Parménide naquit à Elée au sud de l’Italie, vers la moitié du Vème siècle avant J.-C. Plus précisément vers 520 selon Jean-Louis Poirier ; il mourut aux alentours de 450, avant J.-C. mais ces dates restent à sujettes à caution. D’après Platon il aurait eu avant de mourir un entretient avec Socrate qui avait 25 ans à cette époque. Toutefois Diogène Laërce souligne l’incertitude de ces informations.
Parménide fait partie de l’école Éléatique, école qui avait comme doctrine ; « Le seul principe est l’Être Un et tout qui n’est ni défini, ni en mouvement ni en repos ».
D’après J. Burnet, le fondateur de l’école fut Xénophane mais c’était Parménide qui exposa la doctrine des éléates, doctrine de l’Unité absolue.
Parménide était issu d’une famille riche et puissante.
Selon Clément d’Alexandrie et Sextus Empiricus, Parménide devient le disciple de Xénophane et rentra dans l’école éléatique. Proclus déclarait que Parménide a été influencé par Pythagore, mais Théophraste nous dit dans « Opinions de Philosophes » que Parménide fut le disciple d’Anaximandre et qu’il fut le premier à nommer « Monde » l’Univers.
D’après lui la terre était ronde.
Parménide est le penseur de « l’être et le néant ».
Zénon était son principal disciple. C’était lui qui soutenait la thèse chère à Parménide ‘L’être UN est immuable ».
Parménide était le contemporain d’Héraclite (541 à 481) avant J.-C. qui dans le fg. 10 nous dit : « L’UN naît de toutes choses et toutes choses naissent de l’Un ».
Il est contemporain aussi d’Empédocle (490 à 430) avant J.–C. qui apporte l’Un dans sa doctrine.
D’après Aristote, il a eu disciple Leucippe.
Dans « Silles » poème satirique de Termonde Phlionte (vers 325 à 235) le nom de Parménide apparaît.
Comme Pythagore, Héraclite et Empédocle, Parménide fait partie de ces philosophes présocratiques légendaires dont il ne nous reste pratiquement rien, seulement des fragments et des légendes. Parménide a influencé ; Zénon d’Élée, Aristote, Plotin, Hegel, Heidegger…
D’après Lucien Jerphagnon nous avons « Parménide de Platon » œuvre composé pendant la même période que « La République ». Confirmation faite par la publication de l’Université Lille III (voir livre VI et VII). Platon met en scène trois personnages principaux. Il présente Parménide comme visiteur vénérable, accompagné de son disciple Zénon qui défend son maître contre ses adversaires (d’après Clémence Ramnoux).
L’œuvre de Parménide est d’une importance majeure, car il traduit la naissance, à l’aube de l’Antiquité grecque, de ce qu’on pourra identifier comme l’exigence philosophique.
Il utilise dans son œuvre « Le Poème » le mot grec « metodos » que l’on peut traduire par « le cheminement dans une direction ».
Plus tard Descartes basera son œuvre entière sur le « Discours de la méthode ».
Parménide employait souvent le mot « substance » qui sera repris par Spinoza, quoique d’une façon sensiblement différente.
Parménide condamnait la multitude des choses sensibles comme de simples illusions (d’après B. Russell).
Il est important de rappeler que Parménide avait été lui-même Pythagoricien et que Le Poème est un désaveu de ses propres croyances.
Parménide dit: « si le langage n’est une absurdité, les mots doivent signifier quelque chose qui existe, que nous en parlions ou non ».
Si nous devons malheureusement nous contenter des fragments de Parménide, nous savons que Simplicius aurait pu lire l’intégralité du Poème. Mais Simplicius était néoplatonicien et il vécu du 480 à 549 après J.-C.
Il y a aussi un texte transmis par Sextus écrit par lui comme prologue au Poème de Parménide, qui représente un voyage en char et une rencontre avec la Déesse (voir C. Ramnoux).
Nous possédons dix-neuf fragments, l’un de 32 vers « Le prologue » et un de 61 vers « Le discours de l’être », qui ne sont pas tous entiers.
Dans le troisième fragment, Parménide affirme que la pensée et l’être sont un seul et unique acte. Rien ne saurait échapper à la pensée humaine, puisqu’elle est dès son origine inscrite dans l’être.
Dans le fragment huit et douze il parle de la « force de la certitude », il qualifie le « cœur de la Vérité d’inébranlable », alors que l’Opinion est dépourvue du pouvoir de conviction.
La raison est selon lui le critère de la vérité.
Parménide a écrit son œuvre dans un poème intitulé « Sur la nature » ou Le Poème. Il nous reste aujourd’hui un fragment traduit par Jean Beauffrat, qui est publié par la Société d’édition des Belles Lettres dans la collection des Universités de France.
Son poème commence par un voyage d’un initié, le poète lui-même qui, sur un char ailé, raconte son périple à travers le cosmos, jusqu’aux portes où se séparent les chemins de la Nuit et du Jour. Une déesse va lui enseigner la Vérité et l’Opinion. Parménide exprime ce voyage allégorique une forme métrique.
A ce sujet, Simplicius nous dit : « La Voie de la vérité est comme un exposé du monde intelligible, et la Voie de l’opinion comme une description sensible ».
