Pourquoi parler de la tolérance aujourd’hui ? Tout le Monde sait que la France est un pays tolérant. Après la fusillade dans la rédaction de la revue Charlie Hebdo, avons tous essayés de faire la paix avec les Musulmans qui vivent dans notre pays. Et le « Traité sur la Tolérance » de Voltaire a été massivement réédité. Mais devant l’ampleur du massacre perpétré par de jeunes français contre d’autres français la tolérance a dépassé les limites !
Le gouvernement a pris des mesures. Car un excès de tolérance est dangereuse pour le peuple, ainsi que l’écrit le philosophe américain John Rawls : je cite-« une société n’a aucune obligation de tolérer des actes où des membres sont voués à son extermination ».
Le mot tolérance arrive du mot latin « tolerantia », qui signifie endurance, patience, résignation. Généralement il n’y a pas de tolérance sans qu’il y ait d’abord une agression, on ne peut être tolérant que face à ce qui nous dérange (faire du mal, ne pas respecter l’individu, ou défendre un idéal différent du notre).
La tolérance c’est l’attitude de quelqu’un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes de siennes.
C’est l’attitude de quelqu’un qui fait preuve d’indulgence, qui tolère beaucoup de ceux à qui il a affaire. C’est aussi une dérogation admise à certaines règles. Dans la tolérance rentre le respect de la liberté de conscience et l’ouverture d’esprit à l’égard de ceux qui professent une doctrine religieuse différente ou une politique différente, ce qui signifie la capacité d’accepter les idées et les sentiments des autres.
Mais pour qu’il y ait tolérance, il faut qu’il y ait choix délibéré et non pas imposé par autrui.
Des nombreux philosophes nous disent : la tolérance peut conduire à une abstraction volontaire dans le combat contre un mal identifié comme tel.
Nous pouvons citer plusieurs grands noms de la philosophie : « cesser de combattre ce qu’on ne peut changer » écrit J. Locke. La tolérance ne devrait être qu’un état transitoire. Elle est censée mener au respect selon l’écrivain allemand J. W. Von Goethe (XVIII s.).
La tolérance est une vertu qui rend la paix possible affirme Kofi Annan.
La tolérance dans la religion c’est le pardon et chez les laïques c’est l’oubli « j’oublie le mal que tu m’as fait »
La tolérance est une vertu nécessaire à l’établissement d’une société juste écrit encore John Rawls et il ajoute « la tolérance est un exercice et une conquête sur soi »
« Maître de liberté, de lucidité, de tolérance, Montaigne est une arme contre tout fanatisme, sans jamais tomber dans quelque nihilisme que soit » nous dit le philosophe André Comte-Sponville.
« Pour lui, la tolérance va de pair avec la modestie et le courage. Il montre qu’à la racine de la pensée il y a l’honnêteté » écrit J. D’Ormesson sur Montaigne.
L’esprit de la tolérance est l’art d’être heureux en société avec les autres selon Albert Memmi dans son livre « Exercice du bonheur ».
Le meilleur aboutissement de l’éducation est la tolérance d’Helen Keller. Mais toute tolérance devient à la longue un droit acquis pour G. Clemenceau. Des nombreux autres philosophes on traité le sujet.
Nous avons plusieurs aspects de la Tolérance : politique, sociale, civile, religieuse, universelle et technique dont je ne traite pas aujourd’hui.
Politique : la tolérance est devenue politique et juridique pour la philosophie à partir du XVII et XVIII siècles. L’auteur de référence pour la théorie de la tolérance est John Locke.
Toute liberté ou tout droit implique nécessairement pour s’exercer complètement un devoir de tolérance. La « Théorie de justice » de J. Rawls fait référence à une société juste dont les membres seraient pour la plupart tolérants et capable de tolérer les intolérants.
Mais il nous dit qu’une société tolérante a le droit et le devoir de se protéger et que cela implique une limite à la tolérance.
Sociale. La tolérance sociale est la capacité de respect d’un individu ou d’un groupe social devant ce qui diffère de ses valeurs morales et les normes établies par la société.
Civile. Les mentalités évoluent sur certains sujets. Les dispositions de la loi changent mais ne sont pas appliquées faute de moyens.
Le respect de la femme, des handicapées ou des homosexuels ne sont pas toujours appliqués, faute des moyens.
« Je ne suis pas d’accord avec toi, mais je te laisse faire par respect des différences » écrit Pauline Vaillancourt.
« Je ne suis pas d’accord avec ce vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » est sans doute la phrase célèbre de Voltaire.
Tolérance religieuse est une attitude adoptée devant des confessions de foi différentes, de religions différentes. Il y a 3 domaines de tolérance :
- la tolérance inscrite dans les textes sacrés auxquels se réfère la religion ;
- l’interprétation qui en a été faite par les autorités religieuses ;
- la tolérance du fidèle qui est bien imposée par sa foi.
La civilisation de l’Egypte ancienne avait sa tolérance religieuse : dans ce pays il y avait des nombreux temples de divinités étrangères acceptés.
C’est seulement en 311 que l’édit de Milan décrète la liberté de tous les cultes.
Mais c’est la naissance du monothéisme (le judaïsme, christianisme et enfin l’islam) qui nous apporte la notion de divin.
Judaïsme : « tu n’auras pas d’autre Dieu devant ma face ». On voit toujours dans la bible des exemples de tolérance de juifs sous Moise, sous les rois, sous les juges.
Christianisme : « je crois en Dieu, le Père Tout puissant, créateur du ciel et de la terre »
Islam : « Il n’est d’autre divinité que Dieu »
Le Christianisme évolue et adopte des principes modernes de la tolérance. De toutes les religions, le Christianisme est sans doute celle qui doit inspire aujourd’hui, le plus de tolérance (voir Dictionnaire philosophique). Pour cette religion, la tolérance fut imposée en 1964, sous la pression de Doit de l’Homme et de l’ONU.
Dans la religion bouddhiste, la tolérance est le premier pas vers l’équanimité.
Voltaire nous parle dans le chapitre XXII de son Traité, de la tolérance Universelle, je cite « je vous dis qu’il faut regarder tous les hommes comme nos frères ».
L’intolérance est un état d’esprit qui ne peut pas tolérer et qui refuse d’admettre l’existence d’idées, de croyances ou d’opinions différentes des siennes et les condamne. Plus simple, l’intolérance est à l’inverse de la tolérance. L’intolérance apparait quand on refuse totalement de se plier aux lois d’une société. Quand l’autre détruit, bafoue notre culture, notre histoire et les mœurs de pays il devient intolérant.
Pour supprimer l’intolérance, il est nécessaire de supprimer ce qui suscite la peur en nous qui est causée par la différence elle-même ou par la méconnaissance de celle-ci.
Dans le « Traité sur la Tolérance », Voltaire décrit l’intolérance de l’Eglise Catholique de son temps, qui nous amène à un abus de l’intolérance (voir ch. XI).
Mais en face d’un individu intolérant, on a du mal à être tolérant !
On ne peut pas être tolérant avec un criminel !
Pouvons-nous être tolérant à l’infini ?
C’est un sujet très vaste et moi je m’arrête là.