bonne conduite, de son expérience des armes et de sa fidélité, des provisions de sous-brigadier le 20 mars 1693, puis une charge de brigadier le 28 janvier 1700 (Arch. départ. de Seine-et-Marne, 1 F 255) avant d'achever sa carrière militaire en 1704. Il était fils de Nicolas Lempereur (1635-1656), garde du corps du roi en la compagnie du duc de Trèmes, qui avait épousé Marie-Louise Clergeon.

(5) Les deux frères Lempereur sont cités dans le Cueilleret contenant coppye de toutes les déclarations des particuliers qui possèdent des héritages sur la seignerie de Bussières (Médiathèque Meaux, MS 71), « François Lempereur, de Morfontaine, prêtre, curé de Bassevelle, se portant fort pour le sieur Michel Lempereur, son frère, écuyer, seigneur du fief de Courchevreuil et Sablonnières, en partie, l'un des deux-cent chevau-légers de la garde du Roi, alors présent en quartier ».

(6) Les constructions ont été entièrement démolies vers 1850, les pierres ayant été vendues et réutilisées à la construction de la route des Fans à La Noue. L'instituteur Lecamus (Monographie communale, 1888, Arch. départ. de Seine-et-Marne, 30Z354) indiquait qu'à cette occasion, on découvrit les vestiges d'une chapelle.

(7) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740. Un plan en est aussi conservé (E 741).

(8) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740.

Blason des Lempereur de Morfontaine :

« d'azur à un aigle bicéphale d'argent, les ailes étendues, traversé par le milieu dune fasce de gueules, et accompagné en pointe d'une croix d'or à six pointes, suspendue par son anneau au bout d'un cordon de gueules »

(D'HOZIER, Armorial général de la France, vol. 2).

Généalogie des Lempereur de Morfontaine :

Cliquer ici.

La Révolution de 1789 ayant mis fin à l'existence des seigneuries et des fiefs, la plupart des biens qui les composaient furent vendus dans les années qui ont suivi. La ferme de la Basse-cour (corps de ferme et terres), la moitié indivise de la ferme du Domaine et la nue-propriété indivise de la ferme de Fontaine Parée dont Adélaïde-Renée de Maupeou avait hérité furent vendues le 5 germinal XII (26 mars 1804) en même temps que la propriété seigneuriale. (1)

Hormis ses biens immobiliers, le seigneur de Sablonnières était titulaire de différents droits liés à sa seigneurie (2). Ces prérogatives avaient d'importantes incidences sur la vie quotidienne des villageois, tant au niveau de leurs droits et devoirs, qu'en ce qui concerne la gestion de leur patrimoine puisqu'ils touchaient aux transmissions des biens. Pour le seigneur, certains de ces droits représentaient une source de revenus dont l'importance était loin d'être négligeable. En 1768, le marquis de Sablonnières percevait 514 livres de cens, 200 livres au titre des lods et ventes, 50 livres d'amendes et confiscations, 30 livres de droits de greffe et 30 livres au titre de son droit de pêche, soit un total de 824 livres, autrement dit près de 13 % de ses revenus dont la plus grosse partie provenait de l'exploitation des bois (1 658 livres), des récoltes (près de 1 100 livres), de la location des fermes (1 885 livres) ou d'autres biens. Droits réels attachés à la seigneurie, ces droits se distinguaient de ceux que que le seigneur pouvait acquérir occasionnellement, tel le droit de chasse que le prieur de Notre-Dame en l'Isle accorda en 1665 au marquis de Sablonnières sur les terres du prieuré (3). Comme souvent à cette époque, ils étaient affermés, c'est-à-dire que leur recouvrement était concédé à un fermier général moyennant redevance. Ainsi, le seigneur était assuré de percevoir un revenu fixe payé par le fermier qui faisait ensuite son affaire de la perception des droits auprès des redevables, en prenant bien entendu sa marge en sus, au moyen de contrats de bail. On peut penser que les seigneurs successifs de Sablonnières l'ont utilisée. On sait avec plus de certitude que, le 13 avril 1750, les tuteurs de René Théophile II de Maupeou affermèrent à Georges Tranchard, marchand à Bellot, les terres et seigneuries de Sablonnières et de Bellot pour une durée de neuf années à compter de la Saint Martin d'hiver et au prix annuel de 6 800 livres payable pour moitié à la Saint Martin d'hiver et autre moitié à Pâques. Ce bail, reçu par Maître Desplasses, notaire à Paris, fut complété par plusieurs actes d'affermage concernant diverses dépendances de la seigneurie de Sablonnières (le 11 décembre 1750 : dépouille de 75 pommiers plantés sur une parcelle au lieu-dit La Normandie dépendant de la ferme du Domaine et colombier du château ; en 1758 : étang de Crèvecœur ; bail des marnes de la ferme de Marlande) et de celle de Bellot (le 27 juin 1752 : maison et dépendances au Fourcheret avec 14 perches de chenevière), le jeune marquis s'étant seulement réservé la jouissance du château de Sablonnières et d'une place pour un ou plusieurs chevaux dans les écuries. Tranchard avait à son tour conclu divers baux avec des particuliers dont il percevait le cens et le sur-cens. Toutefois, s'étant lancé dans des opérations périlleuses, il ne parvint pas à reverser les sommes dues au marquis et fut poursuivi en justice. Il s'était semble-t-il installé au château du Fourcheret, puisque l'huissier de la connétablie Delahaye, muni d'une ordonnance du juge de Bellot, vint y saisir ses meubles le 22 janvier 1759. A la suite de ses contestations, l'affaire fut portée devant le parlement de Paris. (4)

Enfin, à la fin du XVIIIe siècle, le marquis de Maupeou tirait aussi des revenus de la ferme de Marlande, de celle de La Chenée et du moulin de Sablonnières (moulin Rayer ou encore moulin d'Avalot) qui lui appartenaient mais qui étaient situés dans la mouvance de la seigneurie du Jariel (voir plus bas). Il possédait aussi diverses parcelles de terre, de bois et de pré dont une centaine se trouve listée dans un Etat des changements et rectifications à faire pour l'année 1792 à la matrice du rôle de la contribution foncière de 1791 de la communauté de Sablonnières conservé dans les archives communales :

Les huit pages concernant les biens des Maupeou (Arch. communales - Photo D. L. 2013).

Ce document daté de 1793 fait état de trois ventes successives effectuées au lendemain de la Révolution, l'une ayant porté sur environ 80 parcelles réparties en lots, l'autre ayant eu lieu le 14 juillet et concernant une vingtaine de parcelles, la dernière en date du 23 juillet ayant eu pour objet 5 parcelles. Il précise le nom des acquéreurs ainsi que les références des parcelles sur le plan. On y trouve aussi la mention de la vente de la « ferme de Merlande » (Marlande).

La vente des terres et des bois se poursuivit durant les années qui suivirent. Ainsi, 15 arpents 77 perches et 1/6e de perche labourables à Fontaine-Parée, au Closeau, à Champ-Brisson, au Champ du Château Régnault, à l'Avonne, au Bois de la Bourbière, au chemin du Jariel, au ru du Moulin et au chemin pavé furent adjugées en 1794 à un marchand de Bellot par les administrateurs du district de Rozoy (5). L'année suivante, le commissaire du déypartement pour les intérêts de la République Corbilly fit vendre le tiers-franc de 27 à 30 arpents d'emblavure de blé et de seigle, qui revenait à l'Etat à cause de l'émigration de l'un des héritiers (6). Le 8 pluviôse de l'an IV (28 janvier 1796), furent mis aux enchères publiques la coupe des bois taillis et les peupliers d'Italie plantés le long de ces taillis en limite du parterre du château en contrebas et face à la Chenée (7). Le Bois de la Tuilerie fut vendu le 18 octobre 1797, pour le prix de 3 886 livres (8) ; ceux du Chevrel (44 arpents et 76 perches) furent adjugés à Melun le 7 prairial an VII (26 mai 1799) (9). Vingt ans plus tard, cependant, la marquise de Maupeou était toujours l'une des principales propriétaire de bois de la vallée. (10)

Quittance du 8 vendémiaire an VII (29 septembre 1798) donnée par Jacques Fahy, garde des Bois de la veuve Maupeou, à Jean Joseph Debourges, fondé de pouvoir,

pour ses gages et ses épingles dans la vente d'une coupe de bois taillis à Montchevrel du 25 fructidor précédent (11 septembre 1797)

(Coll. & photo D. L. 2017).

En 1798, la citoyenne Maupeou demeurait propriétaire des fermes de Montchevrel, de Marlande et de Fontaine Parée, ainsi qu'en attestent cette quittance donnée à un huissier pour actes de procédure à l'encontre de ses fermiers la veuve Barbier, Pierre Gutel et François Généreux Gutel :

Quittance du 8 vendémiaire an VII (29 septembre 1798) donnée par Jean Joseph Debourges, fondé de pouvoir de la veuve Maupeou, Louis Antoine Gautier, à huissier à Villeneuve-sur-Bellot (Coll. & photos D. L. 2017).

