Des femmes d’excellence, et des femmes de qualité ont existé depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Je voudrais vous parler dans cet exposé des femmes qui ont apporté beaucoup à la France, qui se sont élevées contre le corporatisme, qui ont osé défier le pouvoir ou s’opposer à lui et résister à la domination d’une pensée unique imposée par les hommes.
La première de ces femmes est Jeanne d’Arc. Elle illustre une France capable de se dresser, de faire front, et de se rassembler quand il s’agit de lutter pour son indépendance et sa dignité. Jeanne d’Arc fut la personnalisation du féminisme, elle ne tient compte ni des usages, ni de l’autorité des puissants, elle ose malgré les hommes, les droits des hommes pour sauver le pays.
Olympe de Gouge (1748-1793). Son nom est lié à la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » qu’elle rédigea en 1791. En réponse à la Déclaration des Droits de l’homme de 1789 elle réplique : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme ». Elle demande qu’on laisse les femmes travailler dans tous les domaines. Revendique des écoles gratuites pour les jeunes filles, l’égalité des droits civiques entre les hommes et les femmes, l’égalité dans le mariage, dans le divorce et le droit de vote pour les femmes. Elle réclame l’abolition de l’esclavage, (aboli en 1794 mais rétabli en 1802). Contre la misère Olympe de Gouge propose une maison pour les vieillards, les enfants abandonnés et les mères veuves. Elle demande aux riches un impôt sur la fortune. Olympe de Gouge est avant tout une contestataire, elle affiche son anticléricalisme. Elle est le symbole du combat pour le droit des femmes. Son erreur d’appréciation consiste à croire qu’une révolution peut être modérée. Olympe de Gouge est condamnée, jugé et décapitée Place de la Révolution en 1793.
George Sand (1804-1876) rêve d’une société libre et égalitaire. George Sand commence sa carrière littéraire comme journaliste au Figaro. Dans ses articles et ses livres elle ose parler des femmes, de leur ressenti, de leurs attentes et de leurs rêves brisés.
George Sand est devenue une militante qui avec sa plume défend ses convictions républicaines et socialistes. En 1837 elle collabore au journal « Le Monde » dans lequel elle dénonce la condition féminine et la déplorable éducation que reçoivent les femmes : « L’émancipation de la femme n’est réalisable que si la société se transforme ». Militante de la liberté en 1841, elle rompt avec l’éditeur François Bulez qui est un sympathisant monarchiste, elle lui dit : « dans tous mes livres vous verrez une opposition continuelle contre vos bourgeois, contre votre inégalité sociale et une sympathie constante pour les hommes du peuple ». Elle fustige cette société qui succombe à l’avidité de la bourgeoisie financière. En 1844 elle fonde la revue « La vraie république » et en 1848 « La cause du peuple », dans laquelle on trouve les idées révolutionnaires de Karl Marx. Elle revendique l’égalité dans le mariage et dans la famille. Visionnaire, elle appelle au respect de l’environnement et nous dit : « gardons nos forêts, respectons nos arbres ». Sa pensée est que « l’équilibre social consistera à donner aux citoyennes tous les moyens de développer leur valeur personnelle. »
Elise Lemonnier (1805-1865) est la fondatrice de l’enseignement professionnel pour les jeunes filles.
Née à Sorèze non loin de Castres, elle fréquente les filles du directeur du collège de Sorèze. Ce collège qui est fondé en 1682 par les Bénédictins devient en 1776 l’une des grandes Ecoles Royale de France avec des idées libérales et un enseignement laïc. Elisa se lie d’amitié avec Charles Lemonnier, bachelier en philosophie recruté par le collège et le 22 août 1831 ils se marient et leur union est cimentée par leur conviction de changer la société conformément les thèses du saint-simonisme. La fracture idéologique du saint-simonisme est arrivée en 1830, deux branches se dégagèrent ; Enfantin et Bazard. Elise prend le parti de Bazard ce que réfute Charles et la séparation est inévitable. Charles part pour Paris suivre la branche Enfantin affirme que « l’émancipation de la femme passe par la libération de ses instincts sexuels, une liberté amoureuse totale. Elise reste à Sorèze. Son ambition est de fonder une « société des femmes administrée par des femmes ». En 1850 la loi Falloux reconnait le droit à l’enseignement aux jeunes filles seulement pour le primaire et sous monopole de l’Eglise. Soutenue par la Compagnie Parisienne d’éclairage et de chauffage, et accompagnée par plusieurs loges maçonniques Elise crée en octobre1862 la première « Société pour l’enseignement professionnel des femmes » qui est laïc. Elise est une protestante qui ne cache pas sa foi.
