I. L’Union européenne, un espace plus ou moins ouvert sur le monde
A. L’Union Européenne, l’espace à l’intégration la plus aboutie
L’Union Européenne est l’organisation régionale au degré d’intégration le plus abouti au niveau mondial. Composée depuis le Brexit de 27 Etats européens qui représentent 6.9% de la population mondiale, l’Union Européenne est une association à la fois économique, politique et monétaire dans laquelle les Etats acceptent de déléguer une partie de leur souveraineté à des institutions communes. Depuis 1958, est instauré le marché unique qui ne repose pas seulement sur le libre-échange avec suppression des tarifs douaniers à l’intérieur de cet espace mais aussi sur la mise en place d’un tarif douanier commun à l’égard des pays tiers. Depuis le traité de Maastricht en 1992, 4 grandes libertés sont proclamées : la liberté de circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Les citoyens des Etats membres de l’UE ont la citoyenneté européenne, ce qui leur confère des droits politiques.
Décidé en 1992, le passage à la monnaie unique, l’Euro, a lieu le 1er janvier 2002. Sur les 27 pays de l’UE, 19 pays ont adopté cette monnaie unique. A ceux-ci s’ajoutent 4 micro-Etats et deux pays européens non-membres qui ont adopté l’Euro. En 2023, la Croatie devrait rejoindre la zone euro.
Entré en activité en 1995, l’espace Schengen permet la libre circulation des personnes et supprime les contrôles des voyageurs au sein de l’espace constitué par les 26 Etats membres ayant signé les accords. Ces 26 Etats sont constitués par 22 Etats de l’UE et 4 Etats associés non-membres de l’UE : l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. Les 5 Etats membres de l’UE ne faisant pas partie de l’espace Schengen sont l’Irlande, la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et Chypre. Les frontières extérieures de cet espace sont renforcées, notamment avec l’agence Frontex qui est l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes.
B. L’UE, une puissance économique
L’Union européenne à 27 est la 2ème puissance économique du monde après les Etats-Unis. En 2020, elle réalisait 17.9% du PIB mondial. En outre, l’UE est la seconde puissance commerciale au monde avec une balance commerciale excédentaire. Grâce à son marché intégré l’UE réalise en 2020 61% de ses échanges au sein de l’Union. Son marché intérieur de 447 millions d’individus en fait un géant économique.
Les principaux partenaires commerciaux de l’UE sont la Chine avec laquelle sa balance commerciale est déficitaire, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
L’UE renforce sa place dans le commerce mondial au travers d’accords bilatéraux. Depuis 2017, l’UE a des accords privilégiés avec le Canada dans le cadre de l’Accord économique et commercial global, connu sous l’acronyme CETA, qui entraîne la suppression de 99% des droits de douane entre les deux ensembles. A cela s’ajoute depuis 2019 le JEFTA, c’est-à-dire des accords de libre-échange entre le Japon et l’UE. Les Japonais peuvent exporter plus facilement leurs voitures vers l’UE tandis que l’UE profite de la suppression des droits de douane vers le Japon pour les vins, les fromages, la viande et les produits cosmétiques européens. De plus, depuis 2020, l’accord de libre-échange avec le Vietnam est entré en vigueur.
C. L’UE face à ses faiblesses
Cet espace unique au monde souffre cependant de faiblesses. L’élargissement rapide de l’UE avec l’intégration de 13 nouveaux pays entre 2004 et 2013 a compliqué le fonctionnement de l’Union. L’UE, face à la diversité des intérêts nationaux, a des difficultés à parler d’une même voix au niveau international, ce qui l’affaiblit au niveau diplomatique.
De même, se développe au sein des populations européennes un euroscepticisme qui se reflète dans les urnes et au travers du taux d’abstention au moment des élections européennes. Certains pays ont même des partis eurosceptiques au pouvoir tels l’Italie, la Hongrie ou la Pologne.
Les divisions européennes au moment de la crise des migrants en 2015, suivies en 2016, par le vote majoritaire des citoyens du Royaume-Uni pour la sortie de leur pays de l’Union Européenne semblaient sonner le glas du modèle européen.
Cependant, la crise du Covid a permis à l’UE de redynamiser et de renforcer leur cohésion : l’UE a mutualisé non seulement les commandes de matériel médical et de vaccins mais aussi la dette des Etats membres. De même, avec la guerre en Ukraine, l’UE a réussi à parler d’une seule et même voix face à la Russie. Cela s’est traduit par l’adoption de plusieurs paquets de sanctions, par la fourniture de matériels militaires à l’Ukraine et par l’accueil des réfugiés ukrainiens. Seul Viktor Orban, 1er ministre hongrois, dirigeant populiste qui promeut l’illibéralisme, s’est désolidarisé de certaines décisions de l’UE. Cette guerre aux portes de l’UE a aussi permis de relancer le projet de l’armée européenne de défense qui donnerait un Hard Power à une Union Européenne qui a uniquement privilégié jusqu’ici son Soft Power au nom de ses valeurs.
II. Des politiques européennes entre compétitivité et cohésion des territoires
A. l’UE, une puissance économique globale touchée par les disparités
Si l’UE est considérée comme un espace riche et développé, force est de constater que de nombreuses disparités existent en son sein.
Les 6 pays fondateurs de l’UE constituent la dorsale européenne. Cet espace est le cœur économique de l’Union avec les plus fortes densités de population, la présence des institutions européennes, des métropoles mondiales et le PIB le plus élevé.
