Le système immunitaire est l'ensemble des stratégies de défense de l'organisme contre les agressions (virus et bactéries, notamment).
Si l'on devait résumer et comparer avec un champ de bataille, notre corps posséderait des Généraux, des corps de Soldats, des Ennemis ainsi que des Messagers.
En effet, le cerveau, la moelle et les os, en tant que Généraux, sont à l'origine de la création de globules blancs. Ceux-ci (granulocytes, monocytes et lymphocytes) peuvent être divisés en deux corps d'armes: l'immunité innée et l'immunité acquise pour se battre contre l'ennemi: les antigènes.
L'immunité innée est composée de globules blancs multi-tâches qui peuvent agir sur plusieurs types d'antigènes pour les "ralentir" mais ont un pouvoir de destruction faible. Ils ne suffisent généralement pas à vaincre l'infection. Ils préparent le champ de bataille pour la venue des anticorps issus de l'immunité acquise: ceux-ci vont s'adapter et se spécialiser dans la lutte contre l'ennemi présent. Si les anticorps connaissent déjà cet ennemi, ils réagiront d'autant plus rapidement et efficacement (il s'agit du principe de la vaccination).
Enfin, pour coordonner tout ça il est nécessaire de mettre en place un système de messagers médiateurs, rôle attribué aux cytokines. Elles permettent de réguler le travail du système immunitaire.
Est-ce que je vous spoile déjà la fin de l'histoire ?
Hey non, il est impossible de booster le système immunitaire d'un rat ayant un état de santé normal !
La plupart des cures visant à "booster le système immunitaire", que ce soit chez l'homme ou chez l'animal, prennent souvent à partie la théorie selon laquelle des toxines s'accumuleraient dans nos organes (en particulier le foie ou les intestins) et que le corps serait incapable de les excréter. Cet argumentaire est celui -entre autres- de la cure "détox".
Hors, le système immunitaire ne peut pas être amélioré d'aucune manière que ce soit. La fonction immunitaire n'est pas un muscle et ne peut pas être "entraînée" pour fonctionner mieux que sa base. Une bonne hygiène de vie: alimentation équilibrée et de qualité, sommeil en juste quantité, environnement favorable et sport régulier, sont les seules armes pour un système immunitaire correct.
Méfiez-vous donc des allégations proposant de booster, augmenter stimuler, dynamiser, soutenir ou renforcer le système immunitaire ! Au cours de nos recherches, nous avons croisé des expressions curieuses comme "protéger son système immunitaire" (étrange, quand on pense que plus le système immunitaire rencontre d'antigènes et plus il saura se défendre) ou certains remèdes accusés de "mélanger le système immunitaire" (celle-là, on ne l'a pas comprise du tout...). Et même une source assurant que le kombucha pouvait à peu près tout faire, y compris booster le système immunitaire, lutter contre l'obésité et combattre le cancer...
S'intéresser au renforcement du système immunitaire n'a d'intérêt que si votre animal est immuno-déprimé, atteint de certaines pathologies. Et si vous pensez vraiment qu'un animal sain peut avoir un problème d'immunité: améliorer ses conditions de vie est la première des solutions !
Pour parler des probiotiques, il faut connaître les bases du fonctionnement de l'intestin. Ce dernier est habituellement "colonisé" par des bactéries qui constituent la flore intestinale de l'être vivant. Ce microbiote a de nombreux rôles dont la capacité de synthétiser des vitamines, de fermentation des aliments ou même la maturation du système immunitaire. En effet, certaines cellules telles que les pré-lymphocytes T naissent "naïves": elles n'ont pas encore été confrontées à un antigène et il leur faudra acquérir leur immuno-compétence. Imaginez un guerrier qui doit passer par l'armurerie pour acquérir une épée et apprendre le plan de bataille avant d'aller au combat: le concept est semblable !
Les probiotiques, eux, sont des micro-organismes qui sont ingérés vivants et seraient donc capable d'avoir un effet sur la physiologie de l'hôte qui les avale. Ils peuvent se trouver dans certains aliments tels que les produits laitiers fermentés, ou sous forme de "médicaments". Pour qu'un produit probiotique soit considéré comme tel et puisse avoir cette appellation, les micro-organismes ne doivent pas avoir été annihilés sous l'effet de la chaleur.
