I. Les villes à l’échelle mondiale : le poids croissant des métropoles
La population mondiale devrait atteindre les 8.5 milliards d'habitants d'ici 2030. Jusqu’en 2007, la population mondiale était majoritairement rurale. Après cette date, la population mondiale est majoritairement urbaine. 56% de la population mondiale est urbaine en 2020 et ce taux devrait s'élever à 66% en 2050. La plus forte croissance urbaine est réalisée par les pays en voie de développement situés en Afrique et en Asie (et plus particulièrement en Inde, en Chine et au Nigeria).
On dénombre de plus en plus de "villes géantes", c'est à dire des mégapoles de plus de 10 millions d'habitants (28 en 2016 / 43 en 2030). 1/4 de la population mondiale vit dans une ville de plus d'un million d'habitants. On remarque une métropolisation au niveau mondial, c’est-à-dire un phénomène d'organisation territoriale renforçant la puissance des métropoles. Une métropole est un ensemble urbain de grande importance qui exerce des fonctions de commandement, d’organisation et d’impulsion sur une région et qui permet son intégration avec le reste du monde.
Les 3/4 des mégapoles se situent dans les pays dits du Sud avec une nette prédominance de l'Asie qui concentre plus de la moitié des mégapoles mondiales. Cependant, les taux de croissance urbaine les plus importants se retrouvent en Afrique.
Mégalopole : Très grande agglomération urbaine formée de plusieurs grandes villes proches. Il existe 3 mégalopoles : une mégalopole en Amérique du Nord-Est, une mégalopole sur la dorsale européenne et une mégalopole au Japon.
II. Des métropoles inégales et en mutation
a) La métropolisation au Brésil : dynamiques et contrastes
Etudes de cas Brasilia et Sao Paulo
1. Brasilia
Brasília est la capitale politique du Brésil. Construite ex-nihilo dans les années 60, loin des côtes, afin d’entraîner le développement du centre du pays, Brasília est une enclave plutôt prospère, qui accueille 3 millions d’habitants. Cette capitale est loin d’être la métropole la plus peuplée du pays, dépassée largement par Rio de Janeiro et Sao Paulo. Cependant, sa position centrale au Brésil a pour but de faire le lien entre le littoral et les territoires plus en marge du pays. Le maillage routier confirme cette volonté.
Brasília, malgré son jeune âge, connaît les difficultés sociales, économiques et environnementales de toute métropole. Autour d’elle se sont développées des villes satellites qui ont connu une croissance plus rapide et qui connaissent une gentrification qui va à l’encontre des idéaux initiaux de la ville de Brasília. La gentrification désigne les transformations de quartiers populaires dues à l'arrivée de catégories sociales plus favorisées, qui réhabilitent certains logements et importent des modes de vie et de consommation différents.
Les espaces de Brasília sont nettement séparés selon un schéma fonctionnel urbanistique. Les espaces résidentiels sont au Nord et au Sud tandis que les activités économiques et administratives sont organisées sur un axe Est-Ouest. Au centre, à côté des activités politiques et administratives, sont localisées les activités commerciales et bancaires.
Les enjeux liés à la circulation automobiles sont vifs, de même que la pression sur l’environnement. A cela s’ajoute une pression démographique liée aux brésiliens qui viennent s’installer dans la ville et qui remettent en cause la planification urbaine au travers de lotissements illégaux. Ces lotissements illégaux se développent dans et autour de la capitale, principalement dans les parcs, réserves et zones protégées.
De même, les inégalités socio-spatiales sont majeures et remettent en cause l’idéal de fraternité et d’unité de la capitale au moment de sa fondation. Si Brasília est la capitale politique, elle n’est pas une métropole économique majeure dans la mesure où sa planification urbaine refusait les activités productives. Cette caractéristique implique un chômage important pour les populations pauvres qui ne trouvent pas de travail.
En considération de son PIB, Brasília est la 3ème ville du pays, loin derrière Sao Paulo et Rio de Janeiro.
2. Sao Paulo
São Paulo est la capitale économique du pays. En tant que métropole, elle commande l’économie, les réseaux du pays, les activités d’information et de communication, les activités financières et les activités scientifiques et techniques. Son IDH est équivalent à celui de la France et dépasse largement celui du Brésil.
São Paulo est le hub aéroportuaire du pays et accueille deux aéroports pour une population supérieure à 19 millions d’habitants. Sa croissance démographique est importante et déborde au-delà des limites de la ville. Au 5ème rang mondial en 2014, elle devrait cependant rétrograder dans le classement mondial à la 8ème place en 2030 du fait de sa croissance annuelle plus faible que celle d’autres métropoles.
Centre historique, CBD, banlieues résidentielles, périphéries, …, São Paulo connaît l’organisation classique des métropoles mondiales. Cependant, le développement de 4 CBD est preuve de sa croissance économique.
Comme toute métropole, elle attire des populations nombreuses venues des 4 coins du pays, qui déstabilisent son schéma urbain par la croissance démographique rapide que cela implique. Ces populations s’entassent dans des logements sans confort, dans des quartiers dépourvus d’infrastructures municipales, tels les transports. « Dans les quartiers les plus périphériques, moins d'un tiers des domiciles disposent d'eau courante, moins de 10 % sont reliés au réseau d'égouts ».
