Transition écologique, entreprises et territoires

Programme de recherche commun CIRED, CNRS-ENPC & EconomiX, CNRS-Université Paris Nanterre

Désormais, vous pouvez nous retrouver sur le site de la chaire Ville, Industrie et Transition Ecologique à l'adresse suivante : chaire-vite.org


Quel futur pour l’industrie dans les territoires métropolitains ?

6 octobre 2020 de 13h30 à 18h

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Présentation

L’image de l’industrie dans les milieux urbains synonyme de dommages, accidents et autres nuisances est négativement connotée. Le mouvement global de désindustrialisation, la disqualification des usines au profit de l’économie de la connaissance et les politiques d’aménagement ont provoqué un recul de l’emploi industriel mais pas son reflux des villes. Des études mentionnent que 60% des emplois industriels se situent dans les plus grands pôles urbains français.

Les nouvelles formes d’organisation de la production et les risques liés au changement climatique appellent toutefois une révision du mode traditionnel d’organisation du territoire reléguant dans les espaces peu denses les activités de production. La crise globale de 2009 avait déjà mis à mal le principe d’une croissance économique fondée sur les activités résidentielles ; les territoires ayant préservé certaines activités ont en effet connu un redressement plus fort et plus rapide que les autres. A cela, la pandémie de Covid-19 et l’interruption des échanges internationaux ont ajouté la prise de conscience de la dépendance à l’étranger et l’impératif besoin de relocaliser les activités de production en France. Le Enfin, la « géographie du mécontentement » croisant les mouvements et votes protestataires d’une part et l’évolution du tissu productif de l’autre souligne le rôle du recul de l’industrie dans les fractures territoriales et sociales.

Afin d’éviter que les villes se transforment en musées réservés à la classe créative et aux plus fortunés, tout en favorisant la proximité entre les lieux de production et de consommation des biens rendue nécessaire par la transition écologique, le colloque réunira universitaires et praticiens pour évoquer les conditions permissives d’une réindustrialisation des zones urbaines denses et les formes industrielles compatibles avec cette réorganisation des espaces économiques. En effet, si le retour d’activités industrielles correspondant au modèle de production de masse n’est pas envisageable, les nouvelles technologies et les nouveaux modes d’organisation de la production fondés sur le numérique rendent possible la présence d’entreprises « en ville ». FabLabs, co-working et tiers lieux sont les figures emblématiques mais aussi restrictives des villes qui voient leur avenir dans le productif. Au-delà de ce « nouvel artisanat » porté par le numérique, la notion de ville productive apparaît plus largement comme une réponse à la standardisation des grandes villes en favorisant l’accueil d’activités et de personnes diverses. C’est, par ailleurs, un moyen d’intégrer les dimensions économiques, sociales et écologiques de la ville qui, toutes trois, semblent en crise aujourd’hui.

Le colloque permettra d’évoquer ces différents aspects dans le cadre de deux tables-rondes réunissant universitaires, praticiens et industriels.


Programme

14h-14h20 Ouverture du colloque et allocutions d’accueil

· Isabelle Laudier, Institut CDC pour la Recherche

· Gilles Crague, Ecole des Ponts Paris Tech, CIRED, CNRS

· Nadine Levratto, EconomiX, CNRS, Université Paris Nanterre

14h20-15h35 Les activités de production, moteur des métropoles : le de l’Ile-de-France

Animateur : Gilles Crague
· David Cousquer, créateur de Trendeo
· Jacques Moronvalle, directeur de l’usine Placoplatre de Vaujours
· Muyinat Ogboye Vazieux, Cheffe de projet Territoire d’industrie, Grand Orly Seine Bièvre
· Thierry Petit, économiste, Institut Paris Région

15h40-16h50 Quelles activités productives pour une relance économique par la transition écologique ?

Animatrice : Nadine Levratto
· Achille Bourdon, Architecte, fondateur de l’agence SYVIL
· Pierre de Chanville, co-fondateur de Tekyn
· Damien Zaversnik, Directeur de l’économie, de l’attractivité et de l’innovation, Est Ensemble
· Un représentant de la Caisse des Dépôts

17h-18h Conclusion de la journée et perspectives
· Pascal Girod, ‎Directeur du développement économique - ‎EPT Grand Orly Seine Bièvre
· Isabelle Laudier, Institut CDC pour la recherche
· Hélène Peskine, Secrétaire permanente du Plan urbanisme construction architecture
· Maria-Teresa Pontois, responsable de la valorisation à l'InSHS au CNRS
· Françoise Préteux, Directrice de la recherche de l’Ecole des Ponts ParisTech

Le renouveau, écologique et inclusif, de l’industrie française pourra-t-il se passer de la présence experte de l’État dans les territoires ?

