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Vocabulaire à maîtriser :
Libertés fondamentales : ensemble de droits et libertés ayant un caractère essentiel pour l'individu
Laïcité : principe de séparation dans l'État de la société civile et de la société religieuse et neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses
Antisémitisme : Doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires.
Colonisation : Occupation, exploitation, mise en tutelle d'un territoire par les ressortissants d'une métropole.
I. L’unification de la nation autour des valeurs de 1789
a) De nouvelles libertés
Une succession de loi votée sous la 3ème République et s’appuyant sur les principes de la Révolution françaises permettent le développement des libertés. Elles se fondent sur la liberté de pensée, d’expression et de communication. Il s'agit de la liberté de la presse (1881), la liberté syndicale (1884) et la liberté d'association (1901).
b) Former des républicains
1. Le service militaire
"L'armée est la grande école du pays !". Le service militaire obligatoire pour tous les citoyens français âgés de vingt à quarante ans est mis en place dès 1871. Cette réforme est décidée en réaction de la défaite de Sedan, ainsi que du besoin de fédérer les français autour du nouveau régime républicain. Le patriotisme (voire le nationalisme) ainsi que le sens du devoir et du sacrifice sont les valeurs inculquées aux jeunes appelés. Le service militaire devient un phénomène social qui concerne un jeune français sur deux.
De 1889 à 1905, des réformes sont introduites afin d'instaurer une meilleure égalité entre les citoyens : fin du tirage au sort et durée du service identique pour tous (2 ans).
2. L’école publique
Au travers des lois de 1881 et de 1882, Jules Ferry met en place l'école gratuite, laïque et obligatoire pour les deux sexes de 6 ans à 13 ans. Désormais, l'instruction religieuse est à la charge des familles en dehors du temps scolaire. Celle-ci est remplacée à l'école par les cours de morale. Le nouveau Dieu des écoliers : la République ! L'instruction est indispensable dans le cadre d'un élargissement du corps électoral mis en place par l'introduction du suffrage universel masculin de 1848. Les citoyens doivent pouvoir décider en conscience sans l'influence du clergé, considéré comme l'ennemi du régime républicain.
c) Des oppositions internes
1. La séparation des Eglises et de l’Etat
La loi de séparation des Eglises et de l'Etat, signée en 1905, ne vise pas spécifiquement la religion catholique mais l'ensemble des religions. C'en est fini du Concordat signé sous Napoléon en 1801. Cette loi affirme la liberté de conscience et maintient la liberté de culte. L'Etat respecte une stricte neutralité vis à vis de l'ensemble des religions et tous les citoyens sont égaux devant la Loi quelle que soit leur religion.
Cependant, cette loi de séparation des Eglises et de l'Etat affirme que l'ensemble des lieux de culte ainsi que leurs mobiliers sont désormais propriété de l'Etat. Lorsque les inventaires de biens débutent, certaines communautés, appuyées par la papauté, s'opposent à ceux-ci. Le gouvernement se résigne à considérer en 1907 que le curé est bien l'occupant de son église, même s'il est occupant sans titre.
La loi de 1905 du pays est violemment dénoncée. L'extrême droite crie à la persécution tandis que l'extrême gauche considère qu'elle ne va pas assez loin. Au final, cette loi entérine une laïcisation qui n'a fait que progresser depuis la Révolution française.
2. L’affaire Dreyfus
Suite à la découverte de la trahison d'un officier français qui transmet des renseignements confidentiels à l'attaché militaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, le capitaine Dreyfus, juif, est accusé de cet acte. Celui-ci est reconnu coupable et condamné à la déportation en 1894. Le véritable coupable, le commandant Esterhazy, est démasqué. Cependant, afin de sauver l'honneur, l'armée française fabrique des faux accusant Alfred Dreyfus.
Emile Zola (1840-1902), écrivain et journaliste français, révolté par cette injustice, adresse une lettre ouverte au président de la République en 1898 parue dans le journal L'Aurore dans laquelle il dénonce le complot et les mensonges entourant cette affaire. Comme prévu, il est poursuivi en justice pour diffamation, ce qui lui permet d'exposer les faits et la vérité. Cette affaire se transforme alors en véritable crise morale et politique où l'antisémitisme de la société française se dévoile (haine et discrimination envers les juifs). Ce n'est qu'en 1906 que Dreyfus est réhabilité par le gouvernement.
