Le Minitel

Naissance et développement de la télématique Française

- 1974, projet Tic-Tac de données accessibles dans les intervalles de la télévision ;

- 1978, décision d’expérimentation à Vélizy du projet Télétel ;

- 1979, décision du projet de service d’annuaire électronique sur Télétel ;

- 1980, le terminal de Télétel baptisé Minitel ;

- 1981, lancement du service Télétel professionnel, expérience d’annuaire à Saint-Malo ;

- 1983, fonction « kiosque » pour la presse ;

- 1985, généralisation de l’annuaire électronique en France.

Début des années 70 : les conditions favorables

Au début de la décennie 70. les Français possèdent deux fois moins d'installations téléphoniques que les Allemands ou les Britanniques. En 1968, 16 % seulement des ménages sont équipés : ce n’est plus un retard, C’est une catastrophe.

Pourtant, en quelques années, non seulement la France va combler ce vide, mais elle va pouvoir s'enorgueillir de posséder le réseau téléphonique le plus moderne du monde. A partir de 1975, plusieurs millions de lignes (un million et demi à deux millions chaque année), sont installées au prix d'un investissement massif. En 1978, le secteur des télécommunications représente 5 % de la totalité des investissements en France. Désormais une des conditions préalables à la naissance de la télématique est remplie

Pour faire face à la très forte demande de l'Etat, les entreprises de téléphonie ont énormément embauche, et pour payer le matériel fourni, les Télécommunications ont énormément dépensé. Or, le parc téléphonique a fait le plein », ou presque. C'est la crise, car l’augmentation de la consommation liée à celle du nombre de lignes est loin de compenser les investissements. De plus, les progrès techniques considérables en particulier le passage des commutateurs électromécaniques aux commutateurs temporels électroniques entrainent d'importantes réductions de personnel. Enfin, le tout se situe dans un contexte économique général qui est à la crise.

Bref, plus de sous, trop d'hommes, pas de marché, mais...Des laboratoires très créatifs

C'est aussi pendant cette décennie 70 que des révolutions silencieuses ont lieu sur le plan de la recherche en communications. En France, les deux pôles de cette quête créatrice s'appellent le Centre national d'études des télécommunications (CNET, fondé en 1944) et le Centre commun d'études de télécommunications et de télédiffusion (CCETT, Filiale commune de France Telecom et de Télédiffusion de France créée en 1972 et basée a Rennes). Deux organismes qui travaillent d'abord séparément, puis de concert.

Le CNET pousse plutôt ses investigations vers le couplage du téléphone et de la télévision, mettant au point, en 1974, le système TIC-TAC (Terminal Intègre Comportant Téléviseur et Appel au Clavier). Mais TIC-TAC n’est qu'une préfiguration. L'aboutissement des travaux, véritable mariage de l'informatique et du téléphone, prendra le nom de Vidéotex interactif.

Au CCETT, on travaille essentiellement sur une idée qui, en fait, a déjà vu le jour dans les années 60 :

l’utilisation du « vide », qui existe entre chaque balayage de l'écran de télévision et que l’on appelle l'intervalle de trame. Et on en vient inévitablement a reposer la question : pourquoi ne pas utiliser l'intervalle de trame pour faire passer des pages de texte ?

Cette technique prend le nom de Télétexte diffuse.

A partir de 1976, CCETT et CNET unissent leurs recherches. C'est alors que vidéotex et télétexte reçoivent le nom générique de vidéographie. Une norme de visualisation commune est adoptée et baptisée Antiope (Acquisition Numérique et Télévisualisation d'Images)


1977 : Ciel ! L'étranger nous devance...

En fait d'étrangers, il s'agit surtout des Britanniques. A cette date, vidéotex et télétexte existent déjà de l'autre cote de la Manche, mais s'appellent respectivement Prestel et Ceefax.

