Rappel sur la guerre franco-prussienne 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871
Afin de pouvoir réaliser l'unification de l'Allemagne "par le fer et par le sang", le chancelier Bismarck piège la France, au sujet de la succession au trône d'Espagne et de l’humiliation supposée de son ambassadeur auprès du roi de Prusse, pour que celle-ci lui déclare la guerre. La guerre franco-prussienne oppose la France et une coalition d'États allemands dirigée par la Prusse entre 1870 et 1871. Après 6 semaines de défaites consécutives, la défaite française à Sedan et la capture de Napoléon III le 2 septembre 1870 provoque la chute du Second Empire. En effet, les Parisiens se révoltent et la République est proclamée le 4 septembre 1870. Se met en place un Gouvernement de défense nationale qui décide de poursuivre la guerre. Le conflit se poursuit jusqu’au 29 janvier 1871. Entre septembre 1870 et janvier 1871, Paris est assiégée et subit la famine.
Le bilan du conflit est lourd avec 100 000 victimes. Le traité de paix de Francfort acte la perte de l'Alsace-Moselle et le versement d’une compensation financière à hauteur de 5 milliards de franc-or. Le départ des Allemands du territoire français est conditionné par le paiement en totalité de cette compensation. Le dernier soldat allemand partira en 1873. De même, la France perd 1 694 communes et 20% de son potentiel minier et sidérurgique avec le transfert de l'Alsace-Moselle.
I. L’instauration de la République 1870-1875
A. La Commune
Face aux élections de février 1871 qui voient la victoire des royalistes, certaines villes et particulièrement Paris s'insurgent et instaurent des communes. Les Communards parisiens appellent à l'instauration d'une nouvelle République basée sur une démocratie sociale et directe.
Réprimée dans le sang par le gouvernement en place à Versailles, la Commune se termine en massacre après 72 jours d'existence : c’est la semaine sanglante. A Paris, on dénombre plus de 10 000 morts, 40 000 arrestations, des centaines de condamnations à mort et des milliers de condamnation aux travaux forcés ou à la déportation. De nombreux communards partent en exil. Au total, Paris perd le septième de sa population masculine majeure.
Une des figures emblématiques de la Commune est Louise Michel. Cette institutrice est sur tous les fronts que ce soit dans les combats et sur les barricades, pour se battre ou aider les blessés, ou dans les réalisations sociales d’inspiration égalitaire et laïque. Elle sera jugée et déportée en Nouvelle-Calédonie. Elle n’en reviendra qu’en 1880.
B. L’instauration de la IIIème République
La IIIème République est, pour l’instant, la République qui a connu la plus longue durée de vie. Elle est proclamée le 4 septembre 1870 suite à la défaite de Sedan et s’achève 70 ans plus tard, en 1940. Pourtant, il était loin d’être évident qu’elle perdure suite à sa proclamation de 1870. En effet, la majorité issue des élections de 1871 est majoritairement royalistes (légitimistes et orléanistes). Le comte de Chambord, petit-fils de Charles X et désigné comme héritier du trône par celui-ci avant son départ en exil, est pressenti pour incarner une Restauration monarchique. Son refus d’adopter le drapeau tricolore, symbole depuis le Révolution française, fait dire à Adolphe Thiers en 1873 que « la monarchie est impossible ». La République sort de son statut provisoire avec le vote des lois constitutionnelles de 1875.
Ces lois constitutionnelles font de la IIIème république un régime démocratique. En effet, il existe une séparation des pouvoirs et le suffrage universel masculin est maintenu. De plus, c’est un régime parlementaire dans la mesure où le président de la République est élu par les instances qui incarnent le pouvoir législatif : le Sénat et la chambre des députés. Ces deux chambres ont la possibilité de renverser le gouvernement.
II. L’unification de la nation autour des valeurs de 1789
a) De nouvelles libertés
Une succession de loi votée sous la 3ème République et s’appuyant sur les principes de la Révolution françaises permettent le développement des libertés. Elles se fondent sur la liberté de pensée, d’expression et de communication. Il s'agit de la liberté de la presse en 1881, la liberté syndicale en 1884 et la liberté d'association en 1901.
B) Former des républicains
1. Le service militaire
Le service militaire obligatoire pour tous les citoyens français âgés de vingt à quarante ans est mis en place dès 1871. Cette réforme est décidée en réaction de la défaite de Sedan, ainsi que du besoin de fédérer les Français autour du nouveau régime républicain.
Jusqu’en 1889, un tirage au sort détermine la durée de ce service militaire qui peut durer jusqu’à 5 ans.
De 1889 à 1905, des réformes sont introduites afin d'instaurer une meilleure égalité entre les citoyens comme la fin du tirage au sort et une durée de service identique pour tous.
