I. Les chocs pétroliers : la crise économique occidentale et la nouvelle donne économique internationale
A. Les chocs pétroliers
Les Trente Glorieuses désignent une période historique comprise entre 1946 et 1975 pendant laquelle la France et la plupart des économies occidentales connaissent une croissance exceptionnelle et régulière. A l'issue de cette période, les pays développés sont entrés dans l'ère de la société de consommation
Les Trente glorieuses se fracassent sur les chocs pétroliers successifs des années 1970. En 1973, face à la guerre du Kippour qui voit l’Egypte et de la Syrie attaquer Israël, les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) décident d’utiliser le pétrole comme une arme politique. Les Etats occidentaux qui soutiennent Israël sont en effet très dépendants du pétrole. L’OPEP diminue la production de pétrole afin de faire monter les prix. Entre octobre 1973 et mars 1974, le prix du baril est multiplié par plus de 4 passant de 2,5$ à 11,5$ le baril.
Les conséquences économiques sont lourdes : tout devient plus cher, les entreprises font face à des surcoûts qui se répercutent sur l’emploi. Le taux de chômage augmente.
Un second choc pétrolier a lieu en 1979 à la suite de la Révolution en Iran. Il faut souligner que la fin de la croissance économique des Trente glorieuses est aussi la conséquence de la saturation des marchés intérieurs : les ménages sont déjà équipés (télévision, machine à laver, réfrigérateur…).
B. La révolution islamique d’Iran
L’Iran est jusqu’en 1979 un allié de l’Occident. Le shah Mohammed Reza Pahlavi, qui dirige l’Iran avec une main de fer, pratique une politique de modernisation et d’occidentalisation du pays. Les contestations des traditionnalistes se multiplient. L’ayatollah Khomeiny en profite pour encourager une révolution. Le shah doit s’exiler et L’ayatollah Khomeiny s’empare du pouvoir en 1979.
L’ayatollah Khomeiny met en place un régime théocratique dans lequel le pouvoir appartient aux religieux et dont il est le Guide Suprême. Le 1er avril 1979, l’Iran devient le 1er régime islamiste du monde. Les USA sont présentées par l’ayatollah Khomeiny comme le « Grand Satan ». Le 4 novembre 1979, l’ambassade américaine de Téhéran subit une attaque étudiante.
52 américains de l’ambassade sont retenus en otage durant 444 jours. Dans le cadre de la Guerre froide, l’Iran rejette aussi l’URSS.
En raison de ces bouleversements politiques dans un des principaux pays producteurs de pétrole, la production mondiale diminue, provoquant une hausse du prix du pétrole. Le prix du baril est multiplié par 2,7 entre le milieu de l'année 1978 et 1981.
II. Libéralisation et dérégulation
A. La remise en cause du système de Bretton Woods
Le système de Bretton Woods mis en place en 1944 est mis à mal en 1971 à la suite de la décision du président américain Richard Nixon de suspendre la convertibilité du dollar en or. En effet, les Américains ont fait « fonctionner la planche à billet » et ils sont dans l’incapacité d’assurer les échanges dollar-or sans mettre à mal les réserves de la banque fédérale américaine. En 1976, la fin des accords de Bretton Woods est actée et implique le retour aux changes flottants.
En réaction au 1er choc pétrolier, les pays développés se réunissent annuellement lors d’un sommet des chefs d'Etat des sept pays les plus industrialisés (G7) : France, RFA, Italie, Japon, Royaume-Uni, USA (1975) et à partir de 1976, Canada. A eux 7, ils réalisent la moitié du PIB mondial et détiennent en 1975 les 2/3 de la richesse mondiale. L’objectif initial du G7 est d’être une enceinte de coordination des politiques économiques et financières afin de permettre une reprise de la croissance et ainsi lutter contre les conséquences des déréglementations financières et économiques mondiales. En effet, il y a un fort taux de chômage et une inflation. Les pays les plus industrialisés qui ont vu leur économie se tertiariser, connaissent une décroissance rapide de leur secteur industriel face aux deux chocs pétroliers des années 70.
B. Le tournant libéral dans les pays développés
A partir des années 80, les pays développés abandonnent le keynésianisme et adoptent un système néolibéral. Le néolibéralisme est une doctrine théorisée par l’économiste américain Milton Friedman qui critique les interventions de l’Etat dans l’économie et prône le retour au libéralisme. Les Etats réduisent leurs dépenses, privatisent les entreprises publiques et déréglementent de larges pans de l’économie nationale.
Deux dirigeants incarnent ce tournant néolibéral : La Première ministre du R-U Margaret Thatcher (1979-1990) et le président des USA Ronald Reagan (1981-1989). Les dépenses publiques, les impôts, la régulation et l'inflation sont réduits. Sous Reagan, qui considère que l’Etat n’est pas la solution mais au contraire le problème, l’inflation passe de 12% à 2% et la croissance repart. Mais l’industrie et ses travailleurs paient un lourd tribut à cette politique économique. Ronald Reagan se lance alors dans une politique protectionniste afin de préserver l’industrie nationale dans le cadre de la mondialisation. Cette politique néolibérale augmente les inégalités sociales au sein des pays tandis que la mondialisation est critiquée par les pays en développement qui constatent une augmentation des inégalités mondiales.
