20 & 21 avril 2022

La reconnaissance après la reconnaissance.

Origine et développement d’une problématique moderne

Université Paris Nanterre (Sophiapol) - Università Roma Tre


Argumentaire

Ce colloque vise à poursuivre le travail entamé par le volume, remarquable par son intelligibilité et la richesse de son contenu, La reconnaissance avant la reconnaissance. Archéologie d’une problématique moderne (dir. par F. Toto, T. Pénigaud de Mourgues, E. Renault, Lyon, ENS Éditions, 2017, publié également sur OpenEdition Books le 13 décembre 2017, disponible ici). Notre objectif est de donner suite à cette démarche théorique, en poursuivant la « généalogie différentielle » (ibid. p. 75) du concept de reconnaissance, à partir du moment historique où cet ouvrage s’était arrêté, la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, le colloque constituera un premier chantier d’analyse et de partage de recherches pour élargir ce travail d’approfondissement sur la « préhistoire philosophique des théories de la reconnaissance » (ibid. p. 28) ; une préhistoire qui devient une histoire à part entière, car centrale pour nous sera la reconstitution du concept de reconnaissance après la reconnaissance, c’est-à-dire à partir de son origine moderne, située dans la philosophie allemande du début du XIXe siècle (Fichte et Hegel). Nous tiendrons compte du sens spécifique recouvert par la reconnaissance dans ce contexte – illustré par le terme allemand Anerkennung qui définit une conception de la reconnaissance à la fois relationnelle et évaluative, en tant que processus fondamental de constitution des relations intersubjectives qui implique la reconnaissance de la valeur des actes et de la personne par autrui (cf. ibid. p. 5) – précisément pour en mesurer la portée et faire ressortir d’autres histoires possibles de ce concept. En effet, il s’agira d’une part, de faire émerger les résonances de la signification moderne de la reconnaissance en examinant les réflexions des auteurs qui tout en s’inscrivant dans le sillage de la tradition hégélienne ne sont généralement pas associés à ce thème ; d’autre part, de porter un éclairage sur d’autres traditions possibles issues de la modernité, notamment en considérant les pensées d’auteurs associées à d’autres disciplines telles que les sciences sociales. Cela afin de dessiner une nouvelle problématisation autour de la reconnaissance qui permettra d’ailleurs de nourrir le débat contemporain. En fait, quelles que soient les hypothèses et les développements des théories de la reconnaissance élaborés dans les dernières années, ce qui semble les caractériser c’est l’intégration de la dimension anthropologique de la reconnaissance à une dimension sociologique, ce qui permettrait de parvenir à une nouvelle définition de la justice sociale, ainsi qu’à la mise en avant de la dimension éthique de la reconnaissance comme pilier pour la constitution d’une « vie bonne » non seulement à élaborer, mais à réaliser. Une partie des débats contemporains a également souligné la valeur explicative du concept de reconnaissance pour réfléchir à la nature de la conflictualité sociale qui caractérise les sociétés européennes depuis le XIXe siècle. Ces investigations, tout en se concentrant sur des revendications proprement matérielles, montrent également qu’il existe des demandes de reconnaissance qui touchent à l’importance de la contribution sociale d’individus et de groupes à la reproduction du tout social qui ne s’adressent pas seulement aux institutions, mais aussi en général aux groupes sociaux dominants. Il s’agit des thèmes que la philosophie et les sciences sociales du XIXe siècle avaient déjà commencé largement d’explorer pour rendre compte de l’incessante conflictualité qui traverse les sociétés démocratiques naissantes. Une telle enquête historique sur la reconnaissance est donc indispensable pour comprendre et situer les théories contemporaines, ainsi que pour interroger le potentiel critique et émancipateur du concept de reconnaissance aujourd’hui.



Comité d'organisation

Emma BARETTONI, Mariannina FAILLA, Roberto FINELLI, Haud GUÉGUEN, Christian LAZZERI, Emmanuel RENAULT, Valentina SANTORO.


Emma BARETTONI

Doctorante en cotutelle entre l’Université Paris Nanterre et l’Université de Florence, réalise une thèse de philosophie (Le langage et son “dehors”. Pour une théorie du conatus linguistique) qui porte sur les causes et les conditions extérieures au langage définissant les conditions de son utilisation et les effets performatifs qui en découlent, à partir d’une recherche croisée sur la pensée de Spinoza et sur celle de Pierre Bourdieu.