La petite guerre que se livrent ainsi Français et Britanniques dans le domaine des techniques et des normes apportera finalement un bienfait indéniable : l’accélération des découvertes en même temps qu'une recherche toujours plus poussée sur le plan de la qualité.

En septembre 1977, le directeur de la Direction générale des télécommunications (DGT), Gerard Thery, qui a conduit la « modernisation a marche forcés » du téléphone, commande un rapport sur toutes ces nouvelles techniques.

1978 deux idées clés et un choix décisif. II sortira notamment du rapport commandé par Gerard Thery deux idées clés.

Premièrement, il faut expérimenter toutes ces nouvelles techniques on vraie grandeur (l’expérience de Vélizy).

Deuxièmement, il faut trouver un marché : on ne pout ('imaginer plus vaste... Ce sera celui de l’annuaire électronique, soit douze millions d'abonnés on 1978. En 1986, ils seront vingt-trois millions.

Autrement dit, il faut remplacer l'annuaire papier, lourd, couteux, rapidement obsolète et encombrant, par un petit frère électronique, qui aura toutes les qualités de ces défauts. Deux bonnes idées qui n'auraient servi à rien sans la troisièrne : puisqu'on pense grand public plutôt que public professionnel, contrairement à nos voisins d'outre-Manche, et que l'informatique pour tous n’est possible qu'en abaissant les coûts par de très grandes séries, il faut produire un terminal bon marche, facilement utilisable, distribué gratuitement. Vous l'avez reconnu, c'est le Minitel

1978, le fameux rapport Nora-Minc rédigé par Simon Nora et Alain Minc.

Ce Rapport sur "l'informatisation de la société" fait date pour deux raisons :

la plus anecdotique : il invente le terme de télématique, ainsi forge :

TELEcommunications

TELEphone + inforMATIQUE

TELEvision.

la plus fondamentale : faire des télécommunications le fer de lance de l‘informatisation de la société.

Début 1979 : la décision politique

Le gouvernement prend la décision officielle d'expérimenter le vidéotex à Vélizy, dans la banlieue parisienne, et de développer l'annuaire électronique en le testant d'abord en Ille-et-Vilaine.

Le fameux TIC TAC

1980-1983 le temps de l’expérimentation, L’expérience annuaire électronique


L'expérience annuaire électronique va débuter pendant fête 1980 a Saint-Malo. Les questions qu'elle pose sont nombreuses. La principale est celle-ci : quelle sera la connexion exacte entre l'annuaire électronique et les autres services de Télétel ?

l'expérience de Vélizy

ses acteurs :

un échantillon « représentatif » de la population française. Deux mille cinq cents foyers soient dix mille personnes, ou les catégories cadres moyens et supérieurs sont surreprésentées, celle des agriculteurs quasi oubliée

L’équipe projet de la DGT qui agit avec une grande autonomie et réussit incontestablement ses relations avec les autres acteurs de l'expérience ; les fournisseurs de services parmi lesquels on trouve, nettement en tête, la presse qui, du rôle de frein, est passée a celui de moteur. Le Comité technique intersyndical de recherche (CTIR) de la presse française, qui regroupe quatre syndicats, soit quatre-vingt-seize titres de la presse française, propose le Journal électronique français (JEF). Le but de celui-ci est de tester la plus large palette possible de produits télérnatiques de presse.

De son cote, Le Parisien libèrè, bien que faisant aussi partie du CTIR, développe sa propre application, car l’expérience Télétel 3V (automne 1980, 2 500 foyers volontaires de Vélizy, Versailles, Val-de-Bièvre.) a lieu sur sa zone d'influence. Les deux journaux électroniques suivent a peu près la même évolution ; ils font partie des services les plus consultes. Les autres fournisseurs de services, en dehors de la presse, sont des administrations, des collectivités locales, des entreprises.

ses avantages :

un bon test sur le plan technique. L'informatique est mise à l'épreuve, les logiciels entrent dans une phase d'affinage progressif. On évalue mieux les couts techniques ; les fournisseurs acquièrent un début de savoir-faire sur le fond et sur la forme ; les réactions des usagers apportent les premiers éléments de réponse sur un plan sociologique beaucoup plus qu'économique.

sa limite :

la quasi-gratuité des services ne permet pas de juger véritablement le marché.

