A. L’environnement : une construction historique, sociale et politique
Le terme d’environnement désigne les relations d'interdépendance complexes existant entre l'homme, les sociétés et les composantes physiques, chimiques (biologiques) d'une nature anthropisée (transformée par l'homme).
Jusqu’au XXème siècle, la nature est considérée comme une matière à exploiter, une ressource à mettre au service des besoins humains et particulièrement de l’industrialisation. L’homme se conçoit comme le maître et le possesseur de la nature. Depuis, notre vision a évolué en même temps que les dégradations auxquelles nous soumettons notre environnement. Désormais, selon l’anthropologue français Philippe Descola, l’homme est vu non seulement comme une partie intégrante de la nature mais aussi comme un vivant parmi les autres.
En France, le discours du président Georges Pompidou à Chicago en 1970, reflète la prise de conscience des destructions de la nature causées par l’action de l’homme et leur corolaire, la mise en danger de l’habitat de l’espèce humaine. En 1971, il crée le ministère de la Protection de la nature et de l'environnement. Il est compétent dans le domaine des établissements dangereux et insalubres, de la chasse et de la pêche, des parcs nationaux, de la protection des monuments et des sites naturels. Sa mission : préserver les espaces naturels. En 2020, le ministère en charge de l’environnement se nomme « ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires ». Cette différenciation d’appellation souligne la conviction actuelle selon laquelle les technologies apporteront la solution au changement climatique et permettront de sauvegarder l’environnement.
La prise de conscience est mondiale mais débute dès la fin de la seconde guerre mondiale par le souci porté à la disparition des espèces animales et la nécessité de protéger les espèces en danger. En 1961, l’une des premières ONG est créée dans ce cadre : le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Le droit international de l'environnement émerge et se développe à la suite des grands sommets internationaux, le premier du genre étant la Conférence des Nations unies sur l'environnement qui se réunit en 1972 à Stockholm. Au cours des années 1980, la prise de conscience mondiale des problèmes environnementaux aboutit à l’idée d’une gouvernance mondiale de l'environnement qui inclurait non seulement les Etats mais aussi les pouvoirs locaux, les scientifiques, les entreprises, les membres de la société civiles et les associations. En 1987, sous l’impulsion de la Commission des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement, le Rapport Brundtland définit un nouveau concept : le développement durable. Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins. Les contraintes environnementales, sociales et économique sont les 3 piliers sur lesquels reposent ce développement sur le long terme. Aujourd’hui, les nations se réunissent chaque année lors de COP dont la plus marquante est celle de Paris en 2015 lors de la COP 21.
B. Un regard sur l’histoire de l’environnement
Les sciences humaines commencent à s’intéresser à l’environnement dans les années 1960 à la suite de l'émergence des inquiétudes de la population à l'égard de la contamination causée par l'industrialisation et la surexploitation de la nature. Des mouvements écologistes et environnementalistes interviennent alors sur la scène médiatique pour publiciser ces enjeux dans la société. En parallèle, des législations concernant l'usage de la nature apparaissent.
Une histoire de l’environnement émerge alors aux Etats-Unis dès 1969 autour de l’historien américain Roderick Nash. Il publie en 1972 un article qui marque le début des études sur l’histoire environnementale : « American environmental history : a new teaching frontier ». Il y souligne que pour survivre, l’homme doit ménager la nature. Donald Worster, lui aussi historien américain, met quant à lui en accusation le capitalisme dans la dégradation de l’environnement.
L’histoire environnementale caractérise l’étude des interrelations et des interactions entre l'homme et son environnement. Cette histoire environnementale vise 3 objectifs :
· Réintroduire la nature dans l'histoire ;
· Etudier l'impact de l'homme sur l'environnement,
· Etudier l'impact de l'environnement sur l'homme
Dans la seconde moitié des années 1980, de nouveaux objets d’étude apparaissent dans cette histoire environnementale : la disparition des ressources en poisson, la pollution de l’air, les conséquences de l’expansion des banlieues, etc…. Mais il faut attendre la fin du XXème siècle pour que la question de l’urbanisation apparaisse dans les débats autour de l’histoire environnementale : l’artificialisation de sols, la pollution deviennent des sujets d’étude.
Le cinéma et la science-fiction relaient et amplifient ces inquiétudes environnementales en prédisant un futur apocalyptique façonné par la société au travers de ses agressions constantes envers les animaux et les territoires.