Mise au point concernant de prétendues maisons fortes :

D'aucuns prétendent que deux positions fortifiées auraient existé sur les hauteurs de la seigneurie. La première, située à La Chenée, aurait consisté en une maison forte datée de la fin du XVIe siècle ou du début du siècle suivant qui était autrefois munie de meurtrières et d’un souterrain. La seconde, connue sous le nom de « Château-Morin » a été signalée à la fois pour ses caves voûtées communiquant avec un souterrain et pour la base d'une échauguette « attestant la vocation militaire première du Montcel » (11). Cette affirmation paraît totalement fantaisiste - tout autant que la légende qui fait remonter l'origine du « Château-Morin » aux Templiers - car aucun témoignage historique, ni aucun document d'archive ne permet d'affirmer que ces deux bâtiments ont eu à une époque ou à une autre un rôle défensif. Si tel avait été le cas, ils auraient fort probablement été rattachés au domaine seigneurial ou auraient été érigés en fiefs. Or, il n'en a jamais été question dans les documents concernant la consistance et l'étendue de la seigneurie de Sablonnières, ni dans les rôles des fiefs. D'après Henri-Pol Haint, il y avait à cet endroit, en 1786, un « moulin détruit » (12) et selon le recensement de 1816, il s'agissait d'un bâtiment inhabité, probablement la bâtisse visible sur le Plan terrier de 1776 mais qui n'apparaît pas sur le Plan topographique conservé par les Archives départementales. Une délibération du conseil municipal du 3 avril 1843 nous apprend que le propriétaire d' « une maison connue sous le nom de Château Morin, située au hameau du Montcel » souhaitait la céder à la commune, mais sans en dire plus sur sa contenance et son histoire. On sait avec certitude que ce bâtiment a été rénové dans les années 1970 par ses propriétaires actuels. Une vue de 1971 le montre dans son état de l'époque :

Une simple comparaison avec son apparence actuelle révèle un remaniement de la façade par ajout d'encadrements de fenêtres en pierre taillée avec meneaux de style Renaissance. Les bases d'échauguettes, visibles aux angles d'une construction plus basse qui formait autrefois un appentis, est elle aussi une adjonction récente.

Le « Château-Morin », 9 rue du Montcel, en 2011 (Photo D.L. 2010).

(1) Arch. nat., Etude LXXXII, répertoire n° 15, liasse n° 273 - base ETAREP, RE/LXXXII/15, dont transcription en annexe.

(2) Cliquer ici pour plus de détail sur ces Droits seigneuriaux.

(3) Arch. départ. de l'Aube, 5 G 199.

(4) DELAUNAY (avocat), Mémoire pour Messire René-Théophile de Maupeou, chevalier, marquis de Maupeou, colonel du Régiment de Bigorre Infanterie, Seigneur de Sablonnières, Bellot, & autres lieux, Défendeur et Demandeur ; contre Georges Tranchard, marchand à Bellot en Brie, ci-devant Receveur & Fermier général desdites Terres & Seigneuries de Sablonnières & Bellot, Demandeur et Défendeur, Paris, Brunet, 1760 – Arch. départ de Seine-et-Marne, AZ 12573.

(5) Procès verbal de mesurage des 27 et 28 prairial an II (15-16 juin 1794), Arch. départ. de Seine-et-Marne, 59J8.

(6) et (7) Arch. départ. de Seine-et-Marne, J 940.

(8) Arch. départ. de Seine-et-Marne, J 940.

(9) BAZIN, Op. cit., p. 61.

(10) Boussole du commerce des bois de chauffage, bois carrés, charbon de bois et de terre destinés à l'approvisionnement de Paris, Paris, Bureau du commerce de bois flotté en train, 1827, p. 416.

(11) FLOHIC (Jean-Luc) (sous la direction de), Le patrimoine des communes de Seine-et-Marne, tome 2, Paris, Flohic Editions, 2000, p. 1293.

(12) Notre Département : la Seine-et-Marne, n° 34, Lys Editions Presse, Le Mée-sur-Seine, 1994, pp. 20-21.

L'administration de la seigneurie aux XVIIe et XVIIIe siècles

S'il possédait de nombreux biens et prérogatives, le seigneur des lieux n'en assurait pas en personne l'administration. A Sablonnières comme ailleurs, l'exercice des droits seigneuriaux était confié à divers officiers qui constituaient le personnel administratif de la seigneurie en matière de justice, de police et de fiscalité.

Le pouvoir juridictionnel appartenait au seigneur local sur toute l'étendue de son domaine. Celui de Sablonnières jouissait du droit de haute, moyenne et basse justice : il était compétent pour juger des affaires civiles dont l'objet financier était modique (1), pouvait prononcer des amendes, des peines corporelles voire la peine de mort. Les peines corporelles pouvaient être infligées au pilori installé sur la place du village et des fourches patibulaires (sorte de potence à laquelle étaient suspendus les cadavres des condamnés à mort) s'élevaient au-dessus des Mirats, en un lieu qui porte toujours le nom de La Justice, mais n'existaient vraisemblablement plus au XVIIIe siècle. La justice était rendue au château, suivant la coutume de Meaux.

Le seigneur ne jugeait pas en personne mais déléguait son pouvoir à un prévôt qu'il nommait : Pierre Lorrain (ou Lorrin, Le Lorrain) cité dans les registres paroissiaux de 1642, 1643, 1655 et 1657, Denis Rayer (v. 1641-1710) cité dans un acte paroissial de février 1669, Claude Tranchard cité dans plusieurs actes de 1711 à 1724 (2). Ce juge était assisté par un lieutenant : Pierre Grancher né à Sablonnières le 15 novembre 1588 et cité en 1625, Pierre Lorrain vers 1640 (3), Pierre Legrand cité en 1675 et en 1678, Joseph Troche dont les nom et qualité sont mentionnés dans les registres de 1682 à 1714 (4). La juridiction seigneuriale employait aussi un greffier (Pierre Lorrain cité dans des actes de baptême en 1626 et 1627, Robert Dechambly cité en 1649, en 1652 et mort le 24 juillet 1670), Pierre Rayer (témoin à un testament en 1657), François Gaulier mentionné dans des actes de 1674 et 1675, Louis Nolin décédé en 1680, Pierre Dechambly cité en 1683, François Rayer vers 1700, l'ancien clerc paroissial Masson en 1720, le clerc paroissial Antoine Demarle (v. 1723-1798) et un sergent chargé des assignations et exécutions forcées (Pierre Régnault cité dans un testament en 1657, Claude Couesme en 1724 et en 1752, René Barré en 1776). Le ministère public était représenté par un procureur fiscal (5) : Nicolas Rayer cité dans deux actes de baptême en 1627, Robert Dechambly mort le 21 septembre 1640, Denis Janvier cité dans plusieurs actes de baptême de 1639 à 1644 et dans plusieurs actes du notaire Troche en 1642 (6), Sanson Re(g)nau(l)t cité en 1640 et en 1643, Enoch Dechambly (fils de Robert Dechambly, né le 31 octobre 1606) cité en 1643, 1644, 1646, 1647 et 1654, Pierre Camus (7) mort le 29 décembre 1679, Sanson Régnault (fils ?) cité dans un acte de 1674 et mort en 1691 (8), Jean Troche cité de 1668 à 1679 (9), Jean-Louis Dassenois cité en 1682, Salomon Lauridan marié en 1685, Pierre de Chambly ou Dechambly cité de 1688 à 1698 et décédé en 1702, Antoine Rayer (1671-1717) qui prit sa suite et que l'on trouve cité de 1703 à sa mort en 1717, Augustin Lamy mentionné de 1713 à 1718 (10), Nicolas Regnier cité de 1720 à 1727, Jean-François Desgatines (décédé le 6 avril 1758), Gabriel Drouet avant 1775, Etienne Bocquillon cité en 1776 (11), Jean Pierre Louis Le Guerry en 1791. Le dispositif judiciaire était complété par un geolier-receveur des amendes.

Certains de ces officiers, on le voit, exercèrent des charges de plus en plus importantes (Pierre Lorrain fut successivement greffier, lieutenant et prévôt) qui restaient souvent au sein de mêmes familles.

Signature de Denis Rayer (v.1641-1710), « prévost de la justice et prévosté de Sablonnières », au bas d'un acte paroissial du 10 février 1669.

Signature de Jean Troche (1616-1679), procureur fiscal (1674). Signature de Sanson Régnault (1614-1691), procureur (1674). Signature de François Gaullier, greffier (1674).

Signature de Pierre Legrand, Lieutenant (1675). Signature de Jean-Louis Dassenois, procureur fiscal (1682). Signature de Pierre Dechambly, greffier (1683).

Signature de François Rayer, greffier (1700). Signature de Joseph Troche, lieutenant (1703). Signature de Jean-François Desgatines, procureur fiscal (v. 1750).

Signature de Nicolas Régnier, procureur fiscal (1720). Signature de Laurdan, procureur fiscal (1685). Signature de Antoine Demarle (v. 1723-1798), greffier (1782).

Signature de Tranchard (1755). Signature de Claude Couesme (v. 1704-1754), sergent (1754).

(Registres paroissiaux - Arch. communales - Photos D. L.).

Le 3 janvier 1672, Jean Troche, procureur fiscal de la terre et seigneurie de Sablonnières, recevait la plainte d'un manouvrier du Vautron et de son épouse contre le prévôt du lieu Denis Rayer accusé d'avoir frappé cette femme de plusieurs coups de canne à la sortie des vêpres (collection & photo D. L.).

La police générale relevait du lieutenant et du prévôt. Celle de la chasse était assurée par les gardes particuliers du marquis, tels Jean Lefebvre cité en 1679, Nicolas Dupuis déjà en fonctions en 1738 et toujours lors de son décès en 1776, Jean Poulet mort en 1771, Claude Théodore Yves Delalot cité de 1773 à 1781, Jacques Fahy en 1783 et en 1784, Louis Henry en 1787.

La fiscalité au sens strict, c'est-à-dire l'ensemble des impositions et droits dus au seigneur, relevait jusqu'en 1789 d'un receveur (12). Les registres paroissiaux permettent d'en identifier plusieurs : Sanson Bruneau cité en 1588 comme « receveur de Sablonnières », Guillaume Chevalier cité en 1639 et en 1646, Gabriel B(edel) mentionné en 1648, Claude Genée cité en 1669, en 1670 comme « receveur de la seigneurie de Sablonnières » et en 1672 et qui avait le titre de secrétaire ordinaire de la chambre du roi, Claude Tranchard cité de 1704 à 1710, Georges Tranchard « receveur des terres de Sablonnières et Bellot » une cinquantaine d'années plus tard (13), Toussaint Huilliot cité comme receveur de la terre et seigneurie de Sablonnières. (14)

Ces officiers, honorés du titre de maître et dont certains exercèrent successivement des fonctions différentes, faisaient partie des notables et souvent de familles de juristes implantées dans plusieurs seigneuries de la région.

(1) Les Archives départementales de Seine-et-Marne conservent une unique sentence rendue au nom du marquis de Sablonnières, le 14 juillet 1721, dans un litige opposant les héritiers Perrot et les héritiers Regnier au sujet d'une rente de 53 sols convenue par leurs ascendants en 1632 (970F31).

