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Venise, entre valorisation touristique et protection du patrimoine
Venise, entre valorisation touristique et protection du patrimoine
Venise ne sera pas inscrite au patrimoine mondial en péril : le gouvernement italien félicite de la décision de l'Unesco, France Info, 15 septembre 2023
Surtourisme en Italie : Venise maintient son système d'entrée payante pour une période étendue en 2025, France Info, 11 février 2025
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A. Présentation
Située au Nord-Est de l’Italie, au bord de l’Adriatique, Venise est l’une des villes emblématiques de la péninsule. La Sérénissime est fondée au Vème siècle et étend son emprise sur la Méditerranée tout au long du Moyen-âge au travers de sa maîtrise des routes commerciales, qui lui assurent sa prospérité. Considérée comme la ville des amoureux, la ville de Venise et sa lagune composée de 118 îlots sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987. Son développement économique est assuré aujourd’hui par le tourisme : 30 millions de touristes viennent visiter Venise chaque année. Mais les nuisances liées à ce tourisme de masse sont nombreuses et s’ajoutent à un péril inquiétant : la montée des eaux. D'ici à 2100, le niveau de l'Adriatique augmentera entre 44 et 76 cm. Ce danger est d’autant plus fort que la lagune s’enfonce et que les fondations des bâtiments sont rongées par l’eau. La ville s’enfonce chaque année de 2 mm. En novembre 2019, 85 % de la ville de Venise est submergée par une inondation provoquée par une forte marée. Depuis 2009, ces acque alte dépassant plus de 1,5 mètre se sont multipliées au point de devenir communes. L’existence même de Venise est menacée à terme.
B. Protéger Venise des menaces liées à la montée des eaux et au tourisme de masse
En 2020, le projet MOSE, lancé en 2003, est mis en service. Ce module expérimental électromécanique fonctionne avec des digues fixées au fond des embouchures de la lagune. Celles-ci se soulèvent en cas de marée exceptionnelle, empêchant ainsi l’eau de rentrer dans la lagune. Si ce système doit protéger Venise des inondations, il coûte cher. Chaque utilisation a un coût compris entre 150 000 et 300 000 euros (électricité et salaires). De plus, lorsque le système est activé, les eaux usées rejetées dans la lagune se retrouvent bloquées.
Ce projet présente aussi de graves risques environnementaux pour les marais d’eau salée de la lagune. L’utilisation des digues pourraient réduire de 25 % l’apport annuel en sédiments aux plantes des marais ce qui emporteraient les terres et les rives lagunaires existantes. Enfin, ce système MOSE est insuffisant si l’on prend en considération le fait que Venise s’enfonce en parallèle des inondations. Des solutions complémentaires doivent donc être envisagées afin de sauver la ville.
Les mesures de protection sont donc insuffisantes et en 2021, Venise a failli être placée sur la liste du patrimoine en péril de l’UNESCO. Cette inscription était redoutée car à double tranchant : une aide financière aurait été accordée pour aider à la préservation mais cela aurait signifié aux yeux du monde que Venise et l’Etat italien n’étaient pas en capacité de sauver leur patrimoine. Surtout, l’UNESCO aurait pu lui retirer son inscription sur la liste du patrimoine mondial. Ainsi, les paquebots qui déversent chaque jour des milliers de touristes et dont les déplacements génèrent des vagues qui rongent les fondations, ne pourront plus faire de halte dans le bassin bordant la place Saint-Marc ni emprunter le canal de la Giudecca. Ils seront désormais contraints d’accoster dans le port industriel de Marghera. Cette interdiction ne concerne cependant que les bateaux de plus de 25.000 tonnes de jauge brute et de plus de 180 mètres de long, autorisant les navires de croisière transportant jusqu’à 200 passagers à emprunter l’itinéraire traditionnel.
Le flot de touristes qui se déverse sur Venise est considérable. Aujourd’hui, le nombre de touristes journalier dépasse le nombre de locaux. Ceux-ci ont du mal à se déplacer entre encombrements et transports publics surchargés. Le coût foncier a fortement augmenté, ce qui pousse les vénitiens à déménager. Des taxes sont mises en place afin de réduire ce tourisme d’un jour et d’inciter les visiteurs à rester plusieurs jours à Venise. Il faut dorénavant réserver et payer 5 euros pour pouvoir passer les portiques installés à l’entrée du centre historique. Cinq cents caméras ont été installées dans la ville afin de comptabiliser le nombre de personnes dans la rue dans l’optique de fluidifier les déplacements.
En somme, Venise souffre d’un problème structurel accru par la surexploitation touristique dépassant la capacité d’accueil et entraînant des dégradations nuisant à la pérennité du site.