Présentation : Radicalité et radicalisation recouvrent de nombreuses réalités dont on peine à définir l’unité éventuelle. La définition de F. Khosrokhavar d’une adéquation entre une idéologie violente et un comportement violent fait peu de cas du cadre islamique et religieux. De même, l’image contemporaine de l’islam semble toute entière happée par ce visage spécifique de sa phénoménologie sociale. Or sous la radicalisation, les profils sociologiques laissent entrevoir des dynamiques convergentes.
La mort et le sacrifice guident les « jihadistes » et composent un idéal qui s’ancre à la fois dans les sociétés d’appartenance et dans l’idéologie religieuse. Si l’islam inspire plus que d’autres aujourd’hui l’adhésion de populations civiles qui ne sont pas sans liens les unes avec les autres par-delà leurs appartenances nationales ou ethno-confessionnelles, est-il pour autant soutenable de penser que cela tienne à certaines dispositions plus spécifiques de la religion musulmane ?
Ce qui entre en dialogue interroge ce qui est mû dans cette rencontre, et qui semble tenir de l’universelle disposition religieuse médiatisée par les fonctions de sacrifice, de salut, de sacré. Si de nombreux travaux ont cours sur le sujet de la radicalisation, peu ont eu encore l’occasion de verser dans ces approches, à la maigre exception de Talal Asad ou de Scott Atran.
Ce séminaire a donc pour objet d’explorer à la fois ces catégories et ces réalités sociales autour de terrains éprouvés, afin de sortir ce phénomène social et religieux transculturel, pour ne pas dire universel, du présentisme qui en limite la compréhension à partir de sa forme contemporaine et de son islamité.
2024 - 2025
Mehdi Berriah - Réception et [de l']utilisation du corpus classique dans le discours jihadiste contemporain : Ibn Taymiyya comme étude de cas
Pénélope Larzillière - Émotions et violence politique. Enjeux temporels pour une sociologie comparée des sentiments moraux en contexte répressif
Mohamed-Ali Adraoui - Salafisme et jihadisme : entre héritages communs et logiques de différenciation.
2023 - 2024
Haoues Seniguer - Comment enquêter et travailler sur l'islamisme et les Frères musulmans, entre le Maroc et la France ?
Jérôme Ferret & Farhad Khosrokhavar - Anthropologie des configurations affectivo-familiales et engagements (à référence) djihadistes
Anne-Sophie Lamine - Au dela du séparatisme et de la radicalisation
Othman El Kachtoul - Rendez-vous à Dabiq, l'eschatologie chez Daech
Claire de Galembert - La mobilisation du religieux en prison
Laurène Renault - Etrangeté, une sémiologie du jihad en ligne
Anne Wyvekens - L’islam en procès
Elyamine Settoul - Penser la radicalisation jihadiste
2022 - 2023
Ariel Planeix - Violences sociales, sotériologies et institution imaginaire de la société
Baptiste Brodard - Messianisme, conspirationnisme et imaginaires collectifs de jeunes musulmans de quartiers populaires : des discours « religieux » aux radicalisations plurielles
Romain Bertrand - "Les terroristes, on sait d'où ils viennent !" : variations des figures radicales chez les professionnels de terrain non spécialisés
Fouzi Rherrousse - Une lecture juridico chariatique de la fatwa
Chloé Lala Guyard - Des territoires du sensible à l’engagement violent : cartographie des trajectoires subjectives de djihadistes français
Camille Bayssat - Usages d'un répertoire religieux à des fins politiques
Bartolomeo Conti - Trajectoires de (non) radicalisation : Une ethnographie carcérale des inégalités, des injustices et de la violence
2021 - 2022
Amin Elias - Quand des salafistes du Liban font la guerre en Syrie
David Puaud - Autour du livre Les surgissants, ces terroristes qui viennent de nulle part
Géraldine Casutt - Penser le paradoxe de la violence chez les femmes (de) jihadistes
Anne-Clémentine Larroque - Les mémoires identitaires à l’épreuve du salafo-jihadisme
Yazid Ben Hounet - Morts compensables et violences réparables ? L'Algérie et les séquelles du terrorisme
Arthur Quesnay - Trajectoires d’engagement et de désengagement de combattants syriens de l’Etat islamique
2020 - 2021
Romain Huët - Désolation, Effets de la violence sur la subjectivité en Syrie
Loïc Le Pape - Conversion religieuse, extrémisme et engagement dans la violence. Contribution au débat sur le processus de radicalisation
Cédric Baylocq - Le salafisme : une radicalisation théologique et pratique ?
