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Licence - Master - Doctorat
INSTITUT UNIVERSITAIRE DES SCIENCES
SOCIOLOGIE GÉNÉRALE ET MÉTHODE DES SCIENCES SOCIALES
M2 : Droit Public et Science Politique
Bibliographie:
M.Weber, Essai sur la théorie de la science, 1918, Plon, 1959
P. Bourdieu "La distinction", Ed de Minuit, 1979
Ch. Pociello "Sport et société", Vigot, 1977
Ch. Pociello "le rugby ou la guerre des styles", Métaillé, 1983.
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PRESENTATION
Pour aborder la sociologie, il faut la replacer dans un corpus de termes scientifiques que l’on retrouve dans toutes les sciences.
Episteme (grec) : science. En philosophie, ce terme signifie la configuration du savoir rendant possible les différentes formes de sciences à une époque donnée.
Epistémologie : étudie les sciences. Etudie l’histoire, les méthodes ou les principes des sciences.
Science (latin) : ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d’objets ou de phénomènes obéissants à des lois. Connaissances vérifiées par des méthodes expérimentales.
Expérimentation : soumission à des expériences ou à un certain nombre d’essais pour étudier un phénomène.
Sciences humaines : renvoient à des disciplines ayant pour objet l’homme et ses comportements individuels et collectifs, passées et présents.
Concept : représentation intellectuelle d’un objet conçu par l’esprit.
Notion : conception élémentaire que l’on a de quelque chose. Conception de base.
Différences entre sciences de la nature et sciences humaines et sociales
Sciences de la nature Sciences humaines et sociales
Réalité objective. Réalité temporelle.
Elimination de la personnalité. Importance de l’intuition.
Abstraction et généralisation. Concret et vécu.
Fondées sur des faits. Fondées sur des événements.
Expérimentations renouvelables. Expérimentations difficilement renouvelables voire impossible.
Expliquées par des causes. Causalités indéfinies, rapport au contexte.
Indépendance, spécialisation des recherches. Interdépendance des recherches entre les disciplines.
Groupe des sciences humaines et sociales : Sociologie, droit (Sciences Juridiques), histoire, ethnologie, économie, psychologie sociale (étude du comportement des individus en groupes), Psychanalyse (étude scientifique des faits psychiques),
La sociologie : Racine = socius = société. 44 définitions différentes. « Etude scientifique des sociétés et des faits sociaux ayant pour cadre la société, les relations sociales, les manières de se réunir ou de se retrouver mais aussi l’analyse de ces manières » .
La société : c’est un système autonome aux lois propres. Duvignaud en 1966 la définit "comme un organisme vivant, une vie collective ayant ses lois propres".
Touraine en 1974 dit : "les relations sociales aussi différentes les unes des autres ont pour but de faire apparaître des relations derrières des situations". La sociologie, ce n’est donc pas une chose mais un ensemble d’opérations, de processus qu’il faut mettre à jour.
LES CONCEPTS FONDATEURS
Deux grands concepts posent les bases de la réflexion sociologique. D’une part, le concept de culture et, d’autre part, le concept de rôle et statut.
La culture
C’est un terme très employé, polysémique (plusieurs sens) et finalement mal défini. Et pour cause dans la mesure où on relève 160 définitions! Mais la confusion souvent la plus éloquente est que l’on a tendance à confondre culture et civilisation. Alors peut-on dire que la culture est synonyme de civilisation?
Pour répondre à cela, il faut définir les deux termes et comprendre les différences fondamentales, s’il y en a..
La civilisation est souvent associée à un jugement de valeur, elle qualifie les sociétés puisque que l’on considère telle ou telle société "civilisée". Mais ce terme désigne aussi certains aspects de la vie sociale en s’appliquant à un ensemble de peuples ou de sociétés. C’est-à-dire en tant que traits caractéristiques d’une civilisation (ex : l’organisation en pyramide des tombeaux égyptiens).
Pour ce qui est de la culture, on considère trois états relatifs à la culture d’une société :
L’état sauvage
L’état barbare
L’état de civilisation, ce qui fait bien penser que l’état de civilisation est un état de culture. C’est-à-dire un état social, en opposition à l’état de nature. C’est pour cela que l’être humain est un être social.
