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Exploiter et protéger une ressource « naturelle » : la forêt française depuis Colbert
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Une grande période de défrichement a lieu en Europe après l’an mil. La population européenne augmente régulièrement et il est nécessaire de trouver de nouvelles terres à cultiver afin de nourrir la population. On assite à un recul généralisé de la forêt en Occident.
En 1346, le roi Philippe VI fait paraître l'ordonnance de Brunoy. L’objectif est de ne plus accorder de droits d'usage dans les forêts du domaine royal. Les agents des eaux et forêts doivent veiller à garder la forêt perpétuellement en bon état. Cette ordonnance est le premier texte qui instaure une protection de l’espace naturel. Au cours du XIVème siècle, la superficie forestière du royaume de France augmente : de 13 millions d’hectares en 1300, la superficie forestière atteint 22 millions d’hectares en 1450.
Cependant, passé ce cap, les défrichements reprennent de manière massive. Au XVIIème siècle, la forêt s'étend alors sur environ 13 millions hectares. Colbert, Contrôleur général des finances (1665-1683) puis Secrétaire d'État de la Marine (1669-1683) s’inquiète des besoins pérennes en bois du royaume de France et entreprend un effort législatif. Il fait paraître une Ordonnance royale en 1669 « sur le fait des Eaux et Forêts ». A ses yeux, la forêt est en effet « un trésor qu'il faut soigneusement conserver ». Il affirme même que « La France périra faute de bois ».
Colbert est en effet conscient de l’intérêt vital de la forêt, non pas tant dans l’esprit d’une conservation du milieu et de la protection de l’environnement, mais dans le cadre de l’indépendance nécessaire du Royaume dans ses ressources en bois…pour les besoins des chantiers navals. La France doit alors importer du bois de chêne d’Italie et d’Albanie et du pin d’Europe du Nord. Colbert décide alors de réorganiser toute la filière, de la culture du chêne aux chantiers navals. En 1677, la Marine est en possession de 300 vaisseaux et galères. L’ordonnance de 1669 instaure « un bon usage » de la forêt et interdit la présence de chèvres et moutons qui dévorent les jeunes pousses d’arbres. Ces règles instaurent une planification forestière sur 100 ans et sont considérées comme le premier pas vers un aménagement du territoire. Cependant, l’ordonnance de 1669, connue sous le nom de « Grande réformation » ne freine pas le recul de l’espace boisé.
La Révolution poursuit et achève les derniers défrichements. La liberté de coupe est restaurée par une loi de 1791 et les Français se servent librement dans les futaies. Le massif forestier s'en trouve réduit de 500 000 hectares. En 1827, l’espace forestier atteint 7.5 millions d’hectares, soit sa superficie la plus réduite jamais constatée. En conséquence, en 1827, Charles X met en place un nouveau code forestier. Trois ans auparavant, en 1824, l’École nationale des eaux et forêts (école forestière fondée à Nancy) est créée sous l’appellation École royale forestière. Une bonne gestion de l’espace forestier est d’autant plus nécessaire que les besoins en bois dans le cadre de la révolution industrielle sont très importants.
Napoléon III œuvre aussi pour le reboisement du territoire. C’est sous son règne que le massif forestier des Landes de Gascogne est constitué. Celui-ci est le plus grand de France et l’un des plus grands d’Europe. La loi du 19 juin 1857 oblige communes et propriétaires à assainir et ensemencer les Landes qui était ensablées et marécageuses. Le paludisme recule en même temps que les espaces marécageux. Exploités à l’époque pour leur résine, la forêt des Landes est aujourd’hui exploitée pour son bois.
Depuis 1827, la superficie forestière est en constante augmentation en France. En 2018, elle atteignait 16.8 millions d’hectares. 31% du territoire métropolitain est désormais occupé par la forêt. L’industrie du bois exploite ces espaces pour le bois d’œuvre, les besoins industriels ou la production d’énergie. La filière bois emploie actuellement 440 000 personnes.
Au niveau mondial, les forêts couvrent 31% de la surface terrestre avec 4 milliards d’hectares. Inégalement réparties, cinq pays concentrent à eux seuls plus de la moitié des forêts de la planète : Russie, Brésil, Canada, États-Unis et Chine. La superficie forestière mondiale est cependant en baisse, principalement en Afrique et en Amérique du Sud.