Rue piétonne

Version mars 2024

Cette fiche a été développée par L’Atelier urbain et le Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal.

Ceci est un outil qui est appelé à être bonifié au fur et à mesure que se préciseront les bonnes pratiques d’aménagement de rues piétonnes. Le Service de l'urbanisme et de la mobilité (SUM) est conscient que la version actuelle de la fiche ne permet pas de répondre aux préoccupations de toutes les parties prenantes. Du travail collaboratif impliquant les arrondissements, les services d’urgence et les organismes spécialisés en accessibilité universelle sera requis. 

Disponible sur le réseau de la Ville de Montréal

Description

La rue piétonne est une rue avant tout réservée à l’usage des piétons qui y ont donc la priorité et peuvent déambuler à leur rythme. La rue devient un lieu de rencontre du quotidien et son aménagement favorise à la fois l’augmentation de l’animation urbaine, la sécurité, la convivialité ainsi que la réappropriation de l’espace public. 

La rue piétonne peut être permanente, saisonnière ou temporaire. 

La circulation véhiculaire y est interdite, excepté à certaines heures pour les livraisons ou l’entretien, ou pour les véhicules d’urgence. La circulation des cyclistes, planchistes et adeptes de la trottinette et du patin à roues alignées peut y être permise à basse vitesse, selon le contexte.

Pertinence

L’aménagement d’une rue piétonne contribue à l’expérience de l’usager en offrant :

Conditions d'implantation

Une rue piétonne peut être aménagée dans différents contextes, notamment : 


Conditions de réussite

Le tronçon de rue piétonnisé doit présenter un potentiel d’achalandage piétonnier naturel, qui est favorisé par les conditions suivantes:


Contraintes

L’aménagement d’une rue piétonne doit faire l’objet d’une attention particulière dans les conditions suivantes :

Une rue piétonne ne doit pas être implantée dans le corridor d’urgence d’un hôpital, d’une caserne de pompiers ou d’un poste de police, à moins d’obtenir l’approbation des services d’urgence. 

Figure 1 - Rue commerciale, Rue Wellington (© Sylvain Allaire et Audray Larouche © Caroline Perron)
Figure 2 - Rue en bordure d’un parc, Avenue Park Stanley (© Mélanie Dusseault)
Figure 3 - Rue près d’un générateur de déplacement, rue McTavish (© Ville de Montréal)
Figure 4 – Rue Wellington (© Louis Divaret © Caroline Perron)

Planification

Coordination avec les parties prenantes 

Dès l’étape de la conception, il est important d’anticiper les intervenants internes et externes qui doivent être consultés pour assurer le bon fonctionnement du site. Les éléments suivants doivent notamment être validés : 

D’autres enjeux peuvent également devoir être validés selon les conditions du site et les particularités spécifiques aux projets saisonniers.


Relations avec le milieu

Communiquer régulièrement à la population des informations sur le concept d’aménagement et la réalisation de la rue piétonne peut favoriser l’acceptabilité du projet. De plus, développer une démarche participative inclusive (ADS+) permet de renforcer l’adhésion en s’assurant que les éléments d’intérêt de la population sont pris en compte. Divers moyens de communication peuvent être utilisés en fonction du contexte (piétonnisation saisonnière ou permanente, milieu sensible, etc.) : 


Animation et collaboration 

Dans certains contextes, une programmation d’animation variée sur le site peut être souhaitable pour faire connaître le nouvel espace, attirer un large éventail d’usagers, garder le site attractif et vivant en tout temps et créer des habitudes de fréquentation pour les personnes résidentes du quartier. 

En intégrant la population riveraine dans l’organisation des activités, on crée un sentiment d’appartenance fort et une meilleure adhésion au projet.


Stratégie d’implantation

Des mesures progressives, transitoires et temporaires peuvent être mises en place pour tester la piétonnisation et ses effets avant l’implantation d’un aménagement permanent. Cela peut également permettre de rallier la population riveraine et les commerçants.


Rétroactions

Il est utile de documenter les conclusions, choix et pratiques innovantes retenus tout au long du processus de réalisation et d’opération du projet pour permettre l’élaboration d'outils de référence et de guides qui pourront soutenir ceux qui planifient d’autres projets de piétonnisation.

De plus, afin d’évaluer les retombées et les effets de la piétonnisation, la collecte des données suivantes peut être souhaitable selon le contexte :

Il est également souhaitable de prévoir l’évaluation de la satisfaction des usagers, notamment par un sondage auprès des citoyennes et citoyens avec un mode de participation inclusif.

Dans le cas d’une piétonnisation temporaire ou saisonnière, cette rétroaction permettra, si nécessaire, d’apporter des améliorations et des ajustements lors de la prochaine édition ou en vue de sa pérennisation. 

