I. Les espaces de production dans le monde : une diversité croissante

Espace productif : ensemble d'activité productives fonctionnant en système

La mondialisation est un processus continu d'intensification et de fluidification des échanges, porté par l'essor des transports et des mobilités. Le processus de mondialisation a multiplié les échanges par mer et on assiste à une multipolarité grandissante dans l’organisation mondiale ce qui renforce l’importance géostratégique des espaces maritimes et le rôle des façades maritimes.

La globalisation consiste dans le développement des échanges mais également dans un processus tendant vers la constitution d’un marché global unique des capitaux, des biens et des services, voire du travail. On assiste donc à une réorganisation et une relocalisation de la production à l’échelle mondiale au travers des Firmes Transnationales (FTN). Celles-ci installent leurs productions en choisissant les territoires en fonction de la faiblesse des coûts de main-d’œuvre, du niveau de fiscalité, de la nature de la réglementation sociale, du dynamisme du marché local...Chaîne de valeur ajoutée mondiale : Ensemble des entreprises qui interviennent dans le processus de production d’un bien ou d’un service et cherchent la plus grande rentabilité économique.

Les sièges sociaux des 500 FTN les plus riches du monde en 2018 sont en majorité basés aux USA, dans l'UE et en Chine et plus généralement dans les pays industrialisés ou les pays émergents. Depuis 2005, de plus en plus de FTN installent leurs sièges sociaux en Asie.  Les principaux pays exportateurs de marchandises sont également les principaux pays importateurs. Ils appartiennent aux pays dits du Nord, c’est-à-dire aux pays développés. Les échanges peuvent être matériels (marchandises, personnes...) mais aussi immatériels (services, informations, capitaux...). Ils sont donc aussi constitués par les flux numériques. On note une hiérarchisation dans le réseau numérique mondial car tous les continents ne participent pas avec la même ampleur au flux internet. L’Europe est à la première place, devant l’Amérique du Nord et l’Asie (du Sud, de l’Est et du Sud-Est). L’Afrique, l’Océanie et l’Asie du Nord n’ont qu’un poids marginal dans ces flux.

III. Singapour : l’articulation de la finance, de la production et des flux

a) Une intégration mondiale

Singapour est une cité Etat en Asie du Sud-Est, à l’extrémité de la péninsule malaise, composée d’une soixantaine de petites îles. Singapour a un rayonnement régional et mondial grâce à une croissance économique rapide et accueille une population cosmopolite. Un des plus petit Etat au monde, 20% du territoire de Singapour a été gagné sur la mer grâce à aux techniques de poldérisation pour faire face à sa forte densité de population (7 400 hab/km2).

Malgré son absence de ressources naturelles, Singapour est au 3ème rang mondial  pour son PIB/hab. Elle profite de son emplacement stratégique sur le détroit de Malacca qui accueille la 1ère route maritime mondiale et est un axe maritime qui relie l’Amérique à l’Asie et l’Asie à l’Europe et l’Afrique. Ainsi, Singapour est intégré dans les chaînes mondiales de valeur grâce à son port qui est au 2ème rang mondial.

La croissance économique rapide de Singapour repose sur les activités financières (3ème marché mondial des activités de change, 1ère place financière d’ASEAN), sur les services aux entreprises, l’industrie manufacturière, la construction, les activités de commerce, logistique et communication.

b) Une intégration régionale

1. Le triangle de croissance

Si Singapour est intégrée au niveau mondial, elle est aussi fortement intégrée au niveau régional grâce au « triangle de croissance » qui la lie à l’Indonésie et à la Malaisie. Chacun de ces Etats a une spécialisation qui la rend complémentaire aux deux autres. Singapour dispose de capitaux, d’employés qualifiés, de technologies et d’infrastructures commerciales de pointe, d’un accès au marché mondial. La Malaisie possède une main-d’œuvre semi-qualifiée, des technologies intermédiaires, des infrastructures de base, des terres et des ressources naturelles. Quant à l’Indonésie, elle est à la tête d’une main-d’œuvre non qualifiée, des technologies élémentaires, des ressources naturelles et des terres inexploitées en abondance. Le niveau de développement de chacun des membres de ce « triangle de croissance » est donc très différencié.

Singapour se distingue par son développement économique, bien supérieur à la Malaisie et à l’Indonésie (Plus forte concentration de milliardaires au kilomètre carré du monde, deuxième plus grand port à conteneurs et la quatrième place financière). Des flux migratoires, des flux d’investissement ainsi que le développement du tourisme renforcent les liens entre les 3 pays du « triangle de croissance ».

2. L’ASEAN

L’ASEAN est l’Association des Nations de l'Asie du Sud-Est. Il s’agit d’une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est. Elle représente 8% de la population mondiale. De part son niveau de développement, Singapour est le leader de l’ASEAN. Au niveau diplomatique, Singapour agit comme chef de file de la région et sert de pont entre l'ASEAN et les autres économies.

Membre de l’OMC, elle a signé des accords de libre-échange avec de nombreux pays dans le monde, et pas seulement des pays asiatiques. Singapour a une économie globalisée. Si elle profite de la mondialisation, cette intégration à la globalisation peut aussi constituer une faiblesse.

IV. Les espaces des industries aéronautique et aérospatiale européennes : une production en réseau

Les besoins prévisibles en matière de transport aérien sont en constante augmentation à l'échelle mondiale. Si le marché européen constitue 20% du marché mondial de l'aéronautique civile, l'industrie américaine est la première exportatrice mondiale de matériel aéronautique tant civil que militaire.

L'Union Européenne élabore une politique spatiale européenne, afin de favoriser le progrès scientifique et technique ainsi que la compétitivité industrielle. Elle promeut des initiatives communes et coordonne les efforts des pays membres. Les seules compétences nationales étant trop limitées pour affronter la concurrence des Etats-Unis, l'Agence spatiale européenne (ESA) compte 22 États membres et dispose dans différents pays d'Europe de centres qui ont des responsabilités bien définies. Son siège est à Paris.

Le modèle industriel d’Airbus est celui d’un archipel productif où les pièces des avions sont fabriquées dans différentes villes d’Europe. Ex : Pour la construction d'un Airbus, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Espagne fabriquent différentes pièces de l'avion avant d'acheminer l'ensemble en direction de Toulouse où elles sont assemblées.

Aerospace Valley est un pôle de compétitivité mondial situé dans les régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie. Il constitue le premier bassin d’emplois européen et français dans le domaine de l’aéronautique, de l’espace et des systèmes embarqués avec 1 600 établissements et plus de 120 000 emplois. L'activité d'Aerospace Valley fournit du travail à de nombreuses entreprises sous-traitantes. Un Pôle de Compétitivité rassemble sur un territoire donné des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation ainsi que des associations pour développer des synergies et des coopérations.

Airbus a comme ambition de conquérir des marchés étrangers afin de concurrencer Boeing. Pour ce faire, Airbus a ouvert en Chine un centre de finition pour gros porteurs A330 et une chaîne d'assemblage pour monocouloirs A319 et A320. De même, des chaînes d'assemblage de l'A320 et de l'A220 existent aux Etats-Unis.