Episode n°2 : Diagnostic, interprétation, perspective
Gilles Crague, Directeur de recherche à l’Ecole des Ponts ParisTech, chercheur au CIRED

L’histoire récente des services économiques déconcentrés de l’Etat, telle qu’elle apparaît dans l’épisode n°1 (ci-dessous), est riche d’enseignements. Il y a bien évidemment l’évolution quantitative, celle d’une baisse très significative des agents de l’État chargés, dans les territoires, du développement industriel (liquidation des « pôles 3E » des DIRECCTE). Mais ce n’est pas tout : ce que montre aussi cette histoire, c’est une évolution qualitative. En effet, on s’aperçoit que la présence locale de l’État mêlait jusqu’à très récemment deux fonctions/missions économiques en lien avec l’industrie : la première relevait d’une approche « développement » (stimuler la croissance des entreprises et de l’emploi industriels) ; la seconde relevait d’une approche « contrôle » (veiller au respect des normes sociales et environnementales). On pourrait alors interpréter les évènements récents comme la disparition de la fonction « développement industriel » de l’Etat dans les territoires. Ce serait là manquer l’essentiel, car, ce qui disparaît, c’est peut-être d’abord et avant tout une capacité de couplage entre ces deux fonctions, entre une fonction de « développement » et une fonction de « contrôle ».

En effet, l’intervention étatique pour le développement industriel dans les territoires était, avant la liquidation des « pôles 3E » des DIRECCTE, indexée sur un objectif de développement de l’industrie compatible avec des normes environnementales et sociales. Cette articulation entre développement et contrôle s’est historiquement constituée dans le champ des normes environnementales. Comme le montrent les historiens de l’environnement, parfois de façon critique, la réglementation des pollutions industrielles a d’abord et avant tout visé à autoriser voire favoriser l’industrie, qu’il s’agisse de la première réglementation de 1810 jusqu’à la création du premier Secrétariat permanent pour les problèmes de pollutions industrielles (S3PI) Fos/étang-de-Berre en 1971. C’est aussi ce que montrent des travaux de sociologie des professions et du travail sur les inspecteurs des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Des experts techniques de l’Etat inspectent, contrôlent mais souvent conseillent et épaulent les responsables des installations industrielles présentes dans leur périmètre de compétence. On peut citer, à titre d’anecdote, le rôle central joué par les ingénieurs d’État opérant dans le cadre du S3PI de Fos/étang-de-Berre dans la mise au point dans les années 70 et 80 de procédés de désulfurisation.

Une des intentions ayant présidé la création des DIRECCTE en 2009 était d’ailleurs d’améliorer cette articulation dans le champ des normes sociales, en intégrant dans une même structure les compétences « développement des entreprises » du « pôle 3E » et celles de contrôle des normes sociales de l’administration du travail (« pôle T », inspection du travail). Constatons toutefois que, en scindant les anciennes DRIRE et en positionnant la mission d’inspection des ICPE dans les DREAL, l’Etat éloignait simultanément la mission « développement » de celle de « contrôle des normes environnementales »[1].

Nous avons eu l’occasion de mener plusieurs enquêtes de terrain au cours desquelles on a pu observer les actions et le rôle des services de l’État dans les dynamiques économiques locales. On a pu effectivement y noter l’importance, notée par nous-même mais aussi soulignée par les parties prenantes « extérieures » (collectivités, entreprises), du travail des services « réglementation » : loin du travail de gendarme, cette contribution des services techniques de l’État consistait d’abord et avant tout à faire en sorte que des projets industriels « entrent en société ». Au-delà de cette fonction de base, nos enquêtes ont permis de mettre à jour deux autres fonctions des services déconcentrés de l’État du point de vue du développement de l’industrie. La première est une fonction de connaissance des entreprises locales, et de leurs process industriels. Celle-ci est structurellement liée à la mission de contrôle qui engendre de fait une proximité entre le contrôleur et le contrôlé, et ainsi un savoir sur l’activité productive qui est en jeu. De ce point de vue, la montée en puissance des agences et de « l’action à distance » de l’État (et, a fortiori, celle des institutions européennes) met à mal cette « connaissance commune » qui constitue le ciment de toute activité de contrôle/normalisation. La seconde fonction qu’on a pu mettre à jour est une fonction d’arbitrage. Celle-ci apparaît intimement liée à une évolution structurelle qui concerne tant le champ environnemental que social : il s’agit de l’intensification de la circulation de l’information, portée tant par les technologies de l’information que par des évolutions juridiques (procédures d’information des parties prenantes). Ceci a eu pour effet d’attiser les controverses voire les conflits, et l’intervention de l’acteur étatique s’avère alors indispensable pour « refroidir » les situations.

