Le colloque E3D (Eau, Déchets, et Développement Durable) s’est tenu à la Bibliotheca Alexandrina, à Alexandrie en Egypte, du 28 au 31 mars 2010, à l’initiative de l’Université Senghor (département Environnement) qui a proposé à l’Ecole des Mines de St Etienne et à l’Association Innovation et technologie de Sfax, de donner suite au colloque organisé par ces deux institutions à Hammamet en mars 2008 sur la « Gestion des Déchets Solides et Développement Durable ».
Nous en faisons ci-après un bilan scientifique et technique en trois parties : communication ; statistiques et bilan scientifique.
Pour les besoins de communication, un site internet a été mis en place et publié à partir du 15 août 2009. Au 15 juin 2010, ce site avait enregistré les données suivantes (données fournies par Google Analytics) :
8031 visiteurs uniques, 12964 visites cumulées et 36331 pages vues
pic de visites : 248 visites le 11 mars 2010
temps moyen passé sur le site : 3 min et 39 secondes
sources de trafic : 42 % via moteurs de recherche, 39 % via sites référents (les principaux par ordre décroissant étant : usenghor-francophonie, mediaterre, sifee, jeunesse.francophonie, magazine-durabilis, emse, waternunc), 19 % en accès directs
origine des visiteurs : France (23%), Algérie (14%), Egypte (12%), Tunisie (10%), Maroc (10%), Canada (3,5%), Cameroun (3,3 %), Côte d’Ivoire (2,6%), Burkina Faso (2,2%), Bénin (2,1%), puis Sénégal, Belgique, Congo (RDC), Tgo, Niger, USA, Liban, Espagne, Mali, Italie, Mauritanie, Pays Bas, Allemagne, Suisse, Madagascar, etc…
Les données suivantes illustrent l’attractivité de la conférence :
280 formulaires d’inscription complétés
133 participants inscrits (hors étudiants de l’Université Senghor)
138 articles évalués
110 articles acceptés
100 articles présentés + 9 conférences plénières
Actes en 3 tomes couvrant au total 963 pages dont 915 pages relatives aux communications scientifiques
Algérie : 2
Belgique : 3
Bénin : 1
Burkina Faso : 3
Cameroun : 2
Canada : 9
Côte d'Ivoire : 3
Égypte : 18
Espagne : 1
France : 46
Gabon : 1
Haïti : 1
Liban : 2
Maroc : 15
Niger : 1
Sénégal : 3
Syrie : 1
Tchad : 1
Togo : 1
Tunisie : 19
3.1 Synthèse de l’atelier EAU (d’après la restitution du professeur Jalal Halwani, professeur à l’Université Libanaise, Tripoli, Liban)
Une trentaine de communications ont été présentées au cours des sessions consacrées à la thématique « Eau » du colloque E3D. Les conférenciers venant de 13 pays différents, ont abordé des sujets très variés et enrichissants qui concernent tous les aspects de la thématique EAU dans son contexte environnemental : ressources en eau, eau potable, eaux usées urbaines, eaux résiduaires industrielles, gestion de l’eau, traitement de l’eau, etc.
L’accès à l’eau demeure un problème majeur dans certains pays d’Afrique, et la conformité aux normes de potabilité est loin d’être respectée, ce qui pose un problème très grave sur la santé humaine qu’il faudrait absolument résoudre sur les plans qualitatif et quantitatif dans les plus brefs délais.
Par ailleurs, les expériences de la gestion de l’eau et les mécanismes de financement des infrastructures liées à la bonne exploitation de cette ressource naturelle ont été largement discutés au cours de ce colloque. L’accent a été mis sur les problèmes de tarification, du contrôle qualité et de la disponibilité de l’eau toute l’année, une remarque particulière a été notée sur le manque de techniciens qualifiés dans les institutions chargées de la gestion de l’eau.
La contamination des ressources en eau et le devenir des polluants dans le milieu aquatique demeurent une menace très grave pour la disponibilité de l’eau, des cas ont été présentés qui montrent la pollution de la nappe phréatique et les eaux superficielles. Qu’elles soient d’origine urbaine, agricole ou industrielle, la contamination de l’eau est un problème général dans les pays d’Afrique ce qui pourrait nuire au bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques et fait frein au développement durable de ces pays.
Les communications présentées montrent clairement que les pratiques de rejet des eaux usées urbaines ou industrielles dans le milieu aquatique sans aucun traitement préalable est une pratique courante dans beaucoup de pays du Sud. Les expériences réussies dans le cas de la gestion et le traitement des effluents industriels et urbains présentées par les conférenciers européens et canadiens montrent l’importance du transfert de technologie occidentale dans ce domaine pour les pays africains.
3.2 Synthèse de l’atelier DECHETS (d’après la restitution du professeur Jean-Louis Fanlo, professeur à l’Ecole des Mines d’Alès, France)
L’atelier « Déchets » a été un atelier dense avec 41 exposés provenant de 12 pays différents (France – 17, Canada – 3 Afrique sub-saharienne – 21, Tunisie – 6, Maroc – 2, Algérie – 2, Mauritanie – 1, Cameroun – 1).