Marguerite Boucicaut (1816-1887). Marguerite et Aristide Boucicaut sont à l’origine d’une révolution des pratiques commerciales et de la création du premier grand magasin parisien. Avec leurs économies ils achètent en 1853 la maison de nouveautés « Au Bon Marché ». Marguerite travaille main dans la main avec son mari. Leur politique consiste à réduire les marges bénéficiaires pour vendre davantage. En 1869, ils se lancent dans l’agrandissement des lieux avec l’architecte Alexandre Laplanche. En 1879, Gustave Eiffel interviendra pour d’autres agrandissements. Marguerite met en place un certain nombre de mesures destinées à revaloriser le statut de l’employé. Une de ces mesures est la possibilité pour le personnel de bénéficier d’une aide au logement et une prime est accordée aux employés performants. Au décès de son mari le 26 décembre 1877 Marguerite prend la tête de l’entreprise et poursuit sa politique sociale. En 1880, elle crée l’entreprise « Société veuve Boucicaut et compagnie ». Avec sa fortune personnelle elle crée une Caisse de retraite et fait don à l’Institut Pasteur de 250.000 francs. Par testament elle laisse une somme considérable à l’Assurance de Paris qui deviendra l’Hôpital Boucicaut.
Marie-Louise Jaÿ (1838-1925) avec son mari Ernest Cognac ils ont créé un autre grand magasin « La Samaritaine ». A l'origine, Ernest et Marie-Louise travaillent tous les deux à « La belle Héloïse ». En 1869, Ernest ouvre une boutique nommé « La Samaritaine » dans un petit local sous-loué. A trente ans, Marie vient travailler avec lui et en 1872 ils décident de se marier. Le premier magasin est agrandi en 1883, puis le deuxième, en 1905. Marie-Louise confectionne un fichier de clients et leur expédie un catalogue des produits de « La Samaritaine ». Les prix sont tous affichés et les clients peuvent essayer les vêtements. Le personnel a une tenue impeccable, les clients sont très bien reçus et la discipline est sévère. Une prime est accordée à la fin du mois pour le bon travail. Tout employé bénéficie de quinze jours de congés par an et un repos hebdomadaire par roulement. Marie-Louise et Ernest créent en 1916 la Fondation Cognac-Jaÿ. Elle a pour mission de faire fonctionner une maternité, une maison de retraite et un « pouponnât ». La Fondation assure aussi des colonies de vacances pour les enfants. Marie-Louise Jay a été une femme qui a su avec son mari créer un important empire commercial et a voulu être à l’origine d’une œuvre sociale et philanthropique.
Julie-Victoire Daubié (1824-1874) fut la première femme bachelière en France (à 37 ans). Cette réussite constitue une étape essentielle dans le combat des femmes pour se voir reconnaître des droits identiques à ceux des hommes. Le décret de Lakanal du 1795 stipule que chaque école primaire doit être divisée en deux sections, l’une pour les garçons et l'autre pour les filles. Mais l’enseignement pour les filles est très inférieur à celui dont bénéficient les garçons. L’enseignement secondaire pour les filles qui est assuré par des religieuses et il est sommaire. Julie-Victoire obtient le brevet élémentaire, puis à Epinal en 1844 le brevet de capacité pour exercer dans l’instruction primaire supérieure (un diplôme d’enseignement pour les jeunes filles).
