Olivier Danican est né au Havre le 22 juin 1922 à la surprise générale, 30 minutes après sa sœur jumelle, dans une famille très catholique. Son père d’origine écossaise et galloise parle anglais avec ses fils. Très cultivé et même érudit, il se plait à partager avec ses enfants son goût de botaniste et de poète pour la nature et à leur raconter des histoires. Ainsi Olivier est mêlé dès son plus jeune âge aux aventures des Chevaliers de la Table Ronde dans la forêt enchantée, aux fées et aux sortilèges des contes gallois, aux héros de Walter Scott, à la poésie de Robert Burns. Il poursuit ensuite tout naturellement dans ses lectures sa quête d’aventures extraordinaires et, imaginatif et rêveur, il en demeure imprégné.
Dès son enfance, sa mère et sa famille maternelle ne reconnaissent pas ses dons artistiques, si bien que, collégien médiocre et conseillé par son professeur de dessin, il suit en cachette des cours aux Beaux-Arts et travaille dans la classe du directeur, Mr. Saladin, sculpteur d’une certaine notoriété. Ses parents l’envoient pendant deux ans poursuivre sa scolarité en Grande Bretagne dans des collèges irlandais et écossais.
Au moment de la guerre, la famille est installée depuis plusieurs années déjà à Montivilliers, petite ville située à quelques kilomètres du Havre, dans une propriété encore entourée d’arbres et de fermes. L’exode va pourtant les précipiter sur les routes comme les autres. Olivier Danican, à l’écart du groupe, est mitraillé, sérieusement blessé, et se retrouve à l’hôpital de Niort dont il se sauve, épouvanté par l’annonce de l’arrivée des troupes allemandes au sujet desquelles les pires bruits circulent.
Soigné et caché quelque temps par une dame charitable, c’est à Saint Jean d’Angély qu’il regarde l’armée allemande entrer dans la ville. Il découvre dans ces circonstances tragiques un monde bien plus vaste que le sien. Une première rupture avec son passé protégé. A 18 ans, il se trouve jeté dans la vie comme dans une aventure.
Dès la rentrée, il entre aux Beaux-Arts à Paris mais en I942, poursuivi par la Gestapo, il est contraint de disparaître. Résistant, arrêté à deux reprises par la Gestapo, il réussit à s’évader. Jusqu’à la fin du conflit il est agent de renseignements dans l’armée secrète britannique et se trouve présent à ce titre sur le front de Normandie au moment du débarquement. En août et septembre 1944, le siège du Havre est long et difficile. Les troupes allemandes résistent avec acharnement. Olivier Danican est interprète au QG des forces alliées quand est prise la décision des bombardements dévastateurs. La moitié la plus noble et la moins industrielle de la ville est rasée. La reconstruction va prendre des années.
Quelques jours plus tard son plus jeune frère est tué par un tir allemand dans la propriété même de ses parents.
Une fois démobilisé, il retourne aux Beaux-Arts où il suit des cours à l’atelier Niklaus. La sculpture officielle et académique s’y enseigne à la mode gréco-romaine, à partir du modelage, ce qui ne lui convient pas. Très vite, à Montparnasse, il découvre ‘La Grande Chaumière’, une école d’arts privée, qui est alors un lieu de liberté, de création et d’ardentes recherches. Il travaille avec Belmondo, fréquente Zadkine. Il y rencontre des sculpteurs qui oeuvrent pour les églises et qui, par l’exemple qu’ils lui donnent de leurs œuvres, sculptées en taille directe, le confirment dans sa démarche propre. Ce sont Dubos, Etienne Martin, Lambert Rucki et quelques autres. Les revues circulent, parmi elles la toute nouvelle :‘L’Art Sacré’, dirigée par les Pères dominicains Régamey et Couturier. En pleine effervescence, on les rencontre dans toutes les expositions.
En 1947, Olivier Danican présente ses premières œuvres dans une exposition particulière à la Galerie Madyl, au Havre.
La même année, pendant l’été, à cause de l’extrême pénurie de logement, il se résout à construire lui-même sa maison à partir d’une ancienne grange avec l’aide d’un compagnon. Son mariage a lieu à l’automne, il devient père de famille l’année suivante et, tout en continuant à sculpter, il travaille quelque temps pour un architecte.
En 1951, il expose seul ses nouvelles créations à la Galerie Raspail, à Paris. Il ne sait pas encore quelle importance cette année 51 va avoir pour lui.