Jean-Baptiste Pesquet - De l’engagement des jihadistes syriens au Liban aux jeunes français suivis par la justice pour radicalisation : notes de terrain pour une anthropologie des engagement radicaux
Adam Baczko - Les tribunaux islamiques des mouvements armés. Une comparaison entre les Talibans afghans et l'insurrection syrienne
Hamza Esmili & Montassir Sakhi - Réinvestissements contemporains de la tradition islamique : utopies, contre-utopies
Ariel Planeix - Problématisation du phénomène de radicalisation religieuse, sociale et politique sous ses aspects actuels et inactuels
Université catholique de Lille - Faculté de droit - Master interdisciplinaire en criminologie critique, 2025
Considérations criminologiques sur les différences culturelles
Master interdisciplinaire en criminologie critique, 20h
https://www.fld-lille.fr/formation/master-interdisciplinaire-criminologie-critique/
Histoire du développement économique et social (XVe-XXe), 2014 - 2025
Cours magistral, Master 1, 20h, > Syllabus du cours
Anthropologie du développement, 2012 - 2018
Master 1, Cours magistral, 20h
Acteurs et pratiques du monde rural, 2015-2017
Master 1, Cours magistral, 9h
Mobilité/Vulnérabilités, 2015 - 2016
Master 2 Parcours Développement social, Cours magistral, 9h
Atelier méthodologique, 2015 - 2016
Master 2 Recherche, Cours magistral, 22h
Méthodologie et initiation à la recherche, 2012 - 2014
Master 1, Cours magistral, 12h
Socio-anthropologie - 2012 - 2014.
Master 1, TD, 72 h
Anthropologie générale, 2015 - 2016
Cours magistral, Licence 2, 20h
Anthropologie générale, 2015 - 2016
Travaux dirigés, Licence 2, 36h,
Anthropologie du développement, 2012-2014
Cours magistral, Master 1, 20h
Conseil d'administration de l'association R.E.G.A.R.D.S., Repenser et Gérer l'Altérité pour Refonder la Démocratie et les Solidarités
Comité scientifique de l'association Ethno'Art - (2021 - auj.)
Comité éditorial de la Revue internationale des études de développement, ( 2019 - auj.)
Comité de rédaction du Journal des anthropologues (2009 - auj.)
Membre du bureau de l'Association française des anthropologues (2009-2012)
Membre de l'Association française des anthropologues (2009 - auj.)
Lecteur pour les revues Sources, Journal of Legal Pluralism, Anthropologica, Journal des anthropologues, Revue Tiers-monde, Autrepart, Afrique contemporaine, les Publications de la Sorbonne ou le CNL.
Membre élu au Conseil d'administration de l'Institut d'étude du développement économique et social (IEDES) de l'Université Paris I Panthéon Sorbonne (2007-2012)
Membre élu au Conseil de laboratoire de l'UMR 201 Paris I/IRD "Développement et sociétés" (2008-2010)
Co-fondation des Éditions d'une nuit sans lune (2007)
Allocataire de recherche de l'École doctorale de géographie de Paris (2006-2009)
Co-fondation de l'association Le Lab'O (activités scientifiques et culturelles d'étudiants de l'université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)
La radicalisation, sous le sceau de l'islam ?", 30 mai 2023, EHESS, Auditorium de la Bulac
Co-organisé avec Mourad Besbes et Dominique Avon
Intervenants : Elyamine Settoul, Hugo Micheron, Bilel Aïnine, Mohamed-Ali Adraoui, Othmane El Kachtoul, Mohamed Chirani, Ariel Planeix, Pierre-Alain Clément, Noura Ouerghi, Anne-Clémentine Larroque, Juliette Galonnier, Marc Hecker, Géraldine Casutt et Sofia Koller.
La démocratie à l'épreuve de sa contestation : extrémismes, radicalités, institutions, 23 novembre 2019, Cour d'appel de Paris.
Intervenants : Catherine Kintzler, Scott Atran, Denys de Béchillon, Tobie Nathan, Isabelle Sommier, Marcel Gauchet.
Critique de la religion et athéisme en terre d'islam, Bourse du travail de Paris, mai 2016
Journée d'étude autour du « développement dans l’Oriental », le 22 mai 2014, Université Mohamed 1er, Oujda, Maroc.
Organisation de la "Journée des doctorants de l’IEDES", le 4 juin 2011, avec deux tables-rondes :
« La recherche en terrain autoritaire », avec Laurent Bazin & Sarah Ben Nefissa
« Approches de la précarité : dénomination, mesure et controverses », avec Bruno Lautier & Blandine Destremau.
Exposition et journées de débats "Mémoire vive, 17 octobre 1961", du 15 au 17 octobre 2007, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, avec l'association Le Lab'O.
Jury du Prix de l’Université du Conseil général du Val-de-Marne (2015 - )
Commissions pédagogiques semestrielles de l'IEDES/Paris I (2012 - )
Commission d’évaluation des candidatures au programme d’échange de masterants de l’IEDES avec l’université d’Ottawa, Canada (2014).
Voyage d’étude au Maroc pour les étudiants (L3, Master et doctorat) du département d’histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, du 19 au 24 mai 2014.
Publication du chapitre "Cultural expertise and Terrorism", in Holden, L., (dir.), Cultural Expertise, Law and Rights, A comprehensive guide, Routledge, London, 2023.