Conception - Opérations

Impact sur les rues du secteur

L’implantation d’une rue piétonne a des répercussions sur la circulation motorisée des rues limitrophes. Il est recommandé :


Stationnement

Une rue piétonne peut avoir des répercussions sur la quantité de cases de stationnement disponibles. Afin de planifier cet aspect, il est nécessaire de tenir compte du profil type de la clientèle de chaque secteur pour déterminer les besoins spécifiques à certains usages comme les résidences pour personnes âgées, les CLSC, les écoles ou les garderies. 

Des stationnements réservés aux personnes à mobilité réduite ainsi que des espaces de stationnement de courte durée peuvent être ajoutés sur les abords des rues transversales. Cela facilite la fréquentation de la rue piétonne pour les personnes à mobilité réduite et permet un accès rapide à certains types de commerces ou services. 

En cas de présence d’espaces de stationnement réservés pour les personnes à mobilité réduite dans la zone piétonnisée, leur déplacement doit être planifié. 

Lorsque des bornes de recharge électrique sont présentes dans une zone piétonnisée de façon permanente, leur déplacement doit être planifié en collaboration avec la Division innovation et gestion des déplacements du SUM. 


Livraison

Les véhicules effectuant l’approvisionnement des commerces, tout comme les véhicules effectuant l’expédition et la livraison de marchandises et de colis, doivent être considérés afin de faciliter le transport des biens. Afin d’uniformiser les pratiques de livraison, il est recommandé :


Cohabitation des piétons et des cyclistes

Sur certaines rues piétonnes, les cyclistes, planchistes et adeptes de la trottinette et du patin à roues alignées ont l’autorisation de circuler sur la rue. Cette autorisation est recommandée par défaut, puisqu’elle correspond au comportement réel des usagers. Il est jugé préférable d’encadrer la circulation des vélos sur la rue piétonne afin d’éduquer les usagers, et ainsi améliorer les conditions de la cohabitation qui aura inévitablement lieu.

Cette cohabitation peut toutefois susciter un sentiment d’insécurité chez certains piétons. Pour favoriser une cohabitation sécuritaire et harmonieuse entre les piétons et cyclistes sur une rue piétonne, il est recommandé de :

L’absence de véhicules sur la rue piétonne peut y attirer des cyclistes qui s’y sentiront en sécurité et voudront profiter de l’aménagement. Afin d’inciter les cyclistes qui transitent à éviter la rue piétonne, il est recommandé d’offrir un aménagement cyclable sécuritaire et efficace sur un axe parallèle. 

L’aménagement d’un détour cyclable court et bien aménagé est particulièrement important dans le cas de la piétonnisation d’une rue où se trouve déjà un aménagement cyclable. Il est recommandé d’informer les cyclistes de cet axe alternatif à l’aide d’une signalétique.

Dans les cas où la circulation des cyclistes est interdite, il est important que la réglementation soit bien adaptée au contexte et qu’elle réponde à une logique compréhensible par les usagers, afin d’en augmenter le respect et la crédibilité (ex : lors de festivals). 

Figure 5 - Exemple d’une signalétique de Zone lenteur implantée sur l'avenue du Mont-Royal (© Castor et Pollux ©Arrondissement du Plateau-Mont-Royal)

Les éléments suivants sont à éviter : 

Transport collectif et adapté

La fermeture de la rue à la circulation peut entraîner un arrêt de service, le détournement d’une ou de plusieurs lignes de transport collectif (autobus, taxi-bus, transport adapté) et peut avoir un impact sur les horaires du service. Il est essentiel de coordonner la planification de la rue piétonne avec les sociétés de transport en amont. Toute modification apportée doit être accompagnée d’outils de communication et d’une signalisation afin d’en informer adéquatement la clientèle.

Il est à noter que le maintien des accès aux stations de métro pour les autobus est essentiel.

Chemin de détour

Lorsqu’il y a une ou des lignes d’autobus circulant sur le tronçon piétonnisé, l’évaluation de la desserte en transport collectif du secteur doit être réalisée par l’équipe de Gestion du réseau de la STM afin de réfléchir aux mesures alternatives. 