Mariannina FAILLA

Professeure d’histoire de la philosophie à l’Université Roma Tre, ses centres d'intérêt concernent la philosophie kantienne – notamment la logique, l'anthropologie et l'éthique – et ses développements dans la pensée contemporaine ; la psychologie descriptive allemande du XIXe siècle, de Dilthey à Brentano ; la pensée de Hans Georg Gadamer et la phénoménologie d’Edmund Husserl dont elle a récemment dirigé et introduit l’ouvrage Fenomenologia dell’inconscio (Mimesis, 2022). Elle a contribué au précédent volume sur la reconnaissance avec un article intitulé « Reconnaissance et praxis chez Kant » et est l’autrice des monographies suivantes : Dilthey e la psicologia del suo tempo (Franco Angeli, 1991), Verità e saggezza in Kant (Franco Angeli, 2000), Hans Georg Gadamer als Platon- Interpret: die Musik (Peter Lang, 2009), Poter agire. Letture Kantiane (ETS, 2012), Existencia, necesidad, libertad. En camino hacia la crítica (CTK E-Books Digital Library of Kantian Studies, 2018).

Roberto FINELLI

Professeur d’histoire de la philosophie à l’Université Roma Tre. Dès le départ, ses recherches ont visé à une refonte critique de la pensée de Karl Marx qui ferait tomber ses limites anthropologiques et sa philosophie de l'histoire. Il a consacré à ce thème son ouvrage en deux volumes: Un parricidio mancato. Hegel e il giovane Marx, Boringhieri (ed. ang. A failed Parricide, Brill 2016) ; Un parricidio compiuto. Il confronto finale di Marx con Hegel (Jaca Book, 2015). Sur Hegel et la naissance de la dialectique, il a publié un volume paru en allemand en 2000, Mythos und Kritik der Formen. Die Jugend Hegels. 1770-1803 (Peter Lang). En même temps, il a étudié les problèmes du langage et de la représentation dans l'œuvre de Freud, arrivant avec son dernier livre à une révision de la théorie de la reconnaissance à travers des médiations freudiennes et spinoziennes (Per un nuovo materialismo, Rosenberg & Sellier, 2018). Il dirige la revue on-line en philosophie et sciences humaines "Consecutio rerum. Rivista critica della postmodernità".

Haud GUÉGUEN

Maîtresse de conférences en philosophie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), où elle est membre du laboratoire CRTD et membre associée du Sophiapol, elle est notamment l’autrice de Les théories de la reconnaissance (avec G. Malochet, La Découverte, 2014) et La perspective du possible (avec L. Jeanpierre, La Découverte, 2022).

Christian LAZZERI

Professeur de philosophie à l’Université Paris Nanterre. Ses domaines d’intérêt et de spécialité sont la philosophie politique et sociale, les théories de la reconnaissance, de la délibération et des conflits, du pouvoir. Il a notamment publié La reconnaissance aujourd’hui (avec Alain Caillé, éd. CNRS, 2009) et Reconnaissance, identité et intégration sociale (avec Soraya Nour, éd. Presses de Paris Ouest-Nanterre, 2011).


Emmanuel RENAULT

est Professeur de philosophie à l’Université Paris Nanterre, chercheur au Sophiapol et membre de l’Institut Universitaire de France. Ses travaux portent sur l’histoire et l’actualité de la Théorie critique au sens large, de Hegel et Marx jusqu’au débats les plus contemporains. A travers une approche interdisciplinaire – qui se nourrit, entre autres, du pragmatisme de J. Dewey, de la psychologie sociale de G.-H. Mead et des idées de K. Marx – il oriente la Théorie critique vers une phénoménologie des expériences du déni de reconnaissance. Il a notamment publié Mépris social (éditions Passant, 2000), L’expérience de l’injustice (La Découverte, 2004 et 2017), Souffrances sociales (La Découverte, 2008) et son ouvrage en français le plus récent Reconnaissance, conflit, domination (Cnrs éditions, 2017).

Valentina SANTORO

Doctorante contractuelle en philosophie au laboratoire Sophiapol et chargée de cours à l’Université Paris Nanterre, elle écrit une thèse qui vise à retracer la spécificité de la problématique de la reconnaissance dans le contexte français du XXe siècle à nos jours, afin d’élucider les fondements historiques et théoriques des théories contemporaines de la reconnaissance (titre provisoire : Philosophie sociale et théories de la reconnaissance dans le débat français contemporain).

Télécharger l'affiche-programme

Affiche_ColloqueReconnaissance2022.pdf

Avec le soutien de

Contacts

Emma BARETTONI : eb.emmabarettoni@gmail.com

Valentina SANTORO : v.santoro@parisnanterre.fr