BIOGRAPHIE

(Collection S. Nicolas)

Georges DUMAS (1866-1946)

Georges Dumas

(amphithéâtre de la Sorbonne)

[Collection S. Nicolas]

Georges-Alphonse Dumas est né à Lédignan (Gard) le 6 mars 1866 dans une famille de médecins. Élève au lycée de Nîmes (1878-1884) puis au lycée Louis-le-Grand (1884-1886) à Paris, il fut admis à l'École Normale Supérieure (ENS) en 1886. Agrégé de philosophie à sa sortie de l'ENS en 1889, il s'engagea, sous l'influence de Théodule Ribot (1839-1916), dans des études de médecine tout en suivant l'en­seignement de son maître au Collège de France entre 1889 et 1896. Lié d'ami­tié avec Pierre Janet (1859-1947) à l'École de médecine, il fut nommé docteur en médecine en 1894 avec une thèse sur les États Intellectuels dans la Mélancolie (1895). Nommé professeur de philosophie au collège Chaptal (1894-1902), il devint chef de laboratoire de psychologie, rattaché à la chaire de clinique des maladies men­tales du professeur Alix Joffroy (1844-1908) de la Faculté de Médecine à l'asile Sainte-Anne en 1897 (et ce jusqu'à sa retraite). Il était particulièrement intéressé par la question de l'affecti­vité, qui joue un si grand rôle dans les maladies mentales, et aux émotions dans leurs formes d'expression et dans leur nature profonde. À cette époque, Nicolas François-Franck (1849-1921), professeur de physiologie au Collège de France, poursuivait ses recherches psychophysiologiques portant principalement sur les émotions et Dumas venait auprès de lui chercher des directives pour la préparation de sa thèse de doctorat sur la tristesse et la joie. Dumas avait traduit en 1895 le livre de C.G. Lange (1834-1900) sur les Émotions où était développée la théo­rie périphérique, et en 1903 les écrits de William James (1842-1910) sur la Théorie de l'Émotion, très voisine de celle de Lange. Il obtint son doctorat ès-lettres en 1900 avec une thèse principale sur la Tristesse et la Joie et une thèse complémentaire sur l'opinion d'Auguste Comte, critique de la psychologie de son temps. Successeur de Pierre Janet comme chargé de cours de psychologie expérimentale à la Faculté des Lettres en 1902, il fut nommé titulaire de ladite chaire à partir de 1912. C'est en 1903, qu'il fondera avec Pierre Janet le Journal de Psychologie Normale et Pathologique, le premier numéro paraîtra en jan­vier 1904. Après un ouvrage en continuité de sa thèse latine sur la Psychologie de deux Messies Positivistes (Auguste Comte et Saint-Simon) (1905), il publiait l'année suivante, en continuité avec ses préoccupations sur le thème des émo­tions un ouvrage resté classique sur Le Sourire et l'Expression des Émotions (1906), et rédigera les chapitres sur les émotions dans ses deux Traités de Psychologie. En effet, il dirigea un premier Traité de Psychologie en deux volumes, élaboré avant la Première Guerre mondiale, parus en 1923-1924 qui fut rapidement épuisé. Au cours de la guerre de 1914-1918, où il s'était engagé comme médecin aide-major de seconde classe, il fit de nombreuses observa­tions sur les troubles psychiques causés par la guerre, dont il tira un ouvrage sur les Troubles mentaux et troubles nerveux de guerre (1919), à côté d'un petit livre, avec H. Aimé, sur Névroses et Psychoses de guerre chez les Austro-Allemands (1918). Très estimé dans les sphères officielles, il fut chargé de dix-sept missions du gouvernement en Amérique latine et en Orient, soit pour y faire connaître la science française, soit pour y créer des lycées, des instituts scientifiques, soit pour y organiser des échanges de professeurs ou d'étudiants. Dès 1908, il s'in­téresse à l'Amérique latine, où il est envoyé à plusieurs reprises en mission offi­cielle (fondation du lycée franco-brésilien de Sào Paulo (1920), des Instituts fran­çais de Buenos Aires (1921), Rio de Janeiro (1922), Mexico (1924), Sâo Paulo (1925), Lima (1927), Caracas (1928). Ses leçons cliniques à Sainte-Anne avaient eu un extraordinaire succès, et par elles, une influence profonde s'est exercée, non seulement sur les jeunes philosophes (Raymond Aron, Jean-Paul Sartre, Georges Canguilhem, etc.), mais aussi sur de nombreux littérateurs et savants (Paul Nizan, Daniel Lagache, André Ombredane, etc.). Après la guerre, son Traité de Psychologie fut repris sous une forme élargie sous le titre Nouveau Traité de Psychologie dont la Seconde Guerre mondiale a retardé l'achèvement (vol. I publié en 1930, vol. VII publié en 1947). Il fut membre de l'Académie de Médecine en 1926, de l'Académie des Sciences morales et politiques en 1932. Il prit sa retraite en 1936. Après la guerre il fit paraître deux ouvrages: Le Surnaturel et les Dieux dans les maladies Mentales (1946) et La Vie Affective (1948) dont il ne verra pas la sortie en librairie puisqu'il meurt le 13 février 1946 à Lédignan, dans sa ville natale.

Biographie extraite de Nicolas, S. (2002). Histoire de la psychologie française. Paris: In Press (pp. 187-188).

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