Il apparaît, en définitive, que l’action des services déconcentrés de l’État en rapport avec l’industrie, l’interventionnisme industriel local, a visé tout à la fois à développer (aider à croître) tout en cadrant/normalisant. C’est un objectif en tout point analogue que visent aujourd’hui les promoteurs du renouveau industriel français : stimuler une industrie compatible avec la transition écologique et contribuant à l’inclusion sociale. Signalons au passage qu’un tel projet ne relève pas du seul champ politique ou sociétal mais peut aussi constituer une dimension de la compétitivité des firmes : maitriser des process industriels promoteurs d’emploi et respectueux de l’environnement peut en effet constituer un avantage dans la compétition mondiale[2]. Pour les dirigeants d’entreprise, cela n’est toutefois qu’une option stratégique parmi d’autres. C’est ce que rappellent les récentes demandes de responsables patronaux français (MEDEF) ou européens (représentants du secteur automobile) d’assouplir et/ou décaler l’agenda des normes environnementales du fait de la crise sanitaire. On notera aussi que ces prises de position ont vu naître dans leur sillage des prises de position contraires appelant au maintien du cap et de l’agenda : Ikea, Unilever, Renault ou encore PSA, dont un dirigeant déclarait très récemment « nous considérons que notre situation en matière de CO2 est un avantage compétitif ».

Les services déconcentrés de l’État ont constitué jusqu’à récemment un nœud important pour articuler développement industriel et exigences sociales et environnementales. La période récente a vu ce nœud s’affaiblir de façon très significative. Cet affaiblissement pourrait constituer un moindre mal si, parallèlement, étaient apparus de nouveaux nœuds, de nouveaux espaces d’articulation. Deux évolutions récentes conduisent à penser que ceci pourrait bien s’avérer difficile. La première a été signalée dans un avis récent du Sénat portant sur la politique industrielle de la France : les sénateurs, auteurs de cet avis, de tout bord politique, évoquent une « débudgétisation » de la politique industrielle française. Ils signalent à travers cette expression un transfert accru des ressources financières publiques vers des organismes indépendants, lequel réduit de façon très significative la visibilité d’ensemble de la politique industrielle : on assiste ainsi à un émiettement voire un éclatement plutôt qu’à une intégration accrue des différentes composantes des politiques industrielles.

La seconde évolution concerne plus particulièrement la réglementation environnementale. Deux tendances structurelles y sont à l’œuvre qui fragilisent la capacité publique à inscrire le développement industriel dans des normes environnementales. La première a été très bien décrite dans les travaux académiques sur l’évolution de la mission d’inspection des ICPE : obéissant à une évolution générale des politiques environnementales, lesquelles sont portées depuis la réforme de 2007 par un grand ministère dédié, la mission d’inspection des ICPE est peu à peu devenue un métier spécialisé, clairement séparé de la mission de « développement industriel » ; avec la prolifération des textes réglementaires, elle s’est procéduralisée et judiciarisée, affaiblissant du même coup la dimension technique autrefois prédominante dans les pratiques d’inspection. La seconde tendance est relative à la montée en puissance conjointe de l’auto-régulation[3] et des évolutions réglementaires menées selon le principe de la simplification administrative (par exemple, la loi du 10 août 2018 dite ESSOC « pour un Etat au Service d'une SOciété de Confiance »). L’exemple de l’accident de Lubrizol donne un aperçu des effets ces changements. Il a en effet donné l’opportunité à des experts des pollutions industrielles de mettre à jour les conséquences (selon eux, désastreuses) de la « simplification » : celle-ci s’est traduite par la possibilité de développer certains projets industriels sans passer par une phase d’expertise et d’instruction publique, autrement dit, sans interagir avec l’inspection des ICPE.

On constate depuis dix ans un renouvellement de la politique industrielle nationale française. Des « 34 plans de reconquête industrielle » jusqu’au « territoires d’industrie », elle s’est opérée au travers d’instruments prônant l’agilité et la souplesse et déléguant le pilotage à des acteurs tiers (représentants des milieux industriels, collectivités territoriales). La crise sanitaire actuelle appelle un nouveau questionnement sur l’industrie, son organisation et les politiques pour la soutenir, la développer mais aussi l’orienter : selon quelle perspective souhaite-t-on aujourd’hui orienter le développement de l’industrie française ? Deux options se dessinent ([4]). La première suggère d’intensifier le processus de rationalisation engagé avant la crise en continuant à optimiser/sécuriser/flexibiliser l’insertion des établissements français dans des chaînes de valeur globales. La seconde consiste en une « modernisation écologique » de l’industrie et de la production. Celle-ci pourra-t-elle s’opérer sans la mobilisation d’une « task force » dédiée et habilitée, porteuse, dans tous les territoires, d’un pouvoir d’orientation conféré par une autorité politique qui aura préalablement fixé un cap ? Pourra-t-elle, autrement dit, se passer de la présence experte de l’État dans les territoires ?

