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Les enjeux géopolitiques d’une conquête : la course à l’espace des années 1950 à l’arrivée de nouveaux acteurs
Les enjeux géopolitiques d’une conquête : la course à l’espace des années 1950 à l’arrivée de nouveaux acteurs
L’Inde se prépare à atterrir sur la Lune, symbole de ses ambitions spatiales, RFI, 21 août 2023
Alunissage d’une fusée indienne: « L’Europe n’a plus envie de conquérir l’espace », Le Figaro, 24 août 2023
Le Japon testera une technologie d'alunissage de haute précision, Challenges, 25 août 2023
SpaceX n’est désormais plus la seule compagnie à avoir une fusée réutilisable, Futura Sciences, 26 août 2023
Chandrayaan-3 s’endort sur la Lune : la mission peut-elle survivre ?, Numerama, septembre 2024
SpaceX, un quasi-monopole qui inquiète, Challenges, 11 septembre 2023
« New Space » : la fièvre des investisseurs retombe, Les Echos, 12 septembre 2023
NewSpace : 7 startups qui partent à la conquête de l’espace, Maddyness
Prêt à passer deux mois au lit ? La clinique de l’espace recherche des volontaires, 20 Minutes, 11 septembre 2023
Des fossiles humains dans l’espace : une folie dénoncée par les scientifiques, Radio France, 21 septembre 2023
La Chine et l'Inde se chicanent jusque sur la Lune, Les Echos, 28 septembre 2023
Starlink, une menace pour la cybersouveraineté de l’Indonésie ?, Courrier International, 27 septembre 2023
Pour la première fois, une entreprise américaine reçoit une amende pour avoir laissé des déchets dans l'espace, BFM, 3 octobre 2023
Poutine souhaite voir le premier segment de la station spatiale russe en orbite en 2027, Le Figaro, 26 octobre 2023
Espace : trois astronautes chinois de retour sur Terre, "succès" de la mission, Ouest France, 31 octobre 2023
Explosion de Starship : aller sur Mars, "c'est un scénario qui paraît de moins en moins improbable", selon le rédacteur en chef de "Sciences et Avenir", France Info, 19 novembre 2023
Un engin Américain devrait se poser sur la Lune en janvier 2024, Science et Vie, 30 novembre 2023
La Russie et la Chine pourraient construire une centrale nucléaire sur la Lune, Le Figaro, 8 mars 2024
Cinq choses à savoir sur la mission spatiale Polaris Dawn de SpaceX, considérée comme particulièrement "risquée" pour son équipage, France Info, 6 septembre 2024
L'Inde renforce son programme spatial avec de nouvelles missions et des objectifs très ambitieux, Futura, 23 septembre 2024
Blue Ghost Mission 1 réussit son alunissage : « Nous sommes sur la Lune ! », Le Monde, 3 mars 2025
Dans l'espace, la pollution atteint maintenant la stratosphère, Les Echos, 1er mars 2025
Les États-Unis sont-ils en train de perdre la course au retour sur la Lune à cause de SpaceX ?, Le Point, 20 septembre 2025
Exploration spatiale : le Japon mise sur une batterie nucléaire capable de durer plus de 100 ans, France Info, 7 mai 2025
Les États-Unis préparent un réacteur nucléaire sur la Lune, Euronews, 11 août 2025
Course vers la Lune : Donald Trump prêt à lâcher SpaceX et Elon Musk pour devancer la Chine, L'Express, 21 octobre 2025
A. la course à l’espace des années 1950
La course à l’espace désigne la compétition à laquelle se sont livrés les États-Unis et l'Union soviétique, dans le domaine astronautique entre 1957 et 1975. D’un point de vue scientifique, l’objectif est l’exploration et la maîtrise du milieu spatial. D’un point de vue idéologique, il est la volonté de s’imposer comme la puissance de référence et de remporter un avantage décisif sur son adversaire, preuve de la supériorité de leur modèle dans le cadre de la propagande mondiale.
