Recherche documentaire: l'exemple des articles consacrés aux animaux

Faire des recherches, que ce soit sur le thème du rat domestique ou sur d'autres sujets, ne demande pas forcément de grandes connaissances (si ce n'est tout simplement comprendre ce qu'on lit). Il suffit simplement d'avoir un peu de temps devant soi, et surtout d'avoir quelques notions simples de recherche documentaire.

En premier lieu, il vous faut définir sur quel sujet portera votre recherche. Vous pouvez poser cela sous forme de question. Cette question peut être "ouverte" ou "fermée"...

La question fermée

Une question fermée est ainsi nommée lorsque la période concernée et le lieu sont précisés. Par exemple: "le droit des animaux en France de 1800 à nos jours" est sans aucun doute une question fermée: elle ne permet de faire des recherches que dans les limites données par l'intitulé.

Méthode 3QPOC

La méthode 3QPOC est particulièrement adaptée au travail de recherche à partir d'une question fermée, car elle permettra de répondre à toutes les interrogations:

- Qui ? Quelles sont les personnes, les animaux, les objets de mon sujet ?

- Quoi ? Quel est le sujet ?

- Quand ? Quelle est la période de mon sujet ?

- Pourquoi ? Quelle est la pertinence du sujet, où est-ce que je veux en venir ?

- Où ? Où se situe mon sujet ?

- Comment ? Quels sont les angles de recherche possibles ?

Utiliser la méthode 3QPOC vous permettra de mettre des frontières claires dans votre recherche et de ne pas tomber dans le piège du hors-sujet.

La question ouverte

La question ouverte, quant à elle, ne propose qu'un intitulé général dont les limites doivent être définies en fonction de vos souhaits. Par exemple "le droit des animaux" est une question ouverte. Le droit des animaux, certes: mais dans quel pays, à quelle époque, selon quel point de vue, pour quel objectif ? C'est à vous de le définir.

La Mindmap

La question ouverte peut s'avérer être un véritable piège. En effet, le sujet peut se montrer si vaste et la documentation si importante qu'on ne sait tout simplement pas par où commencer, ni quelles infos prendre et quelles infos laisser de côté.

La Mindmap, qu'on appelle aussi "carte mentale" peut vous aider à sélectionner les thèmes qui vous semblent les plus pertinents pour votre sujet. Il existe sur Internet des sites permettant de réaliser des cartes mentales, mais une simple feuille de papier suffit.

Pour ce faire, commencez par écrire votre sujet au centre d'une feuille. Pour reprendre notre exemple sur le droit de l'animal, je note au centre de ma feuille "droits de l'animal" et je réfléchis aux thèmes qui m'intéressent de développer. Je pense immédiatement à la définition de cette expression. Je crée donc une branche partant de "droits de l'animal" qui s'appellera "définition". Cependant, cette branche sera courte, car il n'est pas nécessaire de développer une définition outre-mesure.

Je pense ensuite à la défense des droits de l'animal dans l'histoire. Je dessine une nouvelle branche partant de "droits de l'animal" qui s'appellera "défense". Cette branche pourra être développée. Qui sont les défenseurs des droits de l'animal ? Quelles lois les encadrent ? Quelles en sont les limites ? Je crée donc sur ma carte 3 branches partant de "défense" et intitulées respectivement: "lois", "qui ?" et "limites".

Il va être possible de développer encore ces 3 sous-thèmes. La petite branche "qui ?" par exemple, peut avoir plusieurs ramifications: "les organisations de défense des droits des animaux", les "personnalités importantes"...

Et ainsi de suite, jusqu'à avoir une sorte de grand arbre avec de nombreuses ramifications symbolisant base théorique, thèmes, sous-thèmes...

A terme, votre question de recherche aura trouvé son encadrement et sera formulée selon vous souhaits. Il vous suffit pour cela de transformer votre mindmap en plan d'écriture !

Les mots-clefs

Ils sont tout aussi utiles pour une question fermée, mais plus complexes à définir dans le cas d'une question ouverte, malgré leur importance cruciale.