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[1] Cet éloignement n’était pas totalement fortuit puisqu’il a aussi coïncidé avec une évolution générale de la politique environnementale et, dans son sillage, celle des principes sous-tendant l’inspection des ICPE : plus grand formalisme (explosion du nombre de textes réglementaires) et plus grande indépendance vis-à-vis du public visé (les industriels).[2] Ainsi certains industriels français se sont-ils internationalisés vers les pays émergents, non pas en « adaptant » leurs installations aux normes locales moins exigeantes mais, au contraire, en concevant et réalisant leurs nouvelles implantations selon les normes de leur pays d’origine.[3] Développement des normes ISO 14000 relatives au « management environnemental » ; recours croissant des industriels à des bureaux d’étude privés spécialisés.[4] Voir notre article écrit avec Denis Carré et Nadine Levratto dans The Conversation.

Le renouveau, écologique et inclusif, de l’industrie française pourra-t-il se passer de la présence experte de l’Etat dans les territoires ?

Episode n°1 : Etat des lieux

Gilles Crague, Directeur de recherche à l’Ecole des Ponts ParisTech, chercheur au CIRED

La crise du coronavirus bouleverse tant nos vies quotidiennes que nos représentations, notamment celles relatives à la vie économique : à l’heure des pénuries diverses (de masques, de respirateurs, de réactifs,…), on reparle de logistique et d’acheminement, d’usines de fabrication et de lignes de production, et de ceux, hier invisibles et ignorés, qui les font fonctionner. Mais certaines voix vont plus loin et, évoquant l’ « après-covid-19 », appellent de leurs vœux une re-localisation déterminée de l’activité manufacturière en France et en Europe. En réalité, le covid-19 amplifie un mouvement apparu dans le sillage de la crise dite des subprimes dans de nombreux pays occidentaux et promouvant un nouveau développement de l’industrie et du manufacturing, après plusieurs décennies de désindustrialisation. On a ainsi vu fleurir en France depuis une décennie une série d’études, d’ouvrages, de rapports publics, des thinktanks et des instruments de politiques publiques visant au renouveau industriel de l’économie française. Constituer le développement industriel comme un objectif de développement économique pour la France et pour l’Europe n’est donc pas une proposition totalement nouvelle et originale. Aussi importante soit-elle, la formulation d’un objectif ne suffit pas, hélas, à faire advenir la réalité qu’elle appelle de ses vœux : les prophéties ne sont pas (toutes) auto-réalisatrices ; dire n’est pas (toujours) faire ; l’intendance (parfois) ne suit pas. La question que doivent donc se poser aujourd’hui les véritables et sincères promoteurs de l’industrie en France est celle de la mise en œuvre et du « comment ». Nous ne prétendrons pas donner dans ce qui suit une réponse définitive à cette question qui est à la fois complexe et épineuse, technique et politique. Nous proposons simplement une réflexion sur le portage, autrement dit la question du « qui ? » : qui pour concevoir, animer, impulser, entretenir un mouvement de relocalisation de l’industrie en France. Nous nous focaliserons plus particulièrement sur la sphère publique et une approche par le bas, par les territoires. Les développements qui suivent s’appuient sur des recherches et enquêtes de terrain menées depuis une quinzaine d’années sur les outils et les dynamiques de développement économique local.

Evaluer la situation présente et tracer des perspectives pour le futur suppose deux prérequis méthodologiques. Le premier est relatif à l’approche de la sphère publique : celle-ci ne sera pas appréhendée comme un acteur unitaire et cohérent (« l’Etat ») mais comme une organisation hétérarchique où interagissent des collectivités territoriales de différents niveaux, des administrations centrales sectorielles de l’Etat, des services déconcentrés de l’Etat mais aussi des agences et organismes publics indépendants. Le second prérequis méthodologique est relatif à la nécessité de mettre en perspective l’organisation de la sphère publique en repérant les différentes forces et tendances qui la traversent et contribuent à son évolution récente. En croisant ces deux critères (synchronique et diachronique), deux grands constats peuvent être mis en évidence.

Le premier constat est bien connu : c’est celui du réétalonnage (re-scaling) des politiques économiques étatiques qui a consisté, notamment, à transférer leur prise en charge à des niveaux de gouvernement infranationaux (collectivités territoriales). Ce transfert a coïncidé avec la diffusion d’un certain genre d’intervention publique, décrit depuis fort longtemps par le géographe David Harvey sous l’appellation d’ entrepreneurialism et dont les maitres-mots sont attractivité et marketing (territorial). L’ingénierie d’implantation (aides techniques et financières pour accompagner les investisseurs privés) est au cœur des pratiques de ce type d’interventionnisme économique local. La mise en compétition des territoires en est un effet. Une autre caractéristique importante de cette évolution des politiques économiques est le développement parallèle de doctrines promotrices de moteurs de développement local autres que l’industrie (économie présentielle, classe créative). Ce discours dominant n’a pas empêché certaines collectivités territoriales de continuer à soutenir leur tissu industriel. On peut citer en exemple la création de zones d’activités dédiées (technopoles) ou la stimulation d’écosystèmes d’innovation (clusters, pôles d’excellence). Cette forme d’interventionnisme économique local, enclenché par les lois de décentralisation au début des années 80, existe donc depuis plusieurs décennies maintenant, et a coïncidé avec une baisse continue des emplois industriels en France. On peut donc s’interroger sur sa capacité à contribuer, seule, dans un futur proche, à un renouveau industriel.