(2) Not. Arch. départ. de Seine-et-Marne, 221 E 231, acte n° 51 du 10 juin 1720. Cet officier né vers 1671 était fils d'un lieutenant du bailliage de Nitry. Il épousa le 17 mai 1701 Jeanne Argin, fille et sœur de receveurs de la terre et seigneurie de Nanteuil-Haudoin. Lui aussi fut receveur avant de devenir prévôt. Il avait pour cousins germains un bourgeois de Paris et un officier des chasses et plaisirs du roi.

(3) « Pierre Lorrin, lieutenant des justices de Sablonnières et de Montflaguel », demeurant à Sablonnières, était aussi procureur fiscal de la terre et seigneurie de Verdelot (contrat de mariage avec Marguerite Arroux, veuve de François Charpentier, du 14 mai 1639 – Arch. nat., Y/178-Y/180 - fol. 31 V°).

(4) Né à Sablonnières le 17 avril 1650, il y remplit les offices de notaire (jusqu'en 1711) et de lieutenant de la prévôté (v.1680-v.1713). Il fut aussi greffier de la justice d'Hondevilliers (1675) et prévôt de la seigneurie de Bellot. Dans les années 1660-70, il est cité comme parrain ou témoin dans de nombreux actes paroissiaux qui portent parfois sa signature. On sait qu'il alla ensuite habiter à Viels-Maisons et que sa présence à Sablonnières devint rare. Vers 1718, il était bailli de Rozay.

(5) Cet officier se distinguait du procureur particulier qui pouvait être désigné par le seigneur pour le représenter dans les actes privés (par exemple, Protais de Chambly, prieur de Notre-Dame de Verdelot, étudiant en l'Université et demeurant à Paris au collège des Dix-Huit, qui passa devant Maître Lamiral, le 18 mars 1578, un bail comme procureur de Philippe de Ravenel seigneur de Sablonnières : Arch. nat., MC/ET/XXXIII/190, 193, 200).

(6) Arch. départ. de Seine-et-Marne, 221 E 217.

(7) Né vers 1623, Pierre Camus épousa à Sablonnières, le 26 janvier 1673, Marie Anne Marguerite Troche, sœur du notaire et lieutenant seigneurial Joseph Thoche. Il fut aussi huissier royal.

(8) Sanson Régnault, né et mort à Sablonnière (3 déc. 1614-2 févr. 1691), s'y était marié le 16 mai 1645 avec Marie Charpentier. Son père Sanson, né le 7 juillet 1589 et époux de Marie Dautin, était fils de Denis Régnault, né le 9 janvier 1563 et aussi procureur fiscal.

(9) Cité dans la généalogie de la famille Bierry : http://www.diazheinecke.de/Genealogie%20der%20Familie%20Diaz-Heinecke-Dateien/Bierry/dat9.htm#0. Né en 1616 et mort en 1679, il était père de Joseph Troche qui fut notaire et prévôt de Bellot.

(10) Né vers 1686 à Crouy, il épousa à Viels-Maisons le 19 avril 1712, Marie Troche, fille de Jean Troche et sœur de Joseph Troche. Il devint alors notaire et exerça son ministère jusqu'à sa mort, d'apoplexie, en 1736 à Sablonnières.

(11) Il était aussi procureur fiscal de Bellot et Monflageol et cumulait les fonctions de notaire à Villeneuve (où il résidait), de procureur et de lieutenant à Verdelot (cf. Manuel des champs, logis et héritages appartenant à Étienne Boquillon... et Marie-Jeanne Proffit, sa femme, tant à cause de leurs propres que des acquêts faits pendant leur communauté, Médiathèque de l’agglomération troyenne, n° 286).

(12) L'impôt dû au clergé était quant à lui l'affaire d'un dîmeur (Nicolas Rousselet cité en 1754).

(13) On trouve un dépôt de pièces concernant sa succession le 2 juillet 1761 chez Jean Andrieu notaire de Paris (Arch. nat., MC/ET/IV/635).

(14) Bail à rente (Arch. départ. de Seine-et-Marne, B. 68).

LA SEIGNEURIE DU JARIEL DE 1397 A 1789

Attenante à la seigneurie de Sablonnières, celle du Jariel, ou du Jarriel-en-Brie, appartenait avant 1789 aux Célestins de Paris, puissant ordre religieux établi au sein de la capitale depuis 1352. Si sa consistance est bien connue, ses origines sont plus obscures.

Les origines

Il est difficile de déterminer l'époque à laquelle cette seigneurie, indépendante de celle de Sablonnières, a été créée. L'auteur de la Notice historique sur Sablonnières-en-Brie avait conjecturé que les terres et essarts « près de Sablonnières » que Robert de Sablonnières avait légués aux Templiers à la fin du XIIe siècle (supra) se situaient au Jariel. Toutefois, aucune source templière connue ne permet de la confirmer et le seul argument avancé en ce sens doit être réfuté. (1)

Sur l'origine de la présence de la seigneurie du « Jarriel-en-Brie » dans le patrimoine des Célestins de Paris, qu'il constatait à partir du XVIe siècle, Bazin s'est contenté d'affirmer qu'ils les avaient probablement reçus en donation de la part du roi de France, sans présenter aucun élément en ce sens. Or, nous en savons aujourd'hui un peu plus sur la provenance de cette seigneurie qui a été constituée par la réunion de deux fiefs dont l'acquisition s'est faite en deux temps au XVe siècle.

La seigneurie du Jariel (originairement, Jarriel-en-Brie)

Pour tenter de trouver une trace de la seigneurie du Jariel parmi les nombreux biens que possédaient les Célestins, il était indispensable de se pencher sur la déclaration de leur temporel qu'il firent en 1373. Or, cet inventaire officiel, dont le texte a été reproduit par Hippolyte Cocheris dans son édition de l'Histoire de la ville et de tout le diocèse de Parie de l'abbé Leboeuf ne mentionne pas de biens au Jariel (2), ce qui signifie qu'ils ont été acquis postérieurement.

Cocheris donne à la suite une liste des réductions, effectuées en 1436, des fondations faites aux Célestins de Paris depuis leur établissement, dont les lignes suivantes retiennent l'attention : « Fundatio duarum missarum quotidianarum pro dominis Ludovico comite de Stampis, Johanne, fratre ejus, ac domina Maria, eorum matre. Pro qua fundatione primitus habuimus cc libras turonenses redituales, admortizatas in terra et pertinentiis de Monglat et Angerre in Brya. Quam terram per cambium tradidimus domino Philippo de Savoysi, et inde habuimus ab ipso et domino Karolo filio suo terras de Mormans et du Jarriel en Brye, de consensu prefatorum fundatorum prout plenius potest in litteris dicte commutationis. Qui reditus a longo tempore nil valuerunt nec sperantur valere in futuro ; et ideo ad tempus obmittitur eorum fundatio. Verumtamen quotienscumque reditus prefate fundationis provenient pro quota secundum quod plus vel minus valuerint, misse prefate celebrabuntur, habendo respectum ad principalem fundationem » (3). Ce passage peut être traduit ainsi : « Fondation de deux messes quotidiennes pour le seigneur Louis comte d'Etampes, Jean son frère et dame Marie leur mère. Pour laquelle fondation nous avions d'abord 200 livres tournois de rentes, amorties sur les terres et appartenances de Monglat et Augers-en-Brie. Lesquelles terres avons cédées par voie d'échange au seigneur Philippe de Savoisy, et de là nous avons eu de lui et du seigneur Charles son fils les terres de Mormant et du Jarriel-en-Brie ... ». Il fournit deux informations importantes : d'une part, les Célestins étaient déjà propriétaires du Jariel en 1436 ; d'autre part, ils l'avaient acquis de la famille de Savoisy.

Confirmation en est donnée par des lettres de la prévôté de Paris en date du 14 décembre 1415 (4) entérinant un accord passé devant notaires entre Charles de Savoisy (5) et les Célestins de Paris aux fins de mettre un terme à un litige qui les opposait depuis plusieurs années. Les religieux, qui entendaient être payés d'une somme qu'ils disaient leur être due à titre de reliquat et d'arrérages d'une rente perpétuelle assise sur la seigneurie de Montglat (paroisse de Cerneux) qui appartenait auparavant à feu Philippe de Savoisy, avaient, faute pour son fils et héritier Charles d'avoir assis et fait amortir cette rente à leur profit, fait saisir la terre de Montglat et ses autres biens. Afin d'obtenir la mainlevée sur ces possessions, Savoisy accepta, « pour la bonne amour et dévotion qu'il avait et a, à ladite église des Célestins de Paris », de leur abandonner notamment la seigneurie du Jariel dont il était également propriétaire. Les parties s'accordèrent en ce sens (6) et s'estimèrent quittes. Aux termes de cet accord, Savoisy devait faire amortir * à ses frais la terre du Jariel au profit des acquéreurs, mais probablement négligea-t-il de le faire puisque sa fille Isabeau et son époux y furent condamnés le 20 juillet 1454. (7)