Elle devient préceptrice dans une famille d’industriels de la région, puis elle séjourne en Allemagne où elle enseigne à domicile le français aux enfants. Après un long combat et plusieurs refus du rectorat de Paris, elle obtient finalement le droit, en 1861, de passer l’examen du baccalauréat qu’elle réussit et devient le 16 aout 1861 la première femme bachelière ès lettres (elle avait 37 ans). Mais le recteur ne lui délivre qu’une attestation, non un diplôme. A la suite d’une intervention de M. Arlès-Dufour, industriel Lyonnais et de l’impératrice Eugénie en mars 1862, elle obtient son diplôme. Le premier ycée public pour jeunes filles est inauguré à Montpellier en 1882, et à Paris l’année suivante. Julie-Victoire Daubié milite pour une société plus morale où le mariage serait un véritable partenariat entre le mari et l’épouse. En 1871 elle fonde l’Association pour les l’émancipation progressive de la femme. Elle est la première femme à suivre les cours de la Sorbonne en 1871. Julie-Victoire Daubié a imposé sa personnalité et sa détermination aux autorités universitaires et politiques de son temps et a inscrit son nom dans l’histoire de notre pays.
Madeleine Brès (1842-1921) est la première femme médecin. A 15 ans elle est mariée à Adrien Stéphane Brès, conducteur d’omnibus. En 1866, elle entame les démarches pour obtenir l’autorisation de s’inscrire aux cours de la faculté de médecine de Paris. En 1868 Madeleine Brès a déjà les baccalauréats de lettres et de sciences pour se présenter à la Faculté de médecine de Paris, mais elle rencontre des opposants parmi les médecins. Madeleine a du être soutenue par l’impératrice Eugénie pour s’inscrire et rentrer comme stagiaire dans le service du professeur Broca à l’hôpital de la Pitié. Sur la proposition du Professeur Broca elle devient interne provisoire jusqu’en 1871. Madeleine Brès se présente au concours de l’externat et de l’internat mais le Conseil de l’Assistance Publique le lui interdit. Elle devient pédiatre entre 1871 et 1875. Madeleine Brès. prépare sa thèse sur le sujet : « De la mamelle et de l’allaitement » où elle obtient la mention très bien et par conséquent devient la première Française docteur en médecine le 3 juin 1875.
Deux étudiantes en médecine : Augusta Klumpke (américaine) 1859-1927 et Blanche Edwards (anglaise) 1858-1941 vont marcher sur les traces de Madeleine Brès en demandant l’autorisation de se présenter à l’examen de l’externat et l’internat en médecine. Augusta et Blanche suivent les cours à la faculté de médecine de Paris. En 1881, Blanche est refusée à l’inscription au concours de l’externat.
En 1882 seulement, Augusta et Blanche sont admises au concours. En 1886 Augusta Klumpke devient la première femme interne des hôpitaux. Blanche est admise comme interne provisoire et le restera en raison de la limite d’âge en vigueur. Plus tard mariée à Alexandre Henri Pillet, Blanche milite à la Ligue pour le droit des femmes, dont elle sera la vice-présidente en 1906.
Marie Curie (1867-1934) est née à Varsovie dans une famille où l'on parlait six langues : le grec, le latin, le français, l’allemand, l’anglais et le polonais. C’est une femme brillante qui est reçue première à la licence en sciences physiques en France. Elle travaille avec Paul Painlevé et Henri Poincaré. Marie épouse Pierre Curie le 26 juillet 1895. Cette même année elle est reçue première à l’agrégation de mathématiques, ce qui lui donne le droit d’enseigner dans les établissements de jeunes filles. Pierre et Marie vont découvrir le polonium et le radium. Cette découverte ouvre de grandes perspectives à la médecine dans le traitement du cancer (radium). Une fois sa thèse de doctorat passée, elle devient la première femme docteur ès sciences physiques (sur les substances radioactives). En 1903 Pierre et Marie Curie reçoivent le prix Nobel de physique de Stockholm, mais Marie fut toujours prudente en matière d'engagement politique publiquement affichée. Atteinte de leucémie, elle décède le 4 juillet 1934.
Irène sa fille travaille avec sa mère dans le même laboratoire. Elle rencontre Fréderic Joliot qu’elle épouse en 1926. Tous deux travaillent dans la recherche sur le polonium extrait du radium, important dans les domaines médicaux. Irène Joliot-Curie et Fréderic reçoivent le prix Nobel de chimie en 1935.
Jeanne Chauvin (1862-1926) est la première avocate en France. Née dans le Loiret où son père était notaire, Jeanne réussit deux baccalauréats (lettres et sciences) en 1892.
