HGGSP Th4 Axe 2
Introduction
Patrimoine, la préservation entre tensions et concurrences
Patrimoine, la préservation entre tensions et concurrences
Chamonix : Avec ses 1.500 touristes par jour, le lac Blanc « est l’un des points chauds » de la vallée, 20 minutes, 10 août 2023
Surtourisme : L’île de Majorque semble avoir trouvé une solution astucieuse pour éloigner les touristes, Forbes, 25 août 2023
Inde : La tombe d’un sage musulman rasée au nom du développement à New Delhi, 20 Minutes, 19 février 2024
Aux îles Canaries, des habitants entament une grève de la faim « illimitée » contre le surtourisme, Le Parisien, 11 avril 2024
Au bord de l’asphyxie touristique, l’Espagne doit changer de modèle, Courrier International, 29 juin 2024
La ville japonaise de Biei mise sur l’IA pour réguler les flux de visiteurs, Courrier International, 6 juillet 2024
Espagne : manifestation à Barcelone contre le tourisme de masse, Le Monde, 6 juillet 2024
Venise durcit le ton pour lutter contre les effets du surtourisme, Le Figaro, 31 juillet 2024
"Eviter ce qui s’est passé à Barcelone" : l’Italie gagnée par le ras-le-bol du surtourisme, L'Express, 11 août 2024
Surtourisme : victime de son succès, une ville thermale au Japon limite l’entrée des visiteurs, Le Parisien, 27 décembre 2024
Jubilé 2025 : des habitants racontent comment le surtourisme affecte la culture de Rome, Euronews, 27 décembre 2024
Japon: avec 36,8 millions de touristes étrangers en 2024, le pays fait face aux défis du surtourisme, RFI, 15 janvier 2025
France-Cameroun: des projets culturels et artistiques pour restituer le passé colonial et restaurer la mémoire, RFI, 6 février 2025
Restitution de biens culturels à l'Afrique : pourquoi cette promesse reste lettre morte, Le Dauphiné libéré, 8 février 2025
France-Italie : pourquoi cet escalier romain fait-il grimper la tension entre nos deux pays ?, TF1, 8 février 2025
Surtourisme : les touristes sont-ils vraiment les seuls responsables ?, Capital, 4 mars 2025
Le patrimoine est l’objet d’une forte pression face aux intérêts divergents des différents acteurs étatiques, civils, économiques, etc… Le patrimoine est exploité et mis en valeur mais peut être menacé par les besoins urbains face à une urbanisation galopante, les conflits armés, voire même le tourisme.
Le patrimoine est générateur de tourisme et donc de devises. Cependant, ce tourisme est très inégalitaire que ce soit au travers de l’histoire, des classes sociales ou des territoires concernés. Le tourisme est apparu en Europe au XVIIIème siècle. A l’origine, ce sont les jeunes aristocrates britanniques qui faisaient un « tour » du continent européen, sur les sites qui avaient eu un rôle majeur dans l’histoire, la culture et la civilisation européenne. Au XIXème siècle, le périmètre du tourisme s’élargit aux colonies. A partir du XXème siècle et de l’apparition des congés payés, le tourisme n’est plus l’apanage d’une classe sociale. Il faut cependant attendre les 30 glorieuses pour que le tourisme se développe de manière importante. Aujourd’hui, nous sommes désormais à l’ère du tourisme de masse. Le tourisme participerait au réchauffement climatique à hauteur de 8 % des émissions de gaz à effet de serre.
D’après l’Organisation mondiale du tourisme, 95 % des touristes mondiaux visitent moins de 5 % des terres émergées. En France, 80 % de l’activité touristique se concentre sur 20 % du territoire, selon le gouvernement. On parle alors de surtourisme ou d’overtourisme. Ces termes désignent la perception d'un encombrement ou d'une surpopulation due à un excès de touristes, qui entraîne des conflits avec la population locale. Ces termes se rapportent aux conséquences négatives du tourisme : hausse du prix du foncier, dégradations de la qualité de vie des locaux et dégradations de l’environnement.
Certaines villes sont particulièrement impactées par ce surtourisme. En 2019, Dubrovnik en Croatie accueillait 36 touristes par habitant. Classées au patrimoine de l'UNESCO, les rues étroites de Dubrovnik étaient si gorgées de monde que l'UNESCO a exigé, en 2017, l'instauration d'un numerus clausus, faute de quoi la ville perdrait son label. Paris se trouvait à la 11ème place de ce classement avec 9 touristes par habitant.
L’impact d’Instagram et des influenceurs peut être important dans ce phénomène du surtourisme, de même que les séries télé ou le cinéma qui popularisent certaines destinations qui deviennent à la mode. La ville de Dubrovnik a été le lieu de tournage d’un certain nombre de scène de la série Game of Thrones. En France, on peut évoquer les falaises d’Etretat qui, déjà attirantes pour les touristes, ont encore gagné en popularité suite à la diffusion sur Netflix de la série Arsène Lupin avec Omar Sy. Le même phénomène est observé en Suisse dans le petit village d’Iseltwald qui voit affluer plus de 1 000 touristes par jour pour une population locale de 420 habitants à la suite du succès de la série coréenne « crash landing on you ». Pour décourager certains touristes et pour financer les aménagements nécessaires à cette forte pression journalière, la mairie a décidé de rendre payant l'accès au ponton où les fans viennent se prendre en photo afin de reproduire une scène populaire de la série : 5 francs suisses. De même, l’île de Noirmoutier en Vendée, qui accueille jusqu’à 100 000 visiteurs par jour pour une population locale s’élevant à 10 000 habitants, s’inquiète de la dégradation des espaces naturels, de la gestion de l’eau potable et des problématiques de sécurité afférentes à cet overtourisme. L’idée émise est d’instaurer un péage sur le pont pour les visiteurs pour freiner ce raz de marée humain.
Le gouvernement français s’inquiète aussi de ce surtourisme. Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Commerce, cherche à mettre en place une campagne de communication « avec des influenceurs ». L’objectif est de sensibiliser la clientèle touristique étrangère comme française aux enjeux d’une meilleure répartition des flux et des pratiques touristiques.
Mais le patrimoine peut aussi être l’enjeu de conflit d’usage lorsqu’il se heurte au développement économique. Ainsi, en Egypte, le gouvernement a démoli ces dernières années des centaines de sépultures, tandis que d'autres sont menacées de disparition. Et ce, sans consultation de la population ni des chercheurs. L’objectif est de relier Le Caire à la nouvelle capitale administrative en cours d'achèvement par une extension du réseau routier. La « nouvelle capitale » égyptienne est une ville nouvelle en construction depuis 2016, destinée à devenir à terme la capitale de l'Égypte. Le chantier est situé à environ quarante-cinq kilomètres à l'est du Caire, en plein désert. La population locale s’inquiète de la destruction de ce patrimoine et craint que ces destructions n’annoncent aussi la construction de projets immobiliers.