Nous nous attarderons plus longuement sur le second constat, moins connu, plus silencieux mais non moins significatif. Si on reprend les termes de langue anglaise utilisés par les spécialistes de ces questions, on observe en effet que le rescaling (réétalonnage) des politiques économiques étatiques s’est aussi manifesté par un hollowing-out de l’Etat (évidement, démembrement). Ce processus comporte deux facettes. La première correspond à la délégation de certaines missions publiques à des services ad hoc voire des agences indépendantes et incarnant ce que certains ont appelé une « action à distance » de l’Etat. Dans le champ de la politique économique française, il s’agit du Secrétariat Général Pour l’Investissement, de la Banque Publique d'Investissement ou encore du Fonds pour l’Innovation et l’Industrie. L’autre facette correspond à un démembrement proprement dit : celui de l’administration étatique, et en particulier celui de ses services déconcentrés. En effet, la restructuration de l’Etat local en charge de l’économie et de l’industrie constitue un trait caractéristique important de l’évolution de la sphère publique en lien avec l’industrie. Phénomène peu connu, on propose de le décrire de façon plus détaillée dans ce qui suit.

Cette restructuration de l’Etat comprend deux grandes phases. La première démarre à la fin des années 2000 avec la création d’une part, des DREAL (2007) et d’autre part, des DIRECCTE (2009). Cette restructuration des services déconcentrés de l’Etat touche de plein fouet les services en prise avec l’industrie dans les territoires, puisqu’il conduit à un démantèlement des anciennes DRIRE : une fraction de ces structures, l’inspection des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), rejoint les DREAL, alors qu’une autre fraction, chargée du « développement industriel » est intégrée dans les DIRECCTE pour former une partie des « pôles 3E » (Entreprises, Emploi et Economie), à côté, notamment du « pôle T » (Travail) qui reprend les anciens services déconcentrés de l’administration du travail et de l’emploi.

La seconde étape est beaucoup plus récente. Elle trouve son origine dans la loi NOTRe de 2016 qui consolide et étend la compétence « développement économique » des régions : un de ses effets latéraux est un questionnement, dans certains cercles étatiques (par exemple, des commissions du Sénat), sur l’utilité des « pôles 3E » dans la nouvelle organisation territoriale ([1]). Ce questionnement sera très récemment suivi d’effet, dans le cadre de la nouvelle « organisation territoriale des services publics » promue et décrite par le Premier Ministre dans sa circulaire du 24 juillet 2018 et inspirée par les travaux et le rapport du « CAP 2022 » (Comité Action Publique 2022). Cette circulaire indique notamment que, pour certaines missions, « le rôle de l’Etat peut être allégé, compte tenu de l’intervention des collectivités territoriales » et cite pour exemple, et pour cible, les « pôles 3E ». Les effectifs de ces structures seront ainsi « réduits des deux tiers en 2019, pour passer de 450 équivalents temps plein à environ à 134 »[2]. Au lieu du « pôle 3E » fait désormais place, dans chaque région, un « service économique de l’État en région » (SeEr) » composé d’une dizaine d’agents[3].

Nous proposerons dans un second temps (épisode n°2) une interprétation de l’état des lieux tel qu’on a pu le décrire ci-dessus, afin de tracer des perspectives pour le futur et le projet de renouveau industriel de la France, écologique et inclusif.

A suivre…

[1] cf. les avis successifs de la commission sénatoriale portant plus particulièrement sur le « développement des entreprises » dans la loi de finance, avis rédigés depuis 2016 par le sénateur André Reichardt.[2] Cf. Sénat « Avis présenté au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale sur le projet de loi de finances, adopté par l’Assemblée nationale, pour 2020, TOME V Développement des entreprises », par M. André Reichardt.[3] Cf. rapport général du Sénat n°140 relatif à la loi de finance 2020. Celui-ci indique en outre que, pour ces nouveaux services, « un nombre restreint de priorités stratégiques est maintenu. Il s’agit du suivi des grandes filières stratégiques, du soutien à l’innovation et de l’accompagnement des entreprises en difficultés, avec la poursuite de l’activité des commissaires aux restructurations et de la prévention des difficultés des entreprises ».