C. Le tournant libéral en RPC
Deng Xiaoping (1904-1997), qui succède à Mao Zedong, est à la tête de la République Populaire de Chine de 1978 à 1992. A son arrivée au pouvoir, le fonctionnement de l'économie chinoise repose sur les principes classiques d'un système communiste. Planifiée, autarcique et collectivisée, la Chine est un pays pauvre, qui connaît un écart de richesses important avec les économies occidentales développées. Deng Xiaoping met en place les « quatre modernisations » axées sur l’agriculture, l’industrie, la science et les technologies ainsi que sur la défense nationale. Le but affiché est de faire de la RPC une grande puissance internationale. Deng Xiaoping veut que la Chine se modernise.
Deng Xiaoping convertit son pays à une « économie socialiste de marché » qui allie un système politique communiste rigide qui refuse toute démocratisation avec une économie libéralisée. La politique économique mise en place consiste en une politique d’ouverture de la Chine aux capitaux étrangers. Ces investissements étrangers sont orientés uniquement vers des zones économiques spéciales (ZES) et des zones franches qui sont situées sur les littoraux chinois. La RPC se développe rapidement.
Cette politique d’ouverture se traduit aussi sur la scène internationale. Deng Xiaoping met en place des relations diplomatiques apaisées avec les USA et les pays occidentaux. La RPC intègre aussi des institutions internationales, telles le FMI et la Banque mondiale.
Les revendications de liberté et de démocratie de la jeunesse chinoise sont réprimées dans le sang lors du massacre de la place Tiananmen les 3 et 4 juin 1989. Le bilan oscille entre 300 et 10 000 morts.
III. La fin de la guerre froide
Les dépenses d’armement ou de course à l’espace sont lourdes à supporter pour l’URSS. Au niveau économique, la productivité est faible. Au sein des « démocraties populaires », sous domination soviétique à l’intérieur du bloc de l’Est, des contestations se développent. L’arrivée de Mikhail Gorbatchev, à la tête de l’URSS entre 1985 et 1991, enclenche la fin de la guerre froide. Ce dirigeant décide la mise en place de la glasnost qui consiste en un respect des droits fondamentaux avec une plus grande liberté d’expression et une communication politique plus transparente. En parallèle, il instaure aussi la perestroïka qui signifie « restructuration » en russe. Il s’agit de mettre en place une politique économique plus libérale. La perestroïka consiste en une restitution de l’usage de la terre aux paysans, en l’autorisation de l’autoentrepreneuriat et au principe de responsabilité dans les grandes entreprises. L’objectif est d’accroître la productivité.
Les réformes démocratiques et économiques engagées ne réussissent pas à redresser l'économie du pays. En 1989, Mikhail Gorbatchev annonce que les troupes soviétiques n’interviendront plus en Europe de l’Est. En mai 1989, la Hongrie ouvre le rideau de fer : une forte émigration s’enclenche en direction de l’Ouest.
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin est détruit sous la pression populaire et l’Allemagne est réunifiée dès 1990.
Les pays satellites de l’URSS prennent peu à peu leur indépendance et le pacte de Varsovie est dissout. Cela marque l’effondrement de l’URSS et la fin de la guerre froide en 1991.
IV. La démocratisation de l’Europe méridionale et les élargissements de la CEE
De 1967 à 1974, à la suite d’un coup d’Etat militaire, la Grèce est dirigée par le régime des colonels. Le roi, discrédité, est contraint à l’exil. En 1974, une crise entre la Grèce et la Turquie autour de l’île de Chypre conduit à un processus de transition de la dictature vers la démocratie. Fin 1974, des élections libres sont organisées.
Au Portugal, en 1974, la révolution des œillets met fin à la dictature qui existait depuis les années 1930. Le MFA (Mouvement des Forces Armées) s’organise avec pour objectif la démocratisation, la décolonisation et le développement économique du pays. Avec le soutien de la population, le MFA organise un coup d’Etat. Une nouvelle constitution est établie en 1976. La démocratie parlementaire triomphe au Portugal.
En Espagne, le dictateur Franco, au pouvoir depuis 1939, meurt en 1975. Il désigne comme successeur l’héritier de la famille royale espagnole, Juan Carlos de Bourbon. Au lieu de poursuivre le régime dictatorial de Franco, Juan Carlos met en place une démocratie. En 1977, le pluralisme est rétabli et l’année suivante, une nouvelle constitution est adoptée.
Ces trois nouvelles démocraties méditerranéennes intègrent la CEE, respectivement en 1981 pour la Grèce et en 1986 pour l’Espagne et le Portugal. Ces nouvelles adhésions introduisent un problème qui va être récurrent au sein de la construction européenne : l’accroissement des disparités économiques existantes avec les membres fondateurs. Ces trois pays sont majoritairement agricoles et connaissent un niveau de développement inférieur aux pays de la CEE. Ex : En 1987, le Portugal a un PIB 25 fois moindre que celui de la France /De même, le PIB/hab de ces trois pays est entre 2 à 4,3 moins élevé que le PIB/hab français.
Suite à l’effondrement du mur de Berlin en 1989 et à la réunification de l’Allemagne en 1990, l’ex-RDA intègre la CEE.