Donc il semblerait que la différence entre culture et civilisation se situe essentiellement au niveau matériel et technique. On peut résumer en disant qu’au niveau des valeurs il n’y a pas de différence mais que celle-ci se situe au niveau des techniques.
Attention, ce que je dis là est à prendre avec précaution dans la mesure où on peut trouver chez certains auteurs des conceptions différentes. Ex : Edgar Morin qui, lui, différencie deux cultures :
Culture cultivée, centrée sur les goûts littéraires et artistiques
Culture de masse, culture de marché dispensée par des techniques de diffusion précises et massives comme les médias.
Il faut retenir que chez la plupart des sociologues, la différence n’est pas faite entre ces deux termes et que la diversité sémantique avec laquelle jouent les sociologues s’oppose finalement à une définition universelle. (retour)
Rôles et statuts
Ce qu’il faut comprendre dans ce double concept, c’est que le système social, c’est une unité ou une totalité dans laquelle s’inscrivent les individus. L’Homme devient un sujet social en tant qu’acteur, il a des fonctions dans sa vie sociale, il joue des rôles sociaux. Un même individu jouera plusieurs rôles sociaux dans une même journée (étudiant, sportif, employé, etc.). Il s’inscrit donc dans un vaste système symbolique. Il a une place déterminée en fonction de critères sociaux. Ex : revenu, éducation,couleur, etc.
Bref, en fonction de son statut, de son rang dans l’échelle sociale. En cela, l’individu se conforme aux règles d’une société et le sociologue retient les traits communs d’une société dans laquelle évolue un certain nombre d’individus et non ses variations individuelles.
On peut dire alors qu’un statut, c’est un ensemble de rôles que joue l’individu et de façon invariable sur une période donnée. Le statut est donc quelque chose de relativement stable. Il dépend de deux choses :
Des facteurs attribués (héréditaires), c’est-à-dire des conditions géographiques, biologiques, etc.
Des facteurs acquis, liés à l’apprentissage.
D’où la mobilité sociale d’un individu, c’est-à-dire la marge entre ce qui est attribué et ce qui est acquis. Ex : En Inde, faible mobilité sociale étant donné que la profession est du domaine de l’attribué (société de castes), alors que chez nous, société de classes, la profession est du domaine de l’éducation donc de l’acquis.
A partir de là, le comportement d’un individu est lié à la façon dont il interprète ses rôles et à sa capacité de se conformer à son statut en fonction des contraintes imposées par la société dans laquelle il vit. C’est cela qui permet de définir son intégration sociale ou non. S’il ne suit pas les règles sociales, il est exclu ou en marge de la société. (retour)
C’est donc autour de ces deux concepts, la culture et les rôles et statuts, que se construit la réflexion sociologique dans l’histoire en essayant de comprendre finalement comment se construit, fonctionne et évolue une société.
LES PRECURSEURS (Montesquieu, Rousseau)
Montesquieu (1689 – 1755)
Il introduit les notions de sociologie et publie en 1748 : "De l’esprit des lois". Dans cet ouvrage, il établit des relations stables entre les institutions juridiques et politiques et les conditions de vie des individus en société. Il se penche sur le pouvoir politique et expose une théorie en mettant en relation les principales formes de pouvoir politique avec l’idéal social dominant. Il montre que quand l’idéal social diminue, le régime se corrompt. Pour palier cela, il propose le principe de séparation des pouvoirs qui nécessite la notion d’indépendance entre eux: éxécutif, judiciaire, législatif.
La conception positive de la loi de Montesquieu (humaniste par excellence) intéressera Durkheim qui dira de lui : "non seulement Montesquieu a compris que les choses sociales sont objets de science, mais il a établi les notions clés indispensables à la constitution de cette science".
