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Vocabulaire à maîtriser :
Multifonctionnalité : espace dans lequel différentes fonctions se côtoient, c’est-à-dire différentes modalités d’habiter l’espace et d’y produire.
Fragmentation : perte de cohésion des unités plus petites qui composent un espace
Périurbanisation : extension des surfaces artificialisées en périphéries des agglomérations urbaines. Développement des banlieues et des zones périphériques lointaines. Etalement urbain.
I. La fragmentation des espaces ruraux
A. L’importance des espaces ruraux dans le monde
Si la population rurale augmente, atteignant 3,4 milliards d’habitants en 2019, son poids dans la population mondiale diminue. Depuis 2007, il y a plus d’urbains (56%) que de ruraux dans le monde (44%). La croissance de la population rurale est à imputer à l’Afrique subsaharienne et à l’Asie du Sud. En effet, dans les pays développés et les pays émergents, la population rurale diminue.
Les régions les plus développées ont une très faible part de leur population active travaillant dans l’agriculture, inférieure à 5%, grâce à une modernisation de l’agriculture reposant sur une très forte mécanisation. Dans les pays dits du Sud, les agriculteurs occupent une part plus importante de la population, celle-ci atteignant jusqu’à 70% dans les PMA (Pays les Moins Avancés).
Ce poids de l’agriculture dans le PIB des pays rejoint leur niveau de développement. Plus un pays est développé, moins la somme des richesses produites par l’agriculture dans le PIB national est importante, et inversement.
Dans les pays développés, l’agriculture est dite intensive. Ses rendements sont élevés grâce à une forte mécanisation qui implique un faible besoin de main d’œuvre, une irrigation performante, l’utilisation massif d’intrants (pesticides, engrais chimiques) et la sélection végétale et animale. L’agrobusiness est le modèle économique agricole (Ensemble des activités économiques de production, de transformation et de commercialisation des produits de l'agriculture intensive, fortement mécanisée et caractérisée par de hauts rendements).
Dans les pays dits du Sud, et plus particulièrement dans les PMA, l’agriculture est vivrière c’est à dire essentiellement tournée vers l'autoconsommation et l'économie de subsistance. Les rendements sont faibles, s’accompagnant parfois de sous-alimentation. Les Etats investissent peu dans l’agriculture. Ce type d’agriculture se retrouve principalement en Afrique subsaharienne, en Asie de l’Est et du Sud, et en Amérique du Sud. Cette agriculture vivrière représente environ 20 % de la production alimentaire mondiale. En Afrique, l’agriculture représente pourtant 65 % de l’emploi et 75 % du commerce intérieur.
Les pays émergents voient leurs rendements augmenter grâce aux fronts pionniers et au recours à l’irrigation, ainsi qu’à une intensification des cultures.
B. Recomposition des espaces ruraux liée aux grands enjeux mondiaux
Face à l’augmentation prévisible de la population mondiale qui devrait atteindre 9,5 milliards d’habitants en 2050, il est nécessaire d’augmenter la production agricole de 70%. L’enjeu sera de produire tout en répondant aux exigences du développement durable (développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs). En effet, les méthodes de production de l’agriculture à hauts rendements polluent les sols et les nappes phréatiques, salinisent les sols et sont responsables d’une déforestation massive. L’agriculture doit devenir durable (voir schéma), voire biologique.
Face aux différents scandales alimentaires, les consommateurs sont à la recherche de produits plus sûrs. Les labels fleurissent tels les AOP et les AOC. Les consommateurs sont aussi sensibles à une production plus responsable, notamment au niveau social. Les produits issus du commerce équitable se diversifient dans les rayons (échange économique où la partie la plus puissante s'engage à respecter les intérêts de la partie la plus défavorisée).
