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La question patrimoniale au Mali
La question patrimoniale au Mali
A. Un patrimoine ancien
L’Empire du Mali est le 1er des grands empires musulmans d’Afrique occidentale qui contrôla du XIIIème au début du XVème siècle une région incluant le Mali actuel jusqu’au Sénégal en passant par la Guinée. Avec cet accès sur l’Atlantique, l’Empire du Mali s’enrichit au travers des activités commerciales (principalement du sel, de l’or, du bétail et des céréales) qui dépassent largement ses frontières. Sa renommée s’étend jusqu’en Europe dans la mesure où un atlas offert au XIVème siècle par le roi d’Aragon au roi de France Charles V mentionne cet Empire.
La ville de Tombouctou et le tombeau des Askia sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO respectivement depuis 1988 et 2004. Fondée au Ve siècle, Tombouctou connait son apogée économique et culturel aux XVème et XVIème siècles. Les trois grandes mosquées de Djingareyber, Sankoré et de Sidi Yahia, seize mausolées de saints et les places publiques de Tombouctou sont répertoriés comme témoignage du passé prestigieux de la ville et de l’Empire du Mali. Le tombeau d’Askia à Gao est composé d’une tombe pyramidale, de deux mosquées à toit plat, du cimetière de la mosquée et d’un espace des assemblées en plein air.
B. Des destructions criminelles
L’activité du groupe terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique dans le Nord du Mali a poussé l’UNESCO à placer la ville de Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril en 2012. En effet, la ville est tombée entre les mains des Djihadistes cette même année. La communauté internationale craignait, avec raison, une destruction du patrimoine identique à celle qui avait eu lieu en Afghanistan : les mausolées de saints musulmans ont été détruits à l’aide de pioches et de houes. Le Mali a dénoncé auprès de l’ONU « ces crimes contre l'héritage culturel de la population » qui relève du crime de guerre.
D’autres objets patrimoniaux étaient en danger. Ainsi, Tombouctou abritait 50 000 manuscrits parmi les plus anciens connus dans le monde arabo-musulman. Des copies ou productions locales originales des XIe-XIXème siècles traitent d'une grande variété de sujets, dont les mathématiques, les religions, ou le droit. À partir de l'été 2011, des érudits et des volontaires évacuent clandestinement des milliers de manuscrits vers la capitale pour les protéger de la destruction par les islamistes d'AQMI, qui avaient déjà fait des autodafés de manuscrits anciens.
C. Une réhabilitation de ce patrimoine détruit
En 2017, a lieu la réhabilitation des sites du patrimoine mondial à Tombouctou. La préservation du patrimoine est considérée comme faisant partie des efforts de consolidation de la paix.
Les communautés locales se sont impliquées dans les opérations de reconstruction grâce à la maîtrise des savoir-faire ancestraux. Les 14 mausolées des saints détruits ont été reconstruits tandis que les mosquées et les bibliothèques qui protègent les manuscrits anciens ont été réhabilitées. Aux yeux de l’UNESCO, le patrimoine culturel est essentiel pour les efforts de réconciliation nationale.