II. La course aux colonies
a) l ’expansion coloniale française
Si le Royaume-Uni, l'Espagne et le Portugal dominent la conquête coloniale en 1815, ce n'est plus le cas un siècle plus tard. En 1914, les deux grands empires coloniaux européens sont aux mains du Royaume-Uni et de la France. Chacun de ces Etats affirme l'importance vitale de la colonisation pour le maintien et le développement de sa puissance politique, économique et commerciale, ainsi que pour son influence mondiale. Georges Orwell écrit en 1937 que l’Angleterre serait réduite à « une petite île froide et dépourvue d’importance » si elle venait à être privée de son empire. La IIIème République tient d'autant plus à sa politique coloniale qu'il est nécessaire de compenser la défaite de Sedan et la perte de l'Alsace-Lorraine.
En 1830, Charles X lance la France à la conquête de l'Algérie. L’Algérie deviendra une colonie mixte, avec une population européenne numériquement minoritaire et dépendante économiquement d’une main d’œuvre indigène. En 1848, l'Algérie est divisée en 5 départements.
La colonisation de l’Algérie s’accompagne de la confiscation d’une partie des terres appartenant aux populations locales au profit de l’Etat français et des colons. (environ 7 millions d’hectares de terres agricoles) et de nombreux avantages fiscaux et financiers afin d'encourager au peuplement français de l'Algérie.
b) Les débats autour de la colonisation
Jules Ferry, président du conseil, prononce un discours à la chambre des députés en 1885 résumant la position de l'Etat français face à la colonisation. Après avoir évoqué le devoir civilisateur des européens auprès des populations coloniales considérées comme inférieures, Jules Ferry énonce les véritables motifs de colonisation : trouver des débouchés aux industries françaises, s'assurer de bases navales sur l'ensemble du globe, augmenter le prestige et l'importance du rayonnement français dans le monde. De même, à ses yeux, renoncer à la colonisation c'est permettre aux autres nations de coloniser et d'accroître leur puissance face à la France.
Georges Clémenceau répond à Jules Ferry en remettant en cause la prétendue supériorité de l'Homme blanc et souligne le caractère inhumain de la colonisation. Cette condamnation est loin d'être unanime...
Si Rudyard Kipling évoque en 1899 le fardeau de l'Homme Blanc dans un célèbre poème, le secrétaire des Nations Unies évoque quant à lui dans les années 1960 le fardeau de l'Homme blanc que les peuples colonisés ont dû porter.
III. Le fonctionnement des sociétés coloniales
a) Une colonisation civilisatrice ?
Selon Marc Ferro, la France se présente comme le pays qui apporte à des sociétés moins avancées le concours des Lumières, du développement scientifique et technique. Elle est la nation qui libère des peuples de l’oppression (Cf. les Égyptiens libérés de la domination ottomane).
La plupart des puissances coloniales s’enorgueillissent de « l’œuvre scolaire », accomplie dans leurs empires respectifs. L’enseignement apparaît comme l’un des leviers de transformation des sociétés colonisées par les pouvoirs coloniaux. Cependant, si l'école permet de légitimer les métropoles, celles-ci se méfient : elles craignent que des élites indigènes émergent. Aux yeux des empires coloniaux, il est indispensable de maintenir les indigènes dans une situation de subordination et de ralentir un exode rural.
b) Rapports à l’autre
En 1881 est promulgué le code de l'indigénat. Celui-ci institutionnalise l'infériorité raciale, religieuse, politique et économique des populations colonisées tout en organisant leur domination, leur contrôle et leur répression. Une ségrégation raciale vise à limiter au maximum la « contamination » des Européens au contact des « indigènes ». Les françaises installées dans les colonies doivent quant à elles faire de nombreux enfants et donner l'exemple de bonnes mères, de bonnes épouses.
D'abord instauré en Algérie, le code de l'indigénat est étendu aux autres colonies. Selon Gustave de Molinari en 1909, l'indigénat est "un système de répression qui, sous prétexte de discipline, frappe l’indigène dans sa liberté, dans sa fortune, dans ses droits les plus essentiels".
Les unions mixtes inspirent à la fois du mépris mais aussi de l'inquiétude face à une possible "contamination" raciale et religieuses.