Avec sa thèse « Etude historique des professions accessibles aux femmes » soutenue en 1892 elle est reçue docteur en Droit et chargée de dispenser des cours dans plusieurs lycées parisiens pour les jeunes filles. Jeanne demande une inscription au Barreau ce que lui est refusé. Le refus du bâtonnier est le reflet de l’état d’esprit qui règne au Palais en 1897.
Dans la presse féministe on peut lire : « Le femmes comme les hommes sont obligées de travailler pour vivre honnêtement et honorablement… » Mais la Cour et les avocats parlent autrement : « Si l’égalité des sexes est reconnue par la loi, la femme préfère l’union libre au mariage ». Permettre aux femmes d’accéder à la profession d’avocat va favoriser le déclin du capitalisme et l’avènement du collectivisme ». Il faudra attendre le 13 novembre 1899 pour que le Sénat adopte la loi permettant aux femmes de devenir avocates. Le 19 décembre 1900 Jeanne prêtera serment comme avocate au Barreau de Paris et deviendra la première femme avocate en France. A la suite de Jeanne, d'autres femmes vont s’inscrire au Barreau.
Marguerite Dilhan (1876-1956). Elle prête serment comme avocate le 13 juillet 1903 à 23 ans. Marguerite plaide devant la Cour d’Assises de Haute-Garonne. Elle se présente au bâtonnat en 1906 mais ne l’obtient pas. Pour son militantisme, elle reçoit en 1933 les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur et sera élevée au grade d’officier en 1949.
Maria Vérone (1874-1938) est avocate. Elle est issue d’une famille modeste, socialiste et anticléricale. Militante de la Ligue française pour le droit des femmes, rédactrice au journal de Marguerite Durand « La fronde », elle collabore à d’autres journaux et dirige la revue « Le droit des femmes ». Marie consacre sa vie à la cause de la femme, elle le dit : « Le féminisme est une doctrine philosophique basée sur l’égalité de tous les êtres humains et qui a pour but d’établir l’égalité des sexes dans tous les domaines, civil, politique, intellectuel, économique et social ». En 1932, c’est à elle qu'on doit la célèbre phrase : « A travail égal, salaire égal »
Marie Vérone est admise au Barreau en 1907. Et en 1912, elle est nommée membre de la Commission extraparlementaire pour la rédaction d’un Code de l’enfance. C’est la première femme à avoir plaidé devant une Cour d’Assises. Marie Vérone devient la première femme à plaider devant un Conseil de Guerre. En 1931 elle crée l’Union internationale des avocats.
Elle reçoit la Légion d’Honneur.
Paule-René Pignet (1889-1970) première bâtonnier en France. Ce sont les avocats de La Roche-sur-Yon qui, en 1933, ont élu la première femme bâtonnier à 44 ans. Elle sera la seule femme élue pendant toute la Troisième République. Avec sa licence en Droit Paule-René Pignet s’inscrit au Barreau de La Roche-sur-Yon en 1919 et devient la collaboratrice du Maître Lathébaudière. Elle plaide devant différentes juridictions de la région et devant la Cour d’Assises.
Marguerite Durand (1864-1936) est la première créatrice et dirigeante d’une entreprise de presse exclusivement féminine. Elle crée le quotidien « La Fronde » en décembre 1897. A cette époque, il y avait déjà plusieurs journaux pour les femmes : « La femme libre », « La tribune des femmes », dont le but était de traiter les questions des épouses et mères. « La gazette des femmes » publie la « Charte des droits et devoirs des femmes ». « La voix des femmes » sous-titré « journal socialiste et politique » est le quotidien français féministe le plus important. « Le droit de femmes », journal fondé en 1869 est le support de l’Association pour le droit des femmes. Mais « La Fronde » est conçu, rédigé, administré, fabriqué et distribué exclusivement par des femmes. Un journal plus féministe que féminin. La fronde dénonce la maternité sans consentement de la femme, et milite pour le droit aux contraceptifs et à l’avortement.
On dénonce la condition des ouvrières et employées, l’inégalité de salaire hommes/femmes, la difficulté d'accès des femmes à la fonction publique.
Marguerite Durand est anticléricale, elle incarne le mouvement pour la liberté et l’équité.