Pour la reconquête industrielle en Ile-de-France

Denis Carré, chercheur à EconomiX

La région Ile-de-France présente des performances paradoxales. Son PIB par emploi est de loin le plus élevé [1] :105 500 € contre 70 600 € pour les autres régions en 2014 ; il progresse également à un rythme supérieur à la croissance de la population [2]. Pourtant, la croissance de l’emploi y est plutôt moyenne [3] et surtout, plus qu’ailleurs, on a assisté à une très forte destruction de l’appareil productif visible au niveau national compte tenu du poids de l’Ile-de-France.

Parmi les causes avancées pour expliquer ls sous-performance relative de l’Ile-de-France, les économistes soulignent l’insuffisance des bénéfices associés à la concentration des activités. Les économies d’agglomération ne permettent en effet pas de compenser les handicaps dont souffrent la région au premier rang desquels un coût du foncier excessif, au cœur de l’Ile-de-France notamment. Une autre hypothèse a été avancée selon laquelle cette situation relèverait également d’un défaut de coordination. En d’autres termes, les résultats matériels et immatériels tirés de l’énorme potentiel technologique seraient minorés par l’insuffisante coopération entre les acteurs de la sphère technico-productive et, plus généralement, par un isolement conséquent des entreprises. Cette combinaison de coûts excessifs et de sous valorisation des ressources se traduirait par des phénomènes d’éviction accrus, pénalisant particulièrement les entreprises industrielles de moyenne technologie et consommatrices d’espace.

Malgré les espoirs placés dans le Grand Paris Express, rien ne garantit que la réalisation de cette infrastructure améliore grandement l’efficacité économique de la Région. La reconfiguration du réseau de transport risque même d’intensifier les difficultés de fonctionnement des entreprises de la sphère productive en raison du renchérissement du coût de localisation à proximité des gares. Les activités productives, sauf à disparaître, doivent donc être impérativement reconnues comme essentielles dans la préservation d’un écosystème permettant de maintenir des capacités compétitives susceptibles de satisfaire des objectifs d’autonomie relative régionale et nationale, de participer à réduire l’empreinte carbone du fait de la diminution des importations et enfin, de favoriser le développement d’emplois de profils intermédiaires dans une région caractérisée par un dualisme croissant en matière de main d’œuvre [1].

Cela ne va pas de soi. En effet, ces entreprises ne sont pas hors sol mais s’inscrivent dans des territoires dont la responsabilité en matière de localisation et de maintien de ces activités est considérable. Certains territoires ont pris conscience de ces exigences d’adaptation, voire de bifurcation historique des formes de développement. L’inscription de neuf territoires franciliens (figure ci-dessous) dans le cadre de la politique des Territoires d’Industrie en est la preuve. Ce choix est essentiel d’un point de vue symbolique pour affirmer l’image industrielle de ces territoires. Elle a également des conséquences politiques dans la mesure où il s’agit de co-construire des espaces de coopération. Entre des entreprises et les institutions publiques locales d’abord, et, au-delà, entre les différents acteurs des sphères de formation, de production, de recherche, etc. Il s’agit par exemples d’actions à visée technologique telles que les plateformes visant à mettre en relations des laboratoires de recherche avec des entreprises, grandes et petites. Les secteurs de la mécanique de précisions, de la mesure ou encore des appareils médicaux, très représentatifs de ces activités industrielles métropolitaines, se regroupent également pour répondre à des marchés publics particulièrement développés dans cette région. Renforcer ces industries regroupées autour de la médecine serait d’ailleurs un atout primordial pour la région comme nous le montre avec violence l’actuelle épidémie de Coronavirus.

Source : CGET

Tous les territoires ne présentent pas cette polarisation autour des activités technologiques. Mais quelle que soit leur dominante, ces engagements entre acteurs publics et privés soulignent haut et fort que la présence d’activités industrielles en milieu urbain, l’industrie en ville, fait sens et, plus encore aujourd’hui, se trouve au cœur du développement des territoires.

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[1] Enjeux Ile de France n°200, février 2018. https://www.cci-paris-idf.fr/sites/default/files/crocis/pdf/documents/enjeux-200-1.pdf[2] Croissance dans les régions : davantage de disparités depuis la crise, Insee Première, n° 1501, juin 2014 https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281336[3] Même si depuis le début des années 2010, on assiste à un retournement, essentiellement favorable au centre de la Région

Repenser la politique industrielle après le Covid-19

Gilles Crague et Nadine Levratto

La crise sanitaire que nous traversons et ses conséquences économiques et sociales appellent, au-delà des réactions immédiates en faveur du sauvetage des emplois et des entreprises, une prise de distance pour en traiter les causes, anticiper les conséquences à moyen terme et tracer les contours du nouveau modèle économique qui, à terme, pourrait en découler.