Rousseau (1712 - 1778)
Il croit en la bonté originelle de l’homme. Il publie en 1762 : "Du contrat social" dans lequel il rappelle combien l’état civil est souhaitable en ce qu’il substitue en l’homme la justice à l’instinct, la raison à l’impulsion physique. Il propose une nouvelle théorie pour fonder la légitimité du pouvoir politique : "Liberté, égalité, fraternité" (Etait-ce un idéalisme ?)
Auguste COMTE (1798 - 1857 Montpellier)
C’est lui qui invente le néologisme "sociologie" en 1839. Avec lui, la
sociologie commence à devenir une science. Il la définit comme "l’étude
positive de l’ensemble des lois fondamentales propres aux phénomènes
sociaux". Il distingue deux états de la science des phénomènes sociaux :
La statique sociale qui fonde les bases de la théorie de l’ordre et que l’on peut
traduire par l’étude fondamentale des conditions d’existence de la société.
La dynamique sociale qui fonde les bases de la théorie du progrès et que l’on
peut traduire comme l’étude des lois et de son mouvement continu, c’est-à-dire
le processus d’évolution d’une société.
En un mot, "la dynamique sociale étudie les lois de la succession, pendant que la
statique sociale cherche celles de la coexistence". A. Comte, cours de philosophie
positive, 48ème leçon.
Comte établit une loi progressive, générale et linéaire d’évolution de l’esprit humain
où, selon lui, tous les domaines de la connaissance passe par trois états successifs.
C’est la loi générale des trois états qu’il met en relation avec la dynamique sociale :
Etat théologique ou fictif. C’est le pouvoir propre à chaque société qui permet
de relier des pouvoirs temporels (ex : la politique) avec des pouvoirs spirituels
ou théologiques (scientifiques)
Etat métaphysique ou abstrait. C’est une période de crise, une époque critique
conçue comme un âge de transition révolutionnaire.
Etat scientifique ou positif. C’est la phase de réorganisation de la société qui
suit la crise où le régime (re)devient rationnel.
Comte distingue au niveau de la méthode 3 démarches possibles : l’observation, la
comparaison et l’expérimentation. Mais la mise en œuvre de cette dernière n’étant pas
commode dans le cas des phénomènes sociaux, il défend le recours à l’observation et
à la comparaison. Notamment la comparaison historique comme le rapprochement des
divers états de la société humaine pouvant exister dans différents endroits du monde.
On doit comparer une société à une autre différente.
Comte a permis d’apporter à la sociologie ses fondements grâce à des éléments
fondamentaux et à l’héritage des sciences préexistantes.
Emile DURKHEIM (1858 - 1917)
1882 : agrégation de philosophie
1887 : premiers cours de sociologie
1893 : "de la division sociale du travail"
1895 : "les règles de la méthode sociologique"
1896 : création de la revue scientifique "l’année sociologique"
1897 : "le suicide"
1912 : "les formes élémentaires de la vie religieuse"
L’essentiel du travail de Durkheim consiste à promouvoir l’idée d’une sociologie
autonome aux côtés (et donc en compétition) des disciplines déjà établies. Son travail
trouve sa reconnaissance en 1913 lorsque la chair qu’occupe Durkheim à la Sorbonne
prend le nom de "chaire de sociologie". Mais la sociologie Française ne trouve sa
cohérence théorique et idéologique qu’avec la véritable école formée par Durkheim
autour de "l’année sociologique". De là découlera ce que l’on appellera "l’école
française" de sociologie.
Il emploie une méthode identique dans ses 3 études :
Définition du phénomène.
Réfutation des interprétations antérieures.
Explication proprement sociologique du phénomène considéré.
Le concept d’existence de la sociologie nécessite 2 éléments essentiels :
D’une part, l’objet de cette science doit être spécifique et non l’objet d’autres
sciences.
D’autre part, l’objet doit être observé et expliqué de manière semblable à celle
dont les faits de toutes les autres sciences sont observés et expliqués.
