Pour rappel, la guerre froide entraîne une bipolarisation, c’est-à-dire une division du monde entre le bloc communiste et le bloc occidental capitaliste. Ce terme de bipolarisation définit aussi l'état des relations internationales durant cette période, dominées par l'affrontement entre deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS, et de manière plus large, entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie.
I. Guerre froide et bipolarisation du monde
A. Le mur de Berlin
En 1949, La RDA et la RFA ont été fondées. L’Allemagne est désormais composée de deux pays relevant chacun d’une sphère d’influence antagoniste. De 1949 à 1961, près de 2,7 millions de citoyens quittent la RDA et Berlin-Est en passant par Berlin Ouest.
En septembre 1961, pour empêcher la poursuite de cette saignée démographique ainsi qu’une faillite économique, Khrouchtchev ordonne la construction du mur de Berlin. Ce mur devient le symbole de la guerre froide et du rideau de Fer. En 1963, le président américain John Fitzgerald Kennedy, en visite à Berlin, prononce son fameux discours qui se conclut par « Ich bin ein Berliner ». Il met en avant que le mur de Berlin est le signe de l’échec du communisme.
PPO 1962 : la crise des missiles de Cuba
En 1962, la crise de Cuba mène le monde au bord de la guerre nucléaire. L’URSS a en effet installé des missiles à tête nucléaire à Cuba dont le rayon d’action menace directement le territoire américain. Face à la menace d’une guerre nucléaire, l’URSS retire son armement de Cuba. Tout doit être fait pour éviter la guerre. La bombe atomique est pensée comme un facteur d'équilibre et de dissuasion. Raymond Aron, philosophe et historien, le résume sous la formule « paix impossible, guerre improbable ».
B. La guerre froide au cœur de la propagande et de la compétition spatiale
La propagande est un outil puissant durant la guerre froide. Elle se manifeste au travers d’affiches, de films (Docteur Folamour, Le rideau déchiré), de livres de fiction (James Bond), de comics (Captain America) et s’étend aux compétitions sportives. Le dopage devient institutionnel : tous les moyens sont bons pour gagner et donc prouver la supériorité d’un bloc sur l’autre.
La guerre froide trouve un nouveau terrain d’affrontement et de compétition dans la course à l’espace. Cette lutte pacifique repose sur l’envoi de satellites, de sondes spatiales et de vols habités dans l’espace. Au départ, l’URSS domine avec l’envoi du 1er satellite artificiel dans l’espace en 1957 (Spoutnik) et le 1er homme dans l’espace (Youri Gagarine) en 1961. Cependant cette compétition culmine lors de la victoire symbolique des Etats-Unis qui arrivent à envoyer les premiers hommes sur la Lune en 1969. La réussite des missions spatiales devient un enjeu important dans la rivalité culturelle, technologique et idéologique entre les deux pays. Dans ce cadre, la NASA est créée en 1958.
C. Course aux armements, équilibre de la terreur et détente
Durant la guerre froide, les deux grandes puissances s’arment à outrance : c’est la course aux armements dans l’optique de maintenir l’équilibre de la terreur. Celui-ci repose sur le postulat que si chacun des adversaires a des forces de représailles invulnérables, l'agresseur ne peut plus le vaincre ou le détruire sans craindre de subir le même sort en retour.
Le coût financier de cette course aux armements (et des programmes spatiaux) est particulièrement élevé. Durant l’ensemble de la guerre froide, les USA ont investi 10 000 milliards de dollars dans le domaine militaire. La mort de Staline en 1953 marque le début de la « coexistence pacifique » : les deux grandes puissances doivent pouvoir coexister sans provoquer de tensions. En 1972, les accords SALT I ont pour objectif de limiter l’arsenal d’armes stratégiques. La détente n’est cependant pas totale et des conflits ont toujours lieu à l’instar de la guerre du Vietnam.
PPO Les guerres d’Indochine et du Vietnam (1955-1975)
Il n’y eut pas une, mais deux guerres du Vietnam : Tout d’abord la guerre d’Indochine qui oppose la France à ses colonies de 1946 à 1954. La fédération Indochinoise est composée du Laos, du Cambodge et du Vietnam. La France, défaite, doit partir. Les accords de Genève de 1954 aboutissent à la partition du Vietnam en 2 Etats : la République démocratique du Vietnam et la République du Vietnam. La guerre d’Indochine aura fait plus de 500 000 victimes.