Les thématiques abordées ont couvert la globalité du champ de la problématique des déchets : Déchets urbains (5 exposés), Caractéristiques des déchets (2), Sites de stockage (8 exposés dont 4 portants sur l’étanchéité), Lixiviats (3), Procédés (13 exposés couvrant les solides, les liquides et les gaz), Valorisation (5), Sols pollués (5).
La qualité des interventions et la richesse des débats qui les ont suivis sont à souligner.
Une très grande similitude entre les problèmes traités par les travaux de recherche des deux côtés de la Méditerranée a été notée, notamment en matière de : Collecte des ordures ménagères, Lixiviats, Récupération, Valorisation en BTP.
Des points de vue parfois différents ont été exprimés, mais surtout des priorités différentes avec des urgences environnementales très clairement identifiées en Afrique en matière de : Dégradation des ressources ; Pollution de l’eau et des sols ; Impacts sanitaires ; Populations très exposées (récupérateurs, enfants, …).
Ces urgences se sont traduites par une forte proportion des interventions portant de près ou de loin sur la gestion des déchets urbains (12 communications), toutes réalisées par des collègues africains.
Au regard de ce constat, il apparaît que les chercheurs des pays développés ont une double responsabilité :
- Organiser le retour d’expérience pour faire gagner du temps aux chercheurs des pays en développement. Sur ce plan, le congrès E3D fait clairement partie des outils à développer.
- Orienter de nouveaux travaux vers les priorités des pays en développement, à savoir le développement d’écotechnologies adaptées aux besoins – et surtout aux moyens – de ces pays.
Les échanges entre les participants à cet atelier ont permis non seulement de valider cette analyse, mais aussi mis en avant la volonté de nombre d’entre eux de s’inscrire dans l’action.
3.3 Synthèse de l’atelier DÉVELOPPEMENT DURABLE (d’après la restitution de M. Philippe Jamet, directeur de l’Ecole des Mines de St Etienne, France)
35 communications ont été présentées dans l’atelier « Développement Durable » du colloque E3D par des intervenants venant de 10 pays différents (20 intervenants du continent Africain). Elles ont abordé une grande diversité de thématiques, échelles et questionnements liées à des problématiques de déchets, d’eaux, de sols, de ressources et de capacités.
Nous avons pu noter une prédominance d’interventions portant sur des méthodes et outils (13 communications) et sur des approches territoriales (11), suivie d’interventions concernant l’éco-toxicité et la santé (5), d’études socio-économiques (3) et relatives au climat (3). Ces communications relevaient principalement d’une approche macroscopique avec 22 communications pour 13 communications se plaçant à un niveau micro.
L’environnement demeure « la porte d’entrée » principale dans la problématique du développement durable (23 communications), tandis que les dimensions économiques, sociales ou l’approche intégrée ont fait l’objet de 4 communications chacune.
Plus généralement, outre leur qualité générale, on peut souligner que les exposés ont offert des éclairages divers du concept de développement durable. Et, tandis que les contenus présentaient un grand intérêt, nous avons noté un intérêt encore plus grand de certains oppositions : importance du systémique vs importance du détail ; pointu (Nord ?) vs global (Sud ?) ; besoins de méthodologie vs besoin de données ; approche palliative (correctif, normes) vs approche préventive (valorisation acquis, comportements)
Le bilan de cet atelier nous permet enfin de faire quelques recommandations, notamment dans la perspective du prochain colloque E3D : faire une plus grande place aux expériences concrètes (études de cas) ; intensifier les échanges avec les conférenciers ; illustrer des transferts universités – communautés ; introduire davantage la dimension SHS ; instaurer un prix (prix de l’Université Senghor par exemple) ; sensibiliser davantage les décideurs (formation spécifique à mettre en place, par exemple sur le modèle du collège français des hautes études du développement durable).
Le nombre d’inscriptions initiales (280) et d’inscriptions définitives (133) témoignent du succès rencontré par la conférence E3D et tous les participants ont reconnu et salué tant la qualité scientifique de la manifestation que la qualité de l’organisation et celle de l’accueil et de l’hébergement des participants. Ce succès est à mettre au crédit de l’Université Senghor qui organisait pour la première fois une manifestation scientifique de ce genre, aidée en cela par l’Ecole des Mines de St Etienne (France) et l’Association Innovation et technologie de Sfax (Tunisie) qui ont su relayer l’information dans leurs réseaux respectifs. La conférence a également souligné l’importance des thèmes abordés dans l’espace francophone et l’importance pour les chercheurs concernés de pouvoir s’exprimer et échanger en français sur ces thématiques. Il est par ailleurs clairement ressorti une volonté de tous les protagonistes (tant ceux du Nord que ceux du Sud) de développer les collaborations Nord-Sud et la nécessité d’un soutien à la mise en place et au développement de telles collaborations. Enfin, la discussion finale a fait émerger l’idée qu’il existait peut-être une approche spécifiquement francophone du développement durable et qu’il conviendrait d’étudier les caractéristiques de cette spécificité.
Au terme de la conférence, les chercheurs Marocains ont proposé d’accueillir la prochaine édition de cette conférence qui devrait donc être organisée à Marrakech en 2012.
Thierry Verdel, Directeur du département Environnement, Université Senghor, le 9 juillet 2010
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