2 formules à retenir :
"il faut considérer les faits sociaux comme
des choses"
"La caractéristique du fait
social, c’est qu’il exerce une
contrainte sur l’individu"
C’est-à-dire que l’on ne sait pas ce que signifie les
phénomènes sociaux qui nous entourent. Il n’y a pas de
conception scientifique. Lorsque l’on observe un fait social, il
faut se débarrasser de tout préjugé et la difficulté vient de ce
que le questionnement sociologique recouvre souvent des
considérations de sens commun (doxa), et par-là des
présupposés et des préjugés. La sociologie est une science, et
ce n’est pas parce qu’elle porte sur des comportements
humains immédiatement compréhensibles qu’elle peut se
contenter de reproduire les réflexions du sens commun (je sais
pourquoi les passants s’arrêtent au feu rouge, pourquoi le
mercredi le bouchon de St Anne est moins dense, pourquoi les
sportifs antillais sont plus rapides que les européens sur 100
mètres, ...). A l’instar de toutes ses consœurs, elle doit non
seulement faire des découvertes ou du moins établir des faits,
mais en plus leur chercher des modèles explicatifs efficaces et
non pas simplement plausibles.
Il faut donc une distance par rapport aux choses, ne pas s’y
impliquer émotionnellement. En cela, la compréhension d’un
phénomène ne peut résulter que de son traitement objectif.
La sociologie doit rechercher la cause du phénomène et sa
fonction sociale (les faits). Elle pourra alors avoir une
fonction curative, c’est-à-dire guérir les sociétés malades et en
reconnaître les maux.
Durkheim met en évidence qu’un
phénomène social peut être reconnu car
il s’impose à l’individu en tant que
contrainte (ex : mode). Cette contrainte
apparaît comme un sentiment coercitif
qui s’impose à tous et qui engendre une
réaction collective.
Par ailleurs, dans son ouvrage "De la
division sociale du travail" (1893), il
distingue deux types de sociétés :
A solidarité mécanique où la
différence entre les individus a
peu d’importance, ce qui est
primordial c’est la cohésion
interne qui résulte d’une
conscience collective forte
(notion de groupe).
A solidarité organique où il y a
une division du travail, où les
hommes sont des individualités
différenciées, chacun ayant une
tache spécifique. La cohésion
sociale est possible grâce à la
complémentarité des fonctions
de chaque individu.
Marcel MAUSS (1872 - 1950)
Neveu de Durkheim qui est son aîné de 13 ans, il est aussi son plus proche
collaborateur. Il dirige l’année sociologique 2ème série après la mort de son
fondateur. Mauss se spécialise en ethnologie et histoire des religions.
Même s’il n’a jamais d’étude de terrain, il est le fondateur incontesté de
l’école française d’ethnologie (aux côtés des folkloristes – Van Gennep). Il
crée l’institut français de sociologie en 1924, où il forme la plupart des grands
ethnologues français (Louis Dumont, Jacques Soustelle, Marcel Griaule, Claude Lévi-
Strauss...).
L’un de ses principaux apports est le concept de "fait social total", c’est-à-dire qui met
en jeu la totalité de la société et de ses institutions. On ne peut comprendre un
phénomène social hors de l’ensemble des caractéristiques de la culture concernée. Ses
travaux sur les techniques du corps en sont une illustration : il y montre que chaque
société attribue un sens profond aux pratiques les plus anodines comme la marche, la
nage, la course, la respiration...
C’est pour cela qu’il se distingue fondamentalement, d’un point de vue
méthodologique, de Durkheim dans la mesure où il considère que pour comprendre un
phénomène dans sa globalité, il faut l’appréhender du dehors comme une chose, mais
aussi du dedans comme une réalité vécue. C’est la différence fondamentale entre les
méthodes et notamment entre la sociologie et l’anthropologie.
KARL MARX (1818 - 1883) : une pensée incontournable
"Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde, il s’agit
maintenant de le transformer".
Sa démarche sociologique est indissociable de son engagement politique
révolutionnaire. Il constitue l’un des deux pôles de la pensée traditionnelle
sociologique. Son principe structurel de la réalité (ou des réalités) repose
sur la dialectique. Pour lui, toute réalité est traversée des forces contradictoires, leur
lutte provoquant le changement (en générale sous la forme d’une rupture brutale).
