Avant de commencer ma conférence sur Kant, permettrez-moi de vous parler cinq minutes de la ville de Lyon du XVII siècle, qui a été une ville brillante, avec son port sur Rhône.
La confluence du Rhône et de la Saône ainsi que la proximité de la Loire lui ont fait bénéficier de principales voies d’acheminement des marchandises.
Tout ça vous le saviez.
Et j’ajoute Louise Labé, La belle Cordière est née vers 1520 et vécue dans cette ville jusqu’à 1566, à proximité de l’église Notre-Dame-de-Confort.
Vous les lyonnaises vous devez être fières avec une ancêtre poétesse qui s’inscrit dans une démarche profondément humaniste, qu’elle participe à introduire la poésie dans la langue française.
Labé femme indépendante publie et édite à son nom le Recueil « Œuvres ». Pour imprimer le texte elle demande le privilège auprès du Roi.
Son ouvrage se présente en trois parties ; Débat de la folie et d’amour, en prose ; ensemble de vers amoureux ; et vingt-quatre sonnets, écrits par divers poètes.
Les Œuvres de Labé sont réimprimées par Jean de Tournes en 1556.
Méta-physique en grec veut dire « après la physique ». Aristote a écrit 14 livres sur la métaphysique.
La métaphysique ne se confond avec aucune autre science, et ne considère en général l’Etre en tant qu’être. Le Moyen Age va identifier cette philosophie à la théologie ; c’est-à-dire la science de Dieu.
Pour Descartes immatérialité est la caractéristique fondamentale de la métaphysique.
Pour Hegel la métaphysique désigne la philosophie telle qu’elle était constituée chez nous avant la philosophie de Kant.
Pour Heidegger les cours qu’il a suivit à Fribourg lui permettent de penser avec les origines et de refuser toute voie qui ne passerait pas par un retour à l’Origine. Il nous dit : « la métaphysique et la philosophie ne sont pas du tout des sciences, et ne peuvent pas non plus le devenir, du fait que leur questionner est au fond un questionner historial ».
C’est Heidegger qui pose le problème de « Etre » dans son œuvre principale. Il faut rappeler « L’Etre et le Néant » en 1943 dans la conférence de Sartre intitulée « L’existentialisme ».
En 1929 Heidegger sort son livre « Kant et le problème de la métaphysique ». En 1953 il publie « L’introduction à la métaphysique » où on trouve que « c’est le sein de la parole, dans l’élément de la langue qu’adviennent les choses et qu’elles sont ». La métaphysique il le conçoit comme une présence permanente, mais elle ne peut pas dévoiler l’Etre, pensé comme étant, qu’au prix d’un oubli de la structure originairement temporelle.
Il faut rappeler « L’Etre et le Néant » en 1943 dans la conférence de Sartre intitulée « L’existentialisme et un humanisme ».
A. Comte détermine la métaphysique comme le stade de l’histoire de l’humanité où l’on cherche des causes à ce qui existe en dehors de l’expérience.
La nécessité pour comprendre le problème de l’Etre, de déconstruire la métaphysique est ce qui revient encore à faire de la métaphysique.
Kant suit Heidegger sur son œuvre principale « Etre et le Temps ». Dans son petit livre Pascal David traite l’étymologie du mot « être » en grec, en allemand et en latin. L’Etre, cela veut dire, pour les grecs stabilité ; au double sens de se tenir en soi. En cette stabilité trouver sa constance.
Emmanuel Kant (1724-1804) fait partie des philosophes du siècle Lumière. Né à Königsberg un port prospère, l’ancienne capitale de la Prusse. Il a une éducation « piétiste » rigide, basé sur la morale, donné par sa mère, puis au collège Fréderic dirigé par Schultze, où il y a eu beaucoup d’heures de prière. Kant vit dans un univers obsédé par la peur du péché.
Le mouvement piétiste est apparu au sein du luthéranisme en Allemagne. Philippe Jacob Spener (1635-1705) organisa de petites assemblées de fidèles nomme « collège de piété ». Sorti du collège il étudie la littérature latine, Descartes et Leibnitz.
Kant au plus jeune âge devient orphelin ; en 1737 de sa mère et en 1747 de son père (E. Boutroux). Il étudie Descartes et Leibnitz.
A la mort son père, ne laisse ni fortune ni dettes, mais l’obligation de veiller sur son frère et ses trois sœurs. Pour vivre Kant commence à écrire.