II. Affirmation des fonctions non agricoles et conflits d’usage dans les espaces ruraux
A. Des espaces ruraux de plus en plus dépendants de la ville
La croissance urbaine dans les pays développés (principalement en Europe et en Amérique du Nord) entraîne une extension des surfaces urbaines au détriment de l’espace rural. Les espaces ruraux ont des limites de plus en plus floues, et connaissent pour certains une dépendance marquée à l’urbain. Les paysages sont transformés au travers des fronts urbains (extension linéaire des périphéries urbaines) et du mitage (implantation d'édifices dispersés dans un paysage naturel lié à l’étalement urbain). La ruralité est d’autant plus marquée que l’on s’éloigne de la ville.
Les citadins recherchent de plus en plus un cadre de vie plus naturel, tout en gardant pour la plupart un mode de vie urbain, d’autant plus s’ils continuent à travailler en ville en pratiquant la migration pendulaire (déplacement journalier de la population des grands centres urbains entre les lieux de domiciles et les lieux de travail). Ce phénomène des néo- ruraux est ancien, débutant dans les années 70 et s’amplifiant depuis les années 90.
B. Affirmation des fonctions non agricoles et multiplication des conflits d’usage
La dissociation entre espaces ruraux et espaces agricoles s’intensifie. Aujourd’hui, on note une affirmation non agricole des espaces ruraux et une multifonctionnalité. Les espaces ruraux ont une fonction résidentielle qui fait vivre une économie résidentielle. Les pays dits du Nord constatent d’ailleurs une renaissance rurale depuis les années 2000. A ces fonctions résidentielles, s’ajoute le renouveau de l’industrie rurale (phénomène historique ancien) et surtout une tertiarisation de l’économie avec le développement d’un tourisme rural.
Cette multifonctionnalité de l’espace rural est à l’origine de nombreux conflits de voisinage, notamment avec les néo-ruraux et les touristes urbains. D’autant plus que l’agriculture, qui est l’activité primaire depuis des millénaires et transforme les paysages, est devenue minoritaire en terme d'emploi, d'impact économique bien qu’elle soit majoritaire en terme d'occupation des sols.
A cela s’ajoute des conflits d’usage pour les terres ou l’eau. La multifonctionnalité des espaces ruraux ainsi que l’augmentation du nombre de ruraux entraînent une concurrence pour l’accès à l’eau. Ex : En Espagne avec la concurrence entre irrigation et besoins en eau liés au tourisme. Ces conflits face à l’eau ne sont pas seulement locaux ou nationaux mais dépassent aussi les frontières, à l’exemple du partage des eaux du Colorado entre les USA et le Mexique.
L’autre enjeu majeur a trait à la pression foncière sur les terres agricoles. De nombreux Etats recourent au Land grabbing afin d’assurer leur sécurité alimentaire tandis que les multinationales recherchent une augmentation de leurs bénéfices (ou « accaparement des terres », est une prise de contrôle du secteur agricole d'un pays par des investisseurs d'un autre pays).
L’accaparement des terres se fait aux dépends des pays dits du Sud et particulièrement des PMA et surtout aux dépends des populations déjà pauvres et fragilisées. Les pays investisseurs sont des pays développés ou des pays qui ont des difficultés de production agricole face aux contraintes naturelles de leur sol (déserts, reliefs, etc…).
Etude de cas
L’agro-tourisme en France
La part des emplois agricoles ne cesse de se réduire en France puisqu’elle passe de 5% des actifs en 1991 à 2,6% en 2018. La multifonctionnalité des espaces ruraux voit le développement du tourisme rural. Celui-ci représente près d'un tiers de la fréquentation touristique française et de nombreux efforts sont faits pour diversifier les offres, que ce soit par le biais de grandes plateformes telle Airbnb ou par des initiatives nationales et locales.
Le développement des offres de tourisme à la ferme permet à la fois de valoriser le patrimoine mais aussi d’assurer un complément de revenu aux agriculteurs : vente directe des produits fermier, visite d’une exploitation, la participation à un atelier ou l’hébergement, etc…
En outremer, le tourisme rural se développe au travers de la mise en valeur des productions agricoles locales comme la vanille à La Réunion ou le rhum aux Antilles. En Guadeloupe et en Martinique, le spiritourisme se développe. On dénombre aujourd’hui plus de 600 000 visites des distilleries et site de production.