Avec l’accroissement des tensions à la veille de la première guerre mondiale, le service militaire est porté à 3 ans pour tous.
2. L’école publique
Au travers des lois de 1881 et de 1882, Jules Ferry met en place l'école gratuite, laïque et obligatoire pour les deux sexes de 6 ans à 13 ans. Désormais, l'instruction religieuse est à la charge des familles en dehors du temps scolaire. Celle-ci est remplacée à l'école par des cours de morale. Le nouveau Dieu des écoliers : la République !
L'instruction est indispensable dans le cadre d'un élargissement du corps électoral mis en place par l'introduction du suffrage universel masculin de 1848. Les citoyens doivent pouvoir décider en conscience sans l'influence du clergé, considéré comme l'ennemi du régime républicain.
C) L’unité autour des funérailles nationales de Victor Hugo
Victor Hugo est davantage qu’un poète et un romancier français du XIXème siècle. Il a exercé des fonctions politiques (député, sénateur) et a été le symbole de liberté et de l’intégrité face au régime de Napoléon III.
Après avoir constaté l’échec de la résistance face au coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte en décembre 1851, il s’exile. Il restera 19 ans hors de France malgré l’amnistie générale proclamée en 1859 par Napoléon III. Il revient en France dès le lendemain de la proclamation de la république.
Il reprend des activités politiques et de 1876 jusqu’à sa mort en 1885, il siègera en tant que sénateur de la IIIème République. Le 31 mai 1885, le corps de Victor Hugo est exposé une nuit sous l’Arc de triomphe. Le lendemain, 2 millions de personnes suivent son cortège jusqu’au Panthéon qui accueille, comme les proclame le fronton, les grands hommes dont l’action est digne de la reconnaissance de la Patrie.
III. Des oppositions internes
A. La séparation des Eglises et de l’Etat
La loi de séparation des Eglises et de l'Etat, signée en 1905, ne vise pas spécifiquement la religion catholique mais l'ensemble des religions. C'en est fini du Concordat signé sous le consulat de Napoléon Bonaparte en 1801.
La laïcité se caractérise par la liberté de conscience et la liberté de culte. De même, l'Etat respecte une stricte neutralité vis à vis de l'ensemble des religions. Enfin, tous les citoyens sont égaux devant la Loi quelle que soit leur religion.
Cependant, cette loi de séparation des Eglises et de l'Etat affirme que l'ensemble des lieux de culte ainsi que leurs mobiliers sont désormais propriété de l'Etat. Lorsque les inventaires de biens débutent, certaines communautés, appuyées par la papauté, s'opposent à ceux-ci. Le gouvernement se résigne à considérer en 1907 que le curé est bien l'occupant de son église, même s'il est occupant sans titre.
La loi de 1905 du pays est violemment dénoncée. L'extrême droite crie à la persécution tandis que l'extrême gauche considère qu'elle ne va pas assez loin. Au final, cette loi entérine une laïcisation qui n'a fait que progresser depuis la Révolution française.
B) L’affaire Dreyfus
Suite à la découverte de la trahison d'un officier français qui transmet des renseignements confidentiels à l'attaché militaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, le capitaine Dreyfus, qui est juif, est accusé de cet acte. Il est reconnu coupable et condamné à la déportation en 1894 après subi une dégradation militaire. Le véritable coupable, le commandant Esterhazy, est démasqué, jugé pour être finalement acquitté. Afin de sauver l'honneur, l'armée française fabrique des faux accusant Alfred Dreyfus.
Emile Zola, écrivain et journaliste français, révolté par cette injustice, adresse une lettre ouverte au président de la République en 1898 parue dans le journal L'Aurore. Il y dénonce le complot et les mensonges entourant cette affaire. Comme prévu, il est poursuivi en justice pour diffamation, ce qui lui permet d'exposer les faits et la vérité.
Cette affaire se transforme alors en véritable crise morale et politique où l'antisémitisme de la société française se dévoile. Ce n'est qu'en 1906 que Dreyfus est réhabilité par le gouvernement.
C) Le refus du droit de vote des femmes
La IIIème République s’oppose au droit de vote des femmes. Les hommes considèrent que les femmes sont faites par nature pour la maternité et que ni leur intelligence, ni leur caractère ne sont adaptés aux exigences de débat et aux affaires publiques.
Des femmes s’organisent afin de revendiquer leurs droits politiques. On les appelle les suffragettes. Celles-ci considèrent qu’on les maintient en état d’esclavage, point de vue relayé par Victor Hugo lui-même. Les femmes mettent en avant leur participation comme la manifestation d’une égalité et une garantie de moralisation sociale.
Les revendications politiques doivent permettre aux femmes d’atteindre à terme l’émancipation.