L'argument avancé par certaines grandes marques pharmaceutiques serait que l'usage de probiotiques, en augmentant le nombre de bactéries de la flore intestinale, améliorera le système immunitaire. Hors, ce n'est pas tout à fait exact. La plupart du temps, les probiotiques que vous avalez -ou ceux que vous donnez à votre animal- contiennent des bactéries qui ne se trouvent pas naturellement dans la flore intestinale du receveur. De plus, la résistance des micro-organismes à chacun des différentes étapes de la digestion est mal connue: en effet, certains probiotiques sont détruits dès leur arrivée dans l'estomac ! Ainsi, leur action ne peut être que provisoire et limitée !
Cependant, une nuance s'impose. L'usage des probiotiques pour votre animal peut avoir un effet bénéfique dans certaines situations précises. Si vous lui donnez des antibiotiques. En effet, les antibiotiques détruisent les bactéries mais ne font pas la différence entre celles qui sont "nuisibles" et celles qui sont "utiles" dans le corps. Le médicament sera donc meurtrier pour la flore intestinale et l'ingestion de probiotiques aidera le corps receveur à la reconstituer. De même, si votre animal souffre de diarrhées. Les probiotiques permettront de réduire significativement la durée de l'affliction.
L système nerveux serait doté d'un pouvoir de modulation sur les fonctions immunitaires: le système immunitaire semble capable d'informer le système nerveux de son état de fonctionnement, notamment sur l'existence de conflits antigènes-anticorps. Les cytokines, qui sont les messagers médiateurs du système immunitaire, seraient sensibles aux messages de stress transmis par l'axe constitué de l'hypothalamus, de l'hypophyse et des glandes surrénales.
De nombreuses études ont vu le jour concernant le lien entre certaines maladies auto-immunes et le stress. Ainsi, pour le lupus: 1/5 de la population étudiée (41 sujets sur 56 jours, Adams SJ et al. 1994) présenterait des corrélations significatives entre variables émotionnelles et symptômes physiques. Cependant, ces données sont très variables d'un individu à l'autre. Le stress quotidien semble être plus néfaste que les événements ponctuels et éprouvants de la vie. Bartrop RW en 1977 notera que la réponse lymphocytaire T 6 semaines après le décès d'un conjoint serait en nette diminution. Schleifer SJ et al. en 1984 feront la même constatation en étudiant des patients hospitalisés en épisode dépressif majeur. De même, de nombreuses études effectuées sur les étudiants anxieux en période d'examens intense tendent à penser que le stress aurait un effet néfaste sur le fonctionnement immunitaire du corps.
Une étude effectuée sur la souris conclue que le stress chronique engendrerait une sur-productivité des globules blancs (x4) qui pourrait endommager les tissus sains de l'organisme. Les réactions inflammatoires en seraient impactées.
Cependant, une autre étude menée en 1991 sur des rats propose d'autres résultats. Les rats soumis à des chocs électriques imprévisibles ont vu leur taux de prolifération des lymphocytes T baisser de 74%.
Le stress, qu'il soit chronique ou ponctuel, aurait bel et bien tendance à avoir un effet sur l'immunité. Cependant, cet impact est difficilement quantifiable. Certains événements auront tendance à faire baisser l'immunité de l'animal, d'autres à l'augmenter quand d'autres encore n'auront aucun effet. Dans certains cas, l'augmentation ou la diminution de l'immunité, quoique bien présente, ne sera pas suffisamment importante pour être jugée anormale ou dangereuse pour l'organisme.
S'il est nécessaire de veiller à ce que vos animaux aient un environnement hospitalier et respectueux de leur physiologie, il faut tout de même savoir raison garder et ne pas s'inquiéter pour leur santé en cas de périodes de stress ponctuelles.
En premier lieu, nous vous renvoyons à notre article sur l'homéopathie ainsi qu'à notre article sur la phytothérapie pour comprendre qu'est-ce que c'est et quels sont les effets exacts chez l'animal.