Louise Weiss (1893-1983 on la surnomme « la grand-mère de l’Europe ».) Née le 25 avril 1893 à Arras, agrégée de lettres à 21 ans, elle était féministe, européenne convaincue, pacifiste et aussi militante du droit de vote pour les femmes.
Louise a été élue à l’Assemblée de Strasbourg sur la liste de Jacques Chirac en 1979.
Le président Giscard d’Estaing l’avait élevée à la dignité de grade d’officier de la Légion d’Honneur. Elle fonde la revue « L’Europe nouvelle » qui est une tribune politique. Son objectif était la réconciliation des Etats européens en vue de maintenir la paix. En 1934 elle fonde l’association « La femme nouvelle » qui aura pour vocation de promouvoir l’égalité civique entre Français et Françaises. Le 15 avril 1949 de Gaulle la nomme membre de la Commission des Affaires étrangères du RPF. Louise était une femme engagée pour la paix, militante d’une Europe construite sur la conscience de la vie et du Droit. Louise prône au sein de l'Europe un dialogue entre les peuples et le respect des Etats.
Marthe Simard (1901-1993) est la première parlementaire française. Née à Bordj-Menaïel à l’est d’Alger, elle est la fille d’un avocat établi en Algérie depuis quatre générations. Mariée, elle suit son mari le docteur Simard au Québec où elle adopte la nationalité canadienne. Marthe Simard mène une campagne active au Canada pour faire comprendre l’action de la France Libre et celle du général de Gaulle par des articles et conférences. Marthe Simard est nommée le 20 octobre 1943 à L’Assemblée consultative provisoire présidé par de Gaulle. Le 21 avril 1944, à Alger, une ordonnance du gouvernement reconnaît aux femmes la qualité de citoyenne, donc le droit de vote. Le 15 mai 1944 Marthe s’exprime pour la première fois à la tribune de l’Assemblée d’Alger. En novembre 1944 l’assemblée quitte Alger pour Paris. Marthe Simard côtoie Lucie Aubrac, Gilberte Brossolette et d'autres résistants. Marthe est promue le 3 mai 1946 chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur par André Malraux. Elle est également décorée de la médaille de la Résistance et celle des Services Volontaires dans la France Libre.
Il ne faut pas oublier Hubertine Auclert (1848-1914) Elle a fait de sa vie un combat pour la cause des femmes. Hubertine apparait en France comme la première « suffragiste » ;
Elle crée en 1876 « La société du droit des femmes » qui deviendra plus tard (en 1883) la « Société du Suffrage des femmes ».Elle nous dit : « La femme est un être à part qui naît avec beaucoup de devoirs et pas de droits. Unissons nos efforts, associons-nous, nous les femmes ! »
Hubertine Auclert se tourne vers le mouvement socialiste et participe au Congrès National ouvrier à Marseille en octobre 1879 : « Une république qui maintiendra les femmes dans une condition d’infériorité ne pourra pas faire les hommes égaux ». Elle crée le journal « La citoyenne » en 1891. Gréviste d’impôts, elle attire l’attention de journalistes qui publient un article ayant pour titre « Une femme seule contre tous ». Dans « La citoyenne » elle publie un programme électoral des femmes : « L’esclavage de la femme entrave la liberté de l’homme ». Hubertine Auclert réclame la féminisation de certains mots : en modifiant la langue, on rectifierait les usages dans le sens de l’égalité des sexes. Elle condamne le Code civil en disant que « le Code civil écrase la femme » et interpelle le ministre de la Justice pour le faire évoluer. Hubertine Auclert milite en faveur de la dignité, de l’égalité et du droit de vote pour les femmes. (Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise.)
Colette (1873-1954) Tout le monde connaît l’œuvre de Colette : La vagabonde, Chéri, Gigi, la série de Claudine et j’en passe. Mais je voudrais vous parler de Colette qui revendique la liberté de la femme, le droit au divorce et l’égalité des sexes. Dans son œuvre elle montre qu’une femme pouvait chercher à s’approprier sa vie, plutôt que de la subir, et sans culpabilité ni complexe assumer son homosexualité Mais Colette n’est pas une féministe, elle est d’abord un écrivain. Avec une écriture inclassable, souvent fascinante par la légèreté des phrases, le style imagé, Colette est un grand écrivain, au-dessus de toute contestation . En 1936 Colette est élue membre de l’Académie royale de Belgique. En France elle est décorée de la Légion d’honneur, elle passe du grade de chevalier à celui de commandeur. C’est la première femme qui accède à ce titre, cette distinction lui est remise par André Marie, ministre de l’Education nationale en 1953.
