HGGSP Th3 Objet de travail conclusif
Jalon 1
Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes
Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes
La vidéo comprend l'introduction + le Jalon 1 + le Jalon 2 + le Jalon 3
A Treblinka, les chambres à gaz du camp d’extermination sortent de terre, Le Monde, 8 août 2023
En Allemagne, un tract se moquant d’Auschwitz remet en lumière la montée de l’antisémitisme, L'Express, 30 août 2023
Comme à Auschwitz, les ruines d’Oradour-sur-Glane sont confrontées aux photos déplacées des visiteurs, Ouest France, 14 septembre 2023
Ils veulent en faire un lieu de mémoire. Un collectif se bat pour sauver une chapelle abritant une fresque de la Shoah, France 3 régions, 15 novembre 2023
Strasbourg : Un jardin mémoriel en mémoire des victimes de la Shoah bientôt construit, 20 minutes, 26 janvier 2024
"Il manquait un monument pour eux" : une nouvelle œuvre virtuelle au Mémorial de la Shoah, France 24, 28 avril 2024
Mémorial de la Shoah : la pose de la première lettre le 1er octobre, Le Progrès, 15 septembre 2024
Le Mémorial de la Shoah diffuse massivement les témoignages de rescapés des camps nazis, Le Figaro, 27 novembre 2024
80 ans de la libération d'Auschwitz : une exposition parisienne décrypte les photos prises dans le camp d'extermination par les nazis, France Info, 22 janvier 2025
« Le dernier mot », sur France Culture, l’ultime trace de déportés de la Shoah, Le Monde, 25 janvier 2025
La maison du commandant du camp d’Auschwitz, dépeinte dans La Zone d’intérêt, bientôt ouverte au public, Le Figaro, 25 janvier 2025
80 ans de la libération d'Auschwitz : un mémorial de la Shoah a été inauguré à Lyon pour ne jamais oublier l'horreur, France Info, 26 janvier 2025
Shoah : avec son appli, la région Île-de-France veut mettre la mémoire « dans la poche de tous les gamins », Le Parisien, 27 janvier 2025
80 ans après, comment parler de la Shoah au musée ?, France Culture, 9 mai 2025
“Picture of Auschwitz” : un décor virtuel pour les tournages de films, au nom de la vérité historique, Télérama, 16 mai 2025
Les problématiques de la mémorialisation
On assiste à une mémorialisation des lieux où le génocide juif a été perpétré. Mémorialisation de la Shoah : mise en récit public du génocide comme sujet de connaissance du passé, matériaux de souvenirs au présent et de préservation pour l'avenir. En 2015, Serge Klarsfeld, historien et avocat français qui dédie sa vie à l’action militante pour la reconnaissance de la Shoah, affirme « Ces lieux ont un caractère à la fois maudit et sacré. Maudit, parce qu’on y a exterminé des gens. Sacré, parce que c’est là que restent les cendres de gens aimés ».
Dans cette œuvre de mémorialisation, de nombreux débats ont lieu entre victimes ou descendants de victimes, associations, acteurs politiques et étatiques. Quels lieux mémorialiser ? Les lieux de vie ? Les lieux de culte ? Les lieux dédiés à l’extermination ? Au début des années 2000, les acteurs des commémorations de la Shoah se retrouvent confrontés à de nouvelles problématiques : la persistance de discours négationnistes et antisémites et la disparition des survivants de la Shoah. A cela s’ajoutent le manque de moyens financiers ou le manque d’initiatives politiques.
Mémoriaux français et internationaux
En 1954, à l’initiative du Réseau du souvenir, le Parlement français adopte la loi instituant une journée nationale de la déportation. Le thème du génocide juif entre dans les programmes scolaires dès 1962. En 1983, le premier ministre Pierre Mauroy déclare : « Il faut que les jeunes générations sachent ce qui a été alors vécu, pour être prêtes à toujours sauvegarder la dignité de leur patrie et plus encore la dignité de l’homme ».