Bourgeoisie versus aristocratie, prolétariat versus bourgeoisie. La pensée de Marx se
résume aux termes de "holisme" et de "déterminisme". C’est-à-dire que l’individu est
déterminé par les structures de la société.
"ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au
contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience".
MAX WEBER (1864 - 1920) : une sociologie de l’action sociale
Pour Weber, la sociologie est une science de l’action sociale. A la
différence de Marx et de Durkheim, il s’agit moins de comprendre chez
Weber la société et ses institutions que d’analyser, à un niveau
microsociologique, les actions individuelles ou les formes de relation
interindividuelles. Même s’il faut se garder de toute simplification de type
Weber - individualiste - Durkheim - Marx - holistes, il est certain que la sociologie
Wébérienne donne une place importante à l’individu.
"La sociologie ne peut procéder que des actions d’un, de quelques ou de nombreux
individus séparés. C’est pourquoi elle se doit d’adopter des méthodes strictement
individuelles"
Dans cette conception, le sociologue doit comprendre les intentions que les individus
donnent à leurs actions, lesquelles, compte tenu des contraintes de la situation,
constituent le tout social singulier étudié.
En cela on peut comprendre la différence avec la conception marxienne. A la rigidité
héréditaire (reproduction des classes et de la structure) envisagée par Marx, s’oppose
selon Weber la fluidité de la société où rien n’est jamais totalement écrit
d’avance. "Un changement est aisément possible".
Il aborde une démarche à trois niveaux :
a. Compréhensive : La compréhension des phénomènes sociaux est immédiate. Le
chercheur doit se placer du point de vue de l’acteur pour comprendre le sens
subjectif qu’il donne à son action = comprendre, interpréter, expliquer.
b. Historique : Le sociologue doit faire œuvre d’historien, c’est-à-dire qu’au-delà
de reconstituer conceptuellement les institutions sociales et leur fonctionnement
(recherche du général), il doit faire le récit de ce que l’on ne verra jamais deux
fois (recherche du singulier).
c. Culturelle : On ne peut comprendre les actions humaines hors de leur système
de croyances et de valeurs. Il s’agit d’expliquer ce que les hommes ont créé
(institutions, religions, théories scientifiques), ce qui est impossible sans
références aux valeurs qui les ont guidés.
Attention : cela pose le problème de l’objectivité du savant. Weber distingue :
Le jugement de valeur qui est personnel et subjectif et donc à exclure.
Le rapport aux valeurs, que l’observateur peut choisir de sélectionner parmi
d’autres éléments de la situation qu’il étudie. Ex : le sociologue prend en
compte la liberté politique (domaine des valeurs), mais cette valeur ne
l’intéresse pas en elle-même, mais en ce qu’elle a constitué un enjeu qui a
mobilisé les hommes dans la société observée.
De plus, il construit un outil théorique qu’il nomme idéal-type, comme modèle
d’intelligibilité des phénomènes observés. C’est une reconstruction stylisée de la
réalité. Par exemple, la bureaucratie est un idél-type, une forme pure dont on ne
rencontre jamais aucun exemplaire dans la réalité, mais qui permet de cerner les
tendances propres à cette organisation.
"On ne trouvera nulle part empiriquement un pareil tableau dans sa pureté
conceptuelle : il est une utopie. Le travail historique aura pour tâche de déterminer
dans chaque cas particulier combien la réalité se rapproche ou s’écarte de ce tableau
idéal. Appliqué avec prudence, ce concept rend le service spécifique qu’on en attend
au profit de la recherche et de la clarté" (M.Weber, essai sur la théorie de la science,
1918, Plon, 1959, pp. 179-181).
CONCLUSION
En guise de conclusion, on peut dire que la sociologie tient aujourd’hui une place
d’honneur sur la scène scientifique dans la mesure où elle s’est non seulement
autonome comme discipline à part entière mais qu’elle est en plus reconnue comme
telle. Pourquoi ? Simplement parce qu’elle s’intéresse aux faits même de l’individu
(chercheur compris) et de la place qu’il s’est construit au sein de la société.