Olivier Danican a souvent entendu parler de l’abbaye de ‘la Pierre-qui-Vire’ par son père qui est ami avec l’un des moines. Il reçoit régulièrement leurs ‘Cahiers’. Aussi, à l’annonce de ‘Zodiaque’, leur nouvelle revue consacrée à l’art moderne, il s’abonne aussitôt. Dans le premier numéro, il tombe sur un article du P. Surchamp, le directeur de la revue, intitulé ‘Deux notes sur l’art abstrait’. Il est bouleversé. Il y est largement question de Gleizes. Il lui écrit aussitôt et le peintre lui donne rendez-vous à Paris chez Colette Allendy, l’une de ses amies, qui réunit autour d’elle des gens de recherche et de haute culture.
La rencontre est décisive. Albert Gleizes est l’un des peintres fondateurs du cubisme et son théoricien. Olivier Danican va le voir à plusieurs reprises chez lui aux Méjades, près de Saint Rémy de Provence. Il fréquente aussi Moly-Sabata à Sablons en Isère, une structure d’accueil, de travail et de rencontre d’artistes et d’artisans, fondée par Gleizes et où il vit et intervient fréquemment. Regardant les œuvres nombreuses et importantes du peintre et lisant ses écrits, il découvre le sens et la profondeur de l’Art Moderne. Il saisit la rupture, le renouvellement complet que constitue cet art par rapport à tout ce qui l’a précédé. Dans cette perspective toute neuve pour lui, il se libère d’un climat mystico-religieux dans lequel il s’aperçoit qu’il baignait jusqu’ici. Il entre en relations avec d’autres artistes dont Sonia Delaunay. Il a trouvé sa voie et décide de gagner sa vie avec son art.
En 1952, il fait une nouvelle exposition particulière à Paris à la Galerie Raspail. Dans la même période il découvre dans la revue ‘Zodiaque’ l’existence du sculpteur Marc Hénard qui vit auprès de l’abbaye et travaille alors pour les moines. Il va là-bas pour le rencontrer et gardera longtemps avec lui des relations d’amitié.
Dans son atelier de Montivilliers, très actif et toujours en recherche, il crée des statues modernes et du mobilier original pour les églises qui le sollicitent beaucoup à cette époque. Il fait des sculptures qui portent de plus en plus sa marque: un certain mariage très personnel entre la figuration et l’abstrait, et réalise des meubles aux formes nouvelles pour une clientèle de particuliers qui lui font des commandes. Il peint des toiles, souvent de grandes dimensions, où il traite des thèmes sacrés. Il fait aussi d’innombrables gouaches. Construite sur des rythmes intérieurs, sa facture est abstraite mais toujours ouverte à la possibilité d’une figuration. Il affectionne les tonalités de terre et rehausse certaines de ses sculptures de couleurs.
En 1955, à la Galerie Hamon au Havre, il présente pour la première fois au public les différentes facettes de son art. La presse locale reconnaît en lui un artiste de valeur. L’exposition est un succès. Il y rencontre Max Pinchard, compositeur de musique, qui deviendra son ami.
En 1957, nouvelle exposition, cette fois à la Galerie ‘Espace’, au Havre.
En 1959, à Paris, il expose l’ensemble de son œuvre à la Galerie ‘Art et Tradition’ dirigée par le peintre lyonnais Jean Martin, son ami, et participe à une exposition de groupe au ‘Salon de l’Art Libre’ au palais de Tokio.
En 1961, exposition particulière à la Galerie ‘Le Portulan’ au Havre.
Durant ces années, Olivier Danican approfondit sa vie intérieure grâce à sa recherche de formes nouvelles et la solitude de son atelier. Il fréquente les prêtres ouvriers et leur mise en question du pouvoir clérical l’interpelle. A partir de 1959, il cesse de profiter de la restauration des églises et doit envisager de modifier ses objectifs professionnels. En 1961, la mort de son père auquel il est particulièrement lié et avec qui il s’entretient souvent de ses critiques et de ses doutes concernant l’institution religieuse, est un gros choc pour lui.
Il s’aperçoit que l’église catholique, malgré ses prétentions, n’est pas universelle et, rejoignant en lui et dans les livres les traces d’un imaginaire légendaire, il poursuit seul sa quête dans un monde plus ouvert, en accord avec la nature et même cosmique. L’univers où s’inscrit l’humanité de tous les temps et de tous les continents.