Deux routes (méthodes ou voies de recherche) se présentent pour parvenir à la connaissance de Tout. Parménide nous dit : « Il faut apprendre, aussi bien le cœur inébranlable de la vérité bien arrondie, que les opinions, illusoires des mortels, dans lesquelles n’habite pas la vraie certitude ».
La première méthode, « le chemin de la vérité », consiste savoir de l’Être qu’il est (l’être est l’être) et qu’il est impossible pour lui de ne pas être : c’est la voie de la Persuasion, car elle est accompagnée de la Vérité. Le principe de l’être est qu’une chose ou un être ne soit jamais rien d’autre que lui-même ou elle même. Ce principe, appelé ontologique, affirme l’identité de l’être.
La seconde méthode, « le chemin de l’opinion » qui consiste à « savoir qu’il n’est pas, et qu’il n’est pas nécessaire qu’il soit celle-là, je te le dis, est un sentier dans lequel personne ne peut rien apprendre. Tu ne peux pas connaître ce qui n’est pas. Car il ne reste qu’un seul chemin : à savoir celui-là qui est complet, immobile, sans fin, maintenant et sans discontinuité ». Clémence Ramnoux développe le Poème dans son livre « Parménide ».
Parménide est le premier penseur connu à tisser la dialectique de l’être et du néant, en montrant qu’ils sont inconciliables. Pour Parménide ce chemin du « non-être » (et donc du faux) doit être évité.
Parménide nous enseigne que l’opinion se présente à nous d’une part à l’aide de l’imagination, et d’autre part au moyen d’une croyance plus fondée.
L’opinion laisse entendre que la connaissance qui porte sur le devenir (soit pour nous la physique) ne sera jamais exacte car toujours susceptible de changer en fonction des hypothèses considérées.
La pensée, de la Présocratique tente d’abord d’expliquer le monde par un principe unique et premier, et s’attache ensuite à concevoir l’Être immuable et éternel.
D’après Francis Wolff, l’être est l’objet supposé primordial de toute philosophie ancienne. Parménide de lui-même tient « l’être sphérique ».
Avec Héraclite, Parménide et Zénon on passe des systèmes dits cosmologiques au système ontologique.
Remarque : l’ontologie se construit et se partagent entre deux voies : Démocrite ou Platon ; une physique ou une logique. L’ontologie s’institue dans le court moment qui sépare Parménide d’Aristote ou d’Épicure (selon Francis Wolff).
Parménide sépare nettement l’Être et le Devenir.
L’Être de Parménide est unique, éternel donc intemporel et immuable.
Gorgias un éléates (480 à 380) a établit dans sa doctrine trois principes ; « L’Un le premier, qu’il n’y a rien, le second que s’il y a quelque chose, ce quelque chose est inconnaissable à l’homme ; le troisième que si ce quelque chose est connaissable, il ne peut être ni communiqué ni divulgué à autrui » d’après Sextus Empiricus.
Parménide divisait la connaissance en deux parties, deux chemins de pensée, nettement opposés, la Vérité et l’Opinion. Cette division est pour lui absolue. Parménide déclare lui-même qu’il expose des opinions qui ne sont pas les siennes. Ce que les philosophes ont retenu de Parménide c’est « l’indestructibilité de la substance ».
Parménide n’admettait à aucun degré l’existence du « Non-être ».
A l’opposé d’Héraclite qui mettait le changement au fond de toutes choses, Parménide ne conçoit qu’une chose, l’Être.
Conford considère Parménide, qu’il appelle « le premier qui découvrit la logique » comme un disciple du pythagorisme.
Ce qui rend Parménide important, du point de vue historique, c’est qu’il trouva une forme d’argument métaphysique qui d’une manière ou d’une autre, se retrouvera dans la plupart des métaphysiciens postérieurs jusqu’à Hegel et Heidegger.
La grande nouveauté, dans son Poème, c’est la méthode de raisonnement. La pensée doit s’appliquer à quelque chose.
Cela seul « peut être qui peut être pensé » car la pensée existe en vue de ce qui est.
Il est souvent représenté comme l’inventeur de la méthode de réflexion basée sur la logique d’après Bertrand Russell.
Le Poème de Parménide est basé sur : l’être, l’opinion et le devenir.
La théorie de Parménide est l’inévitable résultat du monisme corporel d’après J. Burnet. Toutefois, il est possible de faire une lecture dualiste de Parménide, par exemple dans ce fragment : « Toute chose est pleine à la fois de lumière et de sombre nuit, toutes deux égales, puis qu’aucune n’a rien à faire avec l’autre. L’homme est composé de chaud et froid, et la mort est causée par la disparition de chaud ».
Parménide a suscité, dans le cours des âges, à une masse colossale de commentaires et d’interprétations divergentes.
Pour Parménide le seul être vrai est « l’être unique » qui est infini et indivisible. Ce n’est pas comme Héraclite, une union des contraires, il le représente matériel et étendu, car il en parle comme d’une sphère, mais il ne peut être divisé puisque en totalité il est partout. Le mot « sphère » nous vient d’Aristote. Parménide dit : « La sphère ne peut pas se mouvoir autour de son propre axe, car il n’est rien en dehors d’elle. Sauf des illusions.
La logique de la raison, pour tous ces penseurs présocratiques, justifie et vérifie une permanence ontologique.
Parménide niait réellement l’existence de l’espace vide, bien connu de Platon et soutenait que « toutes choses sont une, et que Un reste en repos en lui-même, n’ayant pas d’espace dans lequel se mouvoir ».