Le Nord et l’Ouest de l’Europe, les plus développés, ont un indice de mondialisation élevé tandis que les pays méditerranéens et les pays d’Europe centrale sont moins intégrés à la mondialisation.
Ces pays d’Europe centrale cumulent les difficultés : leur PIB/hab est faible, de très loin inférieur à la moyenne de l’UE. Par exemple, le Luxembourg, le pays le plus riche de l’UE, a un PIB/hab en SPA 2,6 fois plus élevé que la moyenne européenne et presque 5 fois plus important que celui de la Bulgarie qui a le PIB/hab en SPA le plus faible de l’UE.
De même, le salaire minimum est faible dans cet ensemble en marge de l’UE. Il est en moyenne 2 à 3 fois plus faible qu’en France. Dans certains pays de l’Europe centrale, les inégalités sont fortes si l’on considère le coefficient de Gini.
L’UE est donc un ensemble où les disparités de richesse et de développement sont importantes, avec une Europe du Sud et centrale qui constituent un espace en marge quasiment ultrapériphérique.
B. Une politique de cohésion des territoires
Afin de pallier ces disparités de développement, l’UE a mis en place des politiques de cohésion des territoires au travers de 3 structures. Le FSE, Fond social européen, a été créé dès 1957 en lien avec le traité de Rome. Le développement de l’emploi est son objectif principal au travers de l’aide aux personnes ou aux entreprises. Le Fonds européen de développement régional ou FEDER est créé en 1975. Il vise à renforcer la cohésion économique et sociale au sein de l’Union européenne en corrigeant les déséquilibres régionaux. Ses fonds sont investis dans la construction d’infrastructures, dans le soutien aux initiatives locales et dans l’aide aux structures productives qui permettent le maintien des activités et de l’emploi. La dernière structure, le fonds de cohésion, est mise en place en 1994. Il est plus particulièrement destiné à aider les pays de l’UE qui ont un produit national brut (PNB) par habitant inférieur à 90 % de la moyenne communautaire. Il consacre ses investissements aux infrastructures de transport dont il peut financer jusqu’à 85% du montant.
Entre 2014 et 2020, 32.5% du budget communautaire a été consacré à la réduction des disparités et la cohésion des territoires. Les différentes régions des pays de l’UE sont réparties en 3 groupes selon leur besoin de développement. Les régions qui sont les récipiendaires des plus grands investissements sont celles qui réalisent un PIB inférieur à 75% de la moyenne communautaire. Viennent ensuite les régions qui ont un PIB compris entre 75 et 90% de la moyenne de l’UE. Les régions qui ont le moins besoin d’investissement sont celles dont le PIB dépasse les 90% de la moyenne communautaire.
Dans les régions plus développées, les enveloppes ont eu davantage tendance à être utilisées pour favoriser le développement de l’esprit d’entreprise, l’économie de la connaissance, tandis que dans les régions les plus en retard, les investissements se sont concentrés sur les infrastructures de base (transports, communication, énergie). Des débats agitent l’UE : doit-on continuer à aider les régions les plus développées ? Ces investissements de base dans les régions en marge ne confortent-ils pas la domination des régions les plus développées en maintenant cette division du travail ?
D’autres critiques émergent parmi les pays les plus riches de l’UE. En effet, entre les fonds qu’ils allouent à l’UE et les fonds qu’ils reçoivent, ils sont déficitaires. Un article du magazine hebdomadaire économique français Challenges publié en avril 2020 durant la crise du Covid dénonçait la dérive de l’UE qui devenait selon lui « de plus en plus une simple zone d'échanges économiques où les égoïsmes nationaux prennent à nouveau le dessus ».
C. Valoriser les atouts des territoires en Europe
Le budget de l’UE pour la période 2021-2027 a modifié ses orientations par rapport à la période précédente. Quasiment 35% du budget est dédié à la cohésion territoriale, soit une somme plus importante qu’en 2014-2020. Le budget consacré à la cohésion des territoires connaît un changement de destination. Les pays de l’Europe centrale voient la part d’investissement sur leur territoire se réduire parfois de 20% tandis que ceux à destination des pays méditerranéens augmentent : Espagne, Italie, Grèce, Malte, Chypre, Roumanie, Bulgarie. L’UE considère en effet que les investissements de la période 2014-2020 ont permis un rattrapage des pays de l’Europe centrale. De même, 32% du budget est dédié à la préservation des ressources naturelles et de l’environnement tandis que le 3ème poste d’investissement est consacré à la recherche, à l’innovation et aux investissements stratégiques.
Le secteur des transports est fondamental à la fois pour la cohésion de l’ensemble des territoires européens mais aussi au niveau économique. Il génère du travail pour 10.5 millions de personnes au travers d’1.2 million d’entreprises. Que ce soit pour moderniser les infrastructures ou investir dans de nouvelles lignes dans le réseau, l’UE investit dans le secteur des transports : lignes ferroviaires avec des LGV et des tunnels transfrontaliers, voies fluviales et route transeuropéenne reliant Barcelone à Oslo en passant par la France, le Luxembourg, l’Allemagne et le Danemark. Il est en effet nécessaire que la libre circulation des biens, des services et des personnes proclamées par le traité de Maastricht s’incarne dans les réseaux de transports. De même, l’accessibilité des territoires de l’UE est indispensable dans le cadre de la compétition et de la hiérarchisation des territoires, symbole de la mondialisation.
La zone de transport la plus dense correspond à la dorsale européenne avec la présence de corridors autour du couloir rhénan avec un axe Rhin-Alpes.