« Finance » et « durable » : deux mots que l’on considère souvent comme inconciliables. Après tant de fraudes, de crises, de scandales, la finance est devenue pour certains le symbole d’un capitalisme vorace, d’une mondialisation sans foi ni loi. Cette finance qui glorifiait la cupidité, cette finance incarnée par Wall Street et ses golden boys cyniques et arrogants est à bout de souffle. Aujourd’hui, pas une banque ne clame son désir de protéger la planète, pas une entreprise n’aspire à être durable, pas un placement ne se revendique éthique. Et tous arborent de jolis logos verts. Aujourd’hui, la finance se la joue responsable, citoyenne, inclusive, au service de la planète et de la société.
Comme expliquer cette volte-face ? S’agit-il d’une réelle prise de conscience ? De la poudre aux yeux pour masquer le statu quo ? Il serait évidemment naïf de croire qu’au royaume de l’argent, l’avidité n’est plus. Mais face aux défis sociaux et environnementaux qui cognent à nos portes, qui peut encore penser que seuls les intérêts égoïstes nous sauveront ? La finance n’a d’autre choix que de se réinventer, au risque sinon de péricliter en embarquant tout le monde avec elle. Au fond, la finance durable est à la finance ce que le développement durable est à l’économie : une réponse à la crise du capitalisme et une façon d’organiser la société de manière à lui permettre d’exister sur le long terme.
Tout n’est pas rose ni vert dans le monde de l’argent roi – tant s’en faut. Les discours évoluent (un peu), les choses changent (doucement). Et tout cela s’accompagne de nouvelles idées, de nouvelles pratiques, de nouvelles règles. Et de nouveaux mots. Derrière ces mots se trouve souvent un jargon incompréhensible pour le profane. Le développement durable, l’environnement, la responsabilité semblent partout… sauf, hélas, dans le portefeuille des ménages, perdus dans la jungle des acronymes et des belles promesses. Tout cela est obscur et le grand public reste méfiant. Pourtant, ces nouveaux mots reflètent aussi des réflexions originales et puissantes, des pratiques révolutionnaires.
Pourquoi parle-t-on de finance « durable » ? De quoi les entreprises sont-elles « responsables » ? Qui sont les « parties prenantes » ? Qu’est-ce qu’une obligation « verte », un placement « best-in-class », un « portefeuille aligné » ? Que recouvrent la « double matérialité », les « actifs échoués » ou la « taxonomie » ? Quelle est cette « tragédie des horizons » ? Et l’éthique, dans tout cela ?
100 mots sont ici regroupés pour mieux comprendre la finance durable, avec comme objectifs d’interroger ses fondements et de décrypter cette novlangue. Les mots guident la pensée, autant qu’ils la déguisent parfois. Et c’est pourquoi il convient de démêler les concepts clés et la rhétorique, d’élucider le sens caché des expressions à la mode.
L'ouvrage sur la plateforme Cairn.
J'ai publié plusieurs études empiriques sur la capacité des investisseurs à sanctionner ou à valoriser les informations extra-financières. J'ai ainsi examiné la réaction des marchés boursiers aux accidents industriels qui peuvent avoir de graves conséquences environnementales, et à des événements très ordinaires. Hormis quelques cas exceptionnels, les marchés réagissent peu, et sans doute trop peu pour orienter les entreprises vers des comportements plus vertueux.
J'ai aussi travaillé sur la mesure des performances financières et extra-financières. Cette question de la "performance" est presque une obsession, mais est-ce vraiment une question pertinente ?
Je me suis également intéressé à la mesure des performances RSE, en particulier les problèmes liés à l’agrégation des scores ESG.