C’est le début d’une crise de plusieurs années au cours de laquelle son art va beaucoup évoluer. Il abandonne peu à peu les sujets religieux et sculpte des femmes, des personnages de légende et surtout des animaux mais son art demeure sacré. Seulement, c’est un sacré primordial, celui des sculptures et des dessins de la préhistoire. Les femmes qu’il représente sont souvent des déesses et ses animaux des divinités. L’aventure qui commence va durer toute sa vie.
En 1962, il fait une exposition particulière de peintures et de sculptures à la Galerie Saint Jacques au Havre.
En 1963, il présente à nouveau des peintures et des sculptures à la Galerie de Paris au Havre.
Dans la nuit du 1ier au 2 janvier 1966, un incendie se déclare dans sa maison. Sa famille a le temps de fuir mais sa maison et son atelier sont entièrement brûlés. Il ne retrouve presque rien de ses œuvres.
Tandis qu’il occupe provisoirement un poste de directeur dans un Centre de jeunes en Touraine, il s’interroge sur son avenir d’artiste. C’est alors que l’une de ses connaissances qui travaille au Musée du Louvre, lui propose de restaurer une statue de Saint Philibert, fondateur de l’abbaye, qui se trouve dans l’église de Montivilliers. Il accepte cette première restauration.
Très vite, il fait la connaissance de Henri Pellerin qui lui confie d’abord une Vierge de l’église d’Appeville dans le Calvados à restaurer. Par son intermédiaire il entre en relation avec les présidents des Sociétés Archéologiques de Basse Normandie et bien d’autres statues de Saints et de Vierges de cette région prendront dans les années qui suivent le chemin de son atelier. Ayant acquis une certaine notoriété, il restaure aussi de nombreuses sculptures en Haute Normandie, notamment dans les églises de Rolleville et de Cauville, et refait les chapiteaux de la cathédrale du Havre reconstruite. Il y trouve beaucoup d’intérêt, un certain bonheur, et poursuivra toujours par goût, à l’occasion, ce genre de restauration.
Cependant, parallèlement, Olivier Danican se remet à créer des œuvres personnelles. Dès 1968, la commande d’un Monument aux Morts par la municipalité de La Trinité dans l’Eure est déterminante. Il fait un grand calvaire en bois. Il est repris par la sculpture, la peinture demeurant provisoirement en retrait.
L’année 1973 marque son retour d’artiste dans la sphère publique. Il expose un grand nombre de ses nouvelles œuvres à l’U.C.J.G. au Havre. On y remarque un grand changement. Il travaille maintenant aussi bien la pierre que le bois mais, désormais proche de la nature, il recherche une matière pourvue de formes naturelles (galets, roches, troncs), des formes qu’il honore en leur imposant son inspiration par une technique magistrale. A la fois un mariage et un combat. Pourtant ses sculptures paraissent apaisées avec des arrondis. Sa facture est rigoureuse et son poli sur les pierres rappelle celui de la mer. C’est un succès auprès de la presse et du public.
Les expositions se suivent et vont pendant des années se succéder sans trêve. Parallèlement il sculpte avec acharnement.
En 1973, il expose au Musée de Fécamp.
En 1974, nouvelle exposition à la Galerie Corneille à Rouen.
Cette année-là, il fait la connaissance et devient l’ami des peintres Georges Brunon et Viet-ho,
émigré du nord Vietnam, avec lesquels il expose pendant plusieurs années.
En 1975, exposition avec Brunon et Viet-ho au Musée de Fécamp,
Exposition avec les mêmes à la Galerie Jean Seymour à Deauville.
En 1976, exposition avec Brunon et Viet-ho à la Galerie Chiron à Paris.
Exposition particulière à la Galerie Jean Seymour à Deauville.
Exposition particulière à la Galerie Régis Langloys, rue Saint Honoré à Paris
En 1977, exposition particulière à la Galerie Marengo à Angoulême.
Invité d’honneur de son Clan, il expose au Grand Hôtel à Pitlochry en Ecosse.
Exposition à la Galerie La Chouette à Dieppe.
Exposition avec Brunon au Novotel de Blois.
En 1978, exposition avec Brunon à la Galerie Hamon au Havre.
Exposition avec le peintre Jean Maufay à la Mairie de Montivilliers.
Exposition avec les peintres Brunon et Tang à l’Atelier de Georges Brunon à
Paris. A cette occasion, il entre en relation avec Tang , un peintre chinois, et a un
important entretien avec le critique d’art François Cheng, venu en visiteur.
Exposition avec les peintres Richard de Prémare et Viet-ho à la Rotonde du Château
à Eu en Seine Maritime.
