Recherche

Recruté en septembre 2007 en tant que Maître de conférences à la Faculté des Sciences Economiques de l’Université de Rennes 1, mes recherches au sein du CREM (Centre de Recherche en Economie et Management, UMR-CNRS 6211) se sont concentrées sur des thématiques liées à l’évaluation des politiques publiques, à l’économie publique et l’économie politique, à l’analyse microéconomique des choix collectifs et à l’économie comportementale. Ces travaux combinent pour la plupart une approche théorique (modélisation microéconomique) et une approche empirique (usage de méthodes quantitatives).

Evaluation des politiques publiques

Mes travaux les plus récents portent sur le domaine de l’évaluation des politiques publiques. Evaluer, c’est donner une estimation de la valeur ajoutée sociétale d’un dispositif ou d’un programme. En ce sens, l’activité d’évaluation doit estimer à la fois la pertinence (politique appropriée aux besoins), l’efficacité (politique aboutissant au résultat visé), l’efficience (politique à la fois efficace et économisant les moyens) et la cohérence d'ensemble des politiques publiques.

L’ouvrage « Statistical Tools for Program Evaluation Methods and Applications to Economic Policy, Public Health, and Education » (2017), co-écrit avec Jean-Michel Josselin, présente de façon complète les différents outils statistiques utilisés en évaluation publique, tels que préconisés par la Banque mondiale, l’Union européenne, l’Organisation de coopération et de développement économiques et de nombreux gouvernements. Le lecteur peut trouver dans cet ouvrage une description détaillée des méthodes d’évaluation usuelles : évaluation du bien-être (évaluation contingente, DCE, méthodes des prix hédoniques, méthode des coûts de transport), méthodes d’évaluation de l’efficience (analyse coût-bénéfice, analyse coût efficacité, analyse multicritère), méthodes d’analyse benchmarking, méthodes d’évaluation de l’efficacité (expérimentation, quasi-expérimentation). Pour chaque approche, l’ouvrage offre des exemples sur le logiciel Excel et R CRAN. Il présente également les diverses méthodes statistiques qui sont associées à l’approche évaluative (méthodologie de l’enquête, tests statistiques usuels, analyse factorielle, méthodes économétriques, méthodes d’appariement par score de propension, régression sur discontinuité, double-différences, méthodes des variables instrumentales, analyse de sensibilité).

Co-écrit avec Maurice Baslé et Jean-Michel Josselin, l’ouvrage « Evaluation des politiques publiques : guide pratique et citoyen » (2019) initie aux méthodes d’évaluation. Après une introduction centrée sur les principes fondamentaux et les concepts-clés de l’évaluation, suit une description des métiers de l’évaluation en France avec les acteurs qui y sont associés. Vient ensuite une description des méthodes et techniques mobilisables pour évaluer les politiques publiques, notamment ceux qui font l’objet de la plus grande attention aujourd’hui : théorie du programme avec arbre des objectifs, diagramme logique d’impact, sociogramme des acteurs ; évaluation expérimentale et quasi-expérimentale ; évaluation d'efficience avec analyse coût-bénéfice, coût-efficacité ou multicritère. La présentation de ces méthodes et techniques est accompagnée d’arbres de décision et de tableaux comparatifs permettant de choisir, selon les besoins et les contraintes, la technique la plus appropriée. L’ouvrage comprend également sept études de cas illustrant les pratiques évaluatives en France. S’ajoute enfin une annexe introductive aux outils statistiques les plus fréquemment utilisés dans les évaluations publiques.

En 2018, j’ai participé à la rédaction d’une étude pour le compte du Comité d’Evaluation et de contrôle des politiques publiques (CEC) de l’assemblée nationale. Co-écrit avec les professeurs Maurice Baslé et Jean-Michel Josselin, celle-ci porte sur les « Dispositifs d’évaluation des politiques publiques et des programmes : connaissances de base, choix des méthodes, sociogramme des acteurs et études de cas ». Cette étude est annexée au rapport d’information déposé par le CEC sur l’évaluation des dispositifs d’évaluation des politiques publiques, 15 mars 2018.

Dans le domaine de la santé, j'ai collaboré en 2018 avec le professeur Jean-Michel Josselin sur un programme de recherche dans le domaine de l’évaluation Médico-économique : « Coût-utilité, sécurité et faisabilité de la prise en charge en ambulatoire par rapport à un circuit traditionnel des patientes présentant un cancer de l’endomètre : étude multicentrique, prospective et randomisée (AMBU-ENDO) », (2016-2020), APHP-Hospinnomics, Programme de Recherche Médico-économique Cancer (PRME-K-2015) de l’Institut National du Cancer, INCa). Ma mission consistait à participer au design (sélection des cartes de choix) d'une expérimentation en choix discret sur les attributs de la prise en charge ambulatoire, sur la population de l’essai, des échantillons de soignants, d’autres patients et en population générale.