Charles de Savoisy était né vers 1368. Il avait été élevé aux côtés du roi Charles VI qui l'avait nommé chevalier d'honneur en 1386, puis son chambellan en 1388. Il avait servi en Italie auprès de Louis d'Anjou, s'était ensuite attaché au frère du roi, le duc d'Orléans et avait pris part en 1398 à l'expédition menée dans le Périgord contre les comtes locaux que le roi avait destitués au profit du duc. Charles de Savoisy était aussi connu pour ses prouesses dans les lices, qui l'avaient amené à partir tournoyer en Angleterre en 1400. Toutefois, son prestige avait ensuite été terni par des violences commises par ses gens. D'abord, en janvier 1403, plusieurs de ses écuyers et valets avaient roué de coups un procureur du roi. Contraint de rester à Paris, il avait obtenu des lettres de rémission grâce à l'intervention du duc d'Orléans. Puis, en juillet 1404, ses serviteurs avaient traversé avec leurs chevaux une procession de l'Université et, ayant été repoussés par des écoliers, étaient revenus à la charge avec du renfort et des armes, blessant à nouveau plusieurs participants. Pour ces faits dont la gravité dissuada le duc de lui apporter une nouvelle fois son soutien, Savoisy avait été condamné, le 22 août 1404, au dédommagement de l'Université, à la fondation de deux chapelles et à la démolition de son hôtel de la rue du Petit Marais. Le roi l'avait de son côté exclu de son hôtel et privé de tous ses offices. Parti hors du royaume, il avait fait armer à Marseille deux galères et, avec des équipages fournis par Louis d'Anjou, comte de Provence, s'était emparé d'un vaisseau sarrazin et d'un important butin. La France ayant déclaré la guerre à l'Angleterre, il avait rallié en 1405 le port de La Rochelle d'où, accompagnant une flotte castillane, il était allé attaquer les cotes anglaises. Ayant obtenu le pardon du roi, il avait été admis en ses conseils en 1406 et nommé Grand bouteiller de France en mai 1407. Homme de guerre avant tout, il avait entre temps regagné La Rochelle pour prendre part à une attaque des cotes de la Guyenne anglaise et se trouvait en 1408 capitaine de Bar-sur-Seine. Il fut ensuite au siège de Bourges en 1412, puis en 1415 à la bataille d'Azincourt où il fut capturé. Après avoir payé une lourde rançon, il recouvra la liberté et regagna paris. Possédant plusieurs domaines en Brie, il avait accru sa fortune en épousant en 1410 une riche héritière, Yolande de Rosemach.

Les lettres de 1415 indiquent aussi que Charles de Savoisy était propriétaire de la seigneurie du Jariel pour l'avoir achetée à feue Catherine de Courances. Cette information est corroborée par d'autres lettres de la prévôté de Paris du 29 février 1411 (8) relatant, près de dix ans après, la cession qui lui en fut faite le 21 octobre 1401, au prix de 2 500 livres tournois, par « madame Catherine de Courtramblay, dame de Courances, de Cély et du Jarriel-en-Brie », sous réserve de l'usufruit viager de cette dernière (c'est donc seulement au décès de la dame qu'il en devint pleinement propritaire). A cette occasion, la venderesse déclaré qu'elle avait elle-même acquis le Jarriel pendant son mariage, mais sans préciser quand exactement, ni de qui. On sait seulement, tant par ces lettres que par un aveu et dénombrement qu'elle en rendit le 3 décembre 1397 (9), qu'elle tenait cette seigneurie en foi et hommage de Gaucher de Thourotte et de son épouse (10) à cause de l'hôtel de Champcenest.

Catherine de Courtramblay avait été mariée à Jean Mousseau, chevalier et seigneur de Courances. Devenue veuve entre 1372 et 1377, c'est peut-être par besoin qu'elle vendit le Jariel comme elle avait vendu plus tôt Courances. (11)

Blason des Savoisy

« Chevronné d'or et de gueules, à la bordure engrelée et componée d'argent et d'azur »

Généalogie de la famille de Savoisy :

Cliquer ici

Blason des Célestins

« D'azur à une croix d'argent, enlacée d'un S d'or et accostée de deux fleurs de lys du même »

Le fief du Petit Jarriel

Le 2 décembre 1486, les Célestins agrandirent leur domaine en achetant pour 18 écus d'or le fief du Petit Jarriel qui consistait en quelques censives situées au-dessus du Grand Jarriel qui leur appartenait déjà. Le vendeur, nommé Jehan Albert, portait le titre d'écuyer et demeurait à Boitron. Il l'avait lui-même acquis de Jehanne Lagrasse, veuve de Jehan de Saintyon. (12)

Consistance de la seigneurie du Jariel

Comme celle de Sablonnières, la seigneurie du Jariel comprenait plusieurs censives et droits seigneuriaux. En 1397, d'après le dénombrement qui en fut fait, elle se composait de :

- l'hôtel du Jariel avec ses jardins, le tout d'une contenance d'environ 3 arpents ;

- environ 9 arpents et demi de vigne dont 2 arpents en façon et le reste en savart ;

- environ 153 arpents de bois (15 au Bois de la Garenne, au Bois des Jarries et aux haies d'alentour, environ 24 au Bois du Ru, environ 25 au Bois de la Loge, environ 24 au bois Garlot dessus le Foucheroy, environ 14 au bois des Hantes, le bois de la Ronce pour 24, environ 10 au bois du champ Thurmerel, environ 3 au bois de la Nootte vers Montchevrel, environ 8 au bois des hayes Driart, 6 aux Hayes Driart et en Lissarton) ;

- environ 10 arpents de bois et de savarts en la vigne Hissot, aux champs Guayet et aux bois d'alentour ;

- environ 161 arpents de terre (dont 16 environ au champ dessous la vigne du Jariel, 9 au champ Landry, au Chaillot et autres lieux, 9 aux pièces sur Morin, 20 au champ dessus la garenne et dessous Marlande, 60 à Coupigny et 20 à la Noue) ;

- plusieurs pièces de pré (2 arpents environ à la Noue, le pré sous le Moutier de Sablonnières, 24 arpents et demi aux prés des Plés et autres lieux) ;

- un jardin d'environ un arpent à la Noe ;

- la moitié de l'étang de la Noue Profonde, soit environ 4 arpents ;

- une portion de la rivière à partir du colombier de la motte ;

- le vivier de Crèvecœur contenant environ 4 arpents « ci comme il se comporte à tout le moulin de la chassée et le vieux moulin dessus et les salnoves ci comme il se comportent » ;

- environ 4 livres de cens payées la Saint-Rémi, portant lods et ventes sur amende ;

- la taille d'environ 60 arpents d'héritages que tiennent plusieurs personnes à taille selon la valeur de ces biens ;

- environ 24 serfs, tant hommes que femmes, taillables à volonté selon leur faculté ;

- la mainmorte* et le formariage* perçus sur ces serfs ;

- environ 6 setiers d'avoine de coutume payés à Noël, avec 6 chefs de poulaille et environ 20 setiers en argent, le tout sur amende, portant lods et ventes ;

- la haute, moyenne et basse justice en tous les lieux ci-dessus.

Lorsqu'elle fut vendue à Charles de Savoisy en 1401, elle se composait ainsi :

- un hôtel, cour, grange, colombiers, jardins, clos de vigne et autres appartenances ;

- le moulin de Crèvecœur qui rapportait habituellement 3 muids, mais qui était alors baillé à cens pour seulement 60 sols ;

- la grange de Coupigny avec 64 arpents de pré, baillée à 2 nuids et demi de grain ;

- la grange du Plessier, baillée à 5 setiers de grain ;

- 80 arpents de terre arable ;

- 26 autres arpents de terre ;

- 39 arpents et demi de pré dont une pièce de 5 arpents située sous le Moutier de Sablonnières et 1 arpent et demi près du vivier de la Noue Profonde ;

- l'étang de Crèvecœur, contenant environ 3 arpents ;

- les « sauvonniers » dudit étang, baillés à cens pour 25 sols ;

- les Bois de la Garenne comprenant 5 arpents de hauts bois ;

- environ 203 arpents et 21 quartiers de bois ;

- une garenne située entre le Morin et le ru d'Avaleau, valant 60 sols par an ;

- 3 mailles de cens « reçus chacun an le jour Saint Rémi portant les ventes et amendes de sept sols six deniers » ;

- 18 sols de cens reçus le même jour à Hondevilliers à peine d'amende ;

- divers droits pécunaires de coutume perçus annuellement sur chaque hostise, et payables à la Saint Rémi, à la Saint martin d'hiver, à la Saint-André, le lendemain de Noël, à la Pentecôte et à la Saint Pere, à peine d'amende ;

- le tonlieu* et fouage* qui valait annuellement 10 sols, sur amende de 60 sols ou environ ;

- 14 setiers et un pichet d'avoine ou environ de coutume reçus le lendemain de Noël ;

- 4 chapons de coutume reçus le lendemain de Noël, sur amende, et 19 gelines et demie, un quart et le tiers d'une geline ou environ ;

- 15 livres de taille due par environ 32 serfs, hommes et femmes (étant ajouté qu'environ 40 jeunes enfants, hommes et femmes de l'hôtel n'étaient plus taillés) ;

- 10 livres de droits de mainmorte* et de formariage* ;

- les corvées de chevaux et de bras, dues en mars et en août, pouvant valoir 100 sols ;

- 12 livres de concession des droits de justice au Jariel et à Hondevilliers ;

- une rente annuelle de 4 setiers de grain sur deux particuliers ;

- différents biens situés hors de la paroisse de Sablonnières : la moitié du moulin d'Hondevilliers qui rapportait 30 sols ; la grange de Grand-Marché, baillée à 4 setiers l'an ; celles de Villiers et de La Trétoire, qui étaient à présent « en désert » ; celle des Bordes, baillée à 3 muids de blé et 22 sols 6 deniers de rente ; l'étang des Bordes contenant environ 8 arpents d'eau et un autre de 3 arpents ; les hôtel et grange d'Hondevilliers, avec 60 arpents de terre et 10 arpents de pré, valant 26 setiers par an. (13)

En 1415, les biens fonciers situés au Jariel étaient :

- l'accin et pourprins* du Jariel, avec d'environ 96 arpents de terre, et environ 9 arpents de prés « dont il en y a cinq arpents à deux herbes et quatre arpents à une herbe » ;

- environ 23 arpents et demi de pré ;

- un étang en Noue profonde avec l'herbage et le retrait de l'étang ;

- un autre étang contenant un arpent et demi « à tout la masure du vieux moulin assis sur la chaussée dudit étang » ;

- environ 149 arpent de bois dont 9 en une seule pièce ;

- environ 9 arpents de haut bois ;

- le « fonds à la coutume de Champagne » ;

D'autres biens bâtis en dépendant se trouvaient toujours à Hondevilliers (un hôtel, cour, étables, jardin et accin avec environ 80 arpents de terre arable et 6 arpents de prés) mais aussi à Coupigny (une masure avec cour, jardin et accin, avec environ 80 arpents de terres et 3 arpents et demi de prés).

