Programme 2024

Représentation du corps en interaction avec son environnement : Au croisement des regards disciplinaires

vendredi 5 avril 2024

Accueil de 9h à 9h15

9h15

Introduction de la journée 

Par le comité d'organisation de la journée de la recherche.
Ainsi que par Laurence et Conty et Marion Feldman, directrices de la Fédération EPN-R

9h30

Docteure en neurosciencesFondatrice du Social Brain Institute

Comment le corps est façonné par les conditions de vie ? Les effets persistants de la discrimination et des préjugés systémiques, bien que moins visibles et plus subtils dans leurs formes contemporaines, continuent de créer un accès différentiel aux opportunités d’émancipation et de santé globale des individus. De plus, les discriminations transmettent des stéréotypes culturels de genre, de race, de classe, d’attributs physiques et comportementaux sur le talents et l’intellectualité creusant des inégalités mesurables au niveau des trajectoires. 

Cette conférence expose d’abord comment la biologisation des différences entre les groupes humains a historiquement généré des attitudes préjudiciables et des différences dans la manière dont on envisage leur complexité. 

Elle cherche en un second temps à montrer comment l’inégalité affecte les corps des individus, comment elle modifie leur façon de penser, de ressentir et de se comporter. Elle expose ainsi empiriquement comment les discriminations produisent des niveaux élevés d’hormones de stress, et comment les taux d’anxiété et de dépression sont intimement liés aux inégalités.

Elle explore enfin comment la pensée stéréotypée ou le biais de disponibilité où nous voyons en l’autre que ce qui nous ressemble est intimement liée à l’expérience corporelle exclue ou partagée.  

10h00

Maitre de conférences en psychologie cognitive
Laboratoire sur les Interactions entre Cognition, Action et Emotion (LICAE)

Suggestions imaginatives et hypnose : quand le langage s’incarne dans le comportement


Les suggestions imaginatives sont des techniques largement utilisées dans la pratique de l’hypnose. Elles consistent à inviter une personne à « vivre une situation imaginaire comme si elle en faisait réellement l’expérience ». En fonction de ce qui est imaginé, elles permettent de modifier le comportement et l’expérience vécue de cette personne (Santarpia et al., 2010). Nous avons mené une étude visant à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces effets. Durant cette étude, des personnes devaient maintenir leur bras tendu devant elles tout en écoutant un script enregistré. En fonction de la condition expérimentale, le script invitait les participants à imaginer qu’un objet, un dictionnaire ou une feuille de papier, était posé sur leur main tendue. Bien que les participants étaient censés maintenir leur bras immobile, nous avons observé que lorsque l’objet imaginaire était un dictionnaire, le bras s’abaissait plus et la perception de l’effort était plus importante par rapport à lorsqu’il s’agissait d’une feuille de papier. Par ailleurs, dans la condition dictionnaire, le sentiment d’agentivité associé aux mouvements du bras était différent de celui observé dans la condition feuille de papier et il s’accompagnait d’un état « d’attention et de vigilance » perçu comme « inhabituel » par la personne. Ces résultats ont été interprétés dans le cadre des théories de la cognition incarnée (Wilson, 2002). Nous avons notamment discuté de la pertinence de cette perspective heuristique pour comprendre comment les suggestions imaginatives s’incarnent dans le corps en mouvement.
Mots-clefs : hypnose, suggestions imaginatives, cognition incarnée, sensori-motricité, agentivité
Bibliographie
Santarpia, A., Blanchet, A., Mininni, G., Andrasik, F., Kwiatkowski, F., & Lambert, J.F. (2010). Effects of Weight-Related Literal and Metaphorical Suggestions About the Forearms During Hypnosis. International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, 58, 350 - 365.
Wilson M. (2002). Six views of embodied cognition. Psychonomic bulletin & review, 9(4),625–636. https://doi.org/10.3758/bf03196322

Pause de 10h30 à 11h00

11h00

Maitresse et maître de conférences en Psychologie du Travail et Ergonomie
Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale (LAPPS)

En corps au travail ! Implications et perspectives soutenables 


Le corps et le travail ont toujours été deux entités indissociables : le travail est réalisé par le corps et le corps est (re)modelé en retour par le travail.
Le corps comme objet médiateur entre l’être humain et son travail devient un repère central pour appréhender les conditions de travail et permettre la conception d’un travail pérenne à l’heure où la dégradation des conditions de travail dans plusieurs secteurs ne fait plus de doute.

Cette présentation s’attache à analyser des liens entre les évolutions du travail et les impacts sur le corps. Le corps au travail peut être considéré comme une trace culturelle du travail, contribuant à le façonner. Ce corps à l’interface avec l’environnement du travail comporte alors des traces de son vécu, que ce soit au niveau physique ou psychologique. Des dispositifs juridiques et administratifs permettent d’ailleurs en France de reconnaitre les atteintes que le travail produit sur le corps au travers du suivi des accidents du travail et les maladies professionnelles.

L’activité de travail se réalisant par le corps est mobilisée en ergonomie ou psychologie du travail comme un objet intermédiaire permettant l’analyse de l’activité, en générant des connaissances objectives sur le travail afin d’appréhender des connaissances subjectives en lien avec le rapport au travail.

Finalement, nous discuterons à partir de cas issus de recherches actions, des représentations renvoyant au corps en ergonomie et psychologie du travail pour l’analyse des activités humaines finalisées, et des méthodes pour le rendre visible. Les transformations du travail associées au développement des nouvelles technologies (télétravail, industrie du futur…) nous amèneront à projeter les évolutions possibles de ces méthodes et du rapport au travail.

11h30

Professeure en psychopathologie psychanalytique
Unité de recherche Clinique, Psychanalyse, Développement (CLIPSYD)

L'effacement du corps dans le délire : le Horla de MaupassantCe travail traite de la perception délirante du corps décrite et mise en récit dans le Horla de Maupassant. Cette recherche propose de réfléchir sur le paradoxe entre la désorganisation psychique qui efface peu à peu les limites du corps du personnage et l'organisation narrative du récit de Maupassant. En effet, nous le verrons, le texte décrit avec précision et une grande exactitude clinique, le délitement d'un corps qui semble progressivement devenir l'objet d'une hallucination négative.

12h00

Table ronde avec les 4 intervenant·es
Présidée par Rana Esseily,
Professeure en psychologie du développement
Laboratoire Ethologie Cognition Développement (LECD)

Pause déjeuner de 13h00 à 14h30

14h30

Flash thèses

15h30

Session posters des doctorant·e·s

Clôture de la journée à 17h00