Extraits choisis
Claudie Haigneré
"La curiosité doit se créer, s'entretenir, se développer à chaque instant. Elle est essentielle, mais elle ne va pas se déclencher de la même manière chez tous les enfants, au-delà des acquisitions fondamentales. L'éducation formelle de l'école doit être accompagnée par l'éducation informelle comme les musées de sciences, le multimédia, les chaînes YouTube, la lecture, les projets expérimentaux de découverte collective... Tout ce qui permet de semer les germes de la curiosité. Dans l'éducation aujourd'hui, on doit accompagner les enfants à faire face à l'incertitude, à "apprendre à apprendre" pour entrer avec confiance sur de nouveaux chemins. Nous sommes dans une période d'infobésité. L'éducation au, par et pour le numérique est essentielle. C'est apprendre à distinguer l'information de la connaissance, à se munir de tous les outils qui permettront à chacun d'agir en responsabilité et non pas de subir. (...) La démarche scientifique est un outil d'émancipation et de liberté. Apprendre à apprendre, c'est savoir faire le tri, avoir du discernement, de l'esprit critique, c'est construire de l'intelligence collective. Un état d'esprit qui va avec la culture du risque, de l'audace, de l'échec. Notre responsabilité est d'en permettre l'accès à tous, de réduire les inégalités, d'éviter les fractures. Cela passe par le partage, la transmission et l'accompagnement, c'était et c'est mon engagement."
François Taddei
"Les tiers lieux sont des endroits où on apprend différemment. Richard Elmore, un chercheur de Harvard, estime dans son MOOC "Leaders of Learning : les pilotes du changement" qu'il y a deux dimensions principales dans les manières d'apprendre : est-ce que vous apprenez ce que vous avez choisi ou ce que l'on vous dit d'apprendre ? Est-ce que vous êtes en situation de compétition ou en coopération avec les autres ? J'en ajoute une troisième : est-ce que vous apprenez des choses que d'autres savent déjà ou que personne n'a appris, comme faire face à la COVID-19 ou au réchauffement climatique ?
Il existe énormément de lieux où l'on apprend ce que l'on nous dit d'apprendre et des lieux où l'on apprend en compétition avec les autres. Mais on manque encore de ces endroits, comme les tiers lieux, où on apprend avec les autres pour relever ces défis collectifs. Or, il serait utile que tout le monde y ait accès."
(...)
Il est clair que l'enseignant n'a plus le monopole de l'accès à la connaissance, mais il peut montrer la différence entre une information et une connaissance. Il peut enseigner l'esprit critique, expliquer l'histoire de sa discipline et comment elle a évolué. Car nous n'avons pas seulement besoin de connaissances, nous avons besoin de connaissances sur la connaissance, comment elle se bâtit, se critique, se démontre et s'informe. Ce recul aidera les élèves à sortir des ornières dans lesquelles les lieux communs peuvent les enfermer.
Il faut aider les enseignants à développer leur pédagogie et leur réflexivité sur les apprentissages des élèves. (...) Cette crise a aidé beaucoup d'entre eux à travailler de manière beaucoup plus collective, à être plus à l'écoute, à apprendre de leurs élèves qui parfois maîtrisaient mieux certains outils qu'eux-mêmes, voire à changer de relation avec les parents.