Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski naît le 20 octobre 1821 à Moscou. Son père, médecin à l'hôpital militaire de Marinski, préfère le frère aîné, Mikhaïl. Dostoïevski poursuit des études à l’École supérieure des Ingénieurs militaires de Saint-Pétersbourg, et il sort sous-lieutenant avec un diplôme d’ingénieur militaire.
Il commence sa carrière d'écrivain par la traduction d’Eugénie Grandet de Balzac.
Avec son frère, Mikhaïl, il lance les revues Le Temps, puis L’Époque. Cette aventure se conclut par une faillite, et il mettra longtemps à payer ses dettes.
Dostoïevski meurt à l’âge de soixante ans le 28 janvier 1881 à Saint-Pétersbourg, après avoir subi deux hémorragies. Le convoi de l'écrivain est suivi par trente mille personnes.
Dostoïevski, romancier prolifique, est notamment l’auteur de L'Idiot, L’Éternel Mari, Les possédés, L'Adolescent, Le joueur, Humiliés et offensés, Souvenir de la maison des morts…
Freud affirme que « Les frères Karamazov est le roman le plus imposant qu'on ait jamais écrit ».
Dans ce livre, en effet, apparaît au niveau du subconscient l’idée de la « mise à mort du père ». Or, ce conflit avec le père, Dostoïevski commence à le vivre à l’âge de dix-sept ans, époque où il lui adresse une lettre dans laquelle il lui écrit : « Tu me fais pitié ! »
Le père de Dostoïevski était dur et violent. Le surmoi enregistre ces agissements, tandis que s’établit de nouveau dans le moi la passivité qui devait avoir été refoulée.
Si le surmoi est devenu sadique, le moi devient masochiste, c'est-à-dire féminin, passif. Il y a un grand besoin de punition chez le moi qui, pour une part, s'offre comme victime au Destin, et, pour une autre part, trouve satisfaction dans le mauvais traitement infligé par le surmoi (qui représente la conscience de la culpabilité). Cela toujours dans l’optique de l’analyse freudienne.
Le Destin lui-même (dans lequel les russes croient) n'est en définitive qu'une projection ultérieure du père.
Ainsi, quand, dans sa jeunesse (en 1849), Dostoïevski est condamné politiquement aux travaux forcés en Sibérie, il prend cette punition comme venant du Destin. Il l'accepte sans se révolter.
Freud distingue quatre aspects chez l'auteur : l'écrivain, le névrosé, le moraliste et le pécheur.
Dostoïevski nous dit : « Il est moral, celui qui réagit à la tentation dès qu'il la ressent en lui, sans y céder ». Chez le peuple russe, la morale est un trait aussi spécifique et fort que la fraternité.
Mais Dostoïevski est celui qui, tour à tour, pèche puis, dans son repentir, met en avant des exigences hautement morales, et enfin s'expose au reproche de s'être rendu la tâche trop facile.
La complexité de la personne de Dostoïevski se décline en trois facteurs : l'intensité extraordinaire de son affectivité (le besoin d'amour) ; le fond pulsionnel pervers qui devait le prédisposer à être sadomasochiste ou criminel ; et, ce qui est inanalysable, le don artistique. Bien que ces caractéristiques puissent exister sans névrose, le romancer est diagnostiqué dans la catégorie des « caractères pulsionnels », notamment à travers une forte pulsion de destruction dirigée principalement contre sa propre personne.
Sa névrose est en effet le signe que le moi n'a pu être maîtrisé. Et son épilepsie n'est vraisemblablement qu'un symptôme de sa névrose. La première crise arrive en 1848. La deuxième a lieu en 1878, à la mort d’Alexis, son troisième fils.
La paix, il ne la trouve que dans la passion du jeu et dans les dettes que cela entraîne. Quand il gagne, il dépense tout, et contracte même encore des dettes pour revenir à la situation initiale, à ce point de déséquilibre où il est en paix - sa paix à lui.
Dans son œuvre, Dostoïevski combat pour une vraie justice en rejetant avec fermeté la société de son temps. Il y met au point sa méthode préférée : celle des grandes confrontations dramatiques, parfois mélodramatiques, jouant au jeu fascinant de se dire « ses quatre vérités ».
Crime et châtiment représente le vacillement général de la société russe. Le roman montre la misère, l'alcoolisme et la prostitution qu'on trouve au cours de l'année 1866 dans la périphérie. Plus précisément, c’est dans le quartier bruyant et populaire de la Place-aux-Foins de Saint-Pétersbourg que l’auteur nous fait pénétrer dans la boue et le crime. C’est cette misère que découvre Raskolnikov.
Sa conception est claire : « Il n'y a pas de bonheur dans le confort ; le bonheur s'achète avec la souffrance ».
L’on peut aussi se référer à ce qu’affirme Schopenhauer : « Les hommes sont comme les hérissons : trop rapprochés ils s’entre-piquent ; trop éloignés, ils ne se tiennent plus assez chaud les uns aux autres ». Raskolnikov, dans les duels qu'il livre (avec lui-même), éprouve le paradoxe de cette cynique dialectique du prochain et du lointain.
Le thème dominant du livre est « l'idée que la revendication du droit au crime, tôt ou tard, se heurte à la loi divine ». C'est-à-dire que le meurtre rationnel est un acte extrémiste, insupportable à la conscience même de l'homme. un jour ou l'autre, la prétention d'échapper à la « loi divine » se retourne contre celui-là même qui relève ce défi.
L'homme est irrationnel. Il agit le plus souvent contre son intérêt en crachant sur les Palais de Cristal de la civilisation.