L'EXPERIENCE DE VELIZY (en détail).

C'est avec l'experience de télématique destinée à démarrer en octobre 1980 dans la region de Vélizy,en banlieue parisienne, que les nouveaux usages grand public du telephone vont trouver leur forme la plus complete.

L'importance de cette experience tient a la fois au fait qu'elle se situe a l'avant-garde des réalisations internationales et qu'elle aura valeur de test pour l'avenir : des résultats dépendra en effet son extension ultérieure Test (d'une part, en ce qui concerne la capacité des équipes spécialisées ingénieurs et de techniciens (assistées par le personnel des telecommunications du secteur) de la développer dans les meilleures conditions possibles. Test d'autre part, en ce qui concerne la participation des usagers et leurs besoins.

Techniquement, ce service baptisé Teletel et assuré conjointement par la DGT et TDF, consistera dans l'installation chez 3 000 abonnés (particuliers et PME), d'un terminal, un écran spécialement conçu ou un poste de television couleur modifie équipé d'un clavier alphanumérique.

A sa dernande, l'abonné pourra, grace a ce système, faire apparaître des pages d'informations sur l'écran. La transmission de ces pages pourra se faire soit par le réseau téléphonique, soit par le réseau de television. Dans un cas ou dans l'autre, les possibilités ne seront toutefois pas les mêmes. Lorsqu'il sera fait appel au réseau de television, la communication se fera d'une manière unidirectionnelle. En clair, l'abonné recevra les pages d'informations, après les avoir demandées grace au sélecteur de son televiseur, mais il n'aura pas de possibilités de dialogue. De plus, le nombre de pages visualisables sera limité, ainsi que le nombre de « sujets » consultables. A l'inverse, a partir du réseau téléphonique, la transmission pourra s'effectuer de manière bidirectionnelle : il existera des possibilités de dialogue. Remarquons que même si les debits sont inégaux (d'un sens à l'autre, 1 200 bits/s dans le sens serveur-utilisateur, 75 bits/s en sens inverse, la possibilités d'un dialogue étend néanmoins considérablement la notion de service. Sur le plan quantitatif. le nombre d'informations accessibles via le réseau telephonique sera beaucoup plus grand Sur le plan qualitatif, des precisions supplémentaires concernant une information pourront être demandées par l'utilisateur au moyen du clavier alphanumérique. Dans la pratique, l'abonné composera sur son combine téléphonique le numéro du service Teletel, ce qui lui permettra d'être connecté au reseau.

Aprês avoir raccroché,verra apparaître sur son écran un message de bienvenue ainsi qu'une demande d'identification. 11 aura alors a decliner son identité au moyen de son clavier alphanumérique puis, dans un deuxième temps, a sélectionner l'information qu'il souhaite obtenir. Le nombre de « sujets » accessible pourra,selon les demandes des utilisateurs, être très étendu, Telêtel permettant par exemple de consulter a domicile n'importe quelle banque de données. Pour les 3 000 Veliziens concernés, ce sera d'abord la possibilité de consulter les horaires de la SNCF ou des compagnies aériennes avec, ultérieurement, celle de réserver des places ;la possibilité de consulter des catalogues de vente par correspondence ou une documentation administrative precise et constamment remise a jour ; ou encore les horaires de cinema et de theatre ;ou l'annuaire telephonique visualisé sur l'écran à la page ou se trouve le nom du correspondant recherché. En dehors de ces informations pratiques,

