I. Les idéaux démocratiques hérités de la Révolution française
a) Le suffrage universel
Si le principe du suffrage universel masculin avait été proclamé par la DDHC en 1789, force est de constater qu'il est immédiatement limité. En effet, en 1791, le suffrage est censitaire, c’est-à-dire qu’il dépend du montant de l'impôt payé. Cela limite fortement le nombre d'électeurs. Entre 1815 et 1848, on dénombre entre 100 et 170 000 électeurs.
Il faut attendre 1848 pour qu'un décret proclame que "Tout Français en âge viril est un citoyen politique. Tout citoyen est électeur. Tout électeur est souverain. Le droit est égal pour tous". Les femmes ne sont pas concernées par ce décret et des voix s'élèvent afin de souligner cette inégalité. Le nombre d’électeurs est désormais estimé à 9,5 millions d’électeurs.
Cependant, en 1850, l'assemblée restreint le corps électoral en imposant une condition de résidence de 3 ans. Le nombre d'électeurs s’élève désormais à 7 millions d’électeurs. Après son coup d'Etat, Louis Napoléon Bonaparte supprimera cette contrainte et remettra en vigueur le suffrage universel masculin sans limitation.
b) L’abolition de l’esclavage
Si la DDHC proclame l'égalité et donc induit l'abolition de l'esclavage, il faut attendre 1794 pour qu'un décret soit publié...vite oublié et supprimé par Napoléon en 1802. Il faut attendre 1848 pour que l'esclavage soit définitivement aboli dans les colonies françaises. Le gouvernement provisoire prévoit une compensation financière pour les propriétaires d'esclaves. Est demandé aux anciens esclaves "la reconnaissance éternelle à la République française qui (les) a fait libres ! ".
Aucune compensation financière n'est prévue pour ces nouveaux hommes libres. Une misère sans précédent s'abat sur ces populations affranchies chassées de leurs lieux de vie et remplacées dès 1852 par une main-d’œuvre sous-payée, recrutée sur contrats en Afrique, en Inde et en Chine. Plus de 100 000 de ces travailleurs sont arrivés dans les colonies françaises entre 1854 et 1889.
François-Auguste Biard, L'Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848, 1848
II. De la Deuxième République au Second Empire
En 1848, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, est élu président de la Seconde République. Il y a une stricte séparation des pouvoirs. L’Assemblée nationale ainsi que le président de la République sont élus par les citoyens pour 4 ans. Le président ne peut être élu que pour un seul mandat. Il s'agit d'un système présidentiel : le président ne peut pas dissoudre l'Assemblée tandis que l'Assemblée ne peut renverser les ministres nommés par le président.
Cette disposition pousse Louis-Napoléon Bonaparte à faire un coup d’Etat le 2 décembre 1851 afin de conserver le pouvoir. Dans les jours qui suivent le renversement de la République, le soulèvement parisien, organisé par quelques députés comme Victor Hugo ou Victor Schoelcher, est brisé par la « fusillade des boulevards » qui fait plusieurs dizaines de morts en quelques minutes. La répression bonapartiste se révèle sévère : 20 000 militants républicains sont arrêtés, plusieurs centaines sont envoyés en Algérie, et la plupart des chefs sont exilés.
Louis-Napoléon Bonaparte met en place le second Empire (1852-1870) qu'il dirige sous le nom de Napoléon III. L’empereur concentre tous les pouvoirs. Il nomme les ministres, le Conseil d’Etat ainsi que le Sénat et possède l’initiative des lois.
Son coup d'Etat est présenté comme un vœu populaire dans la mesure où il organise un plébiscite afin de légitimer le rétablissement de l'Empire (93% de Oui). Le plébiscite devient un instrument de légitimation personnelle. Les républicains dénoncent la propagande entourant ce type de scrutin. Tout est mis en œuvre pour que le Oui l’emporte. Selon eux, le plébiscite exploiterait l’ignorance du peuple qui serait manipulée par les élites.
Les élections sont totalement manipulées par le ministre de l'Intérieur et par les préfets, au profit des candidats dits « officiels », qui bénéficient des subsides et des affiches de l'administration impériale, tandis que leurs opposants sont soumis à des brimades de toutes sortes, au bourrage des urnes et au truquage des résultats. La vie politique est réduite, la propagande est omniprésente et la presse est censurée.