Dans le Larousse, le temps apparaît comme une notion fondamentale. Il y est conçu comme un milieu infini dans lequel se succèdent les événements.
à l’origine, les présocratiques pensent le temps à travers plusieurs notions : chronos (intervalles de temps), aïon (la durée d’une vie, la destinée d’un homme) et kaisos (idée d’une opportunité à saisir) [voir G.E.R. Lloyd, de l’Université de Cambridge].
Le temps, en philosophie, est perçu comme un changement continu et irréversible où le présent devient perpétuellement du passé
Pour le temps, comme pour l’espace, on considère le milieu dans lequel se déroulent les événements comme homogène et indéfini.
C’est Anaximandre qui a énoncé la première définition rationnelle du temps, en introduisant la notion d’apeiron (l’infini, l’illimité), qui, comme toute chose, se définit par le principe.
Mais dans son livre Le temps dans la pensée grecque, G. E. R. Lloyd nous parle d’une conception du temps selon Homère et Hésiode.
Héraclite d’Éphèse traite explicitement du temps dans le fragment 12 en émettant l’idée que "nous ne mettons pas deux fois les pieds dans la même eau qui coule".
Platon, dans sa pensée, n’accorde au « temps » qu’une seconde place.
Aristote, lui, valorise le passé et ses mythes à travers le fondement diamétralement opposé de l’histoire, source essentielle de progrès dans les connaissances et dans les techniques. Il valorise ce point de vue par l’idée de mouvement. Le temps ne peut être perçu sans le changement.
Dans la Grèce antique, les défenseurs du caractère cyclique du temps sont, avant Diogène de Babylone : les stoïciens Zénon, Cléanthe et Chrysippe.
Plotin, lui, propose une spéculation théosophique qui s’en tient au phénomène. Il rattache le temps à la vie de l’âme, voire à l’éternité (Martin Heidegger).
Au Moyen Âge, Saint Thomas d’Aquin reprend la pensée d’Aristote en lui donnant un développement et une précision qu’elle n’avait pas grâce à la prise en compte de la conscience.
Averroès et les aristotéliciens médiévaux, pour l’unité du temps, procèdent à la réunification des mouvements divers en accordant une primauté ontologique à celui de la première sphère céleste.
Descartes distingue le temps et la durée.
Pour Kant, l’espace et le temps se réfèrent à deux registres distincts de l’expérience.
Hegel nous dit que "le temps est le concept même qui est la phénoménologie de l’esprit".
Dans l’œuvre d’Henri Bergson, le temps tient une place centrale dans son Essai sur les données immédiates de la conscience.
Sur cette notion de conscience, il existe plusieurs théories, mais jusqu’à aujourd’hui, les scientifiques ne se sont toujours pas mis d’accord.
On peut cependant distinguer deux théories :
-La plus concrète présente une belle convergence expérimentale avec les données sur l’illusion visuelle, l’inattention ou la perte de la conscience pendant une anesthésie.
Elle intègre de l’information générale et mathématique, et aboutit à des conclusions absurdes, car selon ses présupposés n’importe quel objet pourrait avoir une conscience. On en arrive à une conscience qui pourrait s’étendre à tout l’Univers.
- La théorie de l’espace de travail implique une diffusion de l’information dans des régions du cerveau très éloignées. or, le simple câblage neuronal ne suffit pas à expliquer une synchronisation oscillatoire à grande échelle, ni pour le « timing », ni pour la coexistence de régions synchronisées à des fréquences différentes.
La physique quantique apparaît comme un nouvel espace du possible en matière de conscience, mais elle ne répond pas à tout.
Le présent de la conscience absolue est tout à la fois rétention d’un objet temporel imminent et rétention des phases émanant du flux de la conscience elle-même.
Dans La pensée et le mouvement, Bergson traite le temps en trois étapes : passé, présent et futur. La corrélation découle du fait que ce qui appartient au passé a appartenu au présent, l’objet futur sera ultérieurement appréhendé comme présent.
Le temps serait la succession des instants, de même que la ligne est une succession de points.
Ainsi se ressemblent le mouvement et le temps.
C’est avec l’introduction du thème de la temporalité que la nouvelle manière phénoménologique pose la question de la nature du temps, ce qui renvoie au débat historique sur l’origine du temps.
Dans son livre Leçons pour une phénoménologie, Edmund Husserl constate que le temps ne peut être perçu en lui-même, il est toujours le temps d’un objet.
Pour lui, la conscience du temps visée est pur temps vécu, ou, selon son expression, la conscience intime selon laquelle il faut entendre le temps qui nous apparaît, comme un temps "immanent de la conscience".
Le temps objectif va être constitué et apparaître à partir du temps senti. Chez Husserl, le temps est l’unité horizontale du passé, du présent et de l’avenir.
Heidegger va révolutionner la perspective philosophique avec cette phrase : « le temps ne passe pas, il vient ».
Dans son ouvrage l’Être et le temps, il va mettre en exergue le fait que le temps est ce par quoi « l’être peut être compris », et que le temps est l’horizon possible de toute compréhension de l’être en général.
Pour Heidegger, l’être du sujet se constitue à travers l’éclatement de la temporalité eustatique de « l’être-au-monde », alors que, pour Husserl, l’identité d’un « je » pur reste inaffectée par le flux temporel de la conscience.
Heidegger développe une phénoménologie de la temporalité, une interrogation sur "l’être du temps".
La temporalité fonde la structure ontologique du dasein, qui est « à venir ». le dasein utilisé par Heidegger est l’existence humaine, la présence au monde qui remplace l’"être-là".
Pour lui, l’interprétation du temps et celle de l’être-là sont étroitement liées. Le temps est donné a priori, car toute réalité effective des phénomènes n’est possible que pour le temps seul.