Les droits liés à la seigneurie étaient les suivants :

- De « menus cens » qui s'élevaient au total à environ 19 livres 7 sols, payés à différents jours de l'année (environ 10 livres à la Saint-Rémi, 12 deniers à la Saint-Martin, 18 sols à la Saint-André, environ 7 livres 10 sols le lendemain de Noël avec douze chefs de poulaille, 16 sols à la Pentecôte et 2 sols le jour de Saint-Père) ;

- 10 setiers d'avoine de coutume payés le lendemain de Noël ;

- 60 sols de taille réelle due sur des étangs, terres et prés, portant lods et ventes sous amende ;

- la taille personnelle payée par plusieurs « hommes et femmes de corps taillables », c'est-à-dire serfs ;

- les droits de mainmorte* et de formariage* ;

- les droits de « tonnil » (tonlieu*) et reyage (réage) ;

- le droit de pêcherie ;

- la haute, moyenne et basse justice en tous lieux qui en dépendaient. (14)

On notera qu'en ce tout début de XVe siècle, les Célestins avaient encore des serfs contrairement à d'autres ordres religieux qui se l'étaient interdit. Même si elle avait acquis certains droits, cette population paysanne était de condition peu enviable. Cultivant une terre sans pouvoir la quitter quitter, le serf ne pouvait transmettre ses biens personnels à ses enfants que moyennant le paiement par ces derniers du droit de mainmorte et n'était autorisé à épouser une serve d'une autre seigneurie qu'en payant le droit de formariage. Son seigneur percevait en outre la taille annuelle sur ses revenus. Au siècle suivant, on ne parle plus de serfs, ces derniers ayant probablement pu racheter leur liberté.

On observera par ailleurs que l'hôtel du Jariel et ses dépendances faisaient déjà à cette époque l'objet d'une exploitation agricole. Les Archives nationales conservent un bail du 10 novembre 1487, par lequel les Célestins donnèrent en location leur maison et leurs terres du Jariel à un laboureur nommé Jehan Crespin demeurant dans le diocèse d'Amiens. Ce bail était consenti pour une durée de 18 ans avec effet au jour de la Saint-Martin. Il concernait d'une part « l'hôtel, maison, grange, étables, fournil, cour, jardins, accin et pourprins* du Jariel » dont les religieux se réservaient toutefois leur chambre et chapelle, une autre chambre et un grenier jouxtant cette chapelle et la moitié des fruits des jardins qu'ils s'engageaient à cueillir, d'autre part environ 60 arpents de terre arable, 8 arpents de prés, herbages et pâturages. Le preneur s'engageait à labourer, cultiver et exploiter ces biens moyennant un fermage annuel de 2 muids de blé froment à 12 deniers tournois le setier et 1 muid d'avoine, le tout à la mesure du Jariel et portable annuellement le jour de la Saint-Martin d'hiver, dans les greniers des Célestins, au Jariel ou à l'Ile. Le fermier était expressément autorisé à élever chaque année 12 pourceaux dans les bois des Célestins sans rien leur en devoir. En même temps, était conclu un bail à cheptel par lequel le fermier louait, à compter de la Chandeleur, 18 vaches à lait et 4 suivants moyennant une redevance annuelle de 4 sols parisis par vache adulte et de 2 sols par génisse, le tout pour 9 années au terme desquelles les parties devaient se partager les bêtes et leur croît. (15)

En une centaine d'années, la seigneurie s'est ensuite étendue. Du XVIe siècle au XVIIIe siècle, il s'agissait toujours de la ferme du Jariel et de quelques habitations établies aux alentours (le noyau primitif), mais aussi de la ferme du Rousset, de celle de Marlande (16), de celle de la Chenée et du moulin Rayer.

- La ferme du Jariel et ses dépendances ont été décrites de nouveau en détail dans le Terrier de la seigneurie d’Hondevilliers dressé le 13 novembre 1519 (17). Ce document précise que Pierre et Loys Desescoutes, Pierre Darbise et Pierre Legouge à cause de leurs femmes, ainsi que Pierre et Denis Desescoutes (18) comme tuteurs des filles mineures dudit Pierre et de Marion Jacquet leur mère, tenaient ensemble la ferme du Jariel, consistant en « ung manoir nommé le Jarriel ainsi qu’il se comporte en maisons granche estables cour jardin le tout contenant dix arpents cinquante huit perches tenant d'une part au chemin de la plastriere d'autre part au chemin du petit Jarriel a Sablonnières du bout a la Garenne et a denis des escoutes et d'autre bout aux douze arpens dessoubz le champ de la vigne », ainsi que 99 arpents 42 perches de terres et 10 arpents de pré en plusieurs pièces :

« Item dix neuf arpens vingt six perches de terre assis a la Longue Raye tenant d'une part au chemin de Hondevilliers a Rebetz d'autre part aux hoirs jehan de bray du bout au chemin de la plastriere et d'autre bout aux hoirs Denis Breton.

Item ung arpent trente six perches de terre audict carré tenant d'une part a ladicte ferme et autres dautre part a denis breton dun bout au chemin de la plastriere et dautre bout a la vesve jehan de bray.

Item six arpens soixante treize perches de terre assis au champ dit les cinq arpens tenant dune part a la vesve deniset breton et dautre part a une petite ruelle descendant au chasteau Regnard dun bout a Loys et pernot breton et dautre bout au chemin de la plastriere.

Item vingt deux arpents et ung quartier de terre assis au champ des grands champs tenant dune part au chemin de la plastriere dautre part a denis des escoutes berthelemy de gouy et alardin breton dun bout a ladite ruelle et dautre bout a la garenne.

Item quarante ung arpent soixante douze perches de terre assis au patiz tenant dune part au ru davalot dautre part a ladite garenne et a ladicte ferme et aultres dun bout a Jehan boutat et dautre bout a alardin breton berthelemy de gouy et pernot breton.

Item trois arpents seize perches de terre assis es longues raye tenant dune part aux hoirs jacob breton dautre aux hoirs jehan de bray le jeune dun bout a la rue et dautre bout a ladite ferme.

Item quatre arpens trois quartiers dix neuf perches assis aux charmois tenant dune part au chemin de la plastriere dautre aux hoirs jacob breton dun bout a denis des escoutes et dautre bout au chemin de la petite merlande a la grande.

Item dix arpents de pré assis es prez des ples tenant dune part au ru davalot dautre part aux celestins du bout a la riviere du petit morain et dautre bout a jehan boutat et regne messant ». (19)

Le manoir en question était le siège de l'hôtel seigneurial lorsque les officiers des Célestins y étaient de passage et le lieu de paiement des droits seigneuriaux dus à ces derniers. Si on ignore sa forme et sa consistance exacte, le document de 1519 mentionne une chambre de plaids, le « plaidoyé » et également une chapelle et des prisons qui restaient la propriété des Célestins. Un bail du 26 mars 1680 mentionne à nouveau une geôle en laquelle le fermier était tenu de recevoir, garder et nourrir tout prisonnier qui lui était amené (20). Chaque année se tenaient des plaids au cours desquels les affaires locales étaient jugées et les règles rappelées, comme les interdictions de traverser la forêt d'Haute-Roche ou de s'y rendre avec serpe ou cognée à peine de 3 livres d'amende, ou cette de posséder plus d'un caprin et de le laisser divaguer à peine qu'il soit tué en réparation des préjudices causés.

La location des bâtiments et des terres constitua pendant plusieurs siècles une source de revenus pour les Célestins (21). Le Livre terrier ou cartulaire de la seigneurie, justice haute, moyenne et basse d’Hondevilliers, appartenant à MM. les révérends et vénérables religieux prieur et couvent des Célestins de Paris nous apprend que les redevances étaient payables annuellement le jour de Saint-Martin d’hiver, sur peine de 7 sols et 6 deniers tournois d’amende. (22)

En 1680, la ferme était louée à Noël Closier moyennant un loyer annuel de 400 livres, des fournitures de biens (12 gerbes de paille de seigle) et des prestations de services (6 journées de chariot avec chevaux et harnais, réception et nourriture des bailleurs ou de leurs gens le jour de la recette, mise à leur disposition d'une salle à cet effet, réception et garde des prisonniers dont il a déjà été parlé). Au XVIIIe siècle, elle dépendait du vaste domaine de l'Ile-en-Brie qui comprenait aussi d'autres fermes de la région appartenant aux Célestins de Paris (ferme de la Cour d'Orly à Orly-sur-Morin, celles de la Grosse Maison, de Flagny et de Stagny à Hondevilliers, celle de la Fosse Arbois à Bassevelle, celle de la Garenne à Serris, de Mémorant à Perthes, ferme de l'Isle...). (23)

Le 23 janvier 1762, l'ensemble des revenus de la seigneurie de l'Ile-en-Brie fut affermé pour neuf ans à un marchand de Verneuil-au-Perche nommé Duval chargé de louer les biens à différents exploitants. La ferme du Jariel était alors tenue par Louis Delétain et sa femme Denise Lhoste depuis mars 1753, moyennant un fermage de 900 livres (24). Elle passa le 31 janvier 1776 à Jacques Delétain et son épouse Denise Lhoste en vertu d'un bail reçu par Maître Colin, notaire à Nogent-l'Artaud, et qui, arrivé à terme le 1er juillet 1785, fut continué jusqu’à la récolte de 1789.

Entre temps, l'ordre des Célestins avait été supprimé et l'administration de ses biens confiée à un régisseur en 1779. A la veille de la Révolution, il s'agissait d'un nommé Gabriel-Louis Gambart qui, le 22 juin 1789, reloua la ferme du Jariel aux époux Delétain pour 9 ans, moyennant un fermage révisé à 2 400 livres payables pour moitié au 1er janvier et autre moitié au 1er juillet. A cette époque, la ferme consistait « en logis et bâtiments pour le fermier appartenances et dépendances d'iceux, jardin, clos, terres labourables, prés et bois contenant ensemble deux cent et dix arpents » (25). Sa superficie totale, qui n'avait pas changé en 1680 (120 arpents), avait été considérablement augmentée en un siècle. On observera aussi qu'à cette époque, il n'était plus question de geôles ni d'accueil de prisonniers, le bail prévoyant seulement l'obligation pour le fermier d'héberger à ses frais les personnes que l'administrateur enverrait sur place pour constater les réparations à effectuer ou pour d'autres affaires.