La guerre froide s’étend en Asie. Le président américain Eisenhower justifie la guerre du Vietnam qui débute en 1955 par la théorie des dominos. Il craint en effet que le Vietnam ne devienne communiste (à la suite de la Chine en 1949) et qu’il n’entraîne à sa suite l’Asie toute entière. Le conflit oppose la République démocratique du Vietnam, au Nord, soutenue par le bloc de l'Est et la Chine, et la République du Vietnam, au Sud, soutenue par les États-Unis et leurs alliés.
A partir de 1968, le conflit est dans l’impasse. Nixon et Kissinger se sont résignés à une victoire du Nord-Vietnam mais ils poursuivent le conflit dans l’optique de partir la tête haute. Cette guerre est de plus en plus impopulaire dans l'opinion publique américaine. Les accords de paix de Paris décident en 1973 du retrait militaire américain. La guerre du Vietnam se poursuit pourtant jusqu’en 1975. Pour les Vietnamiens, la guerre d’Indochine et la Guerre du Vietnam ne forment qu’un seul et même conflit. Le bilan est très lourd. En 30 ans, la guerre aura davantage touché les populations civiles que les militaires. On dénombre 2 millions de civils et 1 million deux-cent cinquante mille soldats vietnamiens tués. Du côté américain, le nombre de soldats ayant trouvé la mort au Vietnam s’élève à 58 000.
II. Les nouveaux États : des indépendances à leur affirmation sur la scène internationale
Les continents les plus touchés par la colonisation sont l’Afrique et l’Asie. Les deux plus grandes puissances coloniales au sortir de la seconde guerre mondiale sont le R-U et la France. La France accorde l’indépendance à ses colonies africaines relativement pacifiquement entre 1956 et 1962.
Cependant, deux guerres d’indépendance font rage entre la France et deux de ses colonies : la Guerre d’Algérie entre 1954 et 1962 et la guerre d’Indochine de 1946 à 1954. Ces deux conflits voient la défaite de la France et l’indépendance de ces territoires.
Le R-U quant à lui préfère une décolonisation concertée afin de conserver des relations politiques et économiques fortes avec ses anciennes colonies. Le Commonwealth, fondé en 1949 durant le processus de décolonisation, est une organisation intergouvernementale composée de 54 États membres qui sont presque tous d'anciens territoires de l'Empire britannique.
Les pays nouvellement indépendants se réunissent en 1955 à Bandung en Indonésie. Ils encouragent à une décolonisation rapide sous l’égide de l’ONU et condamnent la guerre froide qui les contraindrait à choisir un camp et donc à retomber dans une dépendance. Ils créent « les non-alignés ». On les connaît aussi sous le terme de « Tiers Monde ». A l’origine, il ne s’agissait ni d’une situation économique, ni d’un 3ème bloc dans le cadre de la guerre froide. Les non-alignés voulaient devenir « quelque chose » à l’instar du Tiers-Etat durant la Révolution française et être reconnus sur la scène internationale.
III. La Chine de Mao : l’affirmation d’un nouvel acteur international
Le 1er octobre 1949, suite à une guerre civile entre le parti nationaliste (Guomindang) et le parti communiste de Chine (PCC), les communistes arrivent au pouvoir en Chine. Mao Zedong devient le chef de l’Etat de la RPC (République Populaire de Chine). Seuls les pays communistes reconnaissent la RPC. Ainsi, la Chine se rapproche de l’URSS avec laquelle est signé un traité d’amitié en 1950. Celui-ci prévoit une coopération économique entre les deux pays. La RPC reçoit 300 millions de $ d’aide financière ainsi qu’une aide industrielle. Adoptant le modèle économique soviétique, la Chine se lance dans une industrialisation du pays axée sur l’industrie lourde.
Aux yeux de la RPC, l’URSS a failli dans sa volonté d’incarner le socialisme et la Révolution mondiale. La Chine se détache progressivement de l’URSS. Parallèlement, Mao Zedong veut que la Chine puisse « marcher sur ses deux jambes », c’est-à-dire se développe à la fois au travers de l’agriculture et de l’industrie : c’est le début du Grand Bond en avant en 1958. En 1961, le bilan s’élève à 30 millions de morts suite à des famines.
