HGGSP Thème 1 Objet de travail conclusif
Jalon 1
Une volonté politique d’affirmation
Une volonté politique d’affirmation
La Chine déploie désormais 500 têtes nucléaires, selon le Pentagone, Le Figaro, 22 octobre 2023
Chine : la peine de mort incluse dans de nouvelles sanctions judiciaires visant les séparatistes présumés de Taïwan, Le Figaro, 21 juin 2024
Le XIXème siècle ainsi que la première moitié du XXème siècle sont des périodes qui ont laissé une grande amertume chez les Chinois et une blessure historique. Alors qu’au début du XIXème siècle, la Chine représentait 30% du PNB mondial, le « siècle de l’humiliation » a vu la perte de leur souveraineté sur leur territoire national et l’exploitation de leurs ressources par les européens. A l’issue de la présidence de Mao (1976), la Chine, planifiée, autarcique et collectivisée, est un pays pauvre, qui connaît un écart de richesses important avec les économies occidentales développées. Après de grandes réformes économiques sous Deng Xiaoping, la Chine se développe rapidement. En 2022, la Chine représente 18.8% du PIB mondial.
La reconquête de leur rang mondial et leur intégration au sein de la mondialisation, débute sous la gouvernance de Deng Xiaoping (1978-1997) avec les réformes de l’économie chinoise au travers des « quatre modernisations » axées sur l’agriculture, l’industrie, la science et les technologies. En 2011, Xi Jinping, à la tête du PCC (Parti communiste chinois), énonce le rêve qui deviendra le slogan de sa présidence à partir de 2013 et son ambition suprême : « Je crois que le plus grand rêve des Chinois, c'est la renaissance de leur nation dans les temps modernes. Plus de cent soixante-dix ans après d'âpres luttes commencées avec la guerre de l'opium, s'ouvrent de brillantes perspectives pour la nation chinoise plus proche que jamais de son but, un grand renouveau ». Le Rêve chinois est le programme politique du Président Xi Jinping visant au renouveau de la nation chinoise, qui prévoit d'en faire une grande puissance mondiale d'ici le centenaire de la République populaire de Chine. Les moyens de redonner à la Chine sa fierté et de protéger sa souveraineté passent par un Etat riche, une armée forte et un rayonnement mondial. L’objectif affiché est de hisser la Chine à la première place économique mondiale en 2049 (centenaire de la création de la RPC).
La puissance de la Chine doit déjà s’affirmer par la mer, d’autant plus que 10% de son PIB est issu de l’économie maritime. La Chine est une grande puissance maritime. Parmi les 10 premiers ports mondiaux en 2022, on dénombre 7 ports chinois (dont le 1er au monde : Shanghai). Le trafic de ses ports dépasse celui des ports américains et de l’Union européenne réunis. La Chine s’assure une présence maritime mondial au travers d’investissements dans les ports étrangers. Si elle investit massivement dans les ports asiatiques sur le pourtour de l’océan Indien, la Chine investit aussi dans les ports africains et européens. Si la participation de la Chine est souvent minoritaire, elle est majoritaire dans les terminaux du Pirée en Grèce (qu’elle possède à 100 %), d’Abou Dabi (90 %, Emirats arabes unis), de Zeebrugge (85 %, Belgique) et de Valence (51 %, Espagne).
Outre l’aspect commercial de ses investissements financiers, la Chine doit faire face au défi de l’approvisionnement de ses missions militaires à l’étranger (ravitaillement en pétrole, ports de relocalisation du personnel et sites de maintenance pour le matériel naval). Dans cette optique, la Chine a constitué un « collier de perles ». Le terme désigne l'installation par la marine de guerre chinoise de points d’appui le long de sa principale voie d’approvisionnement maritime vers le Moyen-Orient. Du Vietnam au Pakistan en passant par le golfe du Bengale, la Chine a négocié l’installation de bases militaires ou de facilités portuaires. En 2020, la Chine a dépassé les Etats-Unis en nombre global de bateaux et de sous-marins. De plus, Xi Jinping encourage à la construction de davantage de navires amphibiens et de porte-avions pour accroître sa puissance globale. Les Etats-Unis redoutent que la Chine ne devienne la 1ère puissance militaire mondiale en 2050.
La puissance de la Chine passe aussi par son affirmation dans le domaine spatial. Lancée sous Mao, la capacité spatiale chinoise se pose en concurrente des Etats-Unis et de l’UE dès 1985. En 1993, la CNAS (China National Space Administration) est créée. Les projets sont particulièrement ambitieux. En janvier 2019, Pékin fait alunir une astromobile sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. Refusée au sein de l’ISS par les Etats-Unis, la Chine a construit sa propre station spatiale, CSS (China Space Station) en orbite depuis 2022. Se plaçant dans le même cadre de coopération internationale que l’ISS, Pékin propose l’utilisation de sa station à l’ensemble des pays du monde, et particulièrement aux pays en développement, se plaçant ainsi en leader du Sud global. « La CSS n'appartient pas qu'à la Chine, mais au monde entier » affirme en 2018 Shi Zhongjun, ambassadeur chinois auprès des Nations unies. La Chine prévoit d'établir une base sur la Lune à l’horizon 2030. En conséquence, aux yeux des Chinois, leurs réalisations dans l’espace sont la preuve de leur nouveau statut sur la scène internationale au XXIème siècle, celui d’une puissance technologique accomplie.