Telétel permettra aussi de faire des jeux seul ou en groupe et de suivre des cours de formation ou de recyclage à n'importe quel moment. Et ce n'est pas tout, Bien d'autres services pouvant être développés autour de Teletel, des lors que ce système mettra potentiellement a la disposition du public la puissance d'information, de calcul et de decision des gros ordinateurs. L'extension de l'expérience dépendra donc avant tout de facteurs sociologiques aucune limitation théorique aux possibilités d'information n'existant, Télétel ne sera en pratique que ce que les utilisateurs voudront qu'il soit. Le Videotex, qu'on vient sans le nommer de la sorte, de voir a travers son appellation officielle française de Téletel, aura a partir de 1981 une autre application. Laquelle rentre encore dans la catégorie des services permettant d'offrir aux abonnés des informations spécifiques. 11 s'agira de la premiere expérimentation, dans l'Ile-et-Vilaine, du futur annuaire électronique, dont le debut de mise en exploitation sur le plan national est prévu pour 1983. Techniquement, l'experience consistera dans I'installation chez les abonnés d'un terminal de vidéotex special. Celui-ci est a I'heure actuelle en cours de développement.

Sa fabrication en grande série devra aboutir a un prix de revient tres bas. L'annuaire électronique constituera par rapport aux annuaires écrits une amelioration considérable. Alors qu'on estime a 30 % par an la quantité d'information caduque dans les premiers, l'annuaire électronique pourra être mis a jour quotidiennement. On terminera cette revue des services grand public par deux autres actions prévues dans les mois qui viennent : pour la fin de l'annee, le debut de généralisation du poste a clavier sur l'ensemble du territoire national pour le debuts 1980, 1'ouverture progressive du service de la facturation detaillêe, laquelle se fera à titre onéreux.


L'expérience Gretel

« On s'est aperçu qu'il fallait arriver à expliquer aux gens, a ceux qui s'étaient perdus, comment retrouver leur chemin. On a fabriqué une messagerie à usage interne ; ils l'ont découverte, ils s'en sont servis, et à partir de là, ça a été l'avalanche ». Voilà comment est née, selon son inventeur alsacien Michel Landaret, la première messagerie télématique conviviale.

II ne s'agit pas ici d’une expérience officielle a vocation régionale, nationale ou internationale.

En 1982, le quotidien strasbourgeois "Les Dernières Nouvelles d'Alsace" confie à Michel Landaret, ingénieur informaticien, la mission de créer un service télématique classique d'information locale et régionale, baptisé GRETEL. II s'en acquitte de façon tout aussi classique a un détail près : la messagerie interne. Jusqu'à l'avalanche...

Plutôt que de tenter de l'arrêter, Michel Landaret choisit de la regarder et de la diriger dans le sens souhaité par les utilisateurs. II ne restait plus des lors qu'à inventer le kiosque pour que ce moyen de communication anonyme et en direct permette l'envol de la télématique française, jusqu'à concentrer plus de 50 % du trafic Télétel.

1984 – 1986 : La montée en puissance

1984 : kiosque, annuaire et PAVI

le 6 février 1984 ouverture du système kiosque.

Le système kiosque est un système tarifaire, a l'origine réservé aux en­treprises decommunication, c'est-à-dire à la presse. II est ouvert à titre expérimental dans quatre régions, et à Marseille. A la fin de l'année, soixante services sont disponibles en kiosque.

La croissance très soutenue du trafic a oblige la DGT à revoir ses plans initiaux. Ce n'est qu'un début !

C'est pendant cette année que l'on peut accéder à l'annuaire à partir de n'importe quel point du territoire. L'ouverture des "plaques annuaires" se déroule comme prévu.

mise en place des PAVI.

Les points d'accès vidéotex, qui offrent une grande capacité d'écoulement des appels, commencent progressivement a remplacer les PATS, points d'accès Télétel.

