Journée d'étude
Université de Tours
23 mai 2025
Université de Tours
23 mai 2025
L’envers du voyage au XVIIIe siècle : perspectives inversées et réévaluations des faires et dires indigènes
Des travaux universitaires récents ont permis d’interroger la pertinence du mode de lecture occidental des relations de voyages et de la scénographie des échanges entre Européens et peuples indigènes ou autochtones entre les XVIe et XVIIIe siècles. De David Graeber et David Wengrow (Au commencement était. Une nouvelle histoire de l'humanité, trad. fr. Paris, Les Liens qui libèrent, 2021) à Scott Berthelette (Heirs of an Ambivalent Empire : French-Indigenous Relations and the Rise of the Métis in the Hudson Bay Watershed, McGill-Queen's University Press, 2022) en passant par Kathleen DuVal (The Native Ground: Indians and Colonists in the Heart of the Continent, University of Pennsylvania Press, 2006), cette perspective décentrée soulève des questions dans la mesure où, œuvrant parallèlement au postcolonialisme et à la théorie décoloniale sud-américaine, elle livre elle aussi une critique du mode de pensée occidental (paradigme critique, perspective eurocentrique) qui remet en question la critique contemporaine et provincialise savoirs et perspectives occidentaux et occidentalisés. L’argument central de l’ouvrage de Richard White, Le Middle Ground. Indiens, empires et républiques dans la région des Grands Lacs, 1650-1815 (trad. fr. Paris, Anarcharsis, 2009) se voit ainsi contesté. Cette remise en cause ne se limite pas au seul exemple nord-américain. C’est la question de la perception de l’agentivité indigène en général qui se voit ainsi mise au premier plan au sein même de discours — ceux des voyageurs — qui se veulent discours de maîtrise de la situation et qui sont interprétés comme tels. Dès lors, il semble pertinent de s’interroger sur les savoirs tirés des lectures usuelles des récits des Las Casas, Léry, Lahontan, Charlevoix, etc. dans le but de dresser un état des lieux des travaux francophones portant sur ces approches dans les relations de voyages du XVIe au XVIIIe siècle.
Programme
9h30 – Accueil (salle 127)
10h00 – Ouverture de la journée
Jérôme Thomas (IRIEC-Université de Montpellier III) : "De l'égalité supposée dans les sociétés amérindiennes du Brésil au XVIe siècle au prisme des relations européennes. La remise en cause d'un discours européocentré ?"
Mathilde Mougin (IRHIM Lyon) : "Les Amérindiens : ‘un peuple maudit et délaissé de Dieu ?’ Enjeux racialistes de la dégénérescence religieuse dans les récits de voyage français du XVIIe siècle"
Romain Bertrand (CERI-Sciences Po) : Épopées malaisées : ce que l’Asie fait aux voyageurs, et à leurs récits (Insulinde, XVIe-XVIIe siècles)
12h00 – 13h45 Pause
14h00 – Reprise
Yasmine Atlas (Université de Genève) : « Habile brahmane », rabbin d’Alexandrie, derviche tibétain : Appréhender « les voix de l’autre » sous la plume vagabonde de La Boullaye-Le Gouz (1653)
Eric Roulet (Université du Littoral - Côte d'Opale) : « L' "Indien" invisible dans les relations de voyages au Mexique de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle »
Tri Tran (Université de Tours, ICD) : « Les manières de dire et faire indigènes dans les récits de Pierre-Esprit Radisson »
Antoine Eche (MRU-ICD) : Mirages, illusions et incertitudes dans l’Ouest de la Nouvelle-France (1732-1739)
16h30 - Fin de la journée d'étude
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Contact : aeche@mtroyal.ca