Les mots-clefs sont une liste de mots réputés essentiels dans votre recherche documentaire. Ils doivent caractériser votre sujet et en représenter toutes les thématiques. Il est toujours utile de lister les mots-clefs de votre travail de recherche.

Si vous veniez à utiliser l'anglais, le site Linguee permet d'effectuer les traductions des mots en les plaçant dans un contexte.

Faire une recherche Internet

Une fois toutes les étapes précédentes effectuées, vous pouvez vous lancer dans la recherche documentaire proprement dite. Nous nous intéresserons principalement à la recherche Internet qui est sans doute la plus efficace de toutes.

Opérateurs booléens

Si vous ne deviez taper dans votre moteur de recherche que les mots "droits des animaux", vous seriez inévitablement envahi par des milliers de réponses plus ou moins pertinentes avec votre sujet de recherche (environ 134 000 000 résultats pour une recherche Google avec les mots "droits des animaux").

Pour utiliser à fond les capacités d'un moteur de recherche, il est préférable de connaître les opérateurs booléens. Ils permettront de préciser vos recherches.

ET, OU et SAUF sont les trois principaux opérateurs booléens (ils existent aussi en version anglaise). Ainsi, si vous tapez "animaux ET rats", vous aurez toutes les recherches comprenant les deux termes. Si vous tapez "animaux OU rats", les réponses apparaissant posséderont l'un ou l'autre des termes. Enfin, si vous tapez "animaux SAUF rats" vous ne verrez apparaître que les réponses comprenant le mot "animaux" mais pas le mot "rats".

Les guillemets

Si vous souhaitez rechercher une expression bien précise, c'est-à-dire une liste de mots qui doivent apparaître dans un ordre bien précis, il est utile de connaître les guillemets.

Par exemple, "droits des animaux" est une expression. De ce fait, si je souhaite la voir apparaître telle quelle dans ma recherche, je vais lui mettre des guillemets. Si je ne le fais pas, rapidement mes recherches seront plus compliquées et moins pertinentes. Ainsi, dès la 3e page de résultats, je tombe sur un parti politique animaliste (ce qui pourrait être intéressant dans ma recherche... ou pas).

Veuillez cependant ne jamais mettre d'opérateur booléen dans une expression avec guillemets !

Les astérisques

Pour votre recherche sur les animaux, vous n'avez pas envie d'écrire dans la barre de recherche des trucs comme "animal OU animaux OU animaliste"....

Utilisez le système de la troncature ! Il suffit de mettre une astérisque: * qui se chargera de remplacer un nombre illimité de caractères là où elle se trouve (au début ou à la fin du mot). Ainsi, tapez simplement dans votre recherche anima*

Attention cependant de bien placer l'astérisque. Si vous écrivez ani*, vous tomberez sur de nombreuses réponses qui n'ont rien à voir avec les animaux (comme l'Accord national interprofessionnel par exemple)

Les bases de données sur Internet

Internet regorge de bases de données pour aider les utilisateurs à faire une recherche documentaire. On peut citer par exemple le célèbre et efficace "Google Scholar" qui est spécialisé dans la documentation scientifique.

Google Books propose des livres numérisés en ligne (cependant de nombreux ouvrages ne sont pas entiers).

Pascal et Francis est une base de données spécialisée dans les sciences techniques, sociales et humaines qui n'est malheureusement plus mise à jour aujourd'hui.

PubMed est quant à lui consacré aux sciences de la santé et CISMeF est un index des sites médicaux en langue française.

Enfin, pour clore notre liste loin d'être exhaustive, citons Hal, les archives ouvertes de l'enseignement et de la recherche françaises.

Evaluer et sélectionner des sources

Vous avez compilé de nombreuses sources grâce à votre recherche Internet. Il va vous falloir à présent les trier et les sélectionner. En premier lieu, vous pouvez commencer par vous intéresser uniquement aux titres et aux résumés de vos documents: plus ils contiendront de mots-clefs conformes à votre liste et plus ils auront une chance d'être pertinents pour votre recherche. Vous pouvez aussi regarder le sommaire si votre document en possède un.