Colloque "L'Expertise culturelle et la justice en France et au-delà", avec Denis Salas, Christiane Besnier, Joel Hubrecht, Bruno Cotte, Sharon Weil, Ariel Planeix, Afef Hagi, André Benjebbar, Martine de Maximy, Jackie Loteteka, Soazick Kerneis, Livia Holden, Chen Mai, Emilios Kyrou, Emma Varley, Noora Arajärvi, Victoria McCloud, 6 et 7 avril.
"Struggling for anthropological complexity in an institutionnal context in times of crises. An Experience of Cultural Expertise in Anti terrorism justice". Panel on Cultural Expertise and the professionnalisation of anthropology, American Anthropological Association Annual Congress (AAA) - Seattle Convention Center, Seattle, 9-13 novembre 2022
Workshop on collaborative teaching design, ERC "Cultural expertise in European Justice", Center for socio-legal studies (CSLS), Oxford school of Law, Balliol College, University of Oxford, 2019
European Panel on cultural expertise, Oxford School of Law, Christchurch College, 27-29 mars 2019
Recherche pluridisciplinaire sur le développement dans les sociétés du Sud
Programme Medysoc - axe Transnationalisation du religieux
Axe "Recomposition du politique"
En 1905, Auguste Mouliéras, professeur d'arabe à la chaire d'Oran (Algérie), fait paraître un ouvrage intitulé Une tribu zénète anti musulmane au Maroc (les Zkâra). Il y décrit une population berbérophone libre-penseuse, opposée à l’islam et pourvue de rites originaux, de fécondité ou de contradiction de l’islam orthodoxe (rupture du jeûne, phrases rituelles inversées, etc.), sous l’égide d’une caste sacerdotale appelée Rosma, inconnue ailleurs.
L'enquête, qui a consisté à revisiter tous les aspects de cette monographie afin d’en évaluer rétrospectivement la véracité, les interprétations puis à en actualiser la connaissance en en retraçant autrement les généalogies historiques et conceptuelles, a duré sept ans et a pris place dans les paysages contrastés de l'oriental marocain, aux alentours d'Oujda (frontière algéro-marocaine).
Elle a mis à jour un complexe ethnoconfessionnel inédit mêlant espaces et populations zénètes (sous-branche culturalo-linguistique de la berbérité), hétérodoxie religieuse (ibadisme, judaïsme, christianisme, soufisme youssefiite) et résistances autonomistes, selon une histoire et une géographie bien particulières, traversant tout le Maghreb.
L’histoire religieuse dressée à cette occasion, pensée à l’échelle de l’islam, du soufisme, des mouvements religieux anciens et modernes en Afrique du Nord, ainsi qu’à celle de formes plus localisées, de culte de saints et d’autres pratiques - dites païennes par défaut, s’est complétée d’une histoire sociale et d’une anthropologie politique, afin d’écrire et de comprendre autrement les enjeux et les moyens de cette autonomie ethnoconfessionnelle, qui a duré jusqu’aux années 1960.
Ces approches ont permis d’historiciser les conflits régionaux, les luttes internes au groupe, mais aussi l’inscription progressive de sa population dans les transformations sociales connues sous l’effet de la colonisation et de l’industrialisation de la région, rompant avec le « déni de synchronie » dans lequel l’orientalisme les enfermait.
Cette confrontation a alors nourri une réflexion plus globale sur les formes du politique et sur les liens qui structurent le rapport entre pouvoir et religion, puis entre pouvoirs et développement, entendu comme dynamique orientée de changement social.
Car depuis l’indépendance, cette histoire pèse comme une honte, au sein du groupe social Zkara, localement comme dans sa diaspora internationale, au point que le silence qui recouvre ces réalités passées dans toutes les familles a généré une demande pressante des jeunes générations pour s’expliquer ce tabou et l’histoire réelle, à l’heure où le texte de Mouliéras devient disponible en ligne, numérisée par la BNF.
L’ethnographie de ce rapport politique et mémoriel, alors que les Zkara sont devenus la population la plus pauvre de cette région du Maroc, dont la frontière avec l’Algérie est fermée et est le théâtre d’une intense contrebande, invitait à questionner les modalités de réalisation du programme royal de développement humain dont les Zkara furent la première population rurale à bénéficier.
Thèse soutenue le 03/12/2013, à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Mention "très honorable" avec les félicitations du jury à l'unanimité, 503 p.
Membres du jury : André Guichaoua (dir.), sociologue, PR, Paris I ; François Pouillon (rap.), anthropologue, DE, EHESS ; Hassan Rachik (rap.), anthropologue, PR, Université Hassan II de Casablanca ; Claude Lefébure, (prés.), anthropologue, CR, CNRS ; Pierre Vermeren, historien, PR, Paris I.
Mots-clés : anthropologie historique, anthropologie politique, anthropologie du développement, berbérité, INDH, développement humain, hérésie, hétérodoxie, historiographie, identités, islam, Oriental, orientalisme, Oujda, postcolonial, pouvoir, Rosma, Sidi Ahmed ben Youssef, Youssefiya, Zkâra (Zekara, Zekkara).