Le 27 février 1790, l'administrateur déclarait aux commissaires de la Révolution les revenus provenant des biens des « ci-devant religieux Célestins » et notamment ceux de leurs possessions au Jariel (26). La ferme fut vendue comme bien national le 3 janvier 1791 et adjugée à son fermier Jacques Delétain pour 45 500 livres. (27)

- La ferme du Rousset a été également citée et décrite dans l'inventaire de 1519. Tenue en indivis par Nicolas Doriat, Jehan Doriat l'aîné, Jehan Doriat le jeune, Jehan Larminot à cause de sa femme, Guillot Larminot, Bastien de Gouy et Jean Larminot comme tuteur des mineurs Jacques et Loys Doriat, elle comprenait « Ung pourprins* auquel a maison granche estables masures court jardin et terres le lieu ainsy quil se comporte assis audit lieu du Roussay le tout contenant vingt quatre arpens et demy dix huit perches tant pre que terre » (28), auxquels s'ajoutaient 41 arpents 46 perches de terres et de prés :

« Item depuis le chemin de la branche en tenant au long du chemin de la plastriere du coste devers les prez pate … vers la forciere de la not profonde dix sept arpens un quartier tenant au long des prez pate dautre part au chemin de la plastriere dun bout devers le roussay au chemin de la branche et dautre bout devers ladite not aux seigneurs.

Item six arpents de terre assis au long du chemin de la plastriere du cote devers la forciere de la marlande tenant dune part a jehan larminot dautre part a la terre de Resbetz dun bout au chemin de la plastriere et dautre bout aux hoirs jehan de bray.

Item ung arpent et demy treize perches et demy de terre assis sur la not profonde tenant dune part a ladite forciere de la not dautre part au chemin de la plastriere du bout et dautre ausdits religieux celestins.

Item neuf arpens quatre vingt dix perches de terre entre les prez paté et les prez choppe tenant dune part et dautre ausdits religieux celestins bailleurs.

Item audessoubz de la forciere des prez choppe quatre arpens trois perches de terre tenant de toutes pars ausdits religieux celestins bailleurs.

Item dix quartiers quinze perches de terre assis pres lestang carre tenant de toutes pars ausdits celestins bailleurs ». (29)

A cette époque, la ferme rapportait annuellement aux Célestins 2 deniers parisis, 13 septiers de blé et 6 d'avoine au titre des droits de directe, outre le montant du fermage.

- Le moulin de Sablonnières, situé sur le ru d'Avaleau (d'où son autre nom de moulin d'Avalot) consistait, en 1519, en « une maison et molin à bled contenant trois travees les estables court jardin vigne pré et terre le tout contenant neuf arpens vingt neuf 29 perches ou environ » (30). Il était exploité à cette date par un nommé Jehan Boutat moyennant un loyer de 94 sols 24 deniers. Plus tard, les religieux le cédèrent. Il devint une possession du marquis de Sablonnières dans la seigneurie du Jariel, pour moitié dans un premier temps, puis en totalité suite à l'acquisition faite le 6 octobre 1692 de son co-propriétaire Denis Rayer (qui lui avait donné le nom de moulin Rayer). Ses nouveaux propriétaires le faisaient toujours exploiter par un meunier. En 1724, il comprenait les bâtiments, 2 arpents en terre, jardin, chenevière et 6 arpents de pré. Il était affermé pour 200 boisseaux de blé et 200 livres en argent. (31)

Le censier de 1519 indique aussi que les Célestins avaient concédé au nommé Pierre Charpentier « le sault et cours de l'eau de la rivière du petit morin... pour en iceluy sault et cours d'eau faire construire et edifier tant de molins et tels que bon lui semblera, sur une ou deux roues mises audit sault et cours d'eau, excepte molin a bled » (32). Pour cette prérogative, qui était assortie d'un droit de pêche, le censitaire payait chaque année 11 deniers 50 sols, un boisseau et demi d'avoine, un quart de poule et une demi-rame de papier. Il semble ainsi qu'ait existé à Sablonnières, pendant une partie du XVIe siècle, une papeterie dont on ne trouve aucune trace sinon cinq documents trouvés dans les archives des Célestins et datant de 1530 (qui serait l'année de fondation de cet établissement) à 1585. (33)

- La ferme de Merlande (aujourd'hui Marlande) dont l'existence semble plus récente, comprenait au XVIIIe siècle une portion de bâtiments - dont le surplus appartenait en propre au fermier - ainsi que 50 arpents de terres labourables, 6 arpents de pré, 75 perches de pâture, 5 arpents de bois taillis. Elle aussi devint une possession du seigneur de Sablonnières : d'après une déclaration à terrier du 30 novembre 1724 faite aux Célestins par le marquis de Maupeou, elle était exploitée par Joseph Gutel (34), fermier du marquis et procurait à celui-ci un fermage de 193 livres 4 sols 5 deniers en argent et 100 boisseaux de blé sur lequel 48 boisseaux revenaient aux Célestins pour acquit d'une rente seigneuriale sur le moulin de Sablonnières situé dans leur censive (en outre, le fermier leur devait 10,5 boisseaux de blé, 3 boisseaux 2 picotins d'avoine et 9 livres 12 sols pour cens et rentes seigneuriales).

- La seigneurie du Jariel semble avoir aussi compris, bien que le terrier de 1519 ne les mentionne pas, le hameau de La Chenée et la ferme du même nom qui s'y trouvait au début du XVIIIe siècle. Un acte notarié du 25 octobre 1722 concerne une maison sise « au hameau de la Chenée seigneurie du Jarriel paroisse de Sablonnières » (35) et un autre du 16 mars 1720 précise que la ferme de la Chenée, située dans ladite seigneurie, comprenait « sept bouges de logis ou environ couverts de tuile, chambre servant de cuisine avec four et cheminée, chambres hautes, écurie, grange, étable, bergerie, cour close de murailles devant avec pertuis et grande porte cochère, jardin derrière fermé en pierre sèche et en bois » (36). Concession des seigneurs de Sablonnnières dans la seigneurie du Jariel, elle est mentionnée dans le compte de 1768 cité par Bazin, comme comprenant « bâtiments, 15 arpents de terre labourable, 3 arpents de pré, 1 arpent de hayes, buissons, et 3 arpents de pâture » (37). En 1789, elle était tenue par Alexis Moreau en vertu d'un bail du 25 mai 1760 et produisait 4 boisseaux de blé et autant d'avoine.

- Elle comprenait aussi, comme le montrent les planches du terrier de la seigneurie Sablonnières « pour la partie du Jariel y attachée », la partie du hameau du Vautron située au nord de la rue du Not. Diverses terres étaient aussi comprises dans cette seigneurie, notamment au lieu-dit Le Not, bordé par un chemin conduisant de La Chenée au Vautron (38). Comme la Chenée, la partie du Vautron en question se trouvait dans la partie du Jariel rattachée à la seigneurie de Sablonnières.

Les Célestins de Paris conservèrent leurs fiefs et cens à Sablonnières jusqu'à la Révolution. En 1790, leurs biens furent confisqués pour être vendus comme biens nationaux. Le Bois de l'Herminat qui leur appartenait aussi fut vendu le 12 thermidor an IV (30 juillet 1796). (39)

L'administration de la seigneurie du Jariel du XVIe au XVIIIe siècle

Dans le ressort de la seigneurie du Jariel, où l'on observait la coutume de Paris, la justice était administrée par un bailli nommé par les Célestins. On trouve la trace de quatre de ces officiers qui étaient aussi baillis d'Hondevilliers et de Flagny-le-Petit : Robert Piédefer en 1529 (40), Denis Janvier demeurant à Sablonnières en 1585 (41), Michel Coqu qui demeurait à Hondevilliers et avait aussi le titre de maire des Bordes et prévôt de la Cour d'Orly en 1658 (42), puis François Louis Rayer dans les années 1710. Les affaires judiciaires portées devant la juridiction du bailli faisaient aussi intervenir divers auxiliaires tel le nommé Lancien mentionné dans les registres paroissiaux de 1740 comme « praticien de la partie du Jariel appartenant au marquis de Maupeou ». Les Célestins avaient aussi leur procureur fiscal (Nicolas Rayer cité dans les registres paroissiaux en 1639, 1645, 1652, 1653, 1654, 1656 et décédé en 1657) et un clerc tabellion juré chargé de recevoir les actes (Anthoine Rayer en 1585) (43). Les jugements rendus en première instance ressortissaient immédiatement du châtelet de Paris. (44)

La gestion foncière était confiée à un admodiateur, officier chargé d'affermer les terres de la seigneurie (Nicolas Lyonnet demeurant au Jariel et décédé en 1779). Un garde-bois (Blattier en 1656) assurait la police des forêts.

(1) Bazin s'appuyait sur un manuscrit vendu à Londres en 1856, faisant état de l'excommunication en 1242 d'un nommé Arnold de Saurer pour « violences commises dans la maison de Sablonière appartenant aux Templiers ». Or, rien ne permet d'affirmer que cet établissement templier se situait dans notre commune. En effet, il ne faut pas perdre de vue que les Templiers avaient établi vers 1200 une commanderie à Montreuil-aux-Lions en un lieu nommé La Sablonnière, ou Sablonnière. D'ailleurs, lorsqu'il fut vendu, le document de 1242 faisait partie d'un lot (Catalogue of the highly interesting and valuable of historical manuscripts and autograph letters of the late Francis Moore..., Londres, Puttick and Simpson, 1856, n° 347) comprenant aussi un compte de la commanderie de Moisy, à laquelle celle de La Sablonnière fut rattachée en 1357.