Les points d'accès vidéotex constituent un système de connexion. II s'agit de commutateurs téléphoniques qui reçoivent I ‘appel de l'utilisateur, l'aiguillent vers le réseau Transpac qui le dirige à son tour vers le serveur demande et envoie la réponse sur le Minitel du demandeur. Les points d'accès Télétel avaient la même fonction, mais étaient beaucoup moins performants. La différence entre PAVI et PATS est affaire de génération technologique

En somme, l'année 1984 est axée sur trois aspects de la télématique qui ne varieront guère dans les années suivantes : la tarification, la politique de distribution des terminaux et les améliorations techniques.

1985 : l'année du décollage

l ‘annuaire croit et embellit. C'est le 7 mai 1985 qu'est ouverte la base nationale de I ‘annuaire électronique, ce qui permet d'offrir à chaque utilisateur l’équivalent de cent kilos de papier et de trois mètres de rangement de bibliothèque accessibles a tous".

En septembre, on franchit le pas du million de Minitel distribués. Le trafic Télétel aussi connait une croissance régulière et rapide, grâce aux messagerie, mais pas seulement. C'est ainsi, par exemple, qu'en mai-juin « une frange de 15 % de fous de télématique génèrent 85 % de la fonction kiosque », Kiosque qui génère lui-même une bonne part du trafic Télétel.

Mais Transpac craque ! Transpac, c'est le réseau a grande vitesse et a très grande capacité qui a acheminé les télécommunications et donc les messages de Télétel. Mais on n'avait pas prévu une croissance aussi rapide, et, le 18 juin 1985, Transpac est débordé et craque.

Une cellule de crise est mise on place. L'accès au kiosque est limite, ce qui provoque les réactions parfois excessives, de la presse.

1986 : un vraie marché et beaucoup d'incertitudes

Un vrai marché. Deux millions de terminaux, trois mille services. En moyenne, trois nouveaux services sont créés chaque jour durant cette année. Sans se noyer dans les chiffres, citons encore le nombre d'heures de connexion, qui passe le cap des 30 millions (hors annuaire électronique) Des innovations techniques. Parmi ces innovations, on peut noter le nouveau Minitel bi standard qui comprend a la fois la norme télétel et le mode ASCII en 80 colonnes, le dialogue de Minitel a Minitel sans passer par un serveur. le groupement des lignes Transpac, les numéros abrégés 3613 - 3614 - 3615; Mais beaucoup d'incertitudes. En effet, on se pose encore beaucoup de questions sur l'attitude du public, encore mal cerné, non fidélisé, mais qui semble avoir dépassé la phase de folie consommatrice. On s'interroge aussi sur la politique des pouvoirs publics. Avec d'abord une question essentielle : les choix fondamentaux seront-ils remis en cause ? La DGT qui a soutenu le marché, en tenant la main des fournisseurs va-t-elle laisser opérer les lois de la concurrence ?

1987-89 : le marché murit

1987 : le kiosque multi paliers

le 4 février : annonce du nouveau régime de tarification. Les profession­nels I ‘attendaient depuis la mise en service du kiosque : le 4 février, Gerard Longuet, ministre des Postes et Télécommunications, annonce au cours d'un seminaire organisé par le CFPJ les intentions de son administration concernant la diversification des accès et des paliers de tarification Télétel.

Ces mesures se mettent en place progressivement jusqu'au début de l'année 88.

Pour la presse, elles marquent la fin d'un monopole de fait sur le kiosque Télétel. Pour les services professionnels ou d’informations spécialisées, la dizaine de paliers accessibles permet de s'approcher d’une vérité des prix télématiques. Les tarifs proposes vont de la gratuité totale (3605) à une tarification horaire de 543 F (3629).

Mars : la fin de la croissance exponentielle. En dehors des mois d'été, le mois d'avril 1987 restera dans les mémoires comme le premier mois de croissance négative du trafic Télétel. II succédai a une série de records vertigineux de trafic mensuel. II ouvre une phase d'intense restructuration du marché.— Restructuration de l'offre. Des grosses pointures du kiosque changent de mains : Laser Télématique, filiale de Havas, rachète Crac, le serveur de Cécile Alvergnat, qui devient directrice adjointe de Laser Communication Plus. AZ Télérnatiques se vend à un groupe d'actionnaires issus de milieux jusque-là extérieur au vidéotex. A force de rachats tous azimuts, Jean- Marc Berger, patron de International Business Télématique, devient provisoirement le leader de la télématique française. Ces mouvements divers continueront durant l'année suivante avec une nouvelle restructuration du groupe AZ et la vente de Laser Communication Plus au groupe Presin­vest.

