HGGSP Th3 Objet de travail conclusif
Jalon 2
Juger les crimes nazis après Nuremberg
Juger les crimes nazis après Nuremberg
La vidéo comprend l'introduction + le Jalon 1 + le Jalon 2 + le Jalon 3
En Allemagne, une ex-secrétaire de camp nazi voit sa condamnation confirmée en appel, Le Figaro, 20 août, 2024
En Allemagne, un procès à nouveau envisagé contre un ex-gardien de camp nazi âgé de 100 ans, Ouest France, 3 décembre 2024
Crimes nazis : l’Allemande Irmgard Furchner, l’une des probables dernières condamnées, meurt à 99 ans, Libération, 7 avril 2025
En Allemagne, un ancien gardien de camp nazi meurt avant son procès, Ouest France, 30 avril 2025
Espagne : la mort de milliers d'Espagnols dans des camps nazis va faire l’objet d’une enquête par le parquet, Le Figaro, 5 mai 2025
Les jugements des années d’après-guerre
Face au traumatisme de la découverte des camps, les Alliés décident de juger les criminels nazis. Le procès se tient à Nuremberg du 18 octobre 1945 au 1er octobre 1946. L’endroit n’a pas seulement été choisi pour sa symbolique et son rappel des lois sur la protection du sang et de l'honneur allemand de 1935. Nuremberg est en effet le seul lieu capable d’accueillir le procès et ses prisonniers au vu des destructions liées à la fin de la guerre. Vingt-deux accusés de crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité comparaissant devant le tribunal international. Au bout d’un an de procédure, 11 accusés sont condamnés à mort, 7 sont condamnés à des peines de prison et 3 sont acquittés.
D’autres procès suivront : des médecins nazis et l’entreprise IG Farben seront jugés par un tribunal militaire américain à Nuremberg entre 1946 et 1948 ; en Pologne, un tribunal suprême national juge en 1947 Rudolf Hoess, commandant du camp d’Auschwitz-Birkenau ainsi que 40 officiers et gardiens du camp ; d’autres procès ont lieu à Francfort en Allemagne entre 1963 et 1965 pour juger 22 autres officiers et kapos du camp d’Auschwitz-Birkenau. C’est peu face au nombre de nazis ayant participé à l’œuvre d’extermination.
Mais l’Allemagne souhaite désormais se tourner vers l’avenir et tourner cette page traumatisante de son histoire : « Il faut laisser le passé au passé » déclarera le chancelier allemand Konrad Adenauer. Simon Wiesenthal (1908-2005), rescapé de la Shoah, consacre sa vie à la recherche de criminels de guerre nazis pour qu'ils soient jugés.
Adopter les lois pour permettre de continuer à juger
En 1950, la loi sur la répression des « crimes nazis et de leurs collaborateurs » destinée à poursuivre les juifs accusés de collaboration est adoptée en Israël. Une quarantaine de procès eurent lieu dans le cadre de cette loi. Plus la guerre s’éloigne, plus l’enjeu de juger les criminels nazis s’éclipse. Que ce soit au nom de la reconstruction, de la réconciliation nationale et européenne ou face aux enjeux du contexte politique international, le nombre de procès ne cesse de diminuer dans tous les pays dès la fin des années 1940 et la sévérité des peines s’estompe. Mais la distance temporelle ne doit pas empêcher de nouveaux procès au besoin. Ainsi, la France adopte une loi à l’unanimité rendant imprescriptibles les crimes contre l’humanité en 1964, suivie par l’ONU en 1968.