Marguerite Yourcenar son vrai nom Crayencour (1903-1987) est la première académicienne française. Elle est née à Bruxelles et grandit (Montnoir) dans les monts des Flandres. Marguerite apprend l’anglais et le latin avec son père et à 16 ans passe le baccalauréat latin-grec. Elle change son nom et commence à vivre de sa plume en collaborant à plusieurs revues comme la « revue de l’Europe ». Son écriture est reconnue « comme un travail, pas un passe-temps » En 1932, les éditions Grasset publient « La nouvelle Eurydice ». Cette une période où Marguerite vit centrée sur la Grèce. Elle voyage beaucoup : Athènes, Paris, l'Angleterre où elle rencontre Virginia Woolf. A Paris elle connaît Grace Frick qui sera un certain temps sa compagne. Elles partent toutes les deux aux Etats-Unis de 1937 à 1938. Dès son retour elle écrit « Le coup de Grace ». Son vrai amour était André Fraigneau, mais lui préférait les hommes. Dans une interview elle précise : « Mon choix de vie n’est pas celui de l’Amérique contre la France, j’ai toujours aimé l’isolement » ; Marguerite Yourcenar devient célèbre en France comme à l’étranger avec la publication des « Mémoires d’Hadrien » le 7 juin 1951 chez Plon. Elle vit pour l’écriture, mais elle s’engage dans la lutte pour la paix, la défense des droits civiques, contre la prolifération nucléaire, pour la protection de l’animal, de l’air, de l’eau dans le milieu naturel, thèmes récurrents dans ses écrits. Marguerite Yourcenar est reçue à l’Académie belge le 27 mars 1971. En France elle reçoit la Légion d’honneur et en 1977 l’Académie Française lui décerne le Grand Prix de littérature pour l’ensemble de son œuvre. Le premier juin 1980 à Boston elle est promue officier de la Légion d’honneur. A Paris, le 22 janvier 1981, elle rentre comme première femme à l’Académie française.
Nafissa Sid Cara (1910-2002) est la première Musulmane secrétaire d’Etat. Née en Algérie dans une famille musulmane, élevée dans la spiritualité de l’Islam, elle s’est construite dans la culture française. Etre une jeune fille en 1920 en Algérie et vouloir apprendre dans une école ce n’était pas facile. Pourtant elle arrive à finir ses études et à être nommée professeur de français. Elle se bat pour un Islam républicain, compatible avec les lois de la république. En 1958 elle est élue députée d’Alger-campagne à l'Assemblée Nationale.
En janvier 1959 elle entre dans le gouvernement au titre de secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre sous la proposition de Michel Debré. Elle n’a jamais portée le voile, y étant opposée. Nafissa milite pour que les femmes musulmanes puissent se doter de droits civiques, pour améliorer le statut juridique et pour le droit de la famille en cas de divorce. Les femmes ont ôté le voile de leur propre gré pour leur liberté, dans la dignité et dans leur identité de femmes sans cesser d’être Musulmanes.
Il faut parler aussi de Madame Simone Veil ministre de la santé dans le gouvernement de Chirac qui a fait voter la loi d’intervention volontaire de grossesse le 17 janvier 1975.
Le temps me manque pour parler de toutes les autres femmes qui ont milité et consacré leurs vies pour que nous ayons les même droits que les hommes aujourd’hui. Il faut seulement savoir que la lutte n’est pas finie ; aujourd’hui avec un gouvernement de gauche, les femmes sont payées moins que les hommes pour le même travail.
Mais il existe deux mouvements qui ne baissent pas les bras : ils s’appellent « Barbe » et « Femen » tous deux fondées aux Etats-Unis. Pour « Femen » je dois citer Caroline Fourest, journaliste, et Inna Shevchenka, une icône d’inspiration marxiste.
Merci à tous.