L’URSS remporte un avantage décisif en envoyant le premier satellite dans l’espace : Spoutnik 1 en 1957, suivi 4 ans plus tard, en 1961, par l’envoi du premier homme dans l’espace : Iouri Gagarine. Mais ce sont finalement les Américains qui remportent en 1969 cette compétition plus que symbolique en envoyant les premiers hommes sur la lune (Neil Armstrong et Buzz Aldrin). « C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité » proclamera Neil Armstrong depuis la lune. John Fitzgerald Kennedy président des Etats-Unis de 1961 à 1963, avait fixé cet objectif à l’agence fédérale créée en 1958 et responsable de la majeure partie du programme spatial civil des États-Unis : la NASA. « Nous avons choisi d'aller sur la Lune au cours de cette décennie et d'accomplir d'autres choses encore, non pas parce que c'est facile, mais justement parce que c'est difficile. » affirme-t-il dans un discours.
Face à la poursuite de la guerre froide qui a pour corolaire l’équilibre de la terreur via la course aux armements, le président américain Ronald Reagan lance en 1983 le programme d’Initiative de défense stratégique, plus connu sous l’appellation populaire « Star Wars ». Il s’agissait d’un projet de réseau de satellites dont le rôle aurait été la détection et la destruction de missiles balistiques lancés contre les États-Unis. Ce programme a été officiellement abandonné en 1993 après l’effondrement de l’URSS.
Depuis la disparition de l’URSS en 1991, le secteur spatial soviétique, devenu russe, a commencé à perdre en efficacité et en réussite en raison de l’insuffisance de moyens et de la corruption. Les sanctions liées à la guerre en Ukraine dégradent encore cette situation pour la Russie.
B. De nouveaux acteurs étatiques
Aujourd’hui encore, les Etats-Unis sont une grande puissance spatiale et dominent l’ensemble des autres puissances spatiales de par son budget astronomique qui s’élevait à 24 milliards de $ en 2024. Les principales agences spatiales, en outre des Etats-Unis, sont européenne (ESA), chinoise (CNSA), russe (Rocosmos), japonaise (JAXA), indienne (ISRO) et émiratie.
L’ESA, agence spatiale européenne, est créée en 1975 et regroupe aujourd’hui 19 pays de l’Union Européenne ainsi que 3 pays n’appartenant pas à l’UE, que sont la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse. Son budget pour la période 2023-2025 s’élève à 16,9 milliards d’euros. Les pays contribuent au prorata de leur PIB. Ainsi, la France, l’Allemagne et l’Italie sont les plus gros contributeurs au budget de l’ESA. L’ESA a de belles réussites à son actif, tel le système de positionnement par satellites Galileo ou le système de surveillance de l’environnement Copernicus. L’ESA dispose d’une base de lancement qui la rend souveraine dans son accès à l’espace : le centre spatial guyanais (CSG) situé à Kourou. Il est considéré comme le « port spatial de l’Europe ».
Le Japon est la 4ème puissance spatiale. Outre son accès indépendant à l’espace, le Japon a réussi un alunissage ainsi que l’envoi d’une sonde sur le sol lunaire. J’agence spatiale japonaise s’associe au CNES et au Centre aérospatial allemand pour envoyer un rover d’exploration mobile sur les deux lunes de Mars. Il s’agit de la mission MMX.
Mao a des ambitions spatiales pour la Chine et lance le programme « deux bombes, un satellite » dès le milieu des années 50. Cette volonté de faire de la Chine une grande puissance spatiale s’est poursuivie sous ses successeurs. Cet objectif repose sur 3 motivations : le développement économique et social du pays, la défense nationale et l’ambition de devenir une grande puissance mondiale. La Chine est le 1er pays à avoir aluni sur la face cachée la lune en 2019. En 2021, elle réussit l’envoi d’une sonde en orbite autour de Mars.