En 1950, Isaac Schneersohn décide de créer un tombeau-Mémorial destiné aux victimes de la Shoah : Le Mémorial du Martyr Juif Inconnu (MMJI). Ce lieu accueille aussi un centre pour les archives : le Centre de Documentation Juive Contemporaine. Aujourd’hui étendu, le MMJI se double du mémorial de la Shoah inauguré en 2005. D’autres lieux dédiés à la mémoire de la Shoah sont érigés en France et font partie du Réseau des lieux de mémoire de la Shoah en France, créé en 2015. Celui-ci rassemble treize institutions adossées à un site historique et liées à l’histoire et à la mémoire de la persécution, de la déportation, de l’extermination, du sauvetage ou de la résistance des Juifs de France durant la Seconde Guerre mondiale. On peut citer, entre autres, la maison d’Izieu, le mémorial du camp de Rivesaltes ou l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof.
L’initiative d’Isaac Schneersohn motive Israël à entreprendre l’érection de son propre Mémorial, Yad Vashem, à Jérusalem dès 1953. Cet Institut international pour la mémoire de la Shoah est inauguré en 1957.
A Berlin, un Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe est inauguré en mai 2015. 2711 blocs de béton assemblés en damier, rappellent des stèles mortuaires. Un centre d’information et de ressources complète le monument.
A Auschwitz en Pologne, un musée est ouvert dès 1947. Il pose dès sa création le problème des conflits de mémoire. En effet, comme son nom l’indique, il est dédié au Martyre de la nation polonaise et des autres nations. La mémoire du million de juifs assassiné à Auschwitz est donc occulté au profit d'une mémoire polonaise et antifasciste. Après l’effondrement du bloc communiste, le musée s’ouvre à la mémoire juive. Le coût d’entretien est de ce musée est très important (il s’élève à plusieurs millions d’euros par an) et l’enjeu est d’entretenir sans reconstruire afin de préserver le caractère authentique du camp. Le musée accueille plus de 2 millions de visiteurs par an. Cela soulève les problématiques de l’exploitation touristique et de l’injonction de se souvenir. Près de trois-quarts de siècle après sa libération, Auschwitz est l’objet de débats : selon l’historien néerlandais Robert Jan van Pelt « cette sorte de parc à thème aseptisé pour touristes » doit fermer. Visiter ne permet pas à ses yeux de mesurer l’ampleur de l’angoisse et de la souffrance des déportés. « Vous pouvez le comprendre ? Peut-être. Le ressentir vraiment ? Je ne le crois pas » écrit la rescapée Ginette kolinka. D’autres regrettent que l’extermination des juifs et des tsiganes ne soient pas davantage mis en avant et que le temps de visite soit trop réduit. Annette Wieviorka quant à elle insiste sur l’enjeu de la transmission de la mémoire dans les lieux de la Shoah, surtout auprès des scolaires. La question de la transmission est d’autant plus aigüe que le nombre de survivants de l’Holocauste est de plus en plus réduit. Le respect que doit inspirer ce lieu se perd aussi face à la horde de touristes qui rivalisent de selfie, et de marche d’équilibristes sur les rails menant au camp.
Quid de la mémorialisation du génocide tsigane ?
Les juifs n’ont pas été les seuls à subit la volonté exterminatrice des nazis. Les tsiganes ont aussi subi un génocide ordonné par le IIIème Reich et ont connu les mêmes persécutions que la communauté juive dès les années 30 avec l’instauration de lois raciales. On estime que 25% des Tsiganes européens ont été assassinés, ce qui représente 220 000 personnes. Cependant, les nations occultent la mémoire de ce génocide.
La RFA a longtemps considéré que toutes les mesures prises contre les Tsiganes avant 1943 étaient des mesures officielles légitimes prises contre des personnes ayant commis des infractions pénales. Il faut attendre 1979 pour que le parlement de la RFA reconnaisse le caractère raciste de la persécution des Tsiganes par les Nazis et 1982 pour qu’un chancelier reconnaisse pour la première fois officiellement le génocide contre les Roms.
Le processus de mémorialisation est donc tardif et en conséquence limité. Le Mémorial aux Sintés et aux Roms européens assassinés pendant le nazisme, n’est inauguré à Berlin qu’en 2012. De même, en France, le drame des Tsiganes français demeure largement occulté. Et ce d’autant plus que les lieux de leur internement ont disparus et que le phénomène d’identification aux victimes tsiganes est inexistant. Il y a donc défaut de mémoire. Ce n’est qu’en 2016 qu’est inauguré avec le soutien du Mémorial de la Shoah un monument à Saint-Sixte où 3 familles tsiganes ont été fusillés par les nazis en 1944. La même année, François Hollande reconnaît la responsabilité du régime de Vichy dans l'internement de milliers de tsiganes de 1940 à 1945.