L'homéopathie est un placebo, ce qui signifie qu'elle ne possède pas en soi de formule active comme c'est le cas pour un médicament. C'est la croyance et la psychologie du receveur qui aura un impact sur son effet (mais aussi l'allure convaincante et bienveillante du médecin qui le prescrira !). Il est donc normal que son efficacité soit bien plus importante lorsque le trouve est d'origine psychosomatique ou psychofonctionnel. Ainsi, au delà de la neuvième dilution hahnemannienne (c'est-à-dire: 9CH), il est impossible à l’heure actuelle de différencier un granulé possédant un principe actif d'un granulé n'en possédant aucun.
Nous savons que le cerveau peut réagir positivement au placebo. Qu'en est-il de son efficacité sur le système immunitaire ? Il semblerait que le système immunitaire soit lui aussi sensible à la croyance hahnemannienne. En effet, des études expérimentales effectuées sur les rongeurs en 1970 sur le conditonnement pavlovien auraient permis de conclure à un possible conditionnement du système immunitaire. La cytokine serait particulièrement sensible au paradigme de conditionnement.
Ainsi, l'exposition à des stimuli environnementaux non-allergènes ont induit des symptômes asthmatiques chez les modèles animaux et humains par simple conditionnement pavlovien (Khan, 1977 et Ottenberg et al. 1958).
A l'inverse, des animaux exposés à un antigène associé à un stimulu de conditionnement gustatif ont par la suite créé des anticorps pour l'antigène incriminé rien qu'avec la réexposition au même stimulu gustatif (Alvarez-Borda et al, 1995).
Selon un thèse vétérinaire soutenue en 2013, 56% des français consommeraient de l'homéopathie. Cette thèse a étudié l'homéopathie pour l'animal domestique et a pour cela interrogé 95 propriétaires de patients animaux. 20% de ces propriétaires ont estimé que le vétérinaire homéopathe est plus à l'écoute et 38% pensent que le traitement homéopathique est tout aussi efficace que la médication conventionnelle. 83% serait prêt à administrer un traitement homéopathique à leur animal domestique.
Comme nous l'avons expliqué sur notre article concernant l'homéopathie, le conditionnement pavlovien est un critère important de succès d'un traitement homéopathique: la croyance et la connotation affective entre le maître et son animal sont deux critères capitaux.
Cependant, il est important d'insister sur les limites d'un tel moyen de traitement des animaux. En effet, une étude menée sur 831 adultes (Eisenberg, 2001) a définit que 61% de ces patients n'estimaient pas important que leur médecin sache qu'ils prenaient un traitement alternatif en parralèle de la médication conventionnelle. Si l'on suppose qu'il en est de même chez le vétérinaire, donner un traitement à base de phytothérapie à son animal peut causer des interactions médicamenteuses ou des surdosages graves avec l'emploi parralèle de médicaments conventionnels.
De plus, si l'homéopathie peut avoir un effet, il restera limité et son efficacité ne sera pas systématique. N'oublions pas que le but même de l'homéopathie est de pallier les symptômes et en aucun cas de soigner la pathologie...
Sources:
Le Pharmachien
Stress et auto-immunité
Les inter-relations entre le système nerveux et le système immunitaire
Evénements de vie, stress quotidien et maladies auto-immunes
Stress, immunité et physiologie du système nerveux
Probiotiques en gastroentérologie: bases rationalles, effets démontrés et perspectives
Morts cellulaires et système immunitaire
Stress, cancer et rythme circadien de la mélatonine
Les médecines complémentaires et alternatives en cancérologie : traitements inéprouvés ou pratiques inapprouvées
Perceptions about complementary therapies relative to conventional therapies among adults who use both: results from a National Survey
Social stress up-regulates inflammatory gene expression in the leukocyte transcriptome via β-adrenergic induction of myelopoiesis
Undestanding the Placebo Effect in Complementary Medecine
L’effet placebo et ses paradoxes
Perception de l'homéopathie en médecine vétérinaire
Corticotropin-Releasing Factor Modulates the Immune Response to Stress in the Rat