Depuis le début des années 2000, un nouveau venu s’affirme dans la conquête de l’espace : l’Inde. En 2017, les investissements indiens sont de même ampleur que les investissements japonais. La mission Chandrayaan-2 voit l’alunissage d’une sonde spatiale indienne en 2019. Dans le contexte géopolitique actuel de guerre Russie-Ukraine et la possible nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine, l’Inde est une alternative séduisante pour de nombreux clients dans le cadre du lancement de satellites. Malgré tout, le chemin est encore long pour l’Inde : en 2022, la Chine a effectué 64 lancements, contre 5 pour l’Inde.
En 2014, les Emirats Arabes Unis se lancent dans la course à l’espace avec la création de leur agence spatiale : UAESA. Leur développement est très rapide puisque les Émirats arabes unis deviennent en 2021 le cinquième pays, et le premier au sein du monde arabe, à placer une sonde en orbite martienne. L’objectif est de devenir une grande puissance spatiale et de développer son soft power.
Les satellites peuvent être à usage civil ou militaire. Le nombre croissant des satellites militaires et les avantages qu’ils procurent aux forces armées font de la sécurité dans l’espace un enjeu stratégique majeur. Le spatial militaire concentre désormais un peu plus de la moitié des dépenses publiques consenties dans le secteur et plus de la moitié des satellites en orbite contribuent à une mission militaire.
« Une présence américaine dans l’espace n’est pas suffisante, une domination américaine dans l’espace est nécessaire, celle-ci étant contestée par la Chine et la Russie » affirme Donald Trump, 2018. Les Etats-Unis envisagent désormais l’espace comme lieu possible d’un conflit armé. En 2019, la Space Force, la Space Command et la Space development agency sont créées. La Space Force devient la 6ème branche indépendante des armées américaines (aux côtés de l’Army, de la Navy, de l’Air Force, des Marines et de la Coast Guard).
Cette conviction est énoncée en 2020 au travers de leur doctrine Spacepower. Le Spacepower correspond à la militarisation armée de l'espace et à la sécurisation militaire des matériels et des infrastructures civils spatiaux et terrestres, tout en s'appuyant sur les moyens civils pour élargir la base logistique, informationnelle et politique de la suprématie spatiale américaine.
La France a pour ambition d’investir dans la recherche marine au travers de son Plan France 2030, mais aussi dans la maîtrise spatiale au travers de la production de mini-lanceurs réutilisables et de micro et minisatellites. « Si l’espace a été une nouvelle frontière à franchir, c’est désormais un « nouveau front » que nous devons défendre. Dans un monde en proie à des menaces vives, imprévisibles, technologiques, alors que les puissances cherchent à s’affirmer, l’espace est aujourd’hui une clé de voûte de notre défense » affirme la ministre des armées françaises Florence Parly en 2019. La même année, l’armée de l’air devient ainsi l’armée de l’air et de l’Espace.
C. De nouveaux acteurs privés : le New Space
En complément de l’arrivée de nouveaux acteurs Etatiques dans la conquête de l’espace, la grande nouveauté du XXIème siècle est l’entrée du NewSpace dans l’équation spatiale. Ce terme désigne le groupe des nouvelles compagnies aérospatiales travaillant au développement d'un accès low-cost et public à l'exploration spatiale. Parmi celles-ci, on peut nommer SpaceX d'Elon Musk ou Blue Origin de Jeff Bezos. Ce sont des startups utilisant des fonds privés. Blue Origin s’est distinguée dès 2015 par l’envoi de touristes spatiaux. Quant à SpaceX, la société fournit ses services pour la desserte du fret ou des hommes à l’ISS (Station spatiale internationale). Elle sert aussi de fournisseur d'accès à Internet par satellite au travers d’une constellation de satellites placés sur une orbite terrestre basse. Autre projet d’Elon Musk : coloniser Mars d’ici 2050. Les activités spatiales commerciales ont connu une croissance impressionnante ces dernières années. L’intervention d’acteurs privés au sein des activités spatiales est encouragée par les Etats qui peuvent ainsi consacrer leurs fonds à leurs missions régaliennes.