Et ce sont bien ces deux termes (individu et société) qui sont à la fois les deux pôles
du social par leur opposition, mais également le cœur du questionnement des
sociologues. Car la plupart des auteurs, suivant la trace des pères fondateurs, se sont
rattachés à l’un de ces deux pôles.
1. Les partisans de la méthode holiste pour les uns, où le tout explique la partie, et
où la société façonne l’individu.
2. Les tenants de la méthode individualiste pour les autres où le tout est la somme
des parties, où l’individu est l’atome logique de l’analyse sociologique.
Les uns, à force de souligner le poids des contraintes sociales, réduisent le sujet à un
simple "support des structures", entièrement déterminé par des forces sociales
supérieures. Les autres n’envisagent les sujets que de façon autonome, acteurs libres
et rationnels capables de choisir l’action optimale hors de toute influence extérieure.
Aujourd’hui, 2 raisons principales semblent pouvoir expliquer un certain dépassement
de ce clivage simpliste "holisme/individualisme".
- D’une part, à force de radicaliser leurs postulats, les adversaires en venaient à
construire des caricatures inutiles, des monstres théoriques indéfendables.
- D’autre part, les extrêmes se rejoignent parfois pour ne plus former que les deux
faces d’une même théorie. En effet, que l’individu soit entièrement soumis au système
normatif de la société ("un idiot culturel" selon le sociologue américain Harold
Garfinkel), ou qu’il soit un acteur totalement rationnel, importe peu puisque le résultat
semble toujours écrit d’avance. Les comportements sociaux sont compris comme
produit par des structures sociales contraignantes pour les uns et comme résultant d’un
modèle universel de rationalité pour les autres. Les deux perspectives laissent
finalement peu de place à l’imprévisibilité humaine puisque d’un côté comme de
l’autre, l’individu est au cœur du social. La différences n’est finalement
qu’idéologique.
Ce qu’il faut finalement retenir, c’est que la pensée sociologique est plurielle mais que
ce trait commun à toutes les sciences, prend une acuité particulière en sciences
sociales. Pourquoi ? Parce qu’elles présentent un ensemble de caractéristiques qui
rendent délicate l’application des méthodes qui ont fait leurs preuves dans les sciences
de la nature. On peut en souligner au moins deux :
1. La notion de réfutabilité y est pratiquement impossible. Jamais aucun test ne
fournit de résultat totalement indiscutable, la vérification toutes choses égales
par ailleurs n’est pas possible car le test en laboratoire y est, sauf exception,
impraticable.
2. La neutralité de l’observateur n’est jamais garantie car en tant que membre
de la société, il est à la fois sujet et objet de son étude.
Ce cours de « Théories Macroéconomiques » s’adresse aux étudiants de Master 1 de Sciences Economiques et de Gestion et suppose que l’étudiant maîtrise des éléments de base ainsi que les différents courants de la microéconomie et de la macroéconomie.
Keynes avec son ouvrage de 1936 Théorie générale de l’emploi de, de l’intérêt et de la monnaie va créer une véritable révolution tout en portant les coups les plus décisifs à la théorie dite « classique » et son prolongement néoclassique en remettant en cause les fondements même de leur approche. Les idées de Keynes vont alors s’imposer de 1945 à 1975 ce qui correspond à l’âge d’or du keynésianisme et du rôle de l’Etat-providence puisque cette théorie semblait incapable d’expliquer la crise pétrolière de 1973 et la stagflation qui l’accompagnait. De nombreux auteurs comme J. Robinson, N. Kaldor, H. Minsky, vont prolonger les travaux de Keynes et donner naissance à un courant de pensée qualifié de « post-keynésien ». Cependant, les crises économiques successives des années 1990 et 2000, dont la plus importante est celle de 2007-2008, n’ont pas non plus été jugulées à partir des approches « orthodoxes ».
Il s’agit ici faire redécouvrir les apports des principaux précurseurs du post-keynésianisme et les fondements de cette approche à partir des travaux féconds de Keynes Kalecki, Robinson, Kaldor et Minsky.
Les concepts, les méthodes utilisées ainsi que les recommandations pratiques proposées feront l’objet du cours suivants portant intitulé « Politiques macroéconomiques ».