Le procès Eichmann
La loi israélienne de 1953 va permettre de poursuivre Adolf Eichmann qui s’était échappé à la fin de la guerre et s’était installé en Argentine avec sa famille. Celui-ci est considéré comme l’artisan de la solution finale, « l'administrateur en chef du plus grand génocide de l'histoire ». Enlevé par le Mossad, il sera jugé en Israël en 1961. Ce procès qui aboutit à la condamnation à mort par pendaison est exceptionnel à plus d’un titre : tout d’abord, le génocide est au coeur de l’accusation a contrario des autres procès des criminels nazis ; ensuite, le procès sert de leçon d’histoire sur la Shoah au monde entier mais surtout à la jeunesse ; enfin, Annette Wieviorka note que ce procès marque « l'avènement du témoin ». Ceux qui viennent témoigner contre Eichmann deviennent « porteur d'histoire et agent de mémoire ».
Adolf Eichmann plaide n’être qu’un simple exécutant de l’administration du Reich qui se contentait d’obéir aux ordres de ses supérieurs. Stanley Milgram, chercheur à l’université de Yale démontre scientifiquement la soumission à l’autorité. L’objectif de l’expérience menée est de mesurer le niveau d’obéissance à un ordre contraire à la morale. Cette théorie domine jusque dans les années 90. Pendant un demi-siècle, la conviction des historiens était celle d’une société allemande soumise au régime totalitaire nazi qui avait instauré un règne de terreur sur sa population. Depuis, l’adhésion à l’idéologie nazie dans la population allemande est démontrée. Mais ce mode de défense inspire la philosophe et journaliste Hannah Arendt qui développe sa théorie de « la banalité du mal ». Cette théorie est fortement contestée, d’autant plus aujourd’hui. Le corps d’Adolf Eichmann est symboliquement incinéré après sa pendaison pour qu’il ne laisse pas de trace.
Les procès en France
En France, plusieurs procès défraient la chronique : celui de Klaus Barbie, le « Boucher de Lyon ». Réfugié en Bolivie, il est reconnu et extradé en France en 1983. Il est condamné à perpétuité pour crime contre l’humanité à Lyon en 1987. Ancien fonctionnaire collaborationniste du régime de Vichy, Paul Touvier, accusé de crimes contre l’humanité est arrêté en 1989, jugé et condamné en 1994 à la réclusion criminelle à perpétuité. En 1998, Maurice Papon est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité. Secrétaire général de la préfecture de Gironde, il avait ordonné l’arrestation et la séquestration des juifs avant leur déportation vers le camp de Drancy.
Les procès au XXIème siècle
La chasse aux nazis se poursuit. Le centre Simon Wiesenthal en Israël a lancé en 2014 son opération « Last chance » afin de découvrir de nouvelles affaires dont les autorités n'auraient pas encore eu connaissance et de pouvoir juger les nazis qui étaient passés jusque-là entre les mailles du filet de la justice. Selon le directeur du centre, environ 60 personnes encore aptes à être jugés étaient encore en vie à cette date. Une récompense de 25 000 euros était offerte à qui fournirait des renseignements permettant une arrestation. La question fait débat, non seulement par rapport à l’âge des accusés mais aussi face au manque de témoins ou d’archives. Le centre met cependant en avant plusieurs arguments pour justifier la poursuite de la traque : Le passage du temps ne diminue en rien la culpabilité des tueurs ; le grand âge ne doit pas leur offrir l’immunité ; chaque victime des nazis mérite un effort pour que l’on juge son meurtrier ; l’effort présent est un rappel de l’importance des crimes de l’Holocauste et un avertissement pour les antisémites et les racistes d’aujourd’hui ; ces procès sont utiles dans le combat actuel contre les négationnistes.
Oskar Gröning, 96 ans, ancien comptable d’Auschwitz, est condamné à quatre ans de réclusion en juillet 2015 pour complicité de meurtre de 300 000 personnes. Il meurt à l’hôpital sans avoir été emprisonné. L‘ancien infirmier du camp d’Auschwitz, Hubert Zafke, 96 ans, n’a pas fait l’objet de poursuite car il n’était plus apte à comparaître. Le dernier procès date de 2022 : l’ex-secrétaire d’un camp de concentration âgée de 97 ans a été condamnée à 2 ans de prison avec sursis.