Cette fracture socio-spatiale se matérialise dans une opposition centre-périphérie, avec des écarts de revenus très importants. Les bidonvilles, nommés Favelas, sont très présents en périphérie. En réponse, les populations aisées se calfeutrent dans des « gated communities ». Ces disparités économiques et ces phénomènes de rejet engendrent une très forte violence et un taux de criminalité élevé.
b) Londres : une métropole de rang mondial
Londres est la ville la plus peuplée de l'archipel britannique avec 9.75 millions d'habitants en 2024 grâce une forte croissance démographique. Elle accueille les institutions politiques qui font d’elle la capitale de l'Angleterre et du Royaume-Uni : Buckingham Palace qui est la résidence officielle des souverains britanniques, le 10 Downing Street qui est la résidence officielle et le lieu de travail du Premier ministre du Royaume-Uni et le palais de Westminster qui est le siège du Parlement du Royaume-Uni : la Chambre des communes et la Chambre des lords.
La capitale attire par son dynamisme économique. Londres accueille deux quartiers des affaires : La City et Canary Wharf. Ces espaces concentrent des activités à très forte valeur ajoutée financière (sièges sociaux, sociétés spécialisées dans les transactions, etc) et les services de proximité (commerces, restauration) qui leur sont attachés. La City est une place financière importante, faisant du pays le second exportateur mondial de services commerciaux. Londres représente la plus grande concentration de banques étrangères, surpassant les centres financiers de New York ou de Singapour. Près de la moitié des opérations mondiales de change (43%) ont lieu à Londres. En 2023, la métropole est classée à la 3ème classe des places financières mondiales. En effet, La City concentre l'ensemble des services financiers de la ville. On y dénombre 400 000 salariés, 500 banques internationales, des centaines de compagnies d’assurances, de comptabilité et de services financiers…Le Brexit a cependant porté un coup à la City, même si celui-ci a été moins catastrophique qu’annoncé. En effet, le Brexit a poussé plus de 400 entreprises financières britanniques à déplacer leurs activités ; on dénombre aussi 7.400 emplois ont été déplacés à l'étranger et 500 relocalisations d’entreprises.
Londres est une ville mondiale, un nœud de communication international et un hub majeur au niveau planétaire (plateforme de correspondance, interface privilégiée par sa position spatiale et ses infrastructures de communication). Elle est reliée au reste du monde grâce à ses 5 aéroports internationaux et à l'Europe grâce à sa ligne LGV (Tunnel sous la Manche).
Le port de Londres s'étend sur 150 km le long des berges de la Tamise, entre la mer du Nord et Tower Bridge à Londres, à 60 km de l'estuaire du fleuve. Il est composé d'un port fluvial situé dans le Grand Londres et d'un port en eaux profondes, en aval, près de l'embouchure du fleuve.
London Gateway est le projet d’aménagement du Port londonien en eaux profondes qui doit permettre de mieux connecter le Royaume-Uni à l’Europe et au reste du monde. Le projet repose sur l’activité logistique afin de tirer le maximum d’avantages de l’étendue des quais du port et de son important potentiel de rotation. En 2020, le port de Londres est le 65ème port mondial par son trafic. Cependant, le port de Felixstowe est le premier port de manutention de conteneurs spécialement construit au Royaume-Uni, desservant les plus grands porte-conteneurs du monde.
Thames Gateway a permis de réduire les disparités entre l’Ouest de Londres, fortement développé (matière grise, tertiaire), et l’Est de la capitale britannique qui connaissait d’importantes difficultés économiques (zones déshéritées).
Le Royaume-Uni est une destination touristique prisée qui place comme la 7ème destination touristique mondiale en 2024. Londres est la 9ème ville la plus visitée au monde et cela lui permet de dégager plus d’un milliard de livres sterling de recette par an au travers de l’accueil de plus de 18 millions de touristes par an. Il faut dire que l’offre culturelle est très vaste, que ce soit en termes de musées (dont un grand nombre est gratuit), de monuments et de spectacles…
Depuis le début du siècle, Londres a gagné 3 millions d’habitants. Cette forte croissance démographique n’est pas sans poser des problèmes urbains, typiques des villes mondiales. Afin d’accueillir cet afflux de population, Londres mise sur une extension verticale au travers de la construction de gratte-ciels…ce qui n’empêche pas une augmentation vertigineuse du coût de l’immobilier. Les loyers sont hors de prix face à la raréfaction des logements disponibles et pèsent lourds dans le budget des ménages qui subissent déjà les effets du coût de la vie et de l’inflation.
Dans ce contexte, les Green Belt, ces zones protégées en bordure des métropoles britanniques, sont convoitées par les promoteurs et semblent représenter une solution à la crise du logement aux yeux des travaillistes. En effet, la ceinture verte qui entoure Londres est trois fois plus vaste que la ville elle-même. Exploiter 1 % de la Green Belt londonienne permettrait de faire sortir 140 000 logements de terre au total. Cependant, ce chiffre est très insuffisant au regard des 250 000 nouvelles habitations considérées comme nécessaires pour répondre à la demande.
La capitale anglaise concentre 2,5 millions de pauvres, soit 28% de sa population. Londres est de loin la ville du Royaume-Uni qui regroupe la plus grande proportion de population pauvres. En 2021, 39% des jeunes Londoniens vivaient dans la pauvreté, soit près de 800 000 enfants. Les inégalités sont extrêmement fortes au vu des 875 000 Londoniens sont millionnaires en dollars.
Outre ces inégalités, Londres doit faire face à une forte pollution et à des encombrements routiers. En 2022, Londres arrivait en tête du classement mondial des embouteillages. La pollution liée aux circulations routières pousse la ville à étendre la superficie des zones à faibles émissions . Les voitures les plus polluantes doivent normalement payer une taxe de 12,50 £ par jour de circulation dans la capitale, ce qui pénalise les populations les plus vulnérables. Cette politique, qui suscite des enjeux sociaux, semble porter ses fruits au niveau environnemental dans la mesure où un rapport publié en 2024 souligne une réduction de la pollution de l’air.