(2) Tome 3, Paris, Durand, 1867, p. 452. D'après cet inventaire, les Célestins de Paris possédaient les biens immobiliers suivants : leur monastère et plusieurs maisons à Paris, deux arpents et demi de vigne à Dablon-sur-Saine (Ablon-sur-Seine), trois arpents de pré à Dravel-sur-Saine (Draveil), un hôtel et cent arpents de terre à Bondoffle (Bondouffle), plusieurs maisons à Corboeil (Corbeil), vingt livres parisis de rente à Berelle-en-Trie (Bezalles), un hôtel à Chanoy, un hôtel, plusieurs terres et vingt-quatre arpents de bois à Sarris (Serris), plusieurs maisons à Orliens (Orléans) et un pressoir, terres et vignes à Lairez (Lorrez-le-Bocage ?).

(3) Op. cit., p. 459, d'après un manuscrit du XVe siècle intitulé Reductio fundationum monasterii celestinorum de Parisius (Bibl. Mazarine, Ms 3330).

(4) Arch. nat., S 3776 A dossier 1, n° 3.

(5) Charles de Savoisy, chevalier et seigneur de Saillenay (Seignelay) fut, comme son père Philippe de Savoisy, grand-échanson de France. Il mourut vers 1420. Sa fille Isabeau avait épousé Louis « Blanchet » d’Estouteville.

(6) Elles avaient déjà conclu un accord identique le 28 février 1411 (Arch. nat., S 3776 A dossier 1, n° 2) mais avaient dû le réitérer car les deux notaires qui l'aveient reçu étaient décédés avant d'en avoir délivré les actes.

(7) ANSELME (le Père), Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, t. 8, Paris, 1733, p. 551.

(8) Arch. nat., S 3776 A dossier 1, n° 2.

(9) Arch. nat., S 3776 A dossier 1, n° 5.

(10) Chevalier et seigneur de Chastelier, Gaucher de Thourote (mort entre 1414 et 1416) avait épousé Jeanne de Montmorency.

(11) Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, tome 11, 1893, pp. 333-334).

(12) L'acte relatant la vente de 1486 (Arch. nat., S 3776 A doss. 1, n° 9) indique que cette acquisition se trouvait mentionnée dans des lettres de la prévôté de Paris en date du 20 juin 1469.

(13) Nous proposons une transcription intégrale de ce document.

(14) Arch. nat., S 3776 A doss. 1, n° 3.

(15) Arch. nat., S 3776 A doss. 1, n° 11.

(16) En 1718, la ferme de Marlande, mouvant de la seigneurie des Célestins, appartenait à la famille Désécoutes qui la louait à un fermier nommé Rayer (acte de constitution de procureur aux fins de transaction en forme de partage, passé à Paris le 24 février 1718 - coll. D. L.).

(17) Arch. départ. de Seine-et-Marne, H 311.

(18) La famille Désécoutes était présente au Jariel depuis au moins le XVe siècle. En 1494, Pierre des Escouttes, laboureur demeurant à Nogent-l'Artaud y détenait des biens (Arch. nat. S 3776 A dossier 1). En 1535, Louis et Denis y habitaient toujours (id. et dossier 2).

(19) Item dix-neuf arpents vingt-six perches de terre assis à la Longue Raye, tenant d'une part au chemin de Hondevilliers à Rebais, d'autre part aux hoirs Jehan de Bray, du bout au chemin de la Plâtrière et d'autre bout aux hoirs Denis Breton. Item un arpent trente-six perches de terre audit carré, tenant d'une part à ladite ferme et autres, d'autre part à Denis Breton, d'un bout au chemin de la Plâtrière et d'autre bout à la veuve Jehan de Bray. Item six arpents soixante treize perches de terre assis au champ dit les Cinq Arpents, tenant dune part à la veuve Deniset Breton et, d'autre part, à une petite ruelle descendant au château Regnard, d'un bout à Loys et Pernot Breton et, d'autre bout, au chemin de la Plâtrière. Item vingt-deux arpents et un quartier de terre assis au champ des Grands Champs, tenant dune part au chemin de la Plâtrière, d'autre part à Denis Désécoutes, Barthélémy de Gouy et Alardin Breton, d'un bout à ladite ruelle et, d'autre bout, à la garenne. Item quarante-un arpent soixante-douze perches de terre assis au pâtis, tenant d'une part au ru d'Avaleau, d'autre part à ladite garenne et à ladite ferme et autres, d'un bout à Jehan Boutat et, d'autre bout, à Alardin Breton, Barthélémy de Gouy et Pernot Breton. Item trois arpents seize perches de terre assis es Longues Raies, tenant d'une part aux hoirs Jacob Breton, d'autre aux hoirs Jehan de Bray le jeune, d'un bout à la rue et d'autre bout à ladite ferme. Item quatre arpents trois quartiers dix-neuf perches assis aux Charmois, tenant d'une part au chemin de la Plâtrière, d'autre aux hoirs Jacob Breton, d'un bout à Denis Desécoutes et, d'autre bout, au chemin de la Petite Marlande à la Grande. Item dix arpents de pré assis es Prés des Plés, tenant d'une part au ru d'Avaleau, d'autre part aux Célestins, du bout à la rivière du Petit Morin et, d'autre bout, à Jehan Boutat et René Messant.

(20) Le document précise que le fermier devait fournir quotidiennement à chaque détenu 12 sols de pain et d'eau. Au titre de ces fonctions, il pouvait prétendre aux droits de geôle et aux frais taxés par le juge pour garde et nourriture.

(21) Un Censier de Jariel de 1412 est conservé par les Archives nationales (S. 3842). En 1519, 128 censitaires payaient une redevance annuelle de 72 septiers de blé, 50 d'avoine, 5 poules et demie et le tiers des fruits (Bazin, op. cit., p. 52).

(22) Arch. départ. de Seine-et-Marne, H 312 ; H 311.

(23) Les Archives départementales de Seine-et-Marne conservent un Plan des seigneuries de l’Isle-en-Brie, de Flagny, d’Hondevilliers et du Jariel qui mentionne les bois et étang de l’Isle, la forêt d’Hauteroche, les étangs des Parts, des Bordes, des Brochets, de la Vieille-Chausée, des Auges, des Dames, de Merlande, l’Etang-neuf et l’Etang-carré, la fontaine aux Dames… (H 314). Les Archives nationales possèdent divers titres médiévaux de la ferme de Jariel en Brie, Roussel, Flagny, etc. (S. 3775-3776 et 3815).

(24) Arch. départ. de Seine-et-Marne, H 316 (Couvent des Célestins de Paris. Domaines. Baux à loyer des fermes, n° 13).

(25) Arch. départ. de Seine-et-Marne, H 316 (Couvent des Célestins de Paris. Domaines. Baux à loyer des fermes, n° 41-i-S) ; Arch. nat., S 3743.

(26) Arch. nat., S. 3743 ; DELARC (Odon Jean Marie), L'église de Paris pendant la Révolution française 1789-1801, tome Ier, Paris, Desclée, De Brouwer et Cie, p. 238 ; LEBEUF (Jean) par COCHERIS (Hippolyte), Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, tome III, Paris, Durand, 1867, p. 465.

(27) Bazin, Op. cit., p. 55.

(28) Un pourpris* auquel a maison, grange, étables, masures, cour, jardin et teres, le lieu ainsi qu'il se comporte, assis audit lieu du Rousset, le tout contenant vingt-quatre arpents et demi dix-huit perches, tant de pré que terre.

(29) Item depuis le chemin de la Branche en tenant au long du chemin de la Plâtrière du côté devers les prés Pâté ... vers la forcière de la Noue Profonde, dix-sept arpents un quartier tenant au long des Prés Pâté, d'autre part au chemin de la Plâtrière d'un bout devers le Rousset au chemin de la Branche et, d'autre bout, devers ladite noue aux seigneurs. Item six arpents de terre assis au long du chemin de la plâtrière du côté devers la forcière de la Marlande, tenant d'une part à Jehan Larminot, d'autre part à la terre de Rebais, d'un bout au chemin de la Plâtrière et d'autre bout aux hoirs Jehan de Bray. Item un arpent et demi treize perches et demi de terre assis sur la Noue Profonde, tenant d'une part à ladite forcière de la Noue, d'autre part au chemin de la Plâtrière du bout et d'autre, auxdits religieux Célestins. Item neuf arpents quatre-vingt-dix perches de terre entre les Prés Paté et les Prés Choppé, tenant d'une part et d'autre auxdits religieux Célestins, bailleurs. Item au-dessous de la forcière des prés Choppé quatre arpents trois perches de terre tenant de toutes parts auxdits religieux Célestins, bailleurs. Item dix quartiers quinze perches de terre assis près l'étang Carré, tenant de toutes parts auxdits Célestins, bailleurs.

(30) Une maison et moulin à blé contenant trois travées, les étables, cour, jardin, vigne, pré et terre, le tout contenant neuf arpents vingt-neuf perches ou environ.

(31) Déclaration fournie le 30 novembre 1724 par le seigneur de Sablonnières aux Célestins – Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740.

(32) Le saut et cours de l'eau de la rivière du Petit Morin... pour, en ce saut et cours d'eau, faire construire et édifier tant de moulins et tels que bon lui semblera, sur une ou deux roues mises audit saut et cours d'eau, excepté moulin à blé.

(33) STEIN (Henri), La papeterie du Jariel à Sablonnières (Seine-et-Marne) au XVIe siècle, in Le Bibliographe Moderne ; Courrier International des Bibliothèques, vol. XVIII, 1916, juillet-octobre, p. 167-172.

(34) Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 740. Il s'agit peut-être de Joseph Gutel, laboureur, né à La Trétoire le 7 avril 1710 et décédé à Sablonnières le 11 mars 1774, marié en 1736 avec Marie Anne Lamiche qui lui donna douze enfants, puis, en 1774, avec Marie Larrede.

(35) Arch. départ. de Seine-et-Marne, 221 E 231, 1722, acte n° 22.

(36) Arch. départ. de Seine-et-Marne, 221 E 231, 1720, acte n° 18.

(37) Op. cit., p. 39.