Dès les premiers signes de ralentissement économique en Chine au mois de janvier 2020, les risques que l’interruption des chaînes d’approvisionnement faisaient courir aux entreprises européennes et françaises ont été soulignés, souvent tempérés par le fait que les stocks devaient suffire à passer la crise. Or, pour des raisons de sécurité sanitaire, mais aussi et surtout parce que l’approvisionnement ne permettait plus de faire tourner les établissements, les fermetures de sites sont intervenues les unes après les autres. Renault, PSA, Framatome, les ateliers du groupe Kering, Iveco, Baccarat, sans parler des risques sur le marché des médicaments en tension depuis 2018. La relative fragilité des entreprises et des marchés à la rupture des grands flux d’échanges internationaux en dépit de l’efficacité de plus en plus marquée des fameuses supply chains, rappelle une fois encore l’importance de la maîtrise de la production de biens et l’importance de conserver des moyens de production à proximité des marchés.

Face au repli économique qui s’annonce, deux options sont possibles. L’une, consistant à mettre les bouchées doubles pour rattraper les mois perdus, serait à la fois la plus évidente et la plus mauvaise. Fonder la reprise sur un rattrapage de la consommation, une sécurisation des flux de transport et une augmentation des modalités de stockage reviendrait à manquer, une fois de plus, l’enclenchement d’une véritable transition éco-industrielle. L’autre solution, plus prometteuse à nos yeux, est de construire un nouveau modèle productif plus favorable à l’économie, au climat et à l’indépendance géopolitique. La refondation des politiques industrielles et la relance de l’industrie forment la clé de voute de cette seconde option.

L’impératif de produire en France est dicté par trois défis. Les dépenses commerciales étant, pour une large partie causées par les achats de biens de production et de consommation à l’étranger, produire en France fait automatiquement baisser le niveau des importations, contribuant à réduire le déficit commercial. Les exemples d’implantations réussies de sites de production (par exemple, Yamaha, Bombardier, Toyota dans les Hauts-de-France) peuvent guider l’action. Coconstruire dans le cadre de collectifs d’acteurs des projets socio-économique localisés en repensant les filières, les écosystèmes et les grappes d’entreprises liées permet de mettre en cohérence l’action des acteurs publics et privés. Souvent de grande ampleur, ces stratégies communes ont aussi un impact visible sur le déficit budgétaire, l’emploi et les fournisseurs.

L’impératif de transition écologique est le deuxième grand argument en faveur d’un renouveau industriel en France et en Europe. Rappelons d’abord, à la suite du Haut Conseil pour le Climat, les effets délétères des importations manufacturières sur l’empreinte carbone de la France. Par ailleurs, la contribution des porte-containers et du transport aérien de personnes et de pièces pour l’industrie aux émissions de gaz à effets de serre et autres polluants est devenue un enjeu international. Produire localement est souhaitable, et risque d’être rendu nécessaire par la taxation des carburants dans le secteur des transports. Et le mouvement de réindustrialisation sera d’autant plus marqué et couronné de succès qu’une approche stratégique des investissements en capital, infrastructures, formation, etc. sera proposée en amont.

L’indépendance géopolitique est le troisième grand facteur particulièrement mis en avant dans la crise sanitaire liée au Covid-19. L’Académie nationale de pharmacie a très tôt tiré l’alarme en publiant un communiqué alertant sur la menace sur la santé publique en France et en Europe que faisait courir la fabrication hors de l’espace économique européen, dont une grande partie en Asie, de 80% des principes actifs pharmaceutiques utilisés en Europe. Dans ce contexte, l’idée de créer les conditions d’une relocalisation en Europe des activités stratégiques devient une condition nécessaire de l'indépendance et favorisera de facto le maintien et le développement des capacités de production dans les secteurs liés.

Si la prise en compte de la dimension sectorielle des actions à mener est incontournable, la question territoriale ne doit pas être absente de la réflexion. Les écosystèmes entrepreneuriaux ne se développent pas hors-sol et ont besoin de ressources matérielles et immatérielles à proximité pour se maintenir et se développer. C’est pourquoi, en accord avec l’idée naissante selon laquelle l’avenir de l’industrie se trouve dans les milieux urbains, la notion de « villes productives » est en train de s’implanter dans le monde des économistes et des développeurs locaux. Ce pari peut sembler osé alors que l’accident de Lubrizol est récemment venu rappeler la cohabitation parfois problématique entre populations et lieux de production. Cet évènement nous rappelle surtout que l’aménagement et l’urbanisme doivent innover pour assurer une proximité plus harmonieuse entre résidentiel et productif. La mixité territoriale et l’articulation des fonctions peut répondre aux nouveaux objectifs des politiques industrielles. Le programme de recherche commun que viennent de lancer EconomiX (CNRS université Paris Nanterre) et le CIRED (CNRS-Ecole des Ponts) ouvre la voie à des échanges et des contributions sur ce sujet.

