Nouveau sous-marin nucléaire lanceur d’engin pour l’Inde, une étape importante pour permettre une autonomie en matière de défense ?, Science et vie, 21 septembre 2024
Signe du déclin français ou percée indienne ? L’Inde égalise la France en nombre de sous-marins nucléaire lanceurs d’engins (SNLE), Secret défense, 22 octobre 2024
"Une menace absolue": la Corée du Nord dévoile son premier sous-marin à propulsion nucléaire, BFM TV, 9 mars 2025
La puissance des pays s’exerce aussi par leurs capacités de projection. Ce terme désigne l’ensemble des moyens qui permettent d’acheminer une force militaire, parfois avec un préavis très court, loin de son lieu habituel de stationnement, pour exécuter, aussi longtemps que nécessaire, une mission. Maîtriser les océans est donc capital dans l’affirmation de la puissance au sein de la mondialisation. Ce phénomène d'ouverture des économies nationales sur un marché mondial est porté par la littoralisation et la maritimisation. Avec 71 % de la surface du globe, 85 % de la population mondiale vivant à moins de 500 km d'un rivage et 85 % des États ayant une frontière maritime, les océans sont donc des enjeux géostratégiques.
Cette vision n’est pas nouvelle. Déjà en 1890, Alfred Mahan affirmait dans son livre « The Influence of Sea Power upon History » que la destinée des États-Unis, dominer le monde, passait par la maîtrise des océans. De même, en 1889, le Royaume-Uni, Etat insulaire et grande puissance maritime instituait le two-power standard. Cette loi imposait à la flotte de l'empire britannique de maintenir un nombre de navires de guerre au moins équivalent aux forces combinées des deux plus grandes flottes mondiales du moment : la Russie et la France.
La capacité nucléaire et la puissance militaire sont les piliers de la dissuasion. Les SNLE (Sous-Marin Lanceur d’Engins) sont au cœur de l’arsenal nucléaire stratégique des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de la Chine. L’Inde, tout comme pour la conquête de l’espace, se lance dans la construction de SNLE pour affirmer son importance au sein de l’espace asiatique face à la Chine. Les Etats-Unis dominent par leur nombre de SNLE (14), suivis de près par la Russie (11). Viennent ensuite la Chine (5), la France (4) et le Royaume-Uni (4). La projection maritime, de SNLE ou d’engins plus conventionnels, nécessite des ports d’attache et des bases navales. Cela passe par la construction de ports dédiés aux SNLE sur leur territoire national mais aussi par la disponibilité de bases navales pour le reste de leur flotte de guerre. La France bénéficie de ses DROM-COM situés dans quasiment tous les océans du globe ainsi que d’accords avec le Sénégal, Djibouti et les Emirats arabes unis pour disposer de bases navales. Dans le cadre du SNLE, la France a une base spécifique à proximité de Brest en Bretagne.
Environ 65 % des 450 sous-marins de la flotte mondiale sont des sous-marins conventionnels. Mais les grandes puissances militaires disposent aussi de sous-marins à propulsion nucléaire, silencieux et discrets, qui ont une très grande superficie d’action de par leur vitesse et leur autonomie. Les SNLE sont à propulsion nucléaire. En 70 jours, ils peuvent théoriquement parcourir 67 000 km. De même, la multiplication par quatre de la portée des missiles depuis quarante ans bouleverse les rapports géostratégiques en modifiant les espaces maritimes de patrouille des SNLE. Ceux-ci peuvent menacer les mêmes espaces terrestres qu’auparavant tout en étant positionnés à des distances plus éloignées.
Outre les SNLE, les Etats recourent aussi aux sous-marins d’attaque (SNA) qui sont complémentaires des porte-avions. L'essentiel du parc mondial de SNA est détenu par seulement cinq États : États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni et Chine.