Ce cours de « Histoire de la pensée économique » s’adresse aux étudiants de Master 1 de Sciences Economiques et de Gestion et suppose que l’étudiant maîtrise des éléments de base ainsi que les différentes approches liées à la microéconomie et à la macroéconomie. Les concepts, les méthodes utilisées ainsi que les approches proposées feront l’objet du cours intitulé : « Histoire de la pensée économique ».
Il s’agit de développer une brève histoire de la théorie Macroéconomique : très succinctement de la théorie classique à son prolongement néoclassique. Puis l’essentiel concerne la révolution keynésienne au renouveau avec les post-keynésiens. Plus particulièrement, il est question d’aborder les travaux des auteurs qui ont été à l’origine du prolongement de la théorie keynésienne et qui ont donné naissance à l’école post-keynésienne. Il s’agit particulièrement des travaux de Kalecki, Robinson, Kaldor, Minsky ainsi que les autres écoles de pensée hétérodoxes.
Ce cours de « Macroéconomie Approfondi » s’adresse aux étudiants de Master 2 de Sciences Economiques et de Gestion. Il suppose que l’étudiant maîtrise les éléments de la macroéconomie et plus particulièrement de la Macroéconomie keynésienne et post-keynésienne.
Après les enseignements dispensés en Master I relatifs à l’Histoire de la Pensée Economique, aux Théories Macroéconomiques et aux Politiques Macroéconomiques, il s’agit d’approfondir en Master 2 la Macroéconomie en faisant un choix clair : porter à la connaissance des étudiants une vision alternatives de l’économie à partir de l’approche post-keynésienne.
En effet, l’économie post-keynésienne suggère une approche alternative et féconde permettant d’envisager une société plus équitable, solidaire et soutenable.
Aussi, il s’agit des enjeux de l’intervention de l’Etat, de l’idée post-keynésienne de l’employeur en dernier ressort afin de prendre en compte les solutions face aux inégalités, en passant par la politique monétaire post-keynésienne, la réforme de l’architecture monétaire et financière internationale pour terminer par le développementisme classique au nouveau développementisme et le développement soutenable.
Ce cours de « Politiques Macroéconomiques » s’adresse aux étudiants de Master 1 de Sciences Economiques et de Gestion et suppose que l’étudiant maîtrise des éléments de base ainsi que les différents courants de la microéconomie et de la macroéconomie.
Il est question d’aborder, dans un premier temps, la politique budgétaire et la dette publique à travers les enjeux de l’intervention de l’Etat et à partir des déterminants du niveau de l’emploi avec les termes du débat relatif au chômage, la courbe de demande effective de travail et l’offre de travail. Le coût du capital et la financiarisation de l’économie, la modélisation post-keynésienne stock-flux, les modèles macroéconomiques à base d’agents multiples et la théorie de la firme avec la microéconomie post-keynésienne seront abordés.
Ce cours de « Histoire des Théories et des Faits Economiques » est en tronc commun et s’adresse à l’ensemble des étudiants de première année de la Faculté de Droit, d’Economie et de Gestion (FDEG) et de la Faculté des Sciences et des Technologies (FST). Il s’agit ici de permettre aux étudiants de comprendre l’émergence des théories économiques à travers les faits. Pour cela, et après une introduction sur l’évolution de long terme des différentes régions du monde, quatre siècles de faits et de théories économiques seront abordés : Tout d’abord, le début de l’accélération de la croissance économique au XVIIIème siècle avec la révolution industrielle et les précurseurs de la pensée classique. Ensuite, l’émergence des contraintes, les conquêtes coloniales, etc. au cours du XIXème siècle. Puis, au cours du XXème siècle, une accélération des antagonismes avec principalement les deux guerres mondiales, les intégrations régionales, les organisations internationales, l’importance de l’Etat providence, etc. Enfin, le XXIème siècle qui commence nous rappelle l’importance de la nature et des ressources naturelles pour l’humanité, d’où l’émergence des notions de réchauffement climatique, de protection de l’environnement et de développement durable.