Exposition de groupe à la City Art Gallery à Edinburgh en Ecosse.
Exposition de groupe au Lyon’s Club à Eu.
Réalisation d’un bas-relief pour l’Ecole Maternelle d’Etretat.
En 1979, exposition particulière au Centre Culturel de Mugron dans les Landes.
Il envoie quelques sculptures à la Wright Gallery à Boston (U.S.A.) qui sont
vendues.
Au cours de ces années, Olivier Danican a des contacts d’atelier fréquents, de multiples conversations avec les peintres Viet-ho et Tang. Il les voit travailler. Dans leur sillage il rencontre d’autres chinois. Peu à peu il s’aperçoit que l’inspiration peut se manifester dans un geste corporel, sans recours à la cérébralité. Cela lui parait surtout vrai pour la peinture et il s’exerce à faire corps avec son pinceau et la toile par l’énergie de sa méditation et de son mouvement. Il se remémore la parole de François Cheng, admiratif de ses œuvres, et citant un sage chinois, à savoir que dans la matière la plus lourde se trouve le plus spirituel. Un tout autre regard.
Il en est là de sa recherche lorsqu’il tombe malade. Le marché de l’art parisien s’internationalise et il perd ses repères professionnels. Il se sépare de sa femme et de sa famille ce qui l’isole de sa clientèle locale. Il quitte son atelier et travaille dans des lieux de fortune.
Heureusement, la municipalité de Montivilliers lui commande plusieurs sculptures monumentales dans le cadre du 1% :
En 1981, un ensemble en pierre pour la cour d’entrée du Groupe Scolaire Louise Michel.
En 1982, un haut-relief en bois pour le réfectoire du Groupe Scolaire Louise Michel.
En 1983, une sculpture en pierre pour le Centre Commercial de la Belle Etoile.
Néanmoins la rupture est telle qu’il en est bouleversé. Olivier Danican vit seul désormais avec sa compagne qui est poète. Par la force des choses, la peinture est à la pointe de sa recherche. Il dessine aussi beaucoup. D’abord ce sont des animaux en entrelacs, des paysages. Puis il approfondit et s’approprie à sa manière le geste chinois. Sur ses toiles, il assiste en occidental à l’apparition du monde intérieur qu’il portait en lui, sans doute depuis toujours, mais dont il était ignorant. Il peint de plus en plus pour exprimer cet autre monde, mouvant, vivant, aussi inépuisable qu’une source. A nouveau il se livre à une peinture ni abstraite ni figurative, comme on le lui a déjà si souvent reproché, liée à son souffle même et qui lui devient indispensable pour vivre.
Il continue d’ailleurs à sculpter quand il en a la force et à exposer ses peintures et ses sculptures au gré de ses diverses résidences, au Havre, puis en Charente Maritime et maintenant en Bretagne.
En 1980, exposition avec les peintres Brunon, Tang et Hénia Ziv à la Mairie du 3ème arrondissement à Paris.
En 1981, exposition particulière, à la Galerie des Arts de l’Enclos à Honfleur
En 1983, exposition particulière, ‘Le Dessin’ au Havre.
En 1984, exposition avec le peintre Vandi à l’Atelier Saint Michel au Havre.
En 1987, exposition particulière à la Galerie Taormina au Havre.
En 1989, réalisation d’un ‘Monument pour le Bicentenaire de la Révolution’ à Montivilliers.
En 1991, inauguration d’Atelier à Rétaud en Charente Maritime.
En 1992, envoi au Salon de la Rochelle à La Rochelle.
En 1993, exposition particulière à la ‘Villa Musso’ à Saintes en Charente Maritime.
En 1996, inauguration d’Atelier à Landeleau dans le Finistère.
De 97 à 99, participations à diverses expositions de sculptures en Bretagne.
A partir de 2000 et chaque année, Porte Ouverte de son Atelier de Keravel à Landeleau.
En 2002, exposition particulière au Château de Trévarez dans le Finistère.
En 2005, rétrospective à Guerlesquin (29)
En 2006, exposition particulière à Châteauneuf du Faou (29)
Ces dernières années, participation à plusieurs expositions dont, en 2009, l'exposition "Fleurs et jardins" à Trévarez.
Restaurations dans le Finistère :
En 1997, Calvaire de Saint Ambroise en Locmaria-Berrien.
En 2000, Calvaire de La Haye Louis à Cléden-Poher.
En 2004, Saint Roch à Landeleau.