Le 2 novembre 1917, Arthur Balfour, ministre des Affaires étrangères britannique, écrit et annonce dans une lettre la volonté de l’Angleterre de soutenir « l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif ». Il résume sa vision ainsi : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». La déclaration de Balfour est validée quelques années plus tard, en 1922, par la Société des Nations, qui, dans la foulée, donne au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine, c’est-à-dire son administration. « Une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d'une troisième... » écrit Arthur Koestler journaliste et essayiste hongrois naturalisé britannique. Pour Ernest Bevin, secrétaire au Foreign Office d'après-guerre, « La promesse britannique ouvrit la voie à la création de l'Etat d'Israël, mais déclencha aussi un des conflits les plus amers des temps modernes ».
Le 29 novembre 1947, l’ONU met fin au mandat britannique en Palestine et se prononce en faveur de la création d’un Etat juif et d’un Etat palestinien, avec Jérusalem restant sous contrôle international. La résolution 181 est adoptée par 33 votes pour, 13 contre, et 10 abstentions. L’ONU prévoit un plan de partage permettant la création d’un Etat arabe et d’un Etat juif en Palestine. Les Palestiniens refusent de signer cette proposition de partage de leur Etat. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame unilatéralement la naissance de l’État d’Israël.
Dès le lendemain, une guerre éclate entre Israël et les pays arabes voisins qui soutiennent les Palestiniens. Le conflit se poursuit jusqu’au 10 mars 1949 et voit la victoire d’Israël qui agrandit son territoire (passant de 55% selon le plan de partage de 1947 à 78% à la fin du conflit). Entre 700 000 et 750 000 Arabes palestiniens sur les 900 000 qui vivaient dans les territoires sous contrôle israélien à l'issue de la guerre ont fui ou sont chassés de leurs terres. En 1949, l’armistice des accords de Rhodes fixent les frontières d’Israël. La bande de Gaza passe sous contrôle égyptien tandis que la Cisjordanie est annexée par la Transjordanie. Les pays arabes refusent de reconnaître Israël.
La guerre des Six Jours se déroule du lundi 5 au samedi 10 juin 1967 et oppose Israël à l'Égypte, à la Jordanie et à la Syrie. Cette guerre est présentée comme une attaque préventive par Israël qui est soutenue par les USA. L’objectif pratique est en réalité de s'affirmer comme la puissance dominante capable de négocier en position de force, en neutralisant au passage des capacités « stratégiques ». Israël annexe le Golan syrien, la péninsule du Sinaï et les Territoires palestiniens. La communauté internationale, y compris les Etats-Unis, condamnent cette annexion. En novembre 1967, l’ONU intervient au travers de la Résolution 242 du conseil de sécurité qui demande le retrait d’Israël des territoires occupés. La résolution souligne « l'inadmissibilité de l'acquisition de territoire par la guerre et la nécessité d'œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque Etat de la région de vivre en sécurité ». Israël, qui a évacué unilatéralement la bande de Gaza en 2005, occupe depuis 50 ans la Cisjordanie et Jérusalem-Est, qu'il a annexée tout comme le Golan syrien.
La guerre du Kippour oppose l’Egypte et la Syrie à Israël entre le 6 et le 24 octobre 1973. Les Égyptiens et les Syriens attaquent par surprise et simultanément durant le jeûne de Yom Kippour. Leurs attaques visent la péninsule du Sinaï et le plateau du Golan, territoires respectivement égyptien et syrien occupés par Israël depuis la guerre des Six Jours. Le Conseil de sécurité des Nations unies, en coopération avec les deux superpuissances soviétique et américaine, demande un cessez-le-feu pour laisser place aux négociations. « L'accord au kilomètre 101 » signé le 11 novembre 1973 entre l'Égypte et Israël implique le retour aux positions du 22 octobre. La paix n’est signée qu’en 1979 suite aux accords de Camp David. Ces accords doivent sceller la paix entre les deux pays, qui doivent établir des relations diplomatiques, économiques et culturelles. De même, Israël promet de se retirer du Sinaï qu'il occupe depuis 1967. Enfin, ces accords prévoient aussi l'octroi d'un statut d'autonomie aux Palestiniens des territoires occupés par Israël depuis 1967. Face aux oppositions internes, à la fois palestinienne et israélienne, ces dispositions ne sont pas appliquées.
