Etude des différences entre rats mâles et femelles

Rat mâle et rat femelle: tout sur le dimorphisme sexuel

On appelle "dimorphisme sexuel" les différences entre un mâle et une femelle d'un point de vue morphologique. Ce sont les différences évidentes entre les deux sexes dans une espèce donnée. Ainsi, il est à noter que le rat mâle et plus grand et plus lourd que la femelle (Poids adulte: femelle: 250 à 350 g environ et mâle: 450 à 600 g environ). On notera aussi la présence évidente des testicules chez le rat mâle, ainsi que son odeur naturellement plus prononcée.

Il n'existe pas de dimorphisme sexuel chez le rat au niveau de sa couleur ou de son marquage: en effet, mâles comme femelles peuvent présenter toutes les combinaisons phénotypiques.

Mâles et femelles: des différences comportementales

Lorsque vous choisirez le sexe de vos premiers rats, on vous parlera probablement des différences de caractère entre les deux sexes. Mâles comme femelles sont grégaires et ont besoin de vivre en communautés de plusieurs individus, il est donc tout à fait faux de penser que le rat mâle serait solitaire et ne supporterait pas la présence de congénères.

Cependant, les femelles seraient en règle générale plus vives et joueuses que les mâles. Ces derniers ont généralement un caractère calme et placide, préférant les câlins et la détente aux courses-poursuites effrénées (surtout lorsqu'ils prennent de l'âge). Étrangement, cette constatation des passionnés peut être réfutée par les études de Poole & Fish (1976) qui ont étudié 8 portées de rats de lignées Hooded PVG/C et ont constaté que les mâles auraient un comportement plus joueur que les femelles (bien que l'organisation séquentielle du jeu soit plutôt commune aux deux sexes).

Il est possible de noter un comportement plus marqué de territorialité chez le rat mâle avec une incidence plus fréquente de marquage urinaire.

Il est intéressant de constater qu'une ratte s'occupant de sa portée portera une attention plus accrue au léchage de ses bébés mâles que femelles. Le temps de nettoyage de la zone ano-génitale est doublé dans le cas de bébés mâles en comparaison avec les bébés femelles.

Pour en savoir plus, lire l'article: "Comportement maternel de la ratte".

De plus, le rat mâle serait plus sensible à la dépression et aurait un temps d'immobilité plus long que la femelle lors du test de nage forcée (FST).

Mâles et femelles: des différences hormonales

Le développement sexuel peut être divisé en deux composants: la détermination sexuelle et la différenciation sexuelle. La première dépend uniquement de la génétique: c'est le processus par lequel une gonade bipotentielle se développe en ovaire ou en testicule. La seconde est le développement de structures reproductrices internes et externes et des différences sexuelles non gonadales.

Ainsi, des changements se produisent dans l'organisme à court terme selon la présence ou l'absence d'hormones spécifiques. Par exemple, la montée néonatale de testostérone chez le rat mâle mène à des changements définitifs dans l'hypothalamus. De même, la lordose chez le rat femelle (comportement visant à à la reproduction pendant lequel la ratte courbe son dos et présente son vagin) dépend de la présence des hormones œstrogène et progestérone.

Mâles et femelles: des différences neuro-anatomiques

Etant de sexes différents, il est évident que le cerveau d'un rat mâle et d'un rat femelle ne seront pas exactement identiques. Certaines régions du cerveau et les noyaux ne seront pas les mêmes, ainsi que le modèle synaptique ou même la densité neuronale.

Les différences neuro-anatomiques peuvent donc être nombreuses. Nous en citerons deux à titre d'exemple.

L'amygdale: à ne pas confondre avec l'organe lymphatique que l'on trouve dans la gorge, nous parlons bien de l'amygdale que l'on trouve dans le cerveau ! Elle est fortement liée aux émotions, aux décisions, ainsi qu'au conditionnement. Il a été constaté que les mâles adultes ont un plus grand noyau médian que les femelles adultes.

Le cortex cérébral: il est lié au processus de la mémoire, au langage, aux émotions. Le cortex postérieur droit est plus épais que le gauche, mais uniquement chez les rats mâles.

Mâles et femelles: des différences neurochimiques

Mâles et femelles possèdent des modèles différents en ce qui concerne la transmission, la régulation et le traitement des biomolécules. Ainsi, les deux sexes ne seraient pas égaux en ce qui concerne les maladies neurologiques et les troubles mentaux. C'est le cas par exemple pour le système monoaminergique. Les monoamines sont des neurotransmetteurs impliqués dans le contrôle de processus tels que la reproduction, le comportement sexuel ou même la réponse au stress. Les monoamines sont aussi impliquées dans de nombreux troubles mentaux qui peuvent affecter différemment les mâles et les femelles. Les différences sexuelles des systèmes monoaminergique chez le rat sont bien documentées (Reisert I, Pilgrim C., 1991).

Les monoamines sont subdivisées en deux groupes dont les catecholamines. Les catecholamines (comme le sont la dopamine ou l'adrénaline) sont produites par les glandes surrénales en réponse au stress et affectent mâles et femelles différemment. Par exemple, un stress physique chronique détériore la mémoire des rats mâles uniquement.

De plus, la réponse neurochimique diffère aux deux sexes.

Parmi les différences neurochimiques liées au sexe, nous pouvons aussi noter:

La sérotonine: module une large variété de processus humoraux tels que la perception de l'agression, la récompense ou l'attention. Des différences sexuelles chez le rat (mais aussi chez l'humain) on été observées.

L'aromatase: elle joue un rôle dans la différenciation sexuelle en convertissant la testostérone en estradiol.

Ces différences neurochimiques entre les deux sexes expliquent pourquoi certains médicaments fonctionnent mieux chez un sexe plutôt que chez l'autre et certaines maladies touchent plus facilement un sexe que l'autre (comme c'est le cas par exemple de la carence en cuivre qui touche bien plus les rats mâles à cause de leur testostérone et dont les symptômes sont une anémie ainsi qu'une hypertrophie cardiaque engendrant la mort).

Sources:

Agence Science Presse: "Fonctions de l’amygdale: plus diversifiées qu’on pensait"

"Sexual differentiation of monoaminergic neurons - genetic or epigenetic?", par Reisert I, Pilgrim C.

"Steroid control of monoamines in relation to sexual behaviour"

"The Genetics of Sex Differences in Brain and Behavior"

"Endocrinologie du développement: determination et differenciationsexuelle", par l'Hôpital Lapeyronie

"An investigation of individual, age and sexual differences in the play ofRattus norvegicus (Mammalia: Rodentia)" par Trevor B. Poole and Jane Fish

"Sex differences in behavioral despair: Relationships between behavioral despair and open field activity", par S.J. Alonso, M.A. Castellano, D. Afonso, et M. Rodriguez

"Sexual Differences in the Expression of Copper Deficiency in Rats"