Le guide du pratiquant. > Le corps est une arme.
Pour un combattant, la survie se joue en une fraction de seconde : pas question donc que la peur ou l’hésitation ne fasse trembler sa main… Au-delà du travail physique, l’entraînement au combat nécessite donc aussi un travail mental : le guerrier doit pouvoir regarder la mort en face, en accepter sereinement l’éventualité, faute de quoi, au moment décisif, l’affolement risque d'aveugler ses facultés. Il doit donc atteindre une disposition d’esprit lucide et sereine, permettant concentration et stratégie dans le combat… et discernement quant aux combats à mener. Ce travail sur soi, sur la maîtrise de soi, sur le sens et la valeur de la vie et de la mort, relève de la sphère de la spiritualité et doit être, on le voit, partie intégrante de la formation du combattant accompli.
Chaque art martial possède des valeurs spirituelles et philosophiques qui lui sont propres ; ces valeurs peuvent différer en fonction des styles et des écoles, mais, en Asie, on y retrouvera toujours l’influence des courants spirituels dominants : bouddhisme, taoïsme et confucianisme. Dans cet esprit, l’essentiel pour tout être humain est d’atteindre à son accomplissement ou, en d’autres termes, à la Sagesse.
Y arriver nécessite un travail long et difficile, où s’approfondit l’expérience de la réalité et de la présence à soi-même. Ainsi, la pratique martiale est considérée comme une Voie (« tao » en chinois, « dao » en vietnamien, «do» en japonais) pour l’accomplissement de l’individu, le travail extérieur devenant le support d’une métamorphose intérieure. L’effort persévérant, permettant d’atteindre l’excellence (sens premier de « Kung Fu») en passant par la maîtrise de soi, ne vise pas tant, dans les arts martiaux, à devenir techniquement supérieur qu’à devenir un homme meilleur (même si les deux sont souvent liés).
À cette quête spirituelle est liée un code d’honneur qui, bien au-delà du « fair-play » occidental, lie le pratiquant en art martial pour l’ensemble de ses actes et décisions, tant dans le combat que dans sa vie quotidienne. Il est exigé de lui rectitude et vertu morale dans tous les aspects de son existence. Un célèbre exemple formalisé de ce code d’honneur est le Bushido, au Japon.