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Gilles Crague et Nadine Levratto

Les nouvelles formes d’organisation de la production et les risques liés au changement climatique appellent une révision du mode traditionnel d’organisation du territoire reléguant dans les espaces peu denses et/ou les pays à bas coût les activités de production. Ce type de d’organisation géographique a en effet induit une croissance ininterrompue des importations de produits manufacturiers en France depuis le milieu des années 2000, non compensées par les exportations, et ayant donc conduit à un déficit commercial croissant. Au problème économique de ce déficit de la balance commerciale manufacturière s’ajoute un problème écologique, puisque les importations manufacturières ont un effet important sur l’empreinte carbone de la France, en croissance [1].

La crise globale de 2009 a également mis à mal le principe selon lequel la croissance économique et le dynamisme de l’emploi trouvaient leur source dans les activités résidentielles, les territoires ayant perdu leurs usines étant également ceux qui, aujourd’hui, rencontrent les plus grandes difficultés économiques. A l’opposé, ceux qui ont su préserver une activité industrielle voient leur trajectoire plutôt avantagée au regard des territoires qui se sont principalement spécialisées dans les services, aux ménages notamment. Enfin, la « géographie du mécontentement » croisant les mouvements et votes protestataires, en Europe notamment, et l’évolution du tissu productif souligne le rôle du recul de l’industrie dans les fractures territoriales et sociales.

Sur le plan écologique aussi bien qu’industriel, l’urgence est de mise. L’arrêt du déclin industriel est devenu impératif car, à défaut de savoir maintenir une base industrielle suffisante, une grande partie de l’avantage compétitif national risquerait de disparaître. L’urgence écologique n’est plus à démontrer ; et toutes les composantes du tissu productif ont un rôle à jouer en la matière.

Afin de favoriser la re-localisation de la production et de rapprocher lieux de production et de consommation des biens rendue nécessaire par la transition écologique, le programme de recherche CIRED-EconomiX a pour ambition de structurer la réflexion et renforcer les recherches sur les conditions permissives de la présence des activités de production dans les territoires urbains, et les formes industrielles au sens large compatibles avec cette réorganisation des espaces économiques. En effet, si le retour d’activités industrielles concentrées correspondant au modèle de production de masse n’est plus envisageable les nouveaux modes d’organisation de la production rendent possible la présence d’activités de fabrication, de maintenance et de services liés à l’industrie dans les milieux urbains. FabLabs, espaces de co-working et tiers lieux sont les figures emblématiques mais aussi restrictives des villes qui voient leur avenir dans le productif. En outre, si des expérimentations nombreuses ont pu naître et se développer sous l’égide de l’économie circulaire, le passage à l’échelle via la création de nouveaux opérateurs, de nouvelles filières ou de nouveaux marchés s’avère plus difficile à organiser. Enfin, au-delà des nouveaux espaces de « production artisanale » permis par les progrès du numérique, la notion de ville productive appelle également des questionnements sur le maintien, voire le développement, d’activités intensives en capital et souvent consommatrices d’espace, dans des territoires où le foncier apparaît de plus en plus difficile à mobiliser pour ce type d’activités. Dans les grandes agglomérations, la concurrence pour l’espace et les marchés foncier et immobilier auront spontanément tendance à évincer l’économie productive. Dans les villes moyennes et petites, la disponibilité foncière d’autrefois n’est plus de mise à l’heure de l’objectif de « zéro artificialisation nette » des sols [2]. L’enjeu du « retour du productif en ville » est un enjeu qui concerne tous les territoires urbains, quelle que soit leur densité… et donc aussi les métropoles.

Relever au mieux ce défi suppose de disposer d’un soubassement théorique couplé à des analyses empiriques et une connaissance du terrain de manière à produire de la recherche académique de qualité et éclairer au mieux les élus et institutions en charge des politiques publiques territorialisées de soutien à l’activité économique. Ceci apparaît d’autant plus nécessaire que les grands modèles/doctrines du développement économique local, qui ont alimenté les politiques locales de développement économique dans la dernière décennie, ont tous pour point commun de mettre l’accent sur « tout sauf l’industrie et la production ». Les travaux ayant mis l’accent sur la base résidentielle/le tourisme et relativisaient par la même occasion l’importance de la base productive, ou ceux ayant mis en avant l’importance de la classe créative sur laquelle devait désormais porter les politiques d’attractivité (plutôt que sur les entreprises productives), ont eu pour conséquence une détérioration de l’image de l’industrie.

___________________________________[1] D’après le rapport de 2019 du Haut Conseil pour le Climat, l’empreinte carbone de la France s’élève en 2017 à 749 millions de tonnes équivalent CO2, dont plus de la moitié (421 millions de tonnes) est due aux émissions associées aux importations.[2] Cf. Objectif 1.3. du « Plan Biodiversité » 2018, Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire.