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Les fluctuations climatiques et leurs effets : l’évolution du climat en Europe du Moyen Âge au XIXe siècle
Les fluctuations climatiques et leurs effets : l’évolution du climat en Europe du Moyen Âge au XIXe siècle
La terre a connu de nombreuses variations climatiques depuis sa création. Variation climatique : évolution du climat due à des causes naturelles, astronomiques ou géophysiques. On note par exemple deux âges glaciaires durant la période préhistorique : la période glaciaire de Riss (200 000 à 130 000 avant notre ère) et la période glaciaire de Würm (115 000 à 11 700 avant notre ère). Un réchauffement global des températures débute alors qui transforme les sociétés : l’agriculture apparaît engendrant un boom démographique. Entre 10 000 avant J-C et l’an 1, l’humanité passe de 8 millions d’individus à 200 millions.
Au Moyen-âge et à l’époque moderne, l’Europe a connu deux épisodes climatiques particuliers à l’intérieur du réchauffement général qui touche le monde : le petit optimum médiéval et le petit âge glaciaire.
De 900 à 1300, il y a un relatif réchauffement de l’atmosphère qui permet de meilleures récoltes, un accroissement de la population qui est mieux nourrie et ainsi la nécessité de défricher davantage dans l’optique d’étendre la surface des terres cultivables. On passe de 26 millions d’hectares boisés en l’an mil à seulement 13 millions d’hectares en 1300, soit une surface forestière divisée par deux en 300 ans.
Immédiatement à la suite de ce petit optimum médiéval, apparaît le petit âge glaciaire. Il se caractérise par une série d’hivers rudes et très neigeux et par des étés souvent pourris qui compromettent les récoltes. C’est la fin du beau Moyen Âge. Ce changement climatique est le résultat d‘une éruption volcanique d’une rare intensité entre 1257 et 1258 qui a lieu en Indonésie. Les récits des contemporains, tel l’abbé de Saint-Martin de Tournai en 1316, décrivent les maux qui affligent les populations : les mauvaises récoltes entraînent des disettes voire des famines qui accroissent encore les souffrances dues aux guerres et aux pestes. La mortalité atteint des pics lors d’épisodes particulièrement malheureux. « Dieu nous a abandonnés » écrit un moine à Amsterdam en 1572. La religion, qui est au cœur des sociétés occidentales et qui rythme la vie des fidèles, est impuissante à « sauver » les chrétiens des famines et des duretés du climat. Pour l’historien allemand Philipp Blom, « une génération de pionniers intellectuels commença à découpler la nature de la Création » aboutissant au XVIIIème siècle au mouvement des Lumières. Ce petit âge glaciaire s’étend jusqu’au milieu du XIXème siècle. L’hiver 1709 reste tristement dans les mémoires : le vin gèle sur la table du roi tandis que la famine fait des ravages. 1 800 000 personnes seraient mortes en 1709-1710, soit près de 8 % de la population de la France de l’époque. Des mesures sont mises en place par les rois pour limiter l’impact de ces épisodes de crises frumentaires, qu’ils soient liés au froid ou à la canicule. Pour l’hiver 1709, on peut citer la commission chapeautée par D’Aguesseau.
Les glaciers gagnent du terrain sur l’ensemble de la période de ce petit âge glaciaire : le glacier d’Aletsch dans les Alpes suisses avance à raison de 40 mètres par an. Emmanuel Le Roy Ladurie, historien français qui a retracé l’histoire du climat (« Les fluctuations du climat de l’an mil à aujourd’hui », 2011), met en évidence un petit âge glaciaire plus intense entre 1812 et 1817. Les glaciers, notamment ceux de Grindelwald et de Chamonix, s’étendent. Selon lui, le petit âge glaciaire ne s’efface qu’à partir de 1853, entraînant le recul progressif des glaciers alpins à partir de 1860. La Mer de glace rétrécit de près d’un kilomètre jusqu’en 1880.
Ces périodes de crises frumentaires peuvent provoquer des épisodes historiques : les mauvaises récoltes des années précédant 1789 participent au mécontentement envers le pouvoir et à une rupture du contrat moral entre le roi et son peuple qui joueront un rôle dans le déclenchement de la Révolution française.