I. La course aux colonies
a) L ’expansion coloniale française
Si l'Espagne et le Portugal dominent la conquête coloniale en 1815, ce n'est plus le cas un siècle plus tard. En 1914, les deux grands empires coloniaux européens sont aux mains du Royaume-Uni et de la France. La IIIème République tient d'autant plus à sa politique coloniale qu'il est nécessaire de compenser la défaite de Sedan et la perte de l'Alsace-Lorraine.
En 1830, Charles X lance la France à la conquête de l'Algérie. L’Algérie devient une colonie mixte, avec une population européenne numériquement minoritaire et dépendante économiquement d’une main d’œuvre indigène. En 1848, l'Algérie est divisée en 5 départements.
La colonisation de l’Algérie s’accompagne de la confiscation d’une partie des terres appartenant aux populations locales au profit de l’Etat français et des colons. De nombreux avantages fiscaux et financiers sont octroyés aux français désirant s’installer en Algérie. L’objectif est d'encourager le peuplement français de l'Algérie.
b) les chocs entre puissances
Les ambitions coloniales des européens se heurtent les unes aux autres sur le continent africain, objet de toutes les convoitises. La conférence de Berlin de 1885 instaure des règles d’implantation pour les puissances coloniales pour préserver le libre-échange commercial en évitant de possibles conflits entre nations.
La France et l’Angleterre se heurtent malgré tout dans leurs ambitions coloniales. Les axes d’expansion des deux pays se croisent à Fachoda. Les deux armées se retrouvent face à face en 1898. Après une bataille perdue par les français, deux choix se présentent : la guerre ou la diplomatie. La France se résout à éviter un conflit armé qu’elle n’est pas sûre de remporter.
La France se heurte aussi aux allemands qui partagent les mêmes ambitions concernant le Maroc. Les crises de 1905 et de 1911 sont inquiétantes et créent de fortes tensions en Europe. Un compromis est trouvé. La France obtient un protectorat sur la Maroc en échange de territoires importants au Congo cédés aux allemands
II. Les débats autour de la colonisation
Chacun des Etats européens affirme l'importance vitale de la colonisation pour le maintien et le développement de sa puissance politique, économique et commerciale, ainsi que pour son influence mondiale. Jules Ferry, président du conseil, prononce un discours à la chambre des députés en 1885 résumant la position de l'Etat français face à la colonisation : trouver des débouchés aux industries françaises, s'assurer des bases navales sur l'ensemble du globe, augmenter le prestige et l'importance du rayonnement français dans le monde. De même, à ses yeux, renoncer à la colonisation c'est permettre aux autres nations de coloniser et d'accroître leur puissance face à la France.
Jules Ferry évoque le devoir civilisateur des européens auprès des populations coloniales considérées comme inférieures. Georges Clémenceau répond à Jules Ferry en remettant en cause la prétendue supériorité de l'Homme blanc et souligne le caractère inhumain de la colonisation. Cette condamnation est loin d'être unanime...
III. Le fonctionnement des sociétés coloniales
a) Une colonisation civilisatrice ?
La France se présente comme le pays qui apporte à des sociétés moins avancées le concours des Lumières, du développement scientifique et technique. Elle serait la nation qui libère des peuples de l’oppression.
La plupart des puissances coloniales s’enorgueillissent de « l’œuvre scolaire », accomplie dans leurs empires respectifs. L’enseignement apparaît comme l’un des leviers de transformation des sociétés colonisées par les pouvoirs coloniaux. Cependant, si l'école permet de légitimer les métropoles, celles-ci se méfient : elles craignent que des élites indigènes émergent. Aux yeux des empires coloniaux, il est indispensable de maintenir les indigènes dans une situation de subordination et de ralentir l’exode rural.
b) Saigon, ville coloniale
En 1859, à l’arrivée des colonisateurs français, Saigon, située au sud de la Cochinchine, est une petite agglomération. L’ambition coloniale est d’en faire une grande ville concurrençant celles des autres nations colonisatrices implantées en Asie. On présente la nouvelle ville remaniée par les français, comme le « Paris de l'Asie » ou la « perle de l'Extrême-Orient ». En effet, les travaux d’urbanisation ont pour objectif de recréer une ville française mettant en valeur la métropole et mettant en scène sa puissance : palais du gouverneur, hôtel des Postes, palais de justice, théâtre, opéra…
Outre les fonctionnaires coloniaux et les marchands qui peuplent la ville, Saigon est l’objet des attentions des touristes français qui souhaitent goûter l’exotisme tout en conservant le confort européen.
c) Rapports à l’autre
En 1881 est promulgué le code de l'indigénat. Celui-ci institutionnalise l'infériorité raciale, religieuse, politique et économique des populations colonisées tout en organisant leur domination, leur contrôle et leur répression. D'abord instauré en Algérie, le code de l'indigénat est étendu aux autres colonies.
Une ségrégation raciale et spatiale vise à limiter au maximum les contacts entre européens et « indigènes ». Les unions mixtes inspirent à la fois du mépris mais aussi de l'inquiétude face à une possible "contamination" raciale et religieuses.