Évaluation selon les critères de pertinence

Observez vos documents. Quelle est la date de publication ? Si votre sujet traite d'une période précise, il peut être utile de comparer avec votre source. Sinon, un document récent aura plus de chance d'être pertinent car plus actuel.

Regardez quels sont les auteurs et les éditeurs (surtout dans le cas d'un document scientifique). Il est préférable de s'intéresser à ceux affiliés à un institut d'enseignement ou de recherche. Évitez les documents qui ne sont pas sourcés ou dont le discours vous semble très vulgarisé. Pour les revues, ignorez celles dont le numéro international d'identification (ISSN) n'est pas notifié.

De plus, pour évaluer correctement une source, il est utile de développer un sens critique. Votre document est-il fiable ? Pour que ce soit le cas, l'origine doit être digne de foi et les données réputées exactes. Ainsi, si vous recherchez la légalisation française concernant l'animal domestique, le site du gouvernement Légifrance sera fiable tandis que prendre vos sources sur Doctissimo ne vous attirera que des ennuis !

N'oubliez pas qu'Internet est une mine de savoirs sans fin, mais elle est aussi la source de nombreux travers: les conflits d'intérêts et la désinformation au premier plan !

Développer son esprit critique: l'exemple du kombucha

Voici un petit exemple issu de mon expérience récente. En écrivant un article intitulé "Booster le système immunitaire de vos rats", je suis tombé au détours de mes recherches sur un article vantant les mérites du kombucha. Un article un peu curieux, très vulgarisé mais qui -chose étonnante sur ce type de site- présentait une liste de sources longue comme le bras pour étayer son sujet ! J'ai eu la curiosité d'observer de plus près la moitié des 16 sources présentées. Voici ce que j'ai trouvé.

(Pour rappel, le kombucha est une boisson obtenue grâce à la culture de bactéries et de levures, c'est donc un produit de la fermentation).

- La source numéro 5 est l'auteur lui-même: il s'auto-cite

- La source numéro 7 n'est pas un article scientifique, n'est pas sourcé et n'étaye en rien ses propos

- La source numéro 8 est intéressante et les recherches sont effectuées en double-aveugle avec placebo... Sauf qu'il n'est pas question de kombucha à proprement parler, mais de vinaigre

- La source numéro 10 présente une expérience effectuée sur des rats (72 rats séparés par groupes de 6)... et non, les résultats sur le rat ne sont pas transposables à l'humain

- La source 11 traite aussi d'expériences faites sur des rats

- La source 12 traite du vinaigre de cidre de pomme et non de kombucha

- La source 12 parle effectivement de la fermentation et la levure, mais sans aucun objectif d'étudier leurs effets sur la santé

- La source 16 étudie les probiotiques et leurs effets sur la santé, pas le kombucha lui-même

J'ai donc observé d'un peu plus près 50% des sources présentées et aucune n'a pu me convaincre que le kombucha est le produit miracle annoncé: "Le Kombucha : ses avantages, y compris pour la santé de vos intestins, votre système immunitaire, combattre le cancer, et même contribuer à la perte de poids" !

L'auteur prend chacun des aspects théoriques du kombucha et en fait une généralité: le kombucha serait un vinaigre, donc tous les résultats positifs obtenus avec quelque vinaigre que ce soit s'applique au kombucha. Le Kombucha serait pour lui un probiotique, alors tous les résultats positif concernant n'importe quel probiotique s'appliquent au kombucha...

Sauf que cela ne fonctionne pas ainsi ! Il existe ainsi, par exemple, de nombreux probiotiques différents et ceux supposément contenus dans le kombucha ne sont pas forcément ceux étudiés dans ses sources !

N'oubliez pas: un article, même s'il veut paraître sérieux et très sourcé, doit être vérifié et analysé avec un esprit critique !

Structure d'un article scientifique

Comment reconnaître un article scientifique au premier coup d'oeil ?

C'est simple: la plupart d'entre-eux suivent un plan IMReD !

