Mise en réseau LMA

Une définition dans le dossier pédagogique Livre Mon Ami 2021, page 9. 


Catherine Tauveron, professeur des Universités, IUFM de Bretagne, INRP


1. Essai de définition


Elle invite à « ouvrir le texte, au lieu de le clore sur lui-même, en le saisissant à travers un lacis de correspondances multiples ». C'est tout le sens qu'il faut accorder à la lecture en réseaux.

Le pluriel a son importance : d'une lecture à l'autre, d'un moment à l'autre, d'un lecteur à l'autre, ce sont des ponts différents qui peuvent se construire entre l'oeuvre lue et les oeuvres engrangées dans la mémoire culturelle.

Le rôle du maître est d'offrir les conditions pour que cette mémoire, singulière et collective, s'organise en cases où se rassemblent des histoires présentant des points communs (cette histoire me fait penser à telle autre parce que…), cases au contenu évolutif, cases perméables dans la mesure où une même histoire peut migrer d'une case à l'autre, au gré des rencontres et des éclairages variés portés sur elle.

Elle assigne quatre fonctions à la lecture en réseaux. Premièrement, permettre l'éducation d'un comportement de lecture spécifique qui suppose la mise en relation des textes, ce qui correspond, me semble-t-il, à ce que Bernard Devanne appelle " la pensée en réseaux " ; deuxièmement, permettre de construire et de structurer la culture qui en retour alimentera la mise en relation ; troisièmement, permettre de résoudre les problèmes de compréhension-interprétation posés par un texte donné, problèmes qui trouvent leur solution dans la considération d'autres textes ; quatrièmement, permettre, en tant que dispositif multipliant les voies d'accès au texte, d'y pénétrer avec plus de finesse, d'y découvrir des territoires autrement inaccessibles, d'éclairer des zones autrement laissées dans la pénombre.

Elle rappelle les différentes formes que peuvent prendre les réseaux centrés sur une problématique ou répondant au souci d'initier aux codes culturels :

- autour d'un personnage-stéréotype ;

- autour de l'univers langagier, thématique, symbolique, fantasmatique d'un auteur ;

- autour d'une même technique d'écriture problématique (par exemple, l'adoption d'un

point de vue contradictoire, la perturbation de l'ordre chronologique) ;

- autour d'un genre ;

- autour d'une reformulation ;

- la réécriture /réappropriation (Esope / La Fontaine) ;

- la parodie (Texte source et parodies du Petit Chaperon Rouge ou du Vilain petit canard) ;

- la continuation (texte source et suites)

- le mélange (Le loup est revenu de Geoffroy de Pennart) ;

- les variations (Un même auteur fait des gammes sur une même histoire : Cocottes perchées de Dedieu et Couperie) ;

- les variantes (différentes versions des Trois petits cochons) ;

- l'allusion (texte et intertexte) ;

- l'adaptation (Perrault et ses adaptations) ;

- autour d'un mythe ou d'un symbole (eau, mur…).

2. Pour quels apprentissages?


Pour que l'élève puisse acquérir des références culturelles, il importe que les lectures ne soient pas abordées au hasard mais constituées en réseaux qui s'organisent autour d'un personnage, d'un motif, d'un genre, d'une époque, d'un lieu, d'un auteur et de son œuvre, d'une collection, d'un format, d'une procédure ou d'une structure narrative.

Ces mises en réseaux qui mettent un livre en relation avec d'autres qui en éclairent le contexte engendrent investigations et interrogations qui favorisent une nouvelle réception des oeuvres, de nouvelles interprétations.

Pour aider les élèves à mieux entrer dans les textes et à les comprendre, il semble primordial de travailler les textes en résonance, c'est à dire en organisant des lectures en réseaux.

La mise en réseau littéraire consiste à regrouper des textes complets ou sous forme d'extraits autour d'une entrée précise et déterminée en fonction d'un besoin particulier qu'il soit culturel ou cognitif.

La mise en réseaux répond à 4 grands objectifs :

– culturel : c'est en confrontant les textes entre eux que se constituent par l'accumulation

de lectures organisées une culture livresque réfléchie

– littéraire : les textes exigent d'être étudiés dans leur fond comme dans leur forme

– cognitif : la mise en relation développe un comportement d'analyse par la confrontation, l'argumentation et la vérification

– linguistique et métacognitif : la mise en réseaux oblige les enfants à expliciter leurs procédures de mise en relation.

Les résultats des évaluations de CE1 mettent en évidence des difficultés de quatre ordres :

- la désignation des personnages (repérer le nombre de personnages, faire la différence entre personnages présents, personnages évoqués)

- les repérages spatio-temporels, la chronologie de l'action

- le système d'énonciation (qui parle et à qui s'adresse le texte ?)

- le repérage des connecteurs logiques et des connecteurs de temps

L'enseignant doit donc avoir ces difficultés en tête pour mettre en œuvre des activités.


https://www4.ac-nancy-metz.fr/ien57metznord/IMG/pdf/pdf_Litterature_et_mises_en_reseaux_aux_cycles_2_et_3_-_TAUVERON.pdf 


Autre ressource autour de la mise en réseau : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Culture_litteraire_/01/3/7-RA16_C3_FRA_5_lire_en_reseaux_591013.pdf 

Les sélections LMA de 2014 à 2020