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Conflits de patrimoine. Les frises du Parthénon depuis le XIXe siècle
Conflits de patrimoine. Les frises du Parthénon depuis le XIXe siècle
L'Assemblée nationale vote unanimement une loi pour restituer plus facilement des oeuvres spoliées par les nazis, France Info, 30 juin 2023
"L’Italie réclame au Louvre la restitution de sept objets archéologiques", Ouest France, 14 juillet 2023
L’Italie récupère 42 œuvres archéologiques pillées, dont certaines sont vieilles de 2 500 ans, Le Monde, 9 août 2023
Athènes propose à Londres des prêts de trésors archéologiques en échange du retour des marbres du Parthénon, Le Figaro, 7 janvier 2024
Parthénon, bronzes du Bénin, pierre de Rosette… Les Anglais peinent à restituer les oeuvres spoliées, Les Echos, 9 janvier 2024
Deux musées britanniques vont restituer au Ghana des trésors royaux pillés il y a 150 ans, France Info, 25 janvier 2024
A. Présentation
Le Parthénon d’Athènes est un site emblématique de la Grèce Antique, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987. Situé sur la colline de l’Acropole, site consacré à la religion, le temple est dédié à la déesse tutélaire de la cité : Athéna. Construit au Vème siècle avant J-C, à l’âge d’or de la cité athénienne qui domine le monde grec au travers d’une thalassocratie imposée par le biais de la ligue de Délos, le Parthénon fait partie d’un ensemble monumental religieux débutant par les propylées qui constituent l'entrée principale de l'acropole d'Athènes, de l'Érechthéion qui abrite une statue en bois d’Athéna et du petit temple d'Athéna Nikê.
Le Parthénon, construit en marbre blanc abritait la statue en or et en ivoire d'Athéna Parthénos, mesurant douze mètres de haut. Le temple s’étend sur 70 mètres de long et 30 mètres de large. Une frise ionique décorait les 4 faces du temple sur 160 mètres de long, représentant une procession de près de 300 personnes, dieux et bêtes. Si les temples, les bas-reliefs et les sculptures héritées de l’Antiquité sont aujourd’hui blanches, ils se caractérisaient à l’époque par une vive polychromie qui s’est érodée au fil du temps.
A la période médiévale, le Parthénon a été converti en église byzantine avant d’être transformé en mosquée en 1458 suite à la chute de l’Empire byzantin. Le temple explose en partie pendant le siège vénitien de 1687. Ces transformations et destructions au cours de son histoire se poursuivent par des déprédations à la période contemporaine. À la fin du XVIIIème siècle, Thomas Bruce, comte d’Elgin, se rend en Grèce en tant qu’ambassadeur britannique auprès de l’Empire Ottoman. Lord Elgin obtient du pouvoir ottoman l’autorisation de collecter plusieurs fragments du monument et de les emporter en Angleterre où ils seront, de son avis, mieux préservés : 17 statues des frontons, 15 métopes (panneaux sculptés) et environ 75 m de frise sculptée en relief rejoignent l’Angleterre. Dans un premier temps exposés dans son domaine privé, ces vestiges sont ensuite cédés au British Museum où ils sont exposés depuis 1816.
B. Une polémique sur la restitution des vestiges du Parthénon
La Grèce ne cesse de demander le retour des vestiges du Parthénon. Pour les autorités grecques, il s’agit ni plus ni moins d’un vol de son patrimoine national. Melina Mercouri, ministre de la Culture et des Sciences de 1981 à 1989 prononce un discours resté célèbre dans lequel elle qualifie l’attitude de Lord Elgin de pillage et dans lequel elle évoque le refus du gouvernement britannique de restituer les marbres du Parthénon. Elle rappelle que ces marbres sont constitutifs de l’identité et de l’histoire grecque. Ces marbres sont le symbole de la Grèce. Aux yeux du Royaume-Uni, la déprédation de Lord Elgin est cependant une transaction légale encadrée par un contrat établi entre l’ambassadeur et les autorités ottomanes. De même, pendant longtemps, le Royaume-Uni argue de l’incapacité grecque à conserver, préserver et mettre en valeur ce patrimoine qui voit le passage de 6 millions de visiteurs par an au sein du British Museum. De plus, une loi britannique de 1963 interdit au musée de céder ou de vendre des objets de sa collection, loi derrière laquelle s’abrite le British Museum pour conserver ces antiquités.
En 2012, une grande campagne de sensibilisation à l’échelle internationale est menée afin de faire pression sur le gouvernement britannique et en 2014, la Grèce fait appel à l’UNESCO pour qu’elle serve de médiateur dans le contentieux qui oppose les deux nations. Le British Museum refuse cependant de prendre part aux discussions.
En 2009, la Grèce inaugure le musée de l’Acropole, situé en face de l’Acropole. Un étage entier du bâtiment y est dédié à l’exposition d’une reconstitution à taille réelle des quatre côtés du temple, avec les morceaux de frise restés en Grèce. « Le British Museum et la Grande-Bretagne prétendaient jusque-là que la Grèce n'était pas capable d'entretenir les marbres et de les agencer correctement. Cette démonstration ne tient plus. Nous avons un musée tout neuf avec une vue idéale sur le site originel » déclare le président du musée grec. De son côté, le journal The Guardian se fait l’écho en 2018 d’un sondage réalisé auprès des Britanniques montrant que 56% d’entre eux sont favorables à un retour des frises en Grèce. Des négociations entre les deux pays évoquent en 2023 un retour temporaire des marbres du Parthénon par le biais d’un prêt du British Museum dans le cadre d’un « échange culturel ». Cependant, la totalité des éléments pillés ne rejoindraient pas la Grèce.
Mais le Royaume-Uni n’est pas le seul pays en possession de vestiges antiques grecs. La Grèce multiplie les demandes de restitution auprès du Louvre à Paris, de l’Autriche, de l’Allemagne ou de l’Italie. En janvier 2022, un morceau de frise représentant un pied d’Artémis, déesse de la chasse, a été prêté par l’Italie à Athènes pour au moins huit ans. En décembre 2022, le pape François a annoncé la restitution à l’archevêque orthodoxe d’Athènes de trois fragments du Parthénon, conservés dans les musées du Vatican. En 2008, le Saint-Siège avait déjà restitué à la Grèce un fragment provenant de la frise, qui lui avait été offerte au début du XIXe siècle.