(38) Il en est question dans plusieurs actes notariés (Arch. départ. Seine-et-Marne, 221 E 231, acte n° 12 du 16 mars 1721 portant sur 28 perches de pré « au lieu dit le Not Seigneurie du Jarriel » ; acte n° 14 du 10 avril 1721 : « c'est asçavoir au lieu dit le Not Seigneurie du Jarriel 55 perches de pré et hayes en hache tenant à la rue qui conduit de la Chenée à Montvautron »). Le Not est aussi cité dans une déclaration à terrier du 2 décembre 1774 faite aux Célestins seigneurs du Jariel (Arch. départ. de Seine-et-Marne, E 1575).

(39) BAZIN, Op. cit., p. 56.

(40) Il était licencié en loix, avocat et conseiller pour le roy au Châtelet de Paris, seigneur de Combeaulx (Arch. nat., S 3775 A dossier 2, n° 9).

(41) Denis Janvier était « praticien en cour laie » demeurant à Sablonnières (Reconnaissance de cens du 12 février 1553, Arch. nat., S 3775a, dossier 1, n° 1 ; donation mutuelle avec son épouse Marguerite Le Teigneulx, du 8 juillet 1560 – Archi. nat., Y//94-Y//103, fol. 318 V° ; donation à Denis Janvier, enfant trouvé, d'immeubles au Bois-Frémy, du 28 février 1577 – Arch. nat., Y//112-Y//118, fol. 152 ; donation à Denise, Marguerite et Louis de Compiègne, de la moitié de ses biens meubles et immeubles sis en la seigneurie de Sablonnières et celle du Jariel, du 12 janvier 1577 – Arch. nat., Y//112-Y//118, fol. 150 V°). En 1585, il est cité comme « praticien en cour laye, bailly général civil et criminel des bailliages, terres et seigneuryes du Jarriel, Hondevilliers et Flagny le Petit en Brye » (Arch. nat., S 3775a, dossier 2, n° 26).

(42) Livre terrier ou cartulaire de la seigneurie, justice haute, moyenne et basse d’Hondevilliers, appartenant à MM. les révérends et vénérables religieux prieur et couvent des Célestins de Paris, Arch. départ. de Saine-et-Marne, H 312). On appelait maire un bas justicier ou le détenteur de droits pécuniaires démembrés d'une seigneurie plus importante, autrement dit une sorte de seigneur sans terre.

(43) Reconnaissance de cens du 16 juillet 1585 (Arch. nat., S 3775 A dossier 2, n° 26).

(44) Code de l'Hôpital-général de Paris, Paris, Thiboust, 1786, p. 636.

Essai de chronologie des seigneurs locaux :

Clovis I, roi des Francs

514 Saint Rémi (donataire du précédent)

533 Eglise de Soissons (légataire du précédent)

CHÂTEAU ET SEIGNEURIE DE SABLONNIERES FIEF DE MONTCHEVREL BIENS ET TERRES A SABLONNIERES (AU JARIEL ?) SEIGNEURIE DU JARIEL FIEF DU PETIT JARIEL

v. 1172 Rericus de Corteno v. 1160 Eglise de Molesme (bail à Pierre Britaud)

1190 Robert de Sablonnières

1195 Templiers de Coutran (Jariel ?)

v. 1222 Pierre de Sablonnières

v. 1250 Jean Briteaux (Britaud) v. 1250 Pierre de Sablonnières (co-seigneur ?)

v. 1260 Henri Britaud (co-seigneur ?)

après 1306 Enguerrand III de Coucy, pour la partie des Templiers

Arnould III de Guines

1311 Jehan III de Guines

après 1323 Gaucher VI de Châtillon, Raoul de Coucy

Famille de Coucy

1391 Guy de Roye

1401 Michau de Boisseaux Catherine de Courtramblay

avant 1424 Huguelin de Boussaulx

v. 1430 Pierre de L'Espine 1401 Charles de Savoisy (nue-propriété)

1443 Gérard de Vieux-Maisons v. 1430 Charles de Savoisy Jehanne Lagrasse

1461 Louis de Brie 1455-1778 Célestins de Paris av. 1469 Jehan Albert

1490 Jehan de Brie 1486 Célestins de Paris

Jehanne de Brie

1555 Philippe de Ravenel

1592 Robert de Ravenel

1609 Jacques de Ravenel

1636 Edmond de Ravenel

Jean-Baptiste Gaston de Ravenel

1667 Gaston de Ravenel

1690 Théophile de Catelan

1721 René de Maupeou Michel Clergeon

1734 René-Théophile I de Maupeou v. 1730 Michel et François Lempereur de Morfontaine

1746-1789 René-Théophile II de Maupeou Maupeou 1779-1789 Sous séquestre d'un administrateur

Carte de Cassini, XVIIIe siècle.

LEXIQUE

Accin : enclos.

Amortir (une rente) : l'éteindre en dédommageant le créancier ; (une terre) : en éteindre les droits et revenus (notamment une rente dont elle sert d'assiette) en obtenant du roi, moyennant finance, des lettres d'amortissement ayant pour effet de la concéder à des gens de main-morte (notamment à une communauté religieuse) pour la placer hors du commerce.

Arpent : unité de surface.

Arrière-ban : service militaire dû au suzerain par ses vassaux.

Aubaine (droit d') : droit du seigneur de recueillir les biens d'un étranger (aubain) mort dans l'étendue de sa seigneurie*.

Aveu et dénombrement : déclaration écrite inventoriant et décrivant les terres constituant un fief, faite par le titulaire de ce fief à son suzerain lors de chaque mutation.

Bailliage : juridiction connaissant en première instance de certaines affaires criminelles ou dans lesquelles des membres de la noblesse étaient en cause (à charge d'appel devant le parlement), et en appel des sentences des juridictions inférieures.

Ban : service militaire dû au roi par ses vassaux immédiats.

Banlieue : territoire soumis au pouvoir d'un seigneur autour d'une ville.

Boisseau : douzième de setier*.

Bouge : pièce.

Cens : redevance annuelle en argent ou en grains, due par tout propriétaire de biens fonciers (censive) situés dans l'étendue de la seigneurie*.

Censitaire : tenancier d'un bien foncier assujetti au cens.*

Châtellenie : circonscription développée autour d'un château-fort et contrôlée par un châtelain.

Confiscation (droit de) : droit pour le seigneur de réunir à sa seigneurie les biens des condamnés à mort.

Coutume (droit de) : droit en nature perçu annuellement par le seigneur sur certains propriétaires.

Denier : douzième de sol*.

Desssaisine (droit de-): droit payé au seigneur par le cédant d'un bien foncier dépendant de sa seigneurie*.

Douaire : portion de biens dont le mari réserve l'usufruit à son épouse dans le cas où celle-ci lui survivrait.

Fief : bien ou ensemble de biens immobiliers ou de revenus (très souvent une seigneurie*) concédés moyennant un service en vertu d'un contrat entre un suzerain (concédant) et un vassal (concessionnaire).

Foi : serment de fidélité du vassal envers son suzerain, généralement couplé avec l'hommage*.

Fondation de messes : contrat en vertu duquel un établissement religieux (église, monastère...) s'engageait à perpétuité à célébrer ou faire célébrer une ou plusieurs messes, à dates fixes, en la mémoire d'une personne en contrepartie d'un don.

Forcière : petite réserve d'eau utilisée comme vivier à poisson (avec les étangs et les fosses, elle garantissait l'approvisionnement en poisson les jours d'abstinence imposés par la religion).

Formariage : droit dû à son seigneur par son serf en cas de mariage avec une serve étrangère à la seigneurie*.

Fosse : petite retenue d'eau où l'on élevait du poisson (avec les étangs et les forcières*, elle garantissait l'approvisionnement en poisson les jours d'abstinence imposés par la religion).

Fouage : droit dû au seigneur, par foyer, sur les biens roturiers.

Greffe (droits de) : droits perçus sur les actes de la justice seigneuriale.

Hommage : conclusion ou renouvellement du lien vassalique unissant un seigneur à son suzerain.

Hostise : chaumière habitée par un serf (oste), moyennant redevance.

Lige (homme-) : vassal tenu envers son suzerain de l'assister en ses conseils, de le servir militairement sans limite de temps et de se soumettre à sa justice.

Livre : unité monétaire royale (à partir du XIIIe siècle, la livre tournois a progressivement remplacé la livre parisis avec laquelle elle coexistait, pour devenir l'unique monnaie de compte jusqu'en 1795).

Lods et ventes : droit perçu par le seigneur sur la mutation de biens fonciers situés dans sa seigneurie*.

Mine : demi-setier*.

Morte-main (ou mainmorte) : incapacité pour un serf de disposer de ses biens ; droit reconnu au seigneur de prendre les biens d'un serf décédé sans enfant, puis droit perçu par le seigneur sur ces biens.

Mouvance : dépendance, pour un fief.

Muid : unité de capacité utilisée pour les grains, de valeur variable selon les espèces, les époques et les lieux.

Perche : centième d'arpent*.

Picotin : mesure de capacité utilisée pour l'avoine donné aux chevaux et valant environ 2,5 litres.

Plaids : assemblée où se tenaient les audiences judiciaires.

Pourpri(n)s : enclos.

Quartier : quart d'arpent*.

Rachat ou Relief : droit de succession dû au seigneur par les héritiers de tout censitaire* décédé dans sa seigneurie*.

Saisine (droit de-) : droit payé au seigneur par l'acquéreur d'un bien foncier dépendant de sa seigneurie*.

Seigneurie : ensemble de biens fonciers, droits et redevances sur lesquels une personne (le seigneur) exerce un pouvoir économique et judiciaire.

Setier : unité de capacité utilisée pour les grains, de valeur variable selon les espèces, les époques et les lieux.

Sol : vingtième de livre*.

Sur-cens et rente : majoration du cens*.

Terrier (ou papier-) : registre du dénombrement et des déclarations des particuliers relevant d'une seigneurie, avec le détail des droits, cens * et rentes dus au seigneur pour chacune de leurs possessions foncières.

Tonlieu : droit perçu par le seigneur sur l'exposition des marchandises ou leur passage des rivières.

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Dernière mise à jour le 9 mars 2018

© Denis Lochouarn

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