La résistance va peu à peu s’engager dans la voie de la revendication d’un Etat palestinien indépendant, à côté d’Israël. Ainsi est créée en 1964, l’Organisation de libération de la Palestine. L'OLP est composée de plusieurs organisations palestiniennes, dont le Fatah, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP). L’OLP est un mouvement de résistance armée représentant les Palestiniens. Yasser Arafat en devient en 1969 le président jusqu’à sa mort en 2004. En 1987, le Hamas est créé. Il s’agit d’une organisation islamique de Palestine constituée d’une branche politique et d’une branche armée. De nombreux pays considèrent le Hamas comme une organisation terroriste. La même année, la première intifada éclate. Ce terme, qui signifie « soulèvement » désigne un mouvement populaire insurrectionnel, massif, non armé. On connaît ce soulèvement sous le nom de « guerre des pierres ».
La guerre du Golfe montre l’importance de la question israélo-palestinienne pour les pays arabes. Les Etats-Unis souhaitent s’attaquer au problème afin de ne pas se couper des pays du Proche et Moyen-Orient. Les accords d’Oslo signés en 1993 entre l’autorité palestinienne de Yasser Arafat et le 1er ministre israélien Yitzhak Rabin s’organisent sous la houlette des Etats-Unis et de leur président Bill Clinton. Ils laissent espérer le rétablissement de la paix dans la région. L’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995 fait échouer le processus de paix. La colonisation des Territoires palestiniens par les Israéliens se poursuit. En 2000, la seconde intifada éclate. Les Palestiniens sont divisés politiquement et géographiquement entre la Cisjordanie (sous le contrôle du Fatah, parti politique nationaliste palestinien) et la bande de Gaza (sous le contrôle du Hamas).
En 2011, l’UNESCO reconnaît la Palestine comme une organisation. L’année suivante, l’ONU en fait un État observateur non-membre de l’ONU. En 2017, le pays est reconnu par 136 Etats dans le monde soit 70,5% des 193 Etats membres de l’ONU.
Le conflit israélo-palestinien est un conflit de basse intensité qui reste limité géographiquement mais qui a une importance stratégique. Les Arabes et les musulmans considèrent que l’occupation israélienne n’est possible que par le soutien apporté par les Etats-Unis à Israël. Les Américains sont donc mis en face de leur contradiction : comment peuvent-ils prôner la démocratie et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans ces conditions ?
Un changement de paradigme a lieu en décembre 2020 au moment des Accords d’Abraham qui engagent le gouvernement israélien à cesser les annexions de territoires palestiniens. Les Emirats arabes unis, Bahreïn et Israël signent ces accords qui reviennent à officialiser les relations officielles entre les deux émirats du golfe arabo-persique et l’Etat hébreu. Ainsi, par ces accords, les pays du Golfe reconnaissent officiellement l’Etat d’Israël. L’ambition est économique mais aussi géopolitique puisque l’objectif est de freiner les ambitions iraniennes au Moyen-Orient. De leur côté, les Émirats arabes unis sont prêts à parrainer une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour soutenir les Palestiniens contre la construction et l’expansion de colonies israéliennes. Ces accords, élargissant les relations diplomatiques et donc économiques d’Israël avec ses voisins, représentent un moyen de contenir les ambitions territoriales israéliennes face aux Palestiniens.
Selon Pascal Boniface, géopolitologue, « parfois présenté comme religieux ou ethnique, le conflit israélo-palestinien est en fait un conflit territorial classique. Il est central dans la relation entre monde musulman et monde occidental ».