Analyse des dépenses publiques

Mes travaux s’inscrivent par ailleurs dans le cadre de l’économie publique et de l’économie politique. L'économie publique est une branche de l'économie qui analyse le rôle de l’intervention de l’Etat et son impact en matière de bien-être, de redistribution et de développement économique. L’économie politique examine plus particulièrement les dysfonctionnements de l'Etat. Dans ce cadre, mes travaux ont pour objet de comprendre quels sont les facteurs explicatifs des choix de politique publique, et d’offrir une meilleure compréhension des disparités de dépenses observées d’une collectivité à une autre. Plusieurs de mes publications traitent de ces questions. A titre d’exemple :

L’article « Governmental behavior in representative democracy : A synthesis of the theoretical literature » (2009) fournit une synthèse et une comparaison théorique des modèles utilisés en économie politique pour expliquer le niveau de fourniture d’un bien public. Pour chaque modèle, l’article cherche à identifier les variables jouant un rôle théorique majeur dans le choix du couple impôts/dépenses. Il est montré entre autres que les caractéristiques de l’électorat peuvent jouer un rôle significatif dans le choix des politiques publiques, même si le gouvernement n’essaye pas explicitement de maximiser la satisfaction des citoyens.

L’article « L’électeur médian est-il vraiment décisif ? Un examen des communes françaises » (2007) présente deux modèles microéconomiques de choix publics et les teste ensuite sur l’ensemble des communes françaises. Les résultats des tests (test du F sur une combinaison des deux modèles, test du J de DAVIDSON-MACKINNON, test du JA de FISHER et MCALEER, test de COX) montrent que les caractéristiques de l’électorat jouent un rôle plus significatif dans les collectivités de petite taille.

L’article « Impact de la décentralisation sur la taille du secteur public : le cas de la France » (2010), co-écrit avec Quentin Frère, évalue l’impact de l’acte I de la décentralisation française sur le niveau des dépenses publiques (administration publique centrale et administrations publiques locales). Les résultats des estimations mettent en évidence trois phénomènes : (1) la décentralisation des dépenses publiques restreint la taille globale du secteur public ; (2) le transfert de compétences qui a eu lieu lors des années quatre-vingt a atténué l’impact attendu de la décentralisation ; (3) la décentralisation des recettes fiscales a un impact positif sur la taille du secteur public.

La recherche « How do policy-makers actually solve problems? Evidence from the French local public sector » (2009) s’intéresse aux modèles de rationalité procédurale et modélise la manière dont les gouvernements résolvent des problèmes au sein des démocraties représentatives locales. Le modèle est testé empiriquement sur les départements français en introduisant notamment l’influence du passé (endogène décalée) dans la spécification empirique.

L'ouvrage « Economie publique locale » co-écrit avec Sonia Paty expose les enjeux des collectivités territoriales en matière d’offre et de financement des biens et services publics locaux.

Analyse microéconomique des choix individuels et collectifs

La microéconomie est une branche des sciences économiques qui a pour objet de modéliser les comportements individuels des agents économiques. L’approche est mathématisée au sens où des équations sont utilisées pour décrire les possibles stratégies de chacun. Modéliser et comprendre les interactions pouvant se réaliser dans le cadre de choix collectifs représente un enjeu majeur. Nombreux sont les choix de politique publique impliquant un seul niveau d’intervention. Chaque agent aura sa propre préférence mais, de par la nature unique de la décision publique, le niveau d'intervention a peu de chances de correspondre à l'ensemble des desiderata individuels. Mes travaux portent également sur ces questions, par exemple :

La recherche « Natural catastrophe insurance: How should government intervene? » (2014), en collaboration avec le professeur Arthur Charpentier, s'intéresse à l'intervention du gouvernement dans le domaine de l'assurance contre les catastrophes naturelles. Jusqu'à ce jour, il n'existait aucune étude essayant de comparer dans un cadre microéconomique unifié un programme d'assurance privé à responsabilité limitée contre un programme public bénéficiant d'une garantie illimitée de la part de l'Etat. Nos résultats montrent notamment que la viabilité d'un programme d’assurance public dépend fortement de la corrélation des risques entre les régions mais aussi à l'intérieur des régions. Le calcul de la prime de risque doit donc tenir compte de ces paramètres afin de garantir la viabilité du programme, principe de tarification qui n'est toutefois pas appliqué dans les programmes d'assurance existants.

L’article « A simple microfoundation for the utilization of fragmentation indexes to measure the performance of a team » (2012), coécrit avec le professeur Yvon Rocaboy, modélise la performance des groupes quand ceux-ci sont eux-mêmes constitués de sous-groupes plus ou moins importants. A travers un modèle microéconomique, il est alors possible de montrer que la performance d’un groupe dépend de la fragmentation de l’autre et vice-versa. L’usage d’une mesure telle que l’indice de concentration de Herfindahl-Hirschman offre alors un moyen simple de mesurer cette performance.

Sur la période 2016-2017, j’ai également pu obtenir un Congé pour Recherches ou Conversions Thématiques (CRCT) afin de travailler sur le lien entre comportements frauduleux et incitations monétaires. Ce congé a donné lieu à une expérience de laboratoire effectuée en 2018 dans le cadre du contrat ANR « Felis » et mise en place au LABEX-CREM. Cette expérience montre que les agents économiques ne vont pas nécessairement frauder même si c’est dans leur intérêt financier de le faire. Ainsi, contre toute attente, nombreux sont les participants ayant choisi un comportement honnête (38%) alors que la théorie économique conventionnelle aurait prédit un chiffre de 0%. Ce résultat va dans le sens des derniers travaux en économie comportementale sur la moralité des agents économiques et montre l’importance des effets de normes sociales.


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