Afin de reconquérir son pouvoir, Mao Zedong lance en 1966 la Révolution culturelle. Il s’agit selon lui de briser les dérives bourgeoises des élites. Mao apparaît comme le héros d’une société égalitaire. Un culte de la personnalité se met en place autour de la figure de Mao et Le Petit Livre rouge, traduit en 36 langues, devient un outil de propagande.
La Chine obtient une reconnaissance internationale, y compris de la part de la France. En 1971, la RPC entre à l’ONU.
IV. Les conflits du Proche et du Moyen-Orient
A. La crise du canal de Suez 1956
Le président égyptien Gamal Abdel Nasser proclame le 26 juillet 1956 la nationalisation de la Compagnie du canal de Suez. Il souhaite en effet profiter des revenus de ce canal stratégique pour financer le barrage d’Assouan qui doit réguler le fleuve Nil. Cette régulation a pour objectif de répondre aux besoins de l’agriculture et de produire de l’électricité.
La crise du Suez naît de plusieurs facteurs :
Elle est déclenchée dans le contexte de la guerre froide et du rapprochement de l’Egypte avec l’Union Soviétique.
L’Égypte et Israël connaissent des tensions territoriales qui donnent lieu à des attaques et à des représailles.
L’Egypte interdit aux navires israéliens l’accès au canal de Suez et au golfe d’Akaba.
Le Royaume-Uni et la France, s’estiment lésés par la nationalisation du canal dont ils tirent un profit financier.
L’Égypte est un allié du mouvement de libération nationale algérien, ce que la France voit défavorablement dans le cadre de la guerre d’Algérie
La France, le R-U et Israël s’allient secrètement contre Nasser. Le 29 octobre 1956, l’armée israélienne envahit la bande de Gaza et le Sinaï égyptien avant d’atteindre la zone du canal ; Israël est suivie par la France et le Royaume-Uni qui bombardent l’Égypte dès le 31 octobre. Sous la pression de l’URSS et des États-Unis, ainsi que de l’ONU, les 3 pays doivent se retirer d’Egypte.
B. La guerre des six jours 1967
La guerre des Six Jours se déroule du lundi 5 au samedi 10 juin 1967 et oppose Israël à l'Égypte, à la Jordanie et à la Syrie. Cette guerre est présentée comme une attaque préventive par Israël qui est soutenue par les USA. L’objectif pratique est en réalité de s'affirmer comme la puissance dominante capable de négocier en position de force, en neutralisant au passage des capacités « stratégiques ».
En novembre 1967, l’ONU intervient au travers de la Résolution 242 du conseil de sécurité qui demande le retrait d’Israël des territoires occupés. Israël, qui a évacué unilatéralement la bande de Gaza en 2005, occupe depuis 50 ans la Cisjordanie et Jérusalem-Est, qu'il a annexée tout comme le Golan syrien.
C. La guerre du Kippour 1973
La guerre du Kippour oppose l’Egypte et la Syrie à Israël entre le 6 et le 24 octobre 1973. Les Égyptiens et les Syriens attaquent par surprise et simultanément durant le jeûne de Yom Kippour. Leurs attaques visent la péninsule du Sinaï et le plateau du Golan, territoires respectivement égyptien et syrien occupés par Israël depuis la guerre des Six Jours.
Le Conseil de sécurité des Nations unies, en coopération avec les deux superpuissances soviétique et américaine, demande un cessez-le-feu pour laisser place aux négociations. « L'accord au kilomètre 101 » signé le 11 novembre 1973 entre l'Égypte et Israël implique le retour aux positions du 22 octobre.
La paix n’est signée qu’en 1979 suite aux accords de Camp David.
Durant cette guerre, les pays de l’OPEP se mobilisent contre Israël et plus particulièrement contre les pays occidentaux qui soutiennent Israël. Ils décident d'une baisse de la production et d’un embargo sur les produits pétroliers. Le prix du baril de pétrole augmente du jour au lendemain de 70% : c’est le 1er choc pétrolier.