Restructuration de la demande. La relative morosité des courbes de trafic cache un profond bouleversement des usages de Télétel. Le panel d'utilisateurs de MV2 Conseil, sondé en janvier 1988, révèle un assainissement du marché par rapport à la vague d'études précédente, qui date de décembre 1986. L'importance relative des extrémistes les gros et les faibles utilisateurs diminue au profit des utilisateurs tout service, cible la plus intéressante pour le fournisseur de services grand public.

• 1988-89 : La qualité, une obligation

Le reroutage, nouveau serpent de mer. En 1988-89, le reroutage a remplacé le multi paliers au chapitre des perspectives immédiates sans cesse reculées. Annoncée pour juin 88, puis pour la fin de l'année. puis pour juin 89, cette nouvelle fonctionnalité des PAVI devrait être opérationnelle avant le début 90. Elle permettra a un utilisateur de naviguer d’un service à l'autre sans s'en rendre compte, grâce a des accords entre serveurs re routes et rerouteurs. L'abonnement à ce service coutera 3 000 F par mois à ces derniers.

Stagnation du trafic. Le trafic Télétel par Minitel et par mois, qui avait dépassé 100 mn en février et mars 1987, ne dépasse plus que rarement les 80 mn en 1988 et 1989, alors même que le nombre de services Télétel passe de 7 à 9 000 entre janvier 1988 et janvier 1989. Le parc, lui, continue sa progression a un rythme légèrement inferieur aux prévisions officielles de 1987 : il atteint les 4 millions de Minitels au début 1989.

Le kiosque professionnel, dont on pouvait penser qu'il prendrait le relais du kiosque grand public en tant que moteur du trafic global, connait une croissance lente et peu régulière. De novembre 1988 à mars 1989, la part relative du 3616, qui concentre la majeure partie du trafic kiosque professionnel, stagne autour de 8 % du trafic Télétel global. Le 3615 concentre toujours ores de 50 % du trafic.

Un pessimisme excessif ne doit cependant pas succéder a l'euphorie excessive des années 84-86. D'abord parce que les données officielles ne peuvent appréhender la totalité du trafic : de plus en plus nombreux sont les services Minitel dédies a une cible locale qui ne passent pas par le réseau Télétel. Ensuite parce que l'enterrement définitif' du mythe de la poule télématique aux œufs d'or contraint les fournisseurs à se soumettre à une obligation de qualité.

Dans ce domaine, il reste, heureusement, beaucoup à inventer. Pour y parvenir, tout commence par une totale maitrise de l'écran vidéotex, c’est-à-dire de la fameuse norme française de vidéographie.

Quelques modèles de Minitel au début de l'ére Télématique ;-)


DESCRIPTION DE LA NORME FRANCAISE DE VIDEOGRAPHIE

Tout d'abord un rappel et une précision : la norme française a un nom, Antiope. Mais Antiope est également le nom commercial du système de télétexte diffusé. On peut aussi qualifier la norme française d' alphamosaïque par opposition à la norme alphagéométrique (plus fine) et a l'alpha-photographique (à venir !).

L'usage répandu chez les professionnels veut aujourd'hui que l’on parle de norme Télétel'.

à suivre....

sources : Guide de la télématique , la revue du Minitel, Télématique Magazine, Videotex Magazine, La Lettre de Télétel, La grande aventure du Minitel 1987 Larousse, L'INA, la Révolution télématique de M Pellandini et Icikovics sep 1979 .

(c) 2011 Carl HERVIER