En 1747 sort « Pensées sur la véritable évaluation des forces vives », en 1756 « Monadologie physique ». Puis suivent les autres nombreuses œuvres.
« Les Rêves d’un visionnaire expliqués par des rêves métaphysique » apparaissent en 1766. Les œuvres les plus connus de Kant sont ; « Critique de raison pure » où il expose le fondement de la théorie kantienne de la connaissance suit par « Critique de la raison pratique » et une troisième en 1790 « La critique de la faculté de juger ». (Boutroux).
Kant comprend la philosophie comme critique, comme méthode. Il a enseigné le philosopher et non pas une philosophie (Paul Natorp nous dit). A ce point je dois vous dire que la raison théorique et la raison pratique sont à la fois distinctes et en accord. La raison théorique ouvre le champ à la raison pratique, seule capable de fournir un objet réel à ses idées, à l’envers n’est pas possible. (Voir B. Rousset).
Les ouvrages de Kant vont complément changer la face de la philosophie, surtout « Les Fondements de la métaphysique des mœurs » sorti en 1785. Kant écrit lui-même sa biographie.
Dans la doctrine de Kant la Morale, la Science et la nature de la science s’établissent dans son esprit et dans son œuvre.
Kant nous dit ; « la métaphysique n’est donc ni dans la science, ni en dehors de la science. Elle a sa place à côté de la science à laquelle elle est liée par un rapport spécial ». Elle consiste à ressaisir l’être dans sa totalité, comme le fait la sensation elle-même, ou le sentiment, mais avec la lumière. (Voir les cours d’E. Boutroux).
Kant pensa reconstruire la métaphysique telle qu’elle existe effectivement dans l’esprit humain. Il veut que la métaphysique classique soit, au fond, un ensemble de raisonnements destinés à nous faire passer du sensible au suprasensible, du sujet à l’objet etc., ce qu’on ne trouve pas ni chez Platon, ni chez Leibnitz.
Kant va fonder un métaphysique et même un double métaphysique ; « métaphysique du phénomène », c’est-à-dire d’une recherche des éléments à priori, impliqués dans la connaissance de tout phénomène comme tel, et la « métaphysique de mœurs », la métaphysique de l’action, ou système de conditions à priori de la détermination morale.
C’est dans son ouvrage « Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science », qu’il met les bases de la métaphysique du phénomène.
La métaphysique dogmatique aux yeux de Kant est essentiellement une métaphysique qui prétend dépasser toute l’expérience.
La « Métaphysique des mœurs » est publiée en 1796 qui comprend « La doctrine du droit» en première partie et « La doctrine de la vertu » dans la deuxième. (A. Philonenko).
Toujours dans « Prolégomènes » Kant dit qu’il est impossible à l’homme de renoncer à la métaphysique ; que la mathématique, la physique, le droit, ne suffisent pas à remplir l’âme, et que l’attrait de la métaphysique est pour une âme vraiment philosophique, supérieur à celui de toute autre recherche théorique. « L’existence de la science, sous ses deux formes mathématique et physique, est un fait ; l’existence de la métaphysique en est un autre » (Boutroux).
Dans les « Rêves d’un visionnaire expliqués par les rêves de la métaphysique » Kant montre la difficulté qu’il y a à concilier le monde du savant avec celui de moraliste (Emile Boutroux). Pour Kant la science précède toute métaphysique, en ce qui constitue ses moyens d’investigations, car en ce sens, elle n’a besoin que des mathématiques et de l’expérience (Jean-François Kervégan). Kant dit : « La métaphysique, elle aussi, doit avoir quelque fondement, car c’est un fait qu’il existe une métaphysique ; elle est une réalité au même titre que tous les phénomènes que nous percevrons ».
Schopenhauer a un profond respect pour son prédécesseur, Kant, « Le plus grand mérite de Kant, c’est d’avoir distingué le phénomène de la chose en soi ».
Kant confirme et élargit la philosophie de Locke et il détruit la philosophie de Leibniz et Wolff.
Dans notre siècle Vladimir Jankélévitch fait parti de plus grand métaphysicien et moraliste.
« Ce que l’homme ne peut connaitre, il peut néanmoins le penser ».
« Il est essentiel que nous soyons capable de savoir si Dieu existe ou non ».