Ce plan, précédé d'un titre et d'un résumé, se présente ainsi:

- Introduction (contexte, objectifs, plan)

- Méthode (moyens et matériels utilisés)

- Résultats (résumé de tout ce qui a été observé)

- et Discussion (interprétation des résultats)

Le document se termine par une conclusion et la liste des sources utilisées.

Utiliser les sources correctement

Vous avez passé suffisamment de temps à les chercher: il est bien normal que vous utilisiez ces documents dans votre travail !

Cependant, il est tout à fait interdit de vous attribuer le travail d'un autre, ce serait du plagiat. Il vous faudra citer vos sources.

En premier lieu, n'oubliez pas de notifier tous les documents qui vous auront été utiles à la fin de votre travail.

Qu'il s'agisse d'une citation ou d'une paraphrase (reprendre l'idée de l'auteur avec vos propres mots), vous devrez citer le document originel !

La citation

La citation d'un extrait de texte doit être écrite telle qu'elle apparaît dans votre document d'origine et placée entre guillemets. Si des parties devaient être inutiles et enlevées, il sera alors nécessaire d'utiliser ce symbole: (...). Il signifie que le texte comporte une ellipse et n'est pas copié dans sa totalité.

Vous pouvez aussi utiliser un appel de note, c'est-à-dire numéroter vos citations et renvoyer à la fin du document chaque source avec le numéro qui lui a été attribué.

En cas d'erreur dans l'extrait cité, il ne faut pas la corriger. Faites simplement suivre l'erreur de la mention [sic] qui signifie "de cette manière". Elle précise que le document original est ainsi formulé.

Pour les documents scientifiques, nombre d'entre eux font apparaître dans la liste des auteurs la mention "et al.". Ce terme vient du latin (et alius) et signifie "et autres". Il y a d'autres contributeurs au document qu'on ne mentionne pas dans la source.

Plagiat et droit d'auteur

Les auteurs doivent pouvoir "contrôler l'exploitation qui est faite de leur création et d'en protéger l'intégrité".

Le plagiat se définit très simplement par l'utilisation du travail d'un tiers en le faisant passer pour sien. Beaucoup d'utilisateurs de l'outil informatique sont ignorants des règles qui régissent Internet et ne songent pas que copier-coller un texte ne leur appartenant pas pour le placer sur leur propre site ou blog est une forme de plagiat. Et oui, tout ce qui est publié sur Internet est protégé ! Internet n'est pas un espace libre de droits, loin de là ! Même si aucun nom d'auteur n'est précisé et qu'aucun copyright n'est apposé sur le site, vous n'avez pas pour autant le droit de vous servir dans son travail ! Dans ce cas de figure, il est nécessaire de placer le texte copié entre guillemets et de signaler son origine. Un lien vers le site de l'auteur est toujours apprécié.

Si vous souhaitez rendre votre travail librement disponible sur Internet, vous pouvez y apposer une licence Creative Commons. La licence de base signale que l'auteur permet les utilisateurs à reproduire, distribuer, transformer et communiquer son œuvre à des tiers gratuitement à la seule demande de mentionner l'auteur original.

Cette licence peut être restreinte, par exemple si vous refusez l'utilisation commerciale de votre travail ou si vous en refusez les œuvres dérivatives. La licence Creative Commons est juridiquement valable.

Si vous souhaitez emprunter le travail d'autrui, tout va dépendre de la situation. Si le travail est sous licence Creative Commons, il vous suffira de suivre les indications exigées par l'auteur. Si aucune licence n'est appliquée, vous pourrez utiliser l'œuvre (qu'il s'agisse d'une photo, d'une image, d'un texte...) dans les limites prévues par la législation. Ainsi, si vous souhaitez utiliser ce travail dans le cadre de l'enseignement (élève ou professeur), vous pourrez utiliser l'œuvre en mentionnant simplement le nom de l'auteur et la source d'origine. Si l'utilisation que vous souhaitez en faire n'est pas dans le cadre de l'enseignement, il vous faudra demander l'autorisation à l'auteur.