Transport adapté

La fermeture de la rue à la circulation véhiculaire fait en sorte qu’il n’est plus possible pour le transport adapté d’offrir le service porte-à-porte habituel. Il est recommandé de :


Entretien

Les opérations d’entretien (nettoyage, arrosage, collecte de déchets, déneigement, ramassage des feuilles) nécessitent généralement que des véhicules affectés à ces opérations puissent accéder et se déplacer le long de la rue piétonne. Il est judicieux d’effectuer ces opérations de façon à minimiser les conflits avec les piétons. Il est recommandé de :


Entreposage

Lors d’une piétonnisation temporaire ou saisonnière, la Ville doit trouver un emplacement pour entreposer le mobilier et les équipements encore utilisables. De plus, dans une perspective de recyclage des matériaux utilisés, une mutualisation et une rotation des aménagements pourraient se faire entre les différentes rues piétonnes, afin d’aider à trouver un équilibre entre la nouveauté et le réemploi des aménagements.

Conception - Aménagement

Accessibilité universelle

La rue piétonne doit être aménagée de façon à faciliter le déplacement de tous les piétons, incluant ceux avec des limitations fonctionnelles temporaires ou permanentes. Pour ce faire, elle doit répondre aux dix grands principes d’accessibilité universelle du Fascicule 5 - Aménagements piétons universellement accessibles. Il s’agit notamment : 

Au besoin, il est recommandé de consulter, en amont, les établissements touchés par les aménagements qui desservent une clientèle aux besoins particuliers, ainsi que le Comité consultatif en accessibilité universelle (CCAU) du SUM (Division des stratégies de mobilité durable).


Accès pour les services d’urgence et mesures de sécurisation

Les besoins et exigences des services d’urgence doivent être validés pour : 

Il est essentiel de contacter l’ensemble des services d’urgence au minimum 3 mois avant l’implantation de la rue piétonne aux adresses suivantes : 

Un cahier de charge comprenant les éléments suivants doit leur être remis au minimum 30 jours ouvrables avant l’ouverture de la piétonnisation : 

L’organisateur de la piétonnisation (promoteur et/ou Ville) est responsable de la sécurisation du site, en ciblant les endroits vulnérables et en s’assurant de mettre en place les mesures prescrites par le SPVM, le SIM et Urgences-santé. 

Les occupations temporaires du domaine public doivent également respecter certaines exigences.

Il est requis d’assurer l’accès aux bornes d’incendie et aux raccords pompiers en tout temps, et de maintenir un dégagement minimal de 1,5 m autour de celles-ci. 


Intersections 

Gestion des accès véhiculaires

L’aménagement des intersections de la rue piétonne doit empêcher l’accès aux véhicules non autorisés. Les différents niveaux d’accès doivent être déterminés en collaboration avec le SIM. Les exigences sont indiquées dans le Guide de sécurisation de sites et de rassemblements populaires développé par le SIM et la SAMU. Ces exigences peuvent varier en fonction du contexte, de l’emplacement de la rue, de la longueur du tronçon piétonnisé, du type d’aménagements prévus, de la présence d’événements sur le site, de la capacité d’accueil du site, etc. 

Le type de dispositifs de sécurisation requis aux intersections et leur configuration doivent être déterminés en collaboration avec le SIM et la SAMU.

Une standardisation des dispositifs de sécurisation utilisés à l’échelle de la Ville est souhaitable. Un large éventail de dispositifs pouvant être utilisés, le développement d’outils communs entre les arrondissements serait optimal. 

Délimitation de la rue piétonne

Les recommandations suivantes s’appliquent également à la délimitation de la rue piétonne : 

À noter : L’ouverture entre les dispositifs de sécurisation doit être de 1,5 à 1,8 m afin d’assurer la capacité d’évacuation et d’améliorer la fluidité de la circulation de la foule. Cependant, un écart de plus de 1,2 m entre deux éléments rend leur détection difficile pour les personnes ayant une déficience visuelle. Le jugement du concepteur est nécessaire afin d’adapter la disposition des dispositifs au contexte.

Gestion des intersections

Les piétons qui déambulent sur une rue piétonne peuvent faire preuve de moins d’attention et de vigilance lorsqu’ils croisent les rues transversales ouvertes à la circulation véhiculaire. Il est donc recommandé de considérer cet aspect lors de la conception. Il est recommandé : 

Figure 6 : Dégagement visuel requis près des intersections

Visibilité

Il est essentiel de maintenir un dégagement visuel minimal aux intersections pour favoriser une visibilité réciproque entre les usagers : aucun obstacle visuel de plus de 1,0 m de hauteur ne doit se trouver à moins de 5 m du début du rayon de coin, tel qu’illustré sur la figure 6. Cela inclut les éléments décoratifs, ainsi que les cafés-terrasses et les placottoirs, qui sont des objets massifs. Un emplacement plus près de l'intersection peut seulement être considéré à une intersection complètement fermée à la circulation, sous réserve d'une validation technique.

Corridor pour la circulation des véhicules d’urgence

Il est requis de maintenir un corridor libre d’obstacle et rectiligne d’un minimum de 6,0 m de largeur au centre de la rue, afin de permettre aux véhicules d’urgence de circuler et de déployer leur équipement en tout temps. Une hauteur libre d’au minimum 5,0 m doit être maintenue le long de ce corridor.

De plus, aucun élément aérien (suspensions, bannières, pare-soleil, etc.) ne doit constituer un obstacle à l’élévation des échelles de pompiers. Un système de dégagement rapide pourrait être exigé pour la mise en place de structures aériennes. 

Figure 7 - Corridor libre d’obstacle requis pour la circulation des véhicules d’urgence

Signalétique

Une signalétique adéquate et uniforme doit être développée sur l’ensemble de la rue piétonne, afin que la population puisse identifier d’un coup d'œil les aménagements proposés. Il est recommandé :

Du mobilier d’affichage peut être mis en place pour renseigner les usagers sur l’histoire du site ou du quartier, sur les activités proposées ou sur les commodités disponibles à proximité. Ce mobilier peut également devenir un point de repère dans le nouvel espace public. Il peut s’agir, par exemple, de kiosques d’accueil, de colonnes Morris, de signalétique directionnelle, de panneaux informatifs. Il est encouragé d'indiquer les distances en temps (minutes) plutôt qu’en distance absolue (mètres). 

Marquage au sol décoratif

Un marquage au sol décoratif peut contribuer à distinguer la zone piétonne d’une rue conventionnelle, en plus de favoriser l’attractivité de l’espace et d’offrir une signature visuelle unique. Il peut également faciliter l’orientation et la lisibilité de l’espace, s’il est utilisé de façon à : 

Il est recommandé de : 

Le marquage décoratif s’applique bien aux piétonnisations temporaires ou saisonnières. Il peut alors être préférable de retirer certains éléments du marquage routier, comme le marquage de voies de circulation ou des voies cyclables.  

Figure 8 - Exemple de marquage décoratif sur l’avenue du Mont-Royal (© Mélanie Dusseault)

Éclairage

Dans le cas d’une rue piétonne permanente, le mobilier d’éclairage doit renforcer la signature visuelle et l’usage propre à la rue. Les niveaux d’éclairage utilisés sont alors ceux recommandés pour les trottoirs dans le Fascicule 4 - Éclairage

Dans les cas des piétonnisations temporaires ou permanentes, de l’éclairage décoratif permet de distinguer la rue piétonne des rues conventionnelles. Il peut s’agir par exemple de bollards lumineux, de colonnes lumineuses, de suspensions lumineuses, de projections ou d’autres éléments ponctuels. Ceux-ci peuvent être installés aux seuils de la rue piétonne pour renforcer l’effet de porte ou encore à des endroits stratégiques. Il est important de s’assurer que ces éléments ne créent pas d’éblouissement. 


Mobilier

Sur une rue piétonne, une grande importance doit être accordée au mobilier urbain, afin de répondre aux besoins liés au confort des marcheurs et au potentiel d’animation de la rue. La diversité de l’offre permet aussi l’émergence de nouveaux usages : on peut manger, lire, prendre un café, se reposer confortablement, qu’on soit assis, allongé ou simplement appuyé. Le mobilier peut être de toutes sortes : banc, transat, pouf géant, hamac, balancelle, effoiroir, plateforme multibanc, table à pique-nique, table et chaise bistro amovible, module pour le jeu, table de ping-pong, terrain de pétanque, bibliothèque collective, etc.

De plus, la présence d’installations sanitaires, d’un accès au Wi-Fi ou encore de stations de recharge de téléphone peut permettre aux usagers de prolonger leur séjour dans l’espace public.

Ce mobilier doit respecter les critères suivants :

Il est aussi recommandé de :

Cafés-terrasses et placottoirs

Les cafés-terrasses et placottoirs doivent respecter les lignes directrices de la fiche technique Cafés-terrasses et placottoirs. Sur une rue piétonne, il est recommandé : 


Verdissement et agriculture urbaine

Verdir la rue est une manière simple et efficace d’améliorer le confort des usagers, de participer à l’adaptation aux changements climatiques, ainsi que d’embellir et de rendre plus attrayante la rue. L’intégration de l’agriculture urbaine dans un espace public favorise son appropriation par la population, notamment lorsque sont plantés des végétaux comestibles qui seront récoltés par la communauté. L’espace peut aussi mettre de l’avant la biodiversité urbaine ou permettre l’établissement de marchés publics donnant accès à des produits locaux.

La végétation sur une rue piétonne peut prendre différents aspects : bac d’agriculture, bac de plantation, pot géant, terrasse comestible, saillie-